Le Rassemblement Citoyen (Le RC) de M. Alphonse Claude N’Silou avance dans le débat…. Touche-t-il là du doigt les vraies raisons de la volonté de changement de la Constitution ?
«Au début du débat sur le changement ou non de l’actuelle Constitution, le Bureau Exécutif National du RC a fait part de ses interrogations sur les différents aspects que soulève ce débat.
Le Bureau Exécutif National du RC a demandé à ses militants et sympathisants de prendre part à ce débat et à chacun de donner, en conscience et librement, son avis sur la question.
La remontée de cet avis devait se faire directement au BEN dans une enveloppe anonyme.
Des milliers de réactions venant de tous les coins du pays sont parvenues au siège du Parti et ce flux continue.
Le premier dépouillement montre une tendance largement majoritaire de volonté d’alternance politique, en préservant la paix et la démocratie, notamment le respect des droits de l’homme et un processus électoral non vicié.
Le BEN a estimé que cette demande était légitime.
Aujourd’hui, nous voyons à travers le monde que tous les peuples aspirent à un mieux-être, à un mieux vivre et à davantage de démocratie, de partage et de solidarité.
Le processus électoral doit en effet être incontestable. C’est lui qui garantit le respect des droits de l’homme. C’est la base de toute expression démocratique. Car, peu importe la question qui est soumise à référendum, le peuple souverain peut surprendre dans sa réponse, quand il s’exprime librement.
Le processus électoral est donc l’étape la plus importante dans la vie d’une démocratie. Il est compréhensible que les batailles pour la démocratie soient principalement à ce niveau. C’est là qu’il faut d’abord obtenir des victoires.
Sur le mieux-être, les efforts des gouvernants semblent partout insuffisants. Les peuples sont impatients. Mal maîtrisée, cette aspiration débouche malheureusement sur des crises très graves.
Le BEN a exhorté ses militants et ses sympathisants à continuer la réflexion sur le changement ou non de la Constitution, cette fois-ci, en intégrant un élément déterminant.
Cet élément qu’il faut aller chercher dans l’histoire récente de notre pays: l’alternance pacifique au pouvoir.
Cette question que la Conférence Nationale Souveraine avait pourtant réglée en 1991. Mais, qu’en avons-nous fait?
Au sortir de la Conférence Nationale Souveraine, le cadre juridique consensuellement trouvé pour des élections libres et transparentes était acquis. On était dans un processus électoral sain.
En 1992, tout le monde est allé aux élections. Le Président Denis Sassou N’Guesso a perdu les présidentielles et, avec beaucoup de responsabilité et d’élégance, il a quitté le pouvoir, comme un démocrate doit le faire.
Mais qu’étaient devenues sa vie, celle des siens et celle de ses alliés?
Sans pour autant chercher à personnaliser le débat, c’est bien par là qu’il faut commencer, pour mieux le comprendre.
Ceci peut, en effet, aider à mieux comprendre l’essence du débat actuel sans pour autant excuser une volonté latente d’hégémonie sur les autres notamment, à travers un scrutin à un tour ou un Chef d’État voté simplement par un Parlement.
Ce qui serait un recul au regard des acquis après tant d’années de lutte et de sacrifices, dans le combat pour la conquête des droits de l’homme.
Ce serait, en réalité, la traduction de la peur, la peur de l’autre qui est le principal ennemi de tous les Congolais, et qu’il nous faut tous combattre avec force.
Ce comportement est illusoire parce que l’alternance politique est à terme inéluctable et si ceux qui vont arriver après, affichent le même comportement, on ira de revanche en revanche.
Nous aurons alors inoculé au pays le virus de sa destruction.
Depuis l’aube des temps, tous les pouvoirs qui ont eu cette organisation ont fini par s’effondrer avec des conséquences terribles pour leurs auteurs et leurs progénitures.
Il n’y a rien de nouveau sous les cieux, a dit le sage.
Il faut donc mettre un terme à cette conception du pouvoir et ramener la confiance entre nous, car on ne construit un pays qu’en regardant vers l’avant.
Le débat d’aujourd’hui sur la Constitution nous met face à nos démons: la peur de l’autre, cette peur qui a été longtemps exacerbée par les hommes politiques depuis l’Indépendance.
Aujourd’hui, nous devons faire l’effort d’aller puiser au fond de chacun de nous cette graine d’amour qui a si heureusement survécu à cette immense boule de haine envers l’autre, que nous portons tous, parce que chacun de nous a perdu des êtres chers durant nos crises successives que nous avons appelées «la bêtise humaine», peut-être pour essayer de cacher notre honte ou tenter de nous disculper, sans toutefois faire l’effort qui convient de nous remettre en question, pour arrêter cette bêtise.
Récemment, lors du Forum de Forbes tenu à Brazzaville, deux anciens Chefs d’État, les Présidents Obasanjo du Nigeria, et Jerry Rawlings du Ghana, et un ancien Secrétaire Général des Nations Unies, Kofi Annan, étaient venus partager notre réflexion sur l’objet du forum. C’est ce jour-là que nous avons compris l’immensité du gâchis des acquis de la Conférence Nationale Souveraine.
Que faisons-nous de nos anciens Chefs d’État à la fin de leurs mandats?
Jerry Rawlings, Thabo Mbeki, Abdou Diouf, Pierre Buyoya et tant d’autres n’ont jamais été inquiétés, après avoir quitté le pouvoir à la fin de leurs mandats. Les nôtres, nous les traquons comme des criminels et cherchons même à leur ôter la vie ainsi qu’aux leurs. C’est là que nous nous trompons.
Régler ce problème, c’est régler le débat d’aujourd’hui sur la Constitution, sur tout le processus électoral actuellement en débat. La garantie d’une retraite paisible à celui qui a dirigé notre pays.
C’est en réalité ainsi que le problème se pose à nous. Nous devons assurer une retraite paisible à tout citoyen, toute citoyenne qui, à un moment donné, a dirigé une institution du pays.
Nous devons intégrer cette garantie dans notre Constitution, pour corriger ainsi ce que nous n’avons pas fait à la Conférence Nationale Souveraine.
Ce sera enfin le début d’une véritable alternance politique dans notre pays et d’une très longue période de paix.
Cela implique que chaque Congolais fasse l’effort de dépassement de soi:
– aux uns de refuser d’être gouvernés par la peur et, en prenant conscience de la responsabilité historique qui est la leur, de ramener la confiance entre tous les enfants de ce pays, et d’être attentifs aux revendications éthiques, de justice et de partage formulées par les populations. A ceux-là, rappeler ce sage proverbe congolais: «Quand on n’est pas capable de boire la lie, il faut s’abstenir de boire le vin».
– aux autres de vaincre les rancœurs et les haines, parce qu’on ne construit un pays qu’en regardant vers l’avant.
L’effort de dépassement de soi est le prix à payer pour remettre la démocratie sur une bonne voie et garantir au pays une paix juste et durable.
Le BEN du RC demande à ses militants et à ses sympathisants de continuer la réflexion sur le débat de changement ou non de la Constitution, en intégrant ces nouveaux éléments.
Le Bureau Exécutif National
du Rassemblement Citoyen ( Le RC )»
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