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Trentième anniversaire de la Cémac : une difficile marche vers l’intégration

mars 11, 2024

Créée le 16 mars 1994 à N’Djamena, au Tchad, sur les cendres de l’Union douanière des États de l’Afrique centrale (Udéac), la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) célèbre cette semaine son trentième anniversaire. Trente ans après, la vision des pères fondateurs de la Cémac peine à se concrétiser en matière de libre circulation des personnes et des biens, d’échanges intra-communautaires, de réformes économiques…

Le logo de la Cémac/DR

La zone Cémac est considérée comme la sous-région la moins intégrée du continent, avec un système institutionnel bureaucratique. La ratification en octobre 2017 par les États membres de l’accord de 2013 sur la libre circulation des personnes marquait pourtant un pas important vers l’intégration, après la matérialisation du passeport biométrique Cémac selon les normes de l’Organisation de l’aviation civile internationale sur les documents de voyage.

Mais ces directives sur la libre circulation des personnes et des biens ne sont pas souvent suivies sur le terrain. S’il est facile de se déplacer en avion au sein de la sous-région, ce n’est pas le cas pour les citoyens qui choisissent le transport routier. Les détenteurs de passeport Cémac sont obligés de verser des sommes d’argent allant jusqu’à 10 000 FCFA à chaque poste d’immigration ou au passage de frontière. Pire, les autorités de la sous-région continuent de fermer les yeux sur des pratiques qui n’ont que trop duré.

Il sied de rappeler que le principe de la libre circulation des personnes dans la Cémac est le fruit de laborieuses discussions entre les dirigeants des six États (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad). La Cémac est donc invitée à consolider les acquis de l’intégration pour éviter les erreurs de l’Udéac qui avait acté sans succès en 1972 la libre circulation des personnes, à en croire le récent message du président de la commission Cémac, Baltasar Engonga Edjo’o, lors de la 41e session ordinaire du Conseil des ministres de l’Union économique d’Afrique centrale qui s’est tenue le 22 février à Bangui, en République centrafricaine.  

Concernant les échanges intra-communautaires, la sous-région a de nombreux défis à relever. Au moment où la Cémac commémore son trentième anniversaire, le volume des échanges commerciaux intra-communautaires n’excède pas 3%, un niveau encore très faible par rapport aux autres espaces africains. En décidant d’instituer le marché commun de la Cémac, le 16 mars 1999, les pères fondateurs voulaient ériger un espace commercial intégré où circulent librement les marchandises avec des conditions fiscalo-douanières favorables à tous les États membres et au secteur privé.

Sur le plan économique, la situation de l’Afrique centrale reste fragile avec des économies peu diversifiées, en dépit des réformes engagées souvent sous l’égide des institutions de Bretton Woods. Le Programme des réformes économiques et financières (Pref-Cémac) a été mis en place, impliquant la Banque centrale, dans le but de relancer les économies après la crise de 2014. À tout point de vue, quelques progrès ont été accomplis dans ce domaine. « L’évaluation effectuée au premier semestre 2022 fait ressortir un taux de réalisation de 41,9 % par rapport à l’ensemble des objectifs attendus du Pref-Cémac en 2022 », indiquait le président du comité de pilotage du programme, le ministre congolais de l’Économie et des Finances, Jean-Baptiste Ondaye.

Les festivités du trentième anniversaire seront lancées par le chef de l’État centrafricain, Faustin Archange Touadera, président en exercice de la conférence des chefs d’État de la Cémac. Il délivrera son message à la communauté, tout en l’édifiant sur la marche de l’organisation sous-régionale. La Commission Cémac a décidé de célébrer cet anniversaire tout au long de l’année, sur le thème « Trente ans d’expérience de la Cémac au service de l’intégration régionale : bilan et perspectives ».

Avec Adiac-Congo par Fiacre Kombo

Tunisie: Le 6 février 2013, l’opposant tunisien Chokri Belaïd était assassiné

février 6, 2024

Il y a onze ans, l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd plongeait la Tunisie dans la stupeur. Très vite, les regards s’étaient tournés vers le parti islamiste Ennahdha, accusé de porter la responsabilité morale de ce crime. Mais à ce jour, le doute persiste sur l’identité des véritables commanditaires.

L’opposant tunisien Chokri Belaïd, le 4 décembre 2012. © HAMMI/SIPA
L’opposant tunisien Chokri Belaïd, le 4 décembre 2012. © HAMMI/SIPA

Il suffisait d’être en Tunisie, le 6 février 2013, pour prendre la mesure de l’émotion et de l’affliction qui avaient étreint tout un peuple. Incrédules, les yeux rougis, la gorge serrée, des dizaines de milliers de Tunisiens étaient immédiatement descendus dans la rue à l’annonce de la mort de Chokri Belaïd, abattu par deux inconnus à 8 heures du matin, alors qu’il sortait de son domicile, dans le quartier résidentiel d’El-Menzah VI, à Tunis. Aux dires de plusieurs témoins, les assassins, cachés au pied de l’immeuble, avaient attendu que le secrétaire général d’El-Watad (le Mouvement des patriotes démocrates, MDP) monte dans son véhicule pour lui tirer dessus à bout portant, avant de s’enfuir en Vespa.

Cet assassinat a pétrifié le pays. « Quelle catastrophe nous attend ? » se demandaient les uns avec terreur. D’autres tentaient de se rassurer : « La Tunisie doit s’en sortir. Vivre à genoux, la peur au ventre, ce n’est pas vivre ! » Mais très vite, cette stupeur se muera en colère, faisant place à une mobilisation générale bien plus importante que celle de la révolution du 14 janvier 2011, qui avait vu la chute de Ben Ali. C’est dire l’impact de cette mise à mort annoncée.

