Archive for the ‘Mode’ Category

Fimo, un festival de mode made in Togo

mars 1, 2024

Fimo 228, le Festival international de la mode au Togo, vient d’achever sa 11e édition. Plongée dans les coulisses de cette fashion week d’Afrique, portée par le jeune créateur Jacques Logoh.

Jacques Logoh au Fimo 228, lors de sa 11e édition, à Lomé, le 25 février 2024. © Matthieu Abalo/FIMO

L’organisateur du FIMO 228, Jacques Logoh, remercie tous les participants de cette 11e édition en fin de festival
Jacques Logoh au Fimo 228, lors de sa 11e édition, à Lomé, le 25 février 2024. © Matthieu Abalo/FIMO L’organisateur du FIMO 228, Jacques Logoh, remercie tous les participants de cette 11e édition en fin de festival

Des diversités de styles, de couleurs, de tissus, de formes : pour sa 11e édition, le Fimo, Festival international de la mode au Togo, a une nouvelle fois marqué les yeux et les esprits.

Cette année, le festival a laissé une place de choix aux jeunes stylistes togolais et internationaux, lors des défilés du jeudi 22 février à l’Institut français et du vendredi 23 à l’hôtel Onomo de Lomé. Puis il s’est achevé le samedi 24 février par l’habituel grand défilé international de mode, dans le même hôtel.

45 stylistes, 20 pays, 3 000 visiteurs

En tout, 45 stylistes sont venus d’environ 20 pays, dont l’Allemagne, la France (avec la Guadeloupe), l’Éthiopie, ou encore le Nigeria, la Côte d’Ivoire, et bien sûr, le Togo. Ils ont déployé leurs créations sur 75 mannequins devant environ 3 000 personnes au total, selon les chiffres de l’organisation du festival.

Minuit est passé ce samedi : la fashion week togolaise est terminée. Le public sort sur le tapis rouge prévu pour le festival. Journalistes et caméramans se ruent alors vers un homme : Jacques Logoh, le créateur et organisateur du Fimo.

Jacques Logoh, styliste et ancien mannequin

Styliste et ancien mannequin, à 35 ans seulement, Jacques Logoh ne cesse de se battre chaque année pour faire vivre et grandir ce festival. « Ce qui me fait garder la foi, c’est ma passion, mon métier. Et il y a beaucoup de monde qui croit en ce festival », confie-t-il.

La 11e édition du Fimo 228, à Lomé, le 25 février 2024. © Matthieu Abalo/FIMO
La 11e édition du Fimo 228, à Lomé, le 25 février 2024. © Matthieu Abalo/FIMO

Pour cette 11e édition, Jacques Logoh accepte de détailler l’origine du festival, son organisation et son avenir. C’est en février 2013, à l’âge de 24 ans, alors qu’il est encore mannequin, qu’il organise la première édition de ce qu’il appelle alors le Mode 228. Deux ans auparavant, en 2011, le jeune passionné de haute couture avait déjà créé son agence de modèles, Challenge Model Agency, et souhaitait offrir un podium à ses mannequins. Plusieurs festivals avaient lieu à l’époque au Togo, comme Bimode, Elima, Kakati mode, mais ils n’ont pas perduré. D’autres événements de mode existent encore au Togo, sans jamais avoir atteint l’ampleur du Fimo.

Prévention et environnement

En 2016, trois ans après sa création, le festival devient international et prend le nom de Fimo. S’ajoutent alors aux défilés des masterclasses et des œuvres sociales, comme des sensibilisations au VIH (via l’ONU-sida), ou encore au paludisme et à l’environnement. « Comme nous sommes conscients que la mode est polluante, nous avons voulu insister, lors de plusieurs éditions, sur les matériaux et tissus de récupération », explique Logoh.

Quand on lui demande pourquoi son festival perdure, ce dernier répond qu’il s’est imposé une « détermination » et une « rigueur », qui concrétisent une « passion de la mode » chevillée au corps. En 2018, l’ancien mannequin devient même styliste et lance sa marque, Jacques Logoh couture. Il a des boutiques à Lomé et Paris, et espère en ouvrir une bientôt à Washington.

120 millions de francs CFA

Sans filtres, Jacques Logoh se confie sur les coulisses financières du Fimo. « Le budget idéal devrait s’élever à 120 millions de francs CFA, mais nous arrivons à peine à atteindre la moitié chaque année. Toute la logistique coûte cher ! » déplore l’organisateur du festival.

L’idéal pour faire évoluer le Fimo serait que le gouvernement togolais arrive à prendre en charge la moitié du budget.

