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Le Burkina Faso retire deux permis d’exploitation minière à une société turque

mars 23, 2024

Le gouvernement de la transition au Burkina Faso a retiré les permis d’exploitation pour des mines d’or et de manganèse à la société turque « Afro Turk », invoquant des impayés.

Le capitaine Ibrahim Traoré a été officiellement désigné président de transition au Burkina Faso le 5 octobre 2022. / AFP
Le capitaine Ibrahim Traoré a été officiellement désigné président de transition au Burkina Faso le 5 octobre 2022. / AFP

Le gouvernement burkinabè a adopté, lors du conseil des ministres du 20 mars, deux projets de décret concernant le retrait du permis d’exploitation industrielle de la grande mine d’or d’Inata et de la mine de manganèse de Tambao, toutes deux situées dans le nord du Burkina Faso. En mars 2023, le gouvernement burkinabè avait donné ces deux autorisations d’exploitation par « entente directe », à la société turque « Afro Turk ».

« Depuis la cession de ces actifs, les sociétés Afro Turk Inata SA et Afro Turk Tambao SA n’ont procédé à aucun règlement des sommes dues à l’État burkinabè, malgré les interpellations et les mises en demeure de 90 jours qui leur ont été adressées, ce qui constitue un manquement de ces sociétés à leurs obligations », a justifié le gouvernement burkinabè.

Un nouveau code minier a été adopté

Ces deux mines seront rétrocédées à de nouveaux investisseurs, selon le gouvernement. Un nouveau code minier a par ailleurs été adopté, prévoyant notamment la « contribution des sociétés minières d’exploitation à la constitution de la réserve nationale d’or » et obligeant les entreprises minières à « ouvrir leur capital social aux investisseurs burkinabè ». L’objectif des autorités est notamment de « générer davantage de recettes au profit de l’État ».

Le président de la transition burkinabè ne cesse de marteler la nécessité de lutter pour la « souveraineté ». Il a diversifié les partenariats, nouant notamment une relation privilégiée avec la Russie. En décembre 2023, le gouvernement avait par ailleurs décidé du retrait de quatre permis d’exploitation pour des mines de zinc et d’or, dans des localités touchées par l’insécurité.

En raison de cette spirale de violence dans laquelle est plongé le pays, et qui a fait plus de 10 000 morts depuis 2015, la production industrielle d’or a baissé, passant de 66,8 tonnes en 2021 à 57,6 tonnes en 2022, soit une diminution de 13,73%, selon le ministère des Mines. Le secteur artisanal génère une production annuelle supplémentaire d’environ 10 tonnes d’or, toujours selon le ministère.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

En RDC, la Monusco amorce son retrait progressif du Sud-Kivu

février 28, 2024

La mission de l’ONU cède la base de Kamanyola, au Sud-Kivu, aux forces de sécurité congolaises ce 28 février. Marquant ainsi le lancement de la première des trois phases de son plan de départ, après vingt-cinq ans de présence dans le pays.

Casque bleu de la Monusco à Sake, dans l’est de la RDC, le 6 novembre 2023. © Photo by Glody MURHABAZI / AFP
Casque bleu de la Monusco à Sake, dans l’est de la RDC, le 6 novembre 2023. © Photo by Glody MURHABAZI / AFP

La Mission de l’ONU en RDC (Monusco) commence, ce 28 février, son retrait du pays, réclamé par Kinshasa, qui la juge inefficace, avec la remise officielle aux autorités congolaises de la première de ses bases du Sud-Kivu. Après vingt-cinq ans de présence, le départ des Casques bleus a été acté en décembre par le Conseil de sécurité des Nations unies, malgré des inquiétudes sur l’escalade de la violence dans l’Est congolais.

La Monusco (ex-Monuc), qui compte actuellement environ 15 000 Casques bleus, est encore présente dans les trois provinces les plus troublées de la région, le Sud et le Nord-Kivu, ainsi que l’Ituri. Pour un retrait que l’ONU et Kinshasa disent vouloir « ordonné, responsable et durable », un « plan de désengagement » en trois phases a été adopté.

La première planifie le retrait de la Monusco du Sud-Kivu d’ici au 30 avril pour ses militaires et policiers, au 30 juin pour sa composante civile. Avant le mois de mai, la force onusienne est donc censée quitter ses 14 bases de la province et les céder aux forces de sécurité congolaises.

À quelques heures de la cérémonie

Celle de Kamanyola, toute proche des frontières burundaise et rwandaise, est la première dont les clés seront remises à la police nationale (PNC). À quelques heures de la cérémonie, les avis sont partagés dans la cité d’une centaine de milliers d’habitants.