Car Chokri Belaïd se savait menacé. Le président Moncef Marzouki l’avait personnellement averti qu’il était devenu une cible, avait-il confié à des proches. Mais les services de renseignements – qui surveillaient les opposants – et le ministère de l’Intérieur, que Belaïd avait alerté sur son cas, ont été à tout le moins défaillants. Quant à la sécurité présidentielle, elle avait confirmé que le chef du MDP figurait en tête d’une liste de personnalités à abattre. Ce dernier n’a pourtant bénéficié d’aucune protection rapprochée.

L’accusant de fomenter des troubles, d’être complice de puissances étrangères et de vouloir nuire à la révolution sans jamais en apporter le moindre début de preuve, les islamistes avaient maintes fois jeté son nom en pâture. Ali Larayedh, le ministre de l’Intérieur, avait même assuré que le leader du Front populaire – une alliance de partis de gauche – était à l’origine de la grève générale tragique de Siliana de novembre 2012.

Appel au meurtre

Or, pendant que les forces de l’ordre tiraient à coups de chevrotine sur les manifestants, Belaïd se trouvait au Maroc. Un imam de Zarzis avait lancé un véritable appel au meurtre. Quelques jours avant son assassinat, l’opposant avait échappé à plusieurs tentatives de lynchage, les dernières à Tunis et au Kef (Nord-Ouest), où des salafistes et des islamistes étaient parvenus une nouvelle fois à empêcher la tenue de l’un de ses meetings, le 2 février.

« Ils peuvent me tuer, ils ne me feront jamais taire. Je préfère mourir pour mes idées que de lassitude ou de vieillesse. »

Chokri Belaïd

Mais Belaïd ne renonçait jamais. « Ils peuvent me tuer, ils ne me feront jamais taire. Je préfère mourir pour mes idées que de lassitude ou de vieillesse », disait-il. La veille de sa mort, il projetait, avec d’autres partis et des membres de la société civile, de structurer la lutte contre la violence politique. Mettant en garde contre les dérives d’Ennahdha, il avait souligné qu’en demandant la libération des agresseurs de Lotfi Nagdh (un militant du parti d’opposition Nida Tounes, décédé en octobre 2012 après avoir été passé à tabac par des membres de la Ligue de protection de la révolution, LPR), le parti islamiste au pouvoir légitimait la violence politique.

Avec son franc-parler, Belaïd aura été une figure controversée. À un ami qui lui reprochait son intransigeance, il confiait : « Je m’aperçois que le monde de la compétition politique m’est complètement étranger. J’ai mené ma campagne électorale comme un militant du temps de la fac. Il va falloir que je pense à mon image, mais cela sera difficile : je suis né militant et je mourrai militant. »

Cet avocat de 48 ans issu des couches populaires avait bénéficié de l’ascenseur social qu’offrait le système éducatif et découvert à l’université le militantisme d’extrême gauche. Parcours classique pour un étudiant de sa génération. Cet opposant à Ben Ali était aussi le défenseur de nombreux islamistes et salafistes, dont il ne partageait pourtant aucune des convictions. Durant la révolution, c’est drapé dans sa robe d’avocat qu’il avait manifesté, rejoignant ensuite la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, qui encadrera la transition démocratique jusqu’aux élections du 23 octobre 2011.

Dossiers de corruption

Pour ce démocrate convaincu, la différence entre islamistes et progressistes tenait en une phrase : « Nous les avons inclus dans notre programme ; ils nous ont exclus du leur. » N’hésitant pas à dénoncer les dérives d’Ennahdha, il avait conquis une large audience populaire. Mais l’identité des commanditaires de son assassinat est peut-être à chercher ailleurs. Des proches confient que Belaïd était sur le point de boucler des dossiers de corruption éclaboussant certains dirigeants, et qu’il comptait en dévoiler la teneur le 15 février. Ce qui est certain, c’est que cet homme très bien informé dérangeait.

L’exécution de Chokri Belaïd a été le révélateur du profond malaise des Tunisiens. Des dizaines de milliers de personnes de tous bords, de tous âges et de toutes origines sociales étaient descendues dans la rue, dans tout le pays, pour exprimer leur colère face à un gouvernement qui, comme l’assénait Radhi Meddeb, une figure de la société civile, « érige l’incompétence en système ». Elles seront encore plus nombreuses à participer aux obsèques du défunt, le 8 février.

Cet acte sanglant était aussi le révélateur d’une série d’erreurs politiques. Celles d’Ennahdha qui, pour sa première année de gouvernance, s’était comportée en boulimique du pouvoir et avait cautionné une violence faussement révolutionnaire. Celles de l’opposition, qui n’avait cessé de tergiverser, et celles d’une l’Assemblée nationale constituante (ANC) incapable de dépasser ses clivages partisans pour adopter une Constitution.

Dans tous les cas, l’absence de consensus paralysait un pays en pleine confusion. De toute évidence, Ennahdha ployait sous ses propres contradictions. La formation s’était fissurée : seuls 20 % à 25 % de ses 89 élus à l’ANC soutenaient le Premier ministre, Hamadi Jebali. Et son Majlis el-Choura (Conseil consultatif), plus puissant que l’ANC mais arc-bouté sur son idéologie, avait conduit la Tunisie dans une impasse. Il a ainsi fait échouer toutes les négociations visant à opérer un remaniement ministériel, refusé de céder des ministères régaliens et de reconnaître ses erreurs.