Jacques Logoh

Le Fimo dispose pourtant d’une quinzaine de partenaires réguliers, mais seulement une poignée d’entre eux financent le festival, à l’instar de l’entreprise de téléphonie Togocom, de la firme textile Vlisco, de la banque Boa, ou plus récemment de l’Institut français – sans oublier l’agence de mannequins et les boutiques de Jacques Logoh lui-même

Air France donne des billets gratuits, Asky les détaxe, Europcar met à disposition des voitures. Côté communication, plusieurs grands médias internationaux sont partenaires et l’entreprise Platine communication lui donne accès à des panneaux publicitaires. Enfin, le Fimo est associé à plusieurs hôtels, qui offrent des chambres pour héberger les invités. Quelques mécènes aident aussi à l’organisation.

Partenaires privés et publics

Le créateur aimerait plus d’implication de l’État du Togo dans le Fimo : « L’année passée, le gouvernement m’a aidé avec une enveloppe, mais, pour le moment, rien pour cette 11e édition. L’idéal pour faire évoluer le Fimo serait que le gouvernement arrive à prendre en charge la moitié restante du budget. Chaque année, mon équipe d’une dizaine de personnes et moi devons nous battre pour trouver un maximum de partenaires. C’est un travail à part entière. » Et d’ajouter : « Chaque année on s’endette, avec des dettes que nous payons toute l’année. Je les rembourse avec mes revenus qui viennent des ventes de mes créations. »

La 11e édition du Fimo 228, à Lomé, le 25 février 2024. © Matthieu Abalo/FIMO
La 11e édition du Fimo 228, à Lomé, le 25 février 2024. © Matthieu Abalo/FIMO

Malgré ces difficultés, il soutient que la plupart des créateurs et des mannequins sont totalement pris en charge, y compris pour le cachet des mannequins, mais que de nombreux créateurs voyagent encore par leurs propres moyens.

« Conquérir le monde »

Cela n’empêche pas Jacques Logoh de voir très loin pour le Fimo. « Mon ambition, c’est de conquérir le monde avec la mode africaine. Faire connaître ma marque au-delà du Togo et au-delà du continent !” Son rêve est peut-être déjà en passe de se concrétiser. En octobre 2023, il a organisé une édition du Fimo à la fashion week de Paris, avec une dizaine de créateurs africains. La deuxième édition aura lieu en septembre prochain. En parallèle, il a aussi monté la Lomé Men’s Fashion Week, qui a célébré en août dernier sa troisième édition. Jacques Logoh croit en l’avenir, d’autant que, selon lui, « de plus en plus, les grandes marques se tournent vers la mode africaine ».

Si certains pourraient y voir de la concurrence, il y voit, lui, une « émulation artistique » et n’accuse pas les grandes marques d’« appropriation culturelle » lorsqu’elles fabriquent des créations ayant un « style africain ». Le créateur ne craint pas les industries de la mode en place : « Ça n’a jamais été facile, mais on y arrivera. Et je pense que tout le monde peut faire exister sa marque ! » L’année prochaine, Logoh espère faire venir au Fimo un créateur français de renom. Mais pour l’instant, il préfère garder son identité secrète.

Avec Jeune Afrique par Caroline Chauvet

Miss Japon : une Ukrainienne naturalisée remporte le concours et crée la polémique

janvier 26, 2024

La mannequin Karolina Shiino est devenue la première citoyenne naturalisée à remporter le concours. Elle assure s’être sentie japonaise « depuis le plus jeune âge ».

Caroline Shiino (au centre), jeune femme d'origine ukrainienne, est devenue la première Japonaise naturalisée à remporter le concours de beauté.
Caroline Shiino (au centre), jeune femme d’origine ukrainienne, est devenue la première Japonaise naturalisée à remporter le concours de beauté. © /AP/SIPA

Un sacre qui fait polémique. Carolina Shiino a remporté le concours de miss Japon, lundi 22 janvier, à Tokyo. La jeune femme de 26 ans est ainsi devenue la première Japonaise naturalisée à porter la couronne. Née en Ukraine, la reine de beauté a déménagé avec ses parents à Nagoya, à l’âge de 5 ans. Elle a obtenu la nationalité japonaise à 24 ans, en 2022. Mais son élection a partagé les réseaux sociaux.

Victime de critiques, elle a assuré, auprès de BFMTV, s’être « sentie japonaise depuis le plus jeune âge ». « Mais je ne ressemble pas à une Japonaise. Toute ma vie j’ai dû jongler entre le fait de me sentir japonaise sans avoir l’air japonaise », a-t-elle confié. Certains internautes lui reprochent de ne pas avoir de parents japonais quand d’autres estiment que son élection est un choix politique. 