« Ça ne me fait ni chaud ni froid », lâche Ombeni Ntaboba, président du Conseil local des jeunes. Chaque soir, dit-il, « on les voyait se promener dans des blindés vers la plaine de la Ruzizi », bande frontalière sous la menace de groupes armés résiduels. « Mais il y a toujours de l’insécurité, des vols à main armée, des kidnappings », poursuit le jeune homme.

« On salue la décision du gouvernement congolais« , déclare Mibonda Shingire, activiste des droits humains, qui dit juste craindre « l’impact négatif sur le plan économique », puisque des habitants de Kamanyola avaient « de l’emploi à la base de la Monusco ». Certains redoutent au contraire « le vide sécuritaire » laissé par le départ des Pakistanais de la base de Kamanyola, comme Joé Wendo, enseignant. « Avec leur présence, on était quand même à l’abri des envahisseurs rwandais », estime-t-il.

« Combler le vide sécuritaire »

Le retrait de la Monusco des provinces de l’Est est amorcé alors que le Nord-Kivu connaît un pic de crise depuis la résurgence, fin 2021, de la rébellion du M23, qui s’est emparée de vastes pans de territoire. Les combats se sont intensifiés début février non loin de la capitale provinciale, Goma, et la Monusco, plus souvent conspuée que saluée par la population, a pris soin de rappeler qu’elle « soutient les forces armées congolaises », « défend des positions » et « facilite le passage sécurisé des civils ».

« Le départ des Casques bleus de la Monusco nous inquiète, en ce moment où le pays est en guerre avec les rebelles appuyés par nos voisins rwandais », reconnaît Béatrice Tubatunziye, responsable d’une association de développement à Kamanyola, qui veut toutefois croire que l’armée congolaise « saura vite combler ce vide ».

Évaluations régulières

L’ONU souligne avec insistance que le départ des Casques bleus doit s’effectuer en parallèle d’une « montée en puissance » des forces de sécurité congolaises qui devront prendre le relais pour protéger les civils.

Après le Sud-Kivu, les deuxième et troisième phases du « désengagement » concerneront l’Ituri et le Nord-Kivu, mais elles ne seront activées qu’après des évaluations régulières de la mise en œuvre des étapes précédentes.

En janvier, le ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a clairement souhaité que le retrait soit complet à la fin de cette année. Le Conseil de sécurité n’a quant à lui pas fixé de date limite.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Le retrait de la Cedeao est une décision « mûrement réfléchie »

janvier 31, 2024

Le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela, a invité ses compatriotes à « s’armer de courage » et à « renforcer [leur] résilience ».

Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla, le Premier ministre burkinabè depuis le 21 octobre 2022. © Facebook Primature du Burkina Faso

Le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) est une « décision mûrement réfléchie » par les trois pays dirigés par des militaires, et répond à des aspirations de « souveraineté totale », a déclaré le Premier ministre burkinabè.

« Cette décision vient répondre aux attentes, aux préoccupations et aux aspirations légitimes de nos populations de voir leurs pays aller, de manière irréversible, vers leur souveraineté totale. C’est une décision mûrement réfléchie et précédée d’une analyse approfondie du fonctionnement de l’institution et des conséquences éventuelles de la sortie », a déclaré le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela, à l’issue d’un conseil de cabinet élargi.

« Nous savons qu’elle ne sera pas sans conséquences sur nos États et leurs économies« , a-t-il affirmé, ajoutant vouloir rester « ferme », car convaincu de pouvoir « créer un espace économique viable, résilient et à l’écoute des vraies aspirations des populations » des trois pays réunis au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES).

« Instrument technocratique »

Les régimes militaires au pouvoir au Burkina Faso, au Mali et au Niger ont annoncé le 28 janvier le retrait « sans délai » de leurs États de la Cedeao et ont envoyé le lendemain une notification formelle de leur retrait de l’organisation. « À l’endroit des pays voisins et des autres nations, je voudrais indiquer que le Burkina Faso reste attaché à la préservation des liens d’amitié et de fraternité que nous avons su bâtir depuis des années », a assuré le Premier ministre, invitant par ailleurs les Burkinabè à « s’armer de courage et à renforcer [leur] résilience ».

Le chef du gouvernement a regretté que la Cedeao se soit « transformée en un instrument technocratique qui a fini par s’éloigner des aspirations légitimes des populations » et critiqué l’« indifférence de la Cedeao face au massacre des vaillantes populations [des trois pays], à la crise humanitaire qui frappe [leurs] concitoyens et aux multiples tentatives de déstabilisation de [leurs] États respectifs ».

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont notifié leur retrait à la Cedeao

janvier 30, 2024

Les juntes malienne, burkinabè et nigérienne ont toutes officialisé leur volonté de sortir « sans délai » de l’organisation régionale.