Les LPR prennent le relai des salafistes

Tout au contraire, la formation islamiste avait systématiquement parachuté ses hommes – qu’ils soient compétents ou non – aux postes clés des institutions et des services publics, affaiblissant ainsi l’autorité de l’État. Sous la férule de Rached Ghannouchi, le Conseil consultatif dictait les orientations du pays qu’une ANC sans envergure entérinait. Parallèlement, une savante orchestration de la violence politique avait fini par susciter la discorde entre islamistes et progressistes. Les LPR – des milices légitimées par leur statut d’association – avaient pris le relais des salafistes.

La mort de Chokri Belaïd avait révélé tous les paradoxes d’une situation complexe. Le gouvernement, isolé, traitait ceux qui l’avaient élu en ennemis. Il avait fait tirer des gaz lacrymogènes sur la foule qui accompagnait le catafalque du défunt. Les manifestants ne s’y étaient pas trompés, la Tunisie était divisée. Pour le pouvoir, il y avait « eux » et « nous ». Si bien qu’Ennahdha était désignée par beaucoup comme le responsable moral de cet assassinat. Une crise sans précédent et l’absence de volonté politique feront imploser la troïka gouvernementale, et passer ses autres membres, les partis Ettakatol et le Congrès pour la République (CPR), pour les dindons de la farce.

Mais cette tragédie aura aussi eu pour effet immédiat de souder l’opposition. Réactives et constructives, les principales formations avaient constitué un large front et tracé, en quelques heures, une feuille de route avec pour seul objectif le salut du pays. Elles seront rejointes par les centrales patronales et par toutes les organisations syndicales, qui décrèteront une grève générale le 8 février. L’appel à la mobilisation de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) sera largement suivi. Poussée dans ses derniers retranchements, Ennahdha n’avait pourtant pas dit son dernier mot : au moment des funérailles, elle organisa une contre-manifestation devant l’ANC, et les LPR saccagèrent les abords du cimetière.

Dans son histoire contemporaine, le pays n’avait jamais connu d’assassinats politiques perpétrés par des Tunisiens contre des Tunisiens sur le sol national. Farhat Hached, fondateur de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et figure de proue du mouvement national tunisien, tomba, le 5 décembre 1952, sous les balles de la Main rouge, une organisation armée liée aux services secrets français. Neuf mois plus tard, Hédi Chaker, l’un des fondateurs du Néo-Destour et dirigeant d’un courant clandestin de résistance, connut le même sort. Compagnon de route de Bourguiba devenu son plus farouche ennemi, Salah Ben Youssef fut éliminé à Francfort en 1961 sur ordre du « Combattant suprême ». Inhumé au Caire, il sera réhabilité en 1987. Sa mort est considérée comme un crime d’État.

Avec Jeune Afrique par Frida Dahmani – à Tunis

20 ans de Facebook : comment le réseau social a changé nos vies

février 4, 2024

Vu comme vieillissant, mais toujours omniprésent avec ses plus de 2 milliards d’utilisateurs actifs dans le monde, Facebook a, en 20 ans d’existence, profondément modifié notre façon d’échanger.

Le 4 février 2004, Mark Zuckerberg lançait « The Facebook » depuis sa chambre de campus de l'université d'Harvard, aux États-Unis.
Le 4 février 2004, Mark Zuckerberg lançait « The Facebook » depuis sa chambre de campus de l’université d’Harvard, aux États-Unis. © SOPA Images/SIPA / SIPA / SOPA Images/SIPA

Le célèbre F majuscule blanc sur fond bleu à 20 ans. Un jeune âge pour n’importe qui, mais qui pèse lourd pour un réseau social dont l’image s’est écornée au fil du temps. Son créateur et PDG du groupe Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp), Mark Zuckerberg, s’est retrouvé plusieurs fois devant le Congrès américain pour répondre d’accusations d’ingérences russes sur son réseau ou, plus récemment, sur les risques de cyberharcèlement sur les utilisateurs plus jeunes.

Pourtant, Facebook continue d’afficher plus de deux milliards d’utilisateurs actifs, témoin insolent d’une réussite qui peut rendre envieux son principal rival X (ex-Twitter), propriété d’Elon Musk.

Garder le contact

Lancé le 4 février 2004 sur le campus de Harvard, Facebook est depuis longtemps sorti du cadre de la prestigieuse université américaine. Si certaines personnes comptent des milliers d’amis qui suivent leur profil, commentent ou « like » leurs publications, la moyenne des utilisateurs se situe à un peu plus de 300. Le réseau social permet de garder le lien avec la famille, des proches ou aussi retrouver d’anciennes connaissances perdues de vue au fil des ans.

L’on peut aussi rencontrer de nouvelles personnes, et échanger au sein de groupes Facebook. « Neurchi de mêmes d’Actualités » (66 642 membres), « Vivre à Caen » (106 000) ou encore « Lutins farceurs de Noël » (200 000), des milliers de groupes publics ou privés existent pour autant de thématiques différentes.

« Regardez comme nous nous amusons »

Facebook est devenu aussi un véritable distributeur de dopamine au cerveau humain. Recevoir plusieurs « likes » sur une photo, des commentaires positifs ou avoir plus d’amis virtuels que son voisin de classe, le réseau social est souvent une course à la popularité et au narcissisme. Face à la dernière photo de vacances de ce cousin parti sur une île paradisiaque, il est tentant de renvoyer la pareille quelques mois plus tard au bord d’une piste de ski.