« Elle est plus japonaise que nous »

« Je suis un bon exemple du fait que ce que l’on ressent, ce n’est pas forcément ce qu’on voit à l’extérieur. J’espère faire changer les choses et que les gens réfléchiront à cette dualité », a-t-elle affirmé auprès de la chaîne de télévision. L’organisatrice du concours Ai Wada, a assuré, sur la BBC, que Carolina Shiino avait été choisie par un panel de 30 juges (le public ne vote pas au Japon) « en pleine confiance (…) Elle parle et écrit dans un japonais magnifique et poli. Elle est plus japonaise que nous. » En 2015, l’élection de Miss Japon avait déjà fait débat avec la victoire d’Ariana Miyamoto, une femme métisse.

Par Valentin Dechambre pour Le Point

Paco Rabanne, le prophète de la mode, est mort

février 3, 2023

Couturier autodidacte, visionnaire et excentrique, Paco Rabanne est mort à 88 ans. Représentant du Space Age, il a connu le succès dès les années 1960.

« Ce n’est pas un couturier, c’est un métallurgiste ! » disait de lui Coco Chanel. Et pour cause, Paco Rabanne, dont la marque a confirmé au Point ce vendredi 3 février la mort à 88 ans, a introduit dès 1966 des matériaux industriels dans ses collections. À 32 ans, dans les salons de l’hôtel George-V, il présente son premier opus haute couture baptisé « Manifeste », composé de « 12 robes importables en matériaux contemporains ». Ses créations expérimentales, ornées de sequins, d’aluminium et de plaques en rhodoïd, sont portées par des mannequins aux pieds nus qui défilent au rythme saccadé du « Marteau sans maître » de Pierre Boulez – chose rare à l’heure où ce sont encore les aboyeurs qui animent les défilés de mode.

Né en 1934 à Pasaia (dans le Pays basque espagnol), le jeune Francisco Rabaneda y Cuervo (de son vrai nom) a fui la guerre civile espagnole avec sa mère – première main chez Cristobal Balenciaga, alors établi à Saint-Sébastien. Son père, officier, a été assassiné en 1936 par les armées franquistes. Arrivé à Morlaix à l’âge de 5 ans, il quittera la Bretagne en 1951 pour suivre des études d’architectures à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris – études qu’il financera en réalisant des croquis de mode (notamment des dessins de chaussures pour Charles Jourdan), puis en devenant accessoiriste pour les grandes maisons de mode (Nina Ricci, Balenciaga, Pierre Cardin…).

BB, Jane Fonda Françoise Hardy

En 1959, il publie ses premiers dessins de mode dans le journal américain Women’s Wear Daily sous le nom de Franck Rabanne, avant de choisir définitivement le pseudonyme de Paco Rabanne. C’est avec cette nouvelle identité qu’il lancera, en 1965, les « Pacotilles » – des accessoires en rhodoïd (boucles d’oreilles et lunettes) en partenariat notamment avec Emmanuelle Khanh –, puis fondera officiellement sa marque éponyme en 1966. Rapidement ses créations singulières – à commencer par ses robes à l’esprit cotte de mailles – attirent tous les regards. Tout comme ses défilés aux allures de happening qui s’énoncent loin des présentations très codifiées de l’époque.

Une mannequin le  21 janvier 1970 à Paris.© – / AFP

À noter qu’avec Yves Saint Laurent, il est l’un des premiers à faire défiler des mannequins à la peau noire. Les stars de l’époque sont séduites par la modernité du propos. Anouk Aimée, Françoise Hardy ou encore Brigitte Bardot plébiscitent la marque. Paco Rabanne collabore aussi avec l’industrie du cinéma. On se souvient de Jane Fonda moulée dans son costume métallisé pour les besoins du film Barbarella (1968) devant la caméra de Roger Vadim – une pièce conservée aujourd’hui au MoMA à New York.


Francoise Hardy et Paco Rabanne. La chanteuse porte une robe à 10,4 millions de dollars du créateur.© FITITJIAN/SIPA / Sipa Press SIPA / SIPA

En mode expérimental

Preuve est faite que métallerie et glamour peuvent rimer. Toutefois, les tenants d’une mode plus traditionnelle ne comprennent pas ce vestiaire qu’ils jugent trop lourd et inconfortable (certaines robes pouvant peser jusqu’à 8 kilos). Qu’importe, Paco Rabanne continue d’expérimenter et d’innover (des modèles fluorescents, en plastique moulé, en catadioptres orangés, d’autres faits de caches de diapositives et des robes de mariée en kit) et se diversifie en parallèle, entre débuts dans la parfumerie (en association avec le groupe catalan Puig) et lancement du prêt-à-porter masculin et féminin.

Le succès est au rendez-vous : les jus s’arrachent – à commencer par Calandre, puis XS et Paco, avant One Million – et le créateur, qui se décrit davantage comme un artisan, est récompensé d’un Dé d’or pour sa collection haute couture printemps-été en 1990. À partir de 1999, il se retire progressivement des podiums, quittant d’abord la haute couture, puis le prêt-à-porter – la marque poursuit son œuvre aujourd’hui sous la houlette du designer breton Julien Dossena. Passionné de sciences occultes, c’est sur un autre terrain que le couturier fera ensuite parler de lui.

Nostradamus de la mode

Multipliant les apparitions sur les plateaux de télévision pour faire le récit de ses vies antérieures, il annoncera tour à tour le crash de la station spatiale MIR sur Paris et l’apocalypse dans le sud-ouest de la France prévue le 11 août 1999 à 11 h 22. Autant de fausses prédictions, reprises dans son ouvrage Feu du ciel (1999), qui l’inciteront par la suite à la discrétion médiatique. Souvent cité par une galaxie de designers venus après lui (Martin Margiela en tête), force est de reconnaître que Paco Rabanne aura tout de même été visionnaire sur le terrain de la mode : entre pratique de l’upcycling avant l’heure, diversité des castings et défilés pensés comme des performances.

Avec Le Point par Astrid Faguer

Miss Univers : qui est Floriane Bascou, la représentante de la France ?

janvier 14, 2023

C’est la première fois qu’une Martiniquaise porte les couleurs de la France au prestigieux concours, qui aura lieu cette nuit à La Nouvelle-Orléans.

Floriane Bascou arbore un costume en hommage au 14 Juillet.
Floriane Bascou arbore un costume en hommage au 14 Juillet.© JOSH BRASTED / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Miss Martinique puis première dauphine de Miss France 2022, Floriane Bascou va représenter la France ce week-end à l’occasion du concours Miss Univers, organisé à La Nouvelle-Orléans, aux États-Unis. La jeune femme, originaire du Lamentin, sera confrontée à 83 prétendantes venues du monde entier. La candidate, qui a fêté ses 21 ans le 9 janvier, n’est pas impressionnée, au contraire. Dans un entretien accordé au Figaro, elle assure que ce concours est « une aventure qu'[elle] attend avec impatience ».

« Miss Univers est un rêve, un objectif que je me suis fixé depuis ma participation à Miss Martinique. Je regarde ce concours international depuis que je suis petite fille et ça m’inspirait beaucoup », confie Floriane Bascou dans les colonnes du journal. Pour se préparer à cette épreuve, elle a notamment pu compter sur l’aide de son frère, Dimitri Bascou, qui a remporté une médaille de bronze aux 110 mètres haies lors des Jeux olympiques de Rio en 2016. « Il y a des points communs avec le sport, notamment la préparation mentale pour affronter un stress. Il m’accompagne dans ce domaine et aussi pour ma préparation physique. Il me motive, il m’a donné des exercices pour me tonifier et des conseils sur mon alimentation. »

Un costume aux couleurs du 14 Juillet

Afin de marcher dans les pas de Christiane Martel et d’Iris Mittenaere, élues Miss Univers 1953 et 2017, Floriane Bascou mise sur un costume festif. « Il représente le 14 Juillet, notre fête nationale, et, à travers les plumes aux couleurs du drapeau français, le traditionnel feu d’artifice. Son style caribéen rend hommage à mes origines martiniquaises. Une tour Eiffel est aussi présente sur ma coiffe, comme un symbole », détaille-t-elle. Le concours se déroulera dans la nuit de samedi à dimanche. L’objectif de la prétendante française sera de « rendre fières autant la France que la Martinique ».

Avec Le Point

Rwanda : Asantii, vers l’industrialisation de la mode en Afrique

juillet 30, 2022

La marque de prêt-à-porter haut-de-gamme a ouvert une usine au Rwanda. Objectif : devenir une référence de la mode africaine à l’international et créer de l’emploi sur le continent.

Usine de confection textile d’Asantii, au Rwanda. © Serrah Galos/Seraphin Nayituriki

Dans la zone économique spéciale de Kigali, située à 10 minutes de l’aéroport, ce sont quelque 4 500 ouvriers qui s’attèlent à la fabrication des vêtements de la marque panafricaine Asantii, « merci » en swahili. Une nouveauté pour le Rwanda qui accueille, depuis juin 2019, sa toute première usine de confection textile, divisée en quatre unités de 8 000 m2. « Tous ces chiffres paraissent énormes, mais en Égypte les usines emploient 20 000 personnes ! » souligne la très ambitieuse Maryse Mbonyumutwa, 48 ans, tête pensante de ce projet financé, pour l’heure, sur fonds propres, en attendant des investisseurs. Cette Rwandaise installée en Belgique depuis 1994, suite à la guerre, compte répliquer la structure en Tanzanie courant 2023 et inaugurer deux autres bases en Afrique de l’Ouest et en Afrique australe, qui auront également chacune un atelier.

Améliorer les conditions des employés

Un vaste chantier et un pari fou pour celle qui dit vouloir avant tout développer l’industrie textile en Afrique pour réduire le taux de chômage de la jeunesse. Des centaines de personnes se bousculent en effet chaque semaine au portillon pour répondre aux offres d’emploi proposées par l’usine. Seule condition pour l’intégrer, avoir 18 ans et être Rwandais. « Beaucoup de femmes et de filles-mères nous rejoignent », confie Maryse Mbonyumutwa, qui a créé le label RSE Pink Ubuntu, visant à améliorer les conditions de vie des employés.

L’usine offre plusieurs services, comme une crèche, une infirmerie et des repas. De quoi faire rêver. « Au lancement, on pouvait recevoir 60 personnes issues d’une même famille ou d’un même village. Aujourd’hui, on évite tout clientélisme. Notre système, qui rappelle les candidats par ordre d’arrivée, nous permet d’installer une culture de la méritocratie », s’enorgueillit la patronne.

Être visible partout

Cette ancienne employée dans la confection textile, avec plus de vingt ans d’expérience à son actif, a travaillé comme intermédiaire entre les grandes marques de distribution et les fabricants, notamment avec l’Asie. Un continent qui a su prouver la capacité génératrice d’emplois de l’industrie textile. Mais comment suivre le modèle de la concurrence sans tomber dans le piège de la surproduction et de la fast fashion ? C’est là tout l’enjeu d’Asantii, qui ne produit que deux collections par an. Et qui mise sur les matières et modes de fabrication durables. Manteau en faso dan fani tissé et teint à la main (environ 550 euros), large pantalon en denim upcyclé (190 euros), blazer floqué de broderies artisanales… La première ligne a été imaginée par 12 designers venus d’un peu partout en Afrique (RDC, Rwanda, Kenya, Sénégal, Tanzanie, Ghana, Côte d’Ivoire…), « pour une meilleure pénétration sur le continent ».

JAD20220727-CM-Mode-Afrique-Asantii-Photo2 © Collection Asantii
JAD20220727-CM-Mode-Afrique-Asantii-Photo2 © Collection Asantii

Mais l’objectif reste de cibler l’international. « Nous souhaitons être présents partout, non pas en termes de volumes, mais en termes de visibilité », prévient Maryse Mbonyumutwa, qui reconnaît avoir longtemps fermé les yeux sur les pratiques mises en place par les grosses machines de la mode. « Elles sont souvent peu éthiques en raison du manque de transparence dans les usines partenaires », pose celle qui met en avant ses collaborateurs et différents soutiens : de l’entreprise sociale Cabes, basée à Ouagadougou, pour le tissage du faso à Nozala, une organisation d’utilité publique campée en Afrique du Sud qui soutient l’entrepreneuriat au féminin et permet à Asantii de travailler avec deux de ses coopératives rurales pour développer le perlage et la bijouterie, en passant par Ibaba, un atelier de broderie basé à Rutongo.

Installer un écosystème de la mode

Si la mode africaine a jusqu’à présent brillé grâce aux défilés et fashion weeks, ce n’est qu’un premier pas pour la Rwandaise, qui estime que le business ne suit pas. « Il manque des initiatives qui se focalisent sur le financement. L’infrastructure de production est une étape, mais le vrai manque se trouve du côté des compétences, car les gens confondent la créativité d’un designer avec le succès d’un vêtement, observe-t-elle. Or, entre la conception et le produit fini, il existe des dizaines de métiers ». Modéliste, spécialiste en achat de matières, collection merchandising, marketing… autant de métiers intermédiaires qui font partie d’un écosystème de la mode qui n’existe pas en Afrique et qu’il faut créer.

Maryse s’est ainsi entourée de Vanessa Anglin, qui a dirigé des marques de luxe internationales, pour piloter des professionnels depuis son bureau de Londres. Au total, huit personnes ont été recrutées pour occuper chaque métier intermédiaire. « Elles auront pour mission de former sur le continent pour développer les savoir-faire en Afrique et faire rayonner la mode de chez nous partout, espère Maryse Mbonyumutwa. Si le Japon a Uniqlo, la Suède, H&M, l’Espagne, Zara, alors le Rwanda aura Assantii », avance-t-elle. Mais cette avant-gardiste n’en est qu’au premier stade de sa révolution. Pour l’heure, l’e-shop vient fraîchement d’être lancé. Et deux boutiques physiques, l’une à Kigali et l’autre à Londres, ouvriront leurs portes en août.

Avec Jeune Afrique par Eva Sauphie

Canada: Le virage web d’une entreprise de Trois-Rivières fait exploser ses revenus

février 19, 2022
Une femme, à un comptoir d'une boutique de vêtements, prend des notes.

L’entreprise JOELLE a connu une croissance exceptionnelle en 2021 Photo : Radio-Canada

La pandémie a contraint l’entreprise de mode JOELLE à prendre le virage web. Le succès est au rendez-vous, l’entreprise a connu une croissance de 350 % en 2021.

La créatrice Joelle Desaulniers et son associé Billy Lacasse ont fondé leur entreprise de création de vêtements en 2016. Tout est conçu, pensé, dessiné par l’entrepreneure et son équipe. Elle propose pas moins de 12 collections de vêtements par année, ce qui fidélise sa clientèle. Le fait de sortir une collection mensuelle fait rentrer les gens dans un univers. Ce n’est pas un arrivage de nouveautés. Je [lui] propose un look complet, une garde-robe pleine pour un mois. explique la créatrice et entrepreneure.

Chaque année, JOELLE voit sa clientèle s’agrandir et connaît une croissance de 100 %. Les associés ouvrent une boutique physique environ un an avant que la COVID ne vienne chambouler l’économie.

Un virage web nécessaire

Avec les fermetures temporaires, les propriétaires n’ont pas eu le choix de se tourner vers Internet : Il y a eu comme un déblocage au niveau de l’achat en ligne. Puis, nous on était déjà installés en ligne, on était prêts à cette croissance-là.

Le pari est réussi, son chiffre d’affaires s’est élevé à 10 millions de dollars en 2021Une femme tient dans ses mains des échantillons de tissus.

Joelle Desaulniers est copropriétaire et directrice artistique de JOELLE. Photo: Radio-Canada

Pour Madeleine Goubeau, chargée de cours à l’école supérieure de mode de l’ESG UQAM, ceux qui ont su mettre l’accent sur leur stratégie en ligne ont mieux traversé la pandémie. Mais le défi dans cette mer numérique, c’est d’être découvert : Réussir à amener les gens à tomber sur votre marque, ça si on réussit à le faire en ligne, l’endroit où on se situe, que ce soit à Trois-Rivières ou à Paris en réalité, ça ne fait pas une grosse différence.

De 60 000 envois postaux en 2021, l’entrepreneure souhaite grimper à 100 000 cette année.

Des projets d’expansion

Dès le mois d’avril, les entrepreneurs déménageront leur siège social et leur centre de distribution sur la rue Bellefeuille à Trois-Rivières. Pour Joëlle Desaulniers : L’objectif, c’est de centraliser les opérations. Donc d’avoir le centre de distribution et le siège social ensemble, faciliter les communications.

Au cours de la dernière année, le nombre d’employés est passé de 13 à 30. Une dizaine d’autres devraient se joindre à l’équipe en 2022.

Radio-Canada avec les informations de Julie Grenon

Le couturier français d’origine italienne Pierre Cardin est mort mardi à 98 ans

décembre 29, 2020

PARIS — Le célèbre couturier français Pierre Cardin, notamment reconnu pour ses créations de prêt-à-porter, est mort mardi à l’âge de 98 ans.

 

© Fournis par La Presse Canadienne

La nouvelle, annoncée par l’Académie des Beaux-Arts, a été confirmée par des membres de sa famille à divers médias d’information français. Cependant, l’Académie, dont Pierre Cardin était membre, n’a pas révélé la cause de son décès.  

La disparition de Pierre Cardin prive désormais le monde de la mode de l’une de ses figures les plus flamboyantes et les plus prolifiques.   

Son nom a été affiché sur une multitude de créations. Au cours des années 1970 et 1980, ses produits étaient vendus dans une centaine de milliers de boutiques du monde.  

Ce nombre a toutefois grandement diminué au cours des dernières années. De plus en plus de commentateurs ont critiqué ses produits pour leur qualité de fabrication et leurs styles figés dans le temps.  

Pierre Cardin, né Pietro Cardini, avait vu le jour le 7 juillet 1922 dans une petite localité située près de Venise, en Italie, au sein d’une famille ouvrière. Alors qu’il était jeune enfant, sa famille a déménagé à Saint-Étienne, en France, où il a commencé dès l’âge de 14 ans à être l’assistant d’un tailleur.  

Il a commencé à travailler à son compte alors qu’il n’avait pas encore 30 ans.  

Au fil des décennies, Pierre Cardin est aussi devenu un homme d’affaires à succès. Ses griffes ont été apposées sur une multitude d’autres objets que des vêtements, notamment sur des meubles, des bijoux, des produits de salle de bain et d’autres accessoires de toutes sortes.

Avec La Presse Canadienne

Covid-19 : Diaspora congolaise à l’épreuve des mesures sanitaires

décembre 17, 2020

Au rythme des mises sous cloche, du choix des lieux de respiration et du ballet des ambulances, Motse Akanati revient sur l’impact de 2020

Motse Akanati

Photo : Motse Akanati

Alors que les rues étaient devenues quasi-désertes et sinistrement silencieuses, chargées de signaux cliniques rappelant la mort qui y rodait, la styliste devant définir comment recadrer ses priorités, s’est plongée dans la réflexion et l’action. Elle s’est mise à écouter la nature, pratiquer le sport, entretenir un bon voisinage, faire des tris, des rangements, ressortir les vieilles recettes de cuisine.

Rentrée en France, après un périple en Afrique de l’Est et l’Océan Indien, elle pensait réaliser son agenda professionnel sans écueils pour organiser l’élection de Miss humanitaire 2020 avec des stars de la mode et du football, comme durant les précédentes éditions à l’Unesco.

Nous avons dû l’organiser en septembre en comité très restreint, Covid-19 oblige !”, confie la styliste en ayant une pensée spéciale pour le professeur Manda, représentant de la RDC auprès de l’Unesco, fauché par ce virus.

Tout comme les autres membres de la diaspora, la Congolaise a été frappée par la mort en solitaire de nombre de ses amis : Manu Dibango, Cyriaque Bassoka, promoteur artistique, Jean-Marie Adoua, ambassadeur du Congo en Afrique du Sud, professeur Yaï , Béninois, ancien président du conseil exécutif à l’Unesco, Simon N’Sondé, artiste céramiste, sans oublier les sapeurs Dada et Allureux.

La Covid-19 m’a rendue plus humble, rien n’est éternel sur la terre des vivants”, résume Motse Akanati qui affirme avoir adopté la bible pour livre de chevet.

Avec Adiac-Congo par Marie Alfred Ngoma

11ème Concours Lyon Start Up 2020 : la première place pour une entreprise familiale spécialiste des cheveux texturés

décembre 11, 2020

La cérémonie de remise de prix s’est déroulée le 10 décembre,  sur la chaîne YouTube du Centre d’Entrepreneuriat Lyon Saint-Étienne. Elle a distingué la start up de deux sœurs d’origine congolaise « Elle Ebène » spécialisée dans l’entretien des cheveux crépus.

Equipe-projet de Elle Ebène, lauréate du Concours Lyon Start Up 2020 en France

Lyon Start Up s’adresse à tous les porteurs d’idées quels que soient leur âge et leur statut professionnel à la seule condition qu’ils n’aient pas encore immatriculé leur société. Ce dispositif porté par la Fondation pour l’Université de Lyon est soutenu financièrement par la Métropole de Lyon et la Région Auvergne Rhône- Alpes.

De l’avis des participants, la participation à ce programme d’accompagnement complet de start up 2020 a été exceptionnelle du fait de l’obligation du respect du dispositif sanitaire lié à la Covid-19. Certaines étapes du concours en présentiel ont dû contraindre le jury à une sélection amoindrie.

A l’arrivée, c’est l’équipe-projet, Enoline et Nkirandza Opou, diplômées en chimie de formulation cosmétique en laboratoire, passionnées par la mise en valeur des cheveux texturés, qui a remporté le premier prix et le prix spécial de la marraine de l’édition Emilie Legoff, fondatrice de Troops.

Elles ont su convaincre le jury par un projet où, semble-t-il, les critères requis ont été déterminants avec, entre autres, leur volonté de remplir leur mission d’aider à changer le regard sur les cheveux bouclés afro et de faciliter leur transition capillaire.

« Nous baignons dans l’univers du cheveu texturé depuis 1998 », disent-elles en chœur. Entre 1998 et 2006, l’institut Elle Ébène a accompagné des centaines de femmes et d’hommes, les incitant à abandonner les traitements chimiques abrasifs tel que le défrisant pour revenir à un cheveu texturé sain, au naturel.

Pour cette année, les deux sœurs rendent hommage à l’entreprise de leur enfance. Elles ont su y ajouter leur expertise scientifique et technologique. La start up porte désormais un projet beauté et technologie où elles développent le premier bot conversationnel, un logiciel opérant de manière autonome et automatique qui sera un coach capillaire digital, spécialiste des cheveux texturés, capable d’agir et réagir vite en vue d’analyser la fibre capillaire de manière à proposer ensuite le programme de soins adéquat 100% personnalisé.

Pour en savoir pluswww.instagram.com/elleebene

Podium du concours Lyon Start Up 2020

Avec Adiac-Congo par Marie Alfred Ngoma

Mode congolaise : Le manque de formation qualifiante freine le développement de ce secteur

décembre 4, 2020



Le manque de formation qualifiante constitue un frein au développement de la mode congolaise, car c’est en se formant que les jeunes peuvent se perfectionner, a fait savoir, le 2 décembre à Brazzaville, la styliste et fondatrice de la marque ‘’Néné ngala business’’ (NNB), Mme Néné Ngala Mbea Oko.

Outre la formation, le manque d’accompagnement financier et de structures pouvant aider les jeunes stylistes ne favorise pas la mise en valeur du génie des stylistes et designers congolais, a-t-elle dit au cours d’une interview exclusive accordée à l’Agence congolaise d’information (Aci), prélude à la 3ème édition de la ‘’Black fashion night’’.

«Il n’y a pas d’accompagnement au Congo. Si je me suis développée, c’est parce que j’ai évolué dans d’autres pays, et j’ai eu quelques aides qui m’ont permis de me former. Il faut que l’État nous aide», a-t-elle fait savoir. Ainsi, elle a souligné la détermination des jeunes dans la mode, malgré le travail qui reste encore à faire par rapport à l’évolution du métier dans d’autres pays africains. «Je me rends compte que les gens sont fainéants au Congo. Ils se lancent dans la couture juste pour avoir de quoi manger et il leur manque la passion», a fait constater Mme Mbea Oko.

«Il faut qu’on donne à la jeunesse congolaise l’envie d’entreprendre»

Parlant de l’entrepreneuriat, elle a suggéré aux autorités de donner à la jeunesse l’envie d’entreprendre, car ce sont les entreprises privées qui contribuent au développement d’un pays. «Il faut qu’on donne à la jeunesse l’envie d’entreprendre en améliorant les conditions, à savoir l’amélioration du climat des affaires et l’accompagnement financier, parce que les jeunes ont peur d’entreprendre», a signifié la styliste.


Reconnaissant la place du Congo dans la ‘’sapologie’’ au niveau mondial, elle a déploré le fait que les congolais plébiscitent d’autres stylistes qui sont déjà connus. A son avis, pour que les créations locales soient davantage connues au niveau mondial, il est nécessaire que les stylistes congolais améliorent leurs collections pour inciter les ‘’sapeurs’’ du pays à les promouvoir.

«J’ai fait un sondage pour chercher à savoir pourquoi les Européens ne mettent pas souvent le pagne. Ils m’ont fait comprendre que nos pagnes sont souvent trop colorés. Pour eux, ces pagnes sont très jolis pour les Africains. Après cela, j’ai trouvé mon style qui se base sur les mélanges de tissus et de pagnes, car c’est ce qui les intéresse», a-t-elle confié.

De son côté, le responsable de la boutique d’habillement ‘’Homme’’ et créateur de la marque ‘’Mobali’’, M. Olivier Caspar, envisage de faire de sa marque typiquement congolais une référence africaine. A propos de la ‘’Sape’’, il a reconnu la place du Congo au niveau international. «Je trouve que les sapeurs de Brazzaville sont plus classe que ceux de Paris», a-t-il dit.

Les défis à relever

Pour que les stylistes, designers et couturiers congolais parviennent à faire des collections de haute gamme, il est nécessaire que les gouvernants les accompagnent. «Il y a beaucoup de choses à revoir. Il y a un désespoir chez les jeunes. Les gouvernants doivent se rendre compte que la jeunesse est en perte de vitesse», a fait entendre Mme Mbea Oko.

Vue d’un mannequin.

Ainsi, pour permettre le rayonnement de la mode congolaise au niveau international, elle envisage de doter le pays d’un grand centre de formation des métiers de la mode, d’où sortiront des stylistes qualifiés. «J’aimerais avoir un jour une grande structure pour former les jeunes parce que ce sont les enfants qui m’intéressent le plus, car lorsque j’apprenais la couture, il y avait beaucoup d’enfants et j’avais remarqué que ces derniers avaient du génie», a-t-elle dit.

Pour y parvenir, Mme Mbea Oko a appelé les autorités à créer des usines de fabrication de tissus au Congo pour faciliter le travail des artisans de la mode. Selon elle, parmi les obstacles, il y a également le manque d’électricité stable qui ne permet pas à ces stylistes de travailler avec des machines modernes.

«Jusqu’à aujourd’hui, les couturiers utilisent  des machines archaïques. C’est ce qui fait que nos enfants ne décollent pas, alors que de l’autre côté, les choses changent au fil des années», a-t-elle conclu.

Quant au président fondateur de ‘’Lyon Dynasta Agency’’, M. Lionel Djimbi, il a fait savoir que la mission de son agence est d’être, dans les jours à venir, l’une des entreprises qui va redorer la culture locale, en mettant en valeur les stylistes, les mannequins et les designers congolais. «Au Congo, on fera toujours quelque chose de grand», a-t-il souligné.

Avec Sacer-Congo par Stany Fracnk et (ACI/Grace Dinzebi)