Des soutiens au régime militaire du général Abdourahamane Tiani, le 2 septembre 2023, à Niamey. © AFP.
Des soutiens au régime militaire du général Abdourahamane Tiani, le 2 septembre 2023, à Niamey. © AFP

Dans la foulée du Mali et du Burkina Faso, le Niger a annoncé ce 30 janvier avoir officiellement notifié la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) de sa volonté de quitter l’organisation.

Les régimes militaires au pouvoir dans ces trois pays du Sahel avaient annoncé deux jours plus tôt leur retrait « sans délai » de la Cedeao, un nouvel acte de rupture aux conséquences potentiellement lourdes pour l’économie et la stabilité politique de la région.

Le ministère des Affaires étrangères du Niger a transmis à la Cedeao une note qui formalise le retrait du pays de l’organisation ouest-africaine, selon une source officielle contactée ce 30 janvier. Le contenu de cette « note verbale » jointe à un courrier envoyé à la Cedeao n’a pas été dévoilé par les autorités nigériennes.

Délai d’un an

Cette notification fait démarrer le délai d’un an avant que le retrait ne prenne effet, période pendant laquelle les pays membres qui décident de partir restent tenus par leurs obligations, selon les textes de l’organisation. Le Mali et le Burkina Faso avaient déjà indiqué le 29 janvier avoir envoyé une « notification formelle » à l’organisation.

La décision de ces trois pays, où des coups d’État ont renversé les présidents élus, marque le point d’orgue de la dégradation des relations avec la Cedeao qui s’est employée en vain à obtenir le retour le plus rapide possible de civils au pouvoir. L’organisation a suspendu les pays de ses instances et imposé de lourdes sanctions au Mali et au Niger, toujours en vigueur pour ce dernier, et est allée jusqu’à menacer de recourir à la force pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger après le coup d’État du 26 juillet.

La Cedeao a dit vouloir « une solution négociée à l’impasse politique » tandis que l’Union africaine (UA) a de son côté exprimé le 30 janvier son « profond regret » après cette décision.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger se retirent de la Cedeao

janvier 28, 2024

Les trois pays ont annoncé quitter la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avec effet immédiat.

Captures d’écrans du compte X (ex-Twitter) de la présidence du Niger montrant Goïta, Traoré et Tiani signant le Charte de « l’Alliance des Etats du Sahel ». © DR
Captures d’écrans du compte X (ex-Twitter) de la présidence du Niger montrant Goïta, Traoré et Tiani signant le Charte de « l’Alliance des Etats du Sahel ». © DR

Les régimes militaires au pouvoir au Burkina Faso, au Mali et au Niger, réunis au sein de l’Alliance des États du Sahel depuis septembre 2023, ont décidé de retirer leur pays, avec effet immédiat, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), organisation sous-régionale de 15 membres, ont-ils annoncé dimanche dans un communiqué conjoint.

Les dirigeants des trois États sahéliens, « prenant toutes leurs responsabilités devant l’histoire et répondant aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations, décident en toute souveraineté du retrait sans délai du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest », dit le communiqué lu sur les médias d’État de ces pays.

🔴COMMUNIQUE CONJOINT DU BURKINA FASO, DE LA REPUBLIQUE DU MALI ET DE LA REPUBLIQUE DU NIGER pic.twitter.com/IiBs7G7vav— Présidence du Niger (@PresidenceNiger) January 28, 2024

Les trois pays ont des relations tendues avec la Cedeao depuis que des militaires y ont pris le pouvoir par la force, en 2020 au Mali, en 2022 au Burkina Faso et en 2023 au Niger. La Cedeao les a suspendus de ses instances et a pris de lourdes sanctions contre le Mali et le Niger ; elle est allée jusqu’à menacer de recourir à Niamey.

La Cedeao, « sous l’influence de puissances étrangères, trahissant ses principes fondateurs, est devenue une menace pour ses États membres et ses populations », dit le communiqué conjoint. Les régimes militaires ne cessent de dénoncer l’instrumentalisation faite, selon eux, de la Cedeao par l’ancienne puissance coloniale française.

« Regret, amertume et déception »

« Après 49 ans d’existence, les vaillants peuples du Burkina, du Mali et du Niger constatent avec beaucoup de regret, d’amertume et une grande déception que leur organisation s’est éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme », disent-ils.

Ils accusent l’organisation de ne pas les avoir aidés face aux jihadistes qui sévissent depuis 2012, au Mali d’abord, puis aussi chez ses deux voisins, faisant des milliers de morts, combattants et civils, et provoquant le déplacement de millions de personnes.

Les sanctions prises contre eux ont, à leurs yeux, représenté « une posture irrationnelle et inacceptable », au moment où « ces États ont décidé de prendre leur destin en main », disent-ils en faisant référence aux putschs qui ont renversé les régimes civils en place.