« Les photos servent moins à se souvenir d’un moment qu’à montrer la réalité de cet instant aux autres. […] « Regardez comme nous nous amusons ! Ça a l’air bien, non ? S’il vous plaît, validez mon activité, et je validerai la vôtre » », soulignait un article du Guardian.

Révolutions et élections

Lors des printemps arabes de 2011, les contestations qui deviennent révolutions partent bien généralement de Facebook. Le réseau social permet de suivre presque en temps réel la situation en Tunisie, Libye, Égypte ou encore en Syrie. Lors des Gilets jaunes, le mouvement, qui ne souhaite ni chef ni parti, se développe d’abord via Facebook, avant d’occuper les ronds-points et monter sur les Champs-Élysées à Paris.

En 2018 éclate le scandale Cambridge Analytica, premier d’une série qui va ébranler Facebook. L’entreprise, durant l’élection présidentielle américaine de 2016, a récupéré les données de 50 millions d’utilisateurs, sans leur consentement, afin de cibler plus précisément leur orientation politique. Elle a également transféré ces données à la Russie, faisant planer l’ombre d’une ingérence étrangère sur la victoire de Donald Trump.

Comme les autres réseaux sociaux, Facebook est visé par les politiques et les chercheurs qui s’inquiètent des dérives qu’ils provoquent, via le partage de fake news par exemple. Un véritable enjeu démocratique, alors que 62 % des Français s’informent via les réseaux sociaux aujourd’hui. Et joyeux anniversaire !

Avec Le Point par Clément Machecourt

Ce jour-là : le 3 novembre 1960, l’indépendantiste camerounais Félix Moumié meurt empoisonné

novembre 3, 2023

Le 3 novembre 1960, lorsque l’avion transportant Marthe Moumié se pose sur le tarmac de l’aéroport de Genève, elle croit que son mari est simplement malade. Mais une fois à l’hôpital, la femme du leader camerounais trouve là « quelqu’un qui avait déjà les yeux fermés”.

Félix Moumié est mort le 3 novembre 1960. © Archives Jeune Afrique
Félix Moumié est mort le 3 novembre 1960. © Archives Jeune Afrique

Deux semaines plus tôt, le 15 octobre 1960 au restaurant le Plat d’Argent, toujours à Genève. Félix Moumié – dirigeant de l’Union des populations du Cameroun (UPC) – dîne aux abords du Lac Léman en compagnie de Jean-Martin Tchaptchet (président de la section France de l’UPC) et un journaliste nommé Claude Bonnet. Ce dernier est censé travailler à l’agence suisse Allpress, un organe connu pour être proche des milieux anticolonialistes – et dont l’UPC a besoin pour médiatiser le combat armé qu’il mène pour l’indépendance réelle du Cameroun.

Moumié a déjà rencontré ce journaliste à première vue sympathique à deux reprises. Une première fois l’année précédente à Accra (où il vit en exil), puis à Genève en compagnie de Tchaptchet. En réalité, Claude Bonnet n’est pas un journaliste mais un ancien militaire français : poilu de la Grande Guerre, résistant et surtout membre du Sdece, le service de documentation extérieure et de contre-espionnage français. Il s’appelle en réalité William Bechtel – alias « Grand Bill » – et il a été choisi pour mener à bien l’opération « homo » (pour « homicide »).

Il fait partie de la Main Rouge, un sous-groupe du Sdece . Son plan est relativement simple : mettre dans le verre de Moumié durant le repas un poison inodore et sans goût, le thallium, censé maquiller l’assassinat en mort par maladie.

Durant le repas dans le restaurant huppé, Bechtel parvient à verser une dose de poison dans le pastis de Moumié, mais ce dernier ne semble pas vouloir boire. Voyant le dîner avancer, et sans doute par peur de louper sa cible, Bechtel introduit alors une nouvelle dose, cette fois-ci dans le verre de vin du leader. Vers la fin du repas, Moumié, qui n’avait jusqu’alors pas touché à ses verres est visiblement assoiffé. Il descend coup sur coup ses deux verres d’alcools. La double dose de poison va être fatale au nationaliste camerounais mais, en accélérant sa mort, elle va dévoiler le stratagème des services français.

Non lieu pour Bechtel

Conduit dès le lendemain à l’hôpital cantonal de Genève, Moumié hurle aux médecins qui le prennent en charge : « On a empoisonné mon verre ! »,se souvient le Dr. Daniel Pometta dans le documentaire Mort à Genève – l’empoisonnement de Félix Moumié, signé Frank Garbaly. Moumié sombre peu après dans un coma profond et décède le 3 novembre. Sa dépouille sera transporté en Guinée-Conakry grâce à l’aide de Sékou Touré.

Bechtel, qui avait réservé son hôtel sous son vrai nom, est très vite recherché. Des traces de thallium ayant été retrouvées dans l’une de ses vestes lors d’une perquisition à son domicile, un mandat d’arrêt international est émis, puis rapidement annulé en France par le Sdece. Arrêté en 1974, en Belgique, puis extradé en Suisse en vue d’un procès, il est libéré sous caution contre 100 000 francs suisses (environ 92 200 euros). En 1980, son procès aboutira finalement à un non lieu.

Outre Bechtel, une seconde personne est – selon les versions – une potentielle complice : une Française aux cheveux bruns nommée Liliane. Proche de Moumié, on la soupçonne d’être également en relation avec le Sdece.

Répression contre l’UPC

Si le Sdece a décidé d’éliminer Moumié, c’est qu’elle mène depuis 1955 une sanglante répression au Cameroun à l’encontre des militants upécistes. L’année 1960 – date de l’indépendances pour plusieurs anciennes colonies françaises – voit la France consolider son pré carré africain, et mettre en place ou sécuriser son cercle d’amis au pouvoir sur le continents. Au Cameroun, c’est Ahmadou Ahidjo que soutient l’Elysée.

Dans les hautes sphères politiques françaises, par l’intermédiaire de Jacques Foccart (le « Monsieur Afrique » de De Gaulle), la décision de supprimer Moumié est envisagée depuis le milieu des années 1950. Ce dernier est secrétaire général de l’UPC depuis 1955, et sa voix commence à porter dans le monde et les milieux anticolonialistes.

Félix Moumié, 35 ans, médecin de formation, est le second leader de l’UPC assassiné par Paris après Ruben Um Nyobé en 1958. Ses successeurs connaîtront le même sort : Osendé Afana en 1966 puis Ernest Ouandié, fusillé par le régime de Ahidjo en 1971.

Avec Jeune Afrique

Canada-Québec: À 40 ans, la revue Le Sabord n’a pas pris une ride et s’offre le monde

septembre 25, 2023

La couverture d'une revue Le Sabord.

La revue Le Sabord souffle 40 bougies Photo : Radio-Canada

La revue d’art et de littérature Le Sabord

Il fallait de l’audace en 1983 pour publier une revue alliant la création visuelle et la littérature. Ensemble, le comédien et auteur Jean Laprise et le poète Guy Marchand ont cofondé Le Sabord, la seule revue du genre au Canada. Quarante ans plus tard, la revue rayonne bien au-delà de Trois-Rivières, son lieu de naissance et de résidence.

L’autrice Ariane Gélinas est l’actuelle codirectrice générale et littéraire. Elle se rappelle qu’il y a 20 ans, elle s’abonnait au Sabord. Quelques années plus tard, j’y suis entrée comme autrice avec des nouvelles, de la prose poétique. Après, je me suis retrouvée à la codirection générale et littéraire du périodique. Je n’aurais jamais pensé ça. Ça fait huit ans que je suis à ce poste-là. Huit ans à préparer tranquillement, les célébrations du 40e.

Elle ajoute, un peu incrédule, qu’elle n’a même pas encore cet âge.

Honorer l’héritage des fondateurs et des fondatrices

Le Sabord est une revue de création qui propose une approche unique : elle propose un dialogue entre les arts visuels et la littérature. C’est ce qu’on a voulu faire aussi avec l’exposition Archiver le futur qui est le point culminant de nos 40 ans. On a rassemblé un écrivain, une écrivaine, une artiste visuelle, dans le cadre de cette exposition, explique Ariane Gélinas.

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Cette exposition présente les œuvres récentes des poètes Simon Brown et Maude Pilon, de l’artiste multimédia Isabelle Gagné (MissPixels) et de l’artiste multidisciplinaire Gabriel Mondor. L’exposition présente de nouvelles œuvres créées à partir des archives du Sabord.

On les a invités à échanger créativement, à fouiller dans les archives du Sabord et à méditer sur [ce que ça] pourrait être dans le futur, se projeter. Puis, tout au long de l’année, de nos 40 ans, avec les numéros Rhizomes, Carrefour et Post, on s’est penché là-dessus, sur le présent, le passé, le futur du périodique. Et puis on a invité à des itérations créatives autour de ça, avec les artistes et dans l’équipe bien sûr, détaille Ariane Gélinas.

Voyager loin

Parce qu’elle est unique en son genre, la revue a voyagé loin au fil des 40 ans. En fouillant dans les archives, Simon Brown et Maude Pilon se sont aperçus qu’il y avait beaucoup de visites à Paris au fil du temps, [ils] ont créé un poème-performance autour de cela, raconte la codirectrice qui lance dans un même souffle qu’elle et Karine Bouchard, l’autre codirectrice, iront promouvoir la revue dans la capitale française. Dans deux semaines, nous serons à Paris au Salon de la revue. Donc, ce n’est qu’un exemple [jusqu’où] peut voyager le Sabord, dans l’ensemble de la francophonie donc, notamment à Paris qui nous attend bientôt. On va aller à la rencontre des lecteurs et des lectrices.

Pour le futur, la petite équipe du Sabord souhaite davantage mettre de l’avant le processus artistique des écrivains et des artistes en allant dans leur atelier afin de démontrer, de documenter comment les choses se passent de l’intérieur.

L’exposition Archiver le futur est présentée à la Galerie d’art du parc de Trois-Rivières jusqu’au 22 octobre 2023.

Radio-Canada par Josée Bourassa d’après une entrevue réalisée au Téléjournal MauricieCentre-du-Québec

Zidane célèbre les 25 ans de France 98 avec ses anciens coéquipiers

juillet 12, 2023

Le 12 juillet 1998, la France décrochait son premier titre de championne du monde de football. L’ancien numéro 10 a réuni une dizaine de coéquipiers pour fêter l’événement. 

Les champions du monde 1998 prennent toujours autant de plaisir a se reunir.
Les champions du monde 1998 prennent toujours autant de plaisir à se réunir. © CHRISTOPHE SIMON / AFP

Un quart de siècle est passé, mais les souvenirs restent intacts. Le 12 juillet 1998, Zinédine Zidane et ses coéquipiers battaient le Brésil 3-0, pour offrir à la France son premier titre de champion du monde. 25 ans plus tard, l’ancien numéro 10 a réuni une dizaine d’autres champions du monde. 

Depuis plusieurs années, les anciens de 1998 se retrouvent régulièrement, en privé ou pour des opérations caritatives. Mercredi, ils ont répondu à l’invitation de Zidane pour une journée dans son complexe de foot à cinq d’Aix-en-Provence, tout près de Marseille, lieu de naissance de l’idole.

Débutée par quelques parties de padel entre champions du monde, la journée s’est finie par un dîner de gala payant et un concert. Mais le temps fort a été le tournoi de foot ouvert à des équipes mises sur pied par les entreprises, essentiellement locales, ayant réservé une table pour le dîner.

A chaque équipe, le tirage au sort a attribué un champion du monde 1998 parmi ceux présents : Didier Deschamps, Christian Karembeu, Christophe Dugarry, Bernard Diomède, Alain Boghossian, Bixente Lizarazu, Lionel Charbonnier, Fabien Barthez et, bien sûr Zidane. Sur le terrain, le N.10 cherche à gauche, toujours, mais bien sûr sans forcer. Et quand il accélère, il enchaîne sombrero, amorti poitrine et volée pour un joli but du droit.

« On voit qu’il a un toucher de balle exceptionnel. C’est le meilleur », raconte à l’AFP le chanceux Anthony, buteur sur une passe décisive du maître.

Zidane toujours le plus fort !

Un peu plus loin, Karembeu ne dit pas autre chose. « Duga et Liza sont encore pas mal et DD est présent. Mais Zidane c’est une autre planète. C’était le plus fort il y a 25 ans et ça l’est toujours ». L’ancien milieu des Bleus et du Real Madrid raconte aussi combien ces moments sont importants, pour les anciens élèves d’Aimé Jacquet comme pour le grand public.

La victoire en finale contre le Brésil (3-0) « a uni la France et des journées comme celle-là permettent de marquer le coup. On sait aussi que ça continue à inspirer d’autres générations et Didier a d’ailleurs été le relais de l’étoile en 2018 », explique-t-il.

« On continue de croiser des gens qui nous disent ah, le 12 juillet 98, j’étais là ! Ça reste une émotion fabuleuse », confirme l’actuel sélectionneur de l’équipe de France, sacré comme coach en 2018 après l’avoir été comme capitaine il y a 25 ans.

Et pour Boghossian, qui reconnaît que « le golf est désormais plus facile que le foot » pour lui, « les années filent et on a encore envie de partager et de vibrer un peu ».

« 98, ça a changé ma vie »

Autour du terrain et sous une chaleur de brute, les 98 signent autographes et maillots, comme quelques autres grands noms du Football français, parfois moins reconnus par les plus jeunes, à l’image de Jean Tigana ou Henri Emile, membre du staff lors du Mondial victorieux. Le speaker, de son côté, confond Charbonnier et Boghossian et accuse le temps qui passe et les cheveux qui tombent : « Vous avez tous le même coupe maintenant les gars ! ».

L’ambiance est à la fête et masque même les petites inimitiés. « On est une famille », assure Diomède. « On ne s’est jamais quittés », renchérit Barthez. Deschamps et Dugarry, tout de même, se croisent rarement. Mais, promet-on dans l’entourage des champions, « ils ont joué ensemble au padel ce matin ».

Le maître des lieux, lui, savoure. « On aimerait se voir plus souvent mais c’est parfois compliqué. Se retrouver comme ça, être avec les potes, c’est rigolo et ça nous fait du bien à tous », explique Zidane. « 98, ça a changé ma vie », ajoute l’ancien meneur de jeu des Bleus. « Et les gens se rappellent de 98, aujourd’hui ils sont venus voir les mecs de 98. » Un peu plus tôt, Zidane avait résumé en quelques mots simples le poids de ces 25 ans. « On ne va pas se parler tout le temps de 98. Mais bon, on l’a fait et c’était bien ».

Le Point par H.R avec AFP

Afrique : les premières dames célèbrent le 20e anniversaire de leur organisation

juin 15, 2023

L’Organisation des premières dames d’Afrique pour le développement (Opdad) va célébrer, le 17 juin, à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), les vingt ans de son existence. Une occasion de dresser le bilan des deux décennies d’actions au profit des plus vulnérables.

« Cet événement historique permettra de souligner le rôle catalyseur du changement qu’a joué et continuera de jouer l’Opdad sur le continent et au-delà, pour favoriser l’accès aux services essentiels et l’autonomisation des femmes et des jeunes », a déclaré la présidente en exercice de l’Opdad et première dame de la République de Namibie, Monica Geingos.

Par ailleurs, l’organisation lancera officiellement sa « campagne unificatrice pour la réalisation de l’égalité des sexes en Afrique », autour de quatre piliers prioritaires : l’éducation, la santé, l’autonomisation et la lutte contre les violences envers les femmes et les filles.

A travers cette campagne, les épouses des chefs d’État africains souhaitent mobiliser l’ensemble des partenaires pour accélérer les progrès déjà réalisés et permettre la pleine participation des filles ainsi que des femmes au développement socioéconomique du continent.

« A l’échelle du continent, les obstacles à la réalisation de l’égalité des sexes sont encore trop importants. Il est urgent d’agir. Nous devons capitaliser sur l’influence collective des premières dames pour conduire des transformations audacieuses et construire un avenir où chaque Africain peut s’épanouir. Libérons le potentiel pour que chacun puisse être acteur et moteur de ce changement. L’Afrique doit être le pivot du changement à l’échelle mondiale », a déclaré Denise Nyakeru Tshisekedi, vice-présidente de l’Opdad et première dame de la RDC.

Trois principales activités sont attendues : la conférence plénière; le « Village de l’Opdad » spécialement construit pour l’occasion sur la pelouse de l’Académie des Beaux-Arts et ouvert au public du 15 au 18 juin; une soirée d’anniversaire exceptionnelle avec une vente aux enchères au profit de l’Opdad. Plus de cinq cents participants sont attendus à cet événement dont les chefs d’État et les représentants de la société civile.

Créée en 2002, l’Organisation des premières dames d’Afrique contre le sida (Opdas), qui se consacrait principalement à la lutte contre le VIH/sida et à d’autres problèmes de santé de la reproduction, tant sur le plan continental qu’international, a vu son périmètre s’élargir aux questions d’éducation, de santé et du bien-être des enfants, des jeunes et des femmes en Afrique, d’où la nouvelle appellation Opdad qui couvre des domaines liés au développement du continent.

L’Opdas a changé de nom pour devenir l’Opdad en vue d’adopter une vision intitulée « Une Afrique développée avec des enfants, des jeunes et des femmes en bonne santé et autonomes ».

L’Opdad est actuellement dirigée par la première dame de la République de Namibie, Monica Geingos, qui a succédé à sa consœur de la République du Congo, Antoinette Sassou N’Guesso. C’était à l’occasion de la 26e assemblée générale de cette organisation tenue du 9 au 10 juin 2022, à Brazzaville.

Avec Adiac-Congo par Yvette Reine Nzaba

Congo-Évocation : la reconnaissance de la communauté culturelle à Sony Labou Tansi

juin 14, 2023

Décédé le 14 juin 1995 à Brazzaville, il y a vingt huit ans, Marcel Ntsoni alias Sony Labou Tansi a reçu, le 14 juin 2023,  un hommage de la communauté culturelle congolaise au Centre culturel éponyme.

1- Une vue de l’exposition photos

C’est le directeur de cabinet de la ministre de l’Industrie culturelle, artistique et des Loisirs, Lis Pascal Moussodji, qui a patronné la cérémonie d’ouverture de l’événement placé sur le thème « De Marcel Ntsoni à Sony Labou Tansi ».  Dans son mot de circonstance, il a reconnu l’immensité de l’œuvre culturelle et artistique de l’illustre disparu faite d’une dizaine de romans et récits, de plusieurs pièces de théâtre et de trois recueils de poèmes.

Pascal Moussodji a indiqué, par ailleurs, que « c’est une tâche pas trop facile que d’évoquer un homme pluridimensionnel comme Marcel Ntsoni dont la réputation a traversé les frontières au point de le hisser au rang des plus grands écrivains africains de son temps ».    

Pour sa part, Nicolas Bissi, un des compagnons de Sony Labou Tansi, a fait un témoignage pathétique sur « l’homme du jour ». Il a édifié l’auditoire sur la thématique de la journée. Bissi dit avoir travaillé sur le plan artistique avec l’illustre disparu qui était, par plusieurs fois, son metteur en scène lors de ses représentations théâtrales.  

Une cérémonie riche en sons et en couleurs tant les groupes musicaux et théâtraux ont alterné sur le podium entre des interventions. La communauté culturelle a été marquée non seulement par une exposition photos mais également par la prestation des batteurs habiles de tam-tams qui esquissaient des pas de danses avec agilité. Le député de la deuxième circonscription électorale de Bacongo, Vadim Osdet Mvouba, a rehaussé de sa présence l’éclat de cette cérémonie.

Qui a été Sony Labou Tansi ?

Sony Labou Tansi est né de père de la République démocratique du Congo  et d’une mère de la République du Congo. Aîné de sept enfants, Marcel Sony apprend le français à l’école, puis étudie à l’École normale supérieure d’Afrique centrale. À partir de 1871, il enseigne le français et l’anglais à Kindamba, dans le département du Pool, puis à Pointe-Noire.

À la publication de son premier roman, La vie et demie,  en 1979 en France, il choisit pour pseudonyme Sony Labou Tansi, en hommage à Tchicaya U Tam’si. Satire féroce de la politique fondée sur la torture, le meurtre et le culte de la personnalité, dénonciation de la dictature, ce roman se déroule dans un pays imaginaire, la Katamalanasie.

Dramaturge, fortement soutenu par le festival des francophones en Limousin, ses pièces de théâtre sont jouées en France, en Allemagne, en Italie et aux États-Unis. Il a dirigé la troupe du Rocado Zulu Théâtre, à Brazzaville.

2- Les participants à la cérémonie

En 1994, Il est radié de la fonction publique et son passeport lui est retiré à la suite de son opposition politique au président de la République d’alors, Pascal Lissouba. Affaibli par la maladie mais incapable d’obtenir le traitement adéquat en l’absence d’un passeport et d’une autorisation de sortie du pays, il meurt à l’âge de 47 ans, le 14 juin 1995, quatorze jours après son épouse Pierrette, morte le 31 mai 1995. Ce couple a laissé trois filles. .

Avec Adiac-Congo par Roger Ngombé

Congo-Enseignement supérieur : l’ESGAE stimule la dynamique entrepreneuriale

Mai 28, 2023

L’école supérieure de gestion et d’administration des entreprises (ESGAE), une institution d’enseignement supérieur, a organisé, le 25 mai à Brazzaville, un colloque scientifique international sur l’entrepreneuriat, à la faveur du 30e anniversaire de sa création, afin d’impulser une dynamique entrepreneuriale à ses étudiants.

1-Une vue de l’assistance lors du colloque/Adiac

Des experts venus d’une douzaine d’universités de pays étrangers, notamment de France, de la République démocratique du Congo, du Gabon, du Cameroun et du Maroc ont exposé autour de la thématique principale : « Entreprendre, agir et se singulariser dans un monde et une Afrique en mutations ».

Plusieurs dizaines d’exposés, tables rondes, plénières, conférences et sessions ont été centrés, entre autres, sur l’employabilité et l’accompagnement des projets entrepreneuriaux, à savoir l’Afrique face aux défis de la mondialisation; de l’intention entrepreneuriale au passage à l’acte; action et résilience entrepreneuriales face aux crises et à un environnement turbulent; écosystème et territoire à l’heure de la digitalisation; financement des projets entrepreneuriaux et des petites et moyennes entreprises; économie circulaire, agriculture, territoire et développement des économies africaines ainsi qu’entreprendre au féminin.   

Afin d’encourager l’initiative, l’administrateur-maire de Moungali, Bernard Batantou, s’est félicité de l’organisation de ce colloque qui, selon lui, valorise les ressources humaines et rehausse les connaissances des apprenants.

S’exprimant à l’occasion pour situer le contexte de la cérémonie et inciter les jeunes aux formations entrepreneuriales, le directeur général de l’ESGAE, Roger Armand Makany, a indiqué : « Notre pays a plusieurs zones économiques dont celle de Maloukou. Nous voulons que les emplois soient créés. Dans ces zones, les entreprises vont se développer au bénéfice du pays. Alors, nous voulons que le système licence master doctorat soit complet ici pour que les étudiants apprennent sur place, au lieu de voyager à l’étranger ».

Pour sa part, le Pr Thierry Levy, chercheur à l’université de Paris 8 et président du comité scientifique du colloque, a donné la leçon inaugurale en stimulant les chercheurs africains sur la production scientifique universitaire  et au management entrepreneurial. Il a lancé un appel à la continuation de la coopération scientifique avec les autres pays du monde.

2-La coupure symbolique du ruban par le Pr Roger Armand Makany /Adiac

« Beaucoup d’entreprises américaines se sont inspirées du modèle africain et asiatique. Croyez-moi que l’Afrique a des pratiques managériales originales et innovantes. Que nous ayons de plus en plus une coopération académique et scientifique pour élever nos connaissances », a commenté le Pr Thierry Levy. Dans l’euphorie de la commémoration de son trentième anniversaire, l’ESGAE a inauguré un bâtiment R+7 pour développer et améliorer le cadre d’apprentissage.  

Notons que l’ESGAE est le premier établissement privé du Congo à recevoir l’accréditation du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur. Réputé pour l’enseignement des sciences de gestion dans le pays, cet établissement est une université privée créée en 1993 qui a pour principale mission la formation des hauts cadres.

Les sciences de gestion enseignées au sein de cet établissement ont pour objet l’étude de l’action conduite de façon collective par des groupes humains organisés. Elles s’appliquent aux organisations dans toute leur diversité, qu’elles soient issues du secteur marchand ou non marchand : entreprise, association et organisation publique.

Avec Adiac-Congo par Fortuné Ibara

Diaspora congolaise au Sénégal: l’association « Lumière des cultures » va célébrer son 10e anniversaire

avril 14, 2023

À quelques mois du 10e anniversaire de sa création, l’association « Lumière des cultures », fondée et présidée par Sidonie Kailly Dzellat, à Dakar, au Sénégal, met en avant son dynamisme.

Photo de groupe à l'issue d'une séance de formation de l'association Lumière des Cultures à Dakar, Sénégal

La photo de groupe à l’issue d’une séance de formation de l’association « Lumière des cultures » à Dakar, Sénégal

Au demeurant, l’initiative associative de la Congolaise Sidonie Kailly Dzellat, en novembre 2013, à Dakar, avait pour mission statutaire de coacher et d’accompagner les filles en échec scolaire, en les aidant à se réinsérer dans la société à travers des formations à divers métiers.

En parallèle, « Lumière des cultures » a mis en place le concept d’une « Soirée rumba » pour promouvoir la culture congolaise. De ce fait, cette soirée annuelle s’articule autour d’un concert et d’un dîner de gala, à Dakar ou dans une ville voisine en Afrique de l’Ouest, dédiée à la cause de la réinsertion des filles.

En 2018, la cinquième édition avait rendu hommage à Tabu Ley, l’un des pères fondateurs de la rumba congolaise.

« À chaque soirée réalisée, les fonds récoltés sont en partie réservés à l’association pour soutenir la réinsertion des filles », explique sa présidente.

Depuis septembre 2020, l’association s’est diversifiée en créant « La maison du Congo à Dakar », espace socio-culturel dédié à l’art et la culture congolaise à l’étranger. Cet espace facilite l’exposition et la vente des objets d’art du Congo : vannerie ; poterie ; sculpture et autres objets made in Congo.

Pour Sidonie Kailly Dzellat, le dynamisme de « Lumière des cultures » ne se limite pas uniquement au Sénégal. « Nous pensons obtenir l’adhésion des Congolais de l’étranger afin de nous ouvrir à tout pays, et orienter notre cible vers l’Afrique centrale en général, et plus particulièrement au Congo », dit-elle.

Avec Adiac-Congo par Marie Alfred Ngoma