Élections repoussées

Les mesures de rétorsion prises par la Cedeao ont produit peu d’effets à ce jour en matière de retour des civils au pouvoir. Au Mali, les militaires en place depuis bientôt quatre ans sous la conduite du colonel Assimi Goïta s’étaient engagés à organiser des élections en février 2024, mais ils ont repoussé l’échéance à une date inconnue.

Au Burkina, le capitaine Ibrahim Traoré avait affirmé après sa prise de pouvoir le 30 septembre 2022 qu’il tiendrait les engagements pris auprès de la Cedeao par son prédécesseur, le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, de tenir des élections à l’été 2024. Depuis, le régime a indiqué que la lutte contre les groupes jihadistes était la priorité.

Aucune sanction n’a été prise contre le Burkina, autre que la suspension des instances de la Cedeao.

Au Niger, le blocus commercial a fait grimper le prix des denrées alimentaires et créé une pénurie de produits essentiels, notamment de médicaments. Quelques jours après le coup d’État, le général Abdourahamane Tiani a déclaré que la période de transition avant le retour des civils n’excéderait pas trois ans. La durée exacte de la transition doit être fixée lors d’un « dialogue national » qui n’a pas encore débuté. La Cedeao continuait de réclamer la libération du président Mohamed Bzoum, détenu à Niamey.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Canada: Le cardinal Gérald Cyprien Lacroix se retire provisoirement de ses fonctions

janvier 26, 2024

Un cardinal ouvre les bras au-dessus de l'autel d'une église.

Le cardinal Gérald Cyprien Lacroix au moment de célébrer la messe, le 7 janvier 2024. Photo: Radio-Canada

Visé par des allégations de gestes à caractère sexuel, le cardinal Gérald Cyprien Lacroix se retire provisoirement de ses fonctions d’archevêque de Québec.

Des allégations d’agression sexuelle ont été dévoilées dans de nouveaux documents judiciaires déposés dans le cadre d’une action collective contre l’archidiocèse de Québec.

Le nom du cardinal Lacroix, âgé de 66 ans, figure parmi 15 noms ajoutés à une liste d’agresseurs présumés déposée jeudi à la Cour supérieure du Québec dans le cadre de l’action collective pilotée par le cabinet Arsenault Dufresne Wee.

Cette action collective, autorisée en 2022 par la Cour supérieure du Québec, implique toute personne, de même que ses héritiers et ayants droit, qui aurait été agressée sexuellement par des membres du clergé ou du personnel laïc qui ont été sous la responsabilité de l’archidiocèse de Québec depuis les années 1940.

Les allégations contre le cardinal Lacroix, aussi primat de l’Église catholique romaine au Canada, remontent à 1987 et à 1988. La victime présumée avait 17 ans au moment de la première agression alléguée.

Les allégations n’ont pas été prouvées devant les tribunaux.

Radio-Canada avec les informations de La Presse canadienne

Dans l’est de la RDC, début du retrait de la force régionale est-africaine

décembre 3, 2023

La force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC-RF), dont Kinshasa, qui la juge inefficace, a décidé de ne pas renouveler le mandat, a commencé dimanche matin à quitter la RDC.

Les soldats kényans de la force régionale déployée en RDC quittent Goma et le pays, le 3 décembre 2023. © Alexis HUGUET / AFP
Les soldats kényans de la force régionale déployée en RDC quittent Goma et le pays, le 3 décembre 2023. © Alexis HUGUET / AFP

Un premier groupe d’une centaine de militaires kényans de la force régionale, qui comprend également des soldats ougandais, burundais et sud-soudanais, a quitté la région depuis l’aéroport de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, à destination de Nairobi. Leur avion a décollé peu après 5h locales (3h GMT) ce dimanche 3 décembre.

Critiques

Un porte-parole de l’EAC-RF sur place a confirmé que l’appareil se rendait à Nairobi et n’emmenait que des militaires kényans, mais n’a pas donné dans l’immédiat d’autres précisions sur la suite du retrait de la force.

Les soldats kényans avaient commencé à arriver à Goma en novembre 2022, environ un an après la résurgence dans le Nord-Kivu de la rébellion du M23 (« Mouvement du 23 mars ») qui, avec le soutien du Rwanda selon de nombreuses sources – ce que Kigali dément -, s’est emparé de vastes pans de la province. Les autorités congolaises avaient alors invité l’EAC à déployer sa force pour libérer des espaces conquis par les rebelles.

Mais la population de la région et le gouvernement congolais se sont vite montrés très critiques vis-à-vis des troupes de l’EAC, leur reprochant – à l’exception des Burundais – de cohabiter avec les rebelles plutôt que de les contraindre à déposer les armes. À l’issue d’un sommet de l’EAC tenu le 25 novembre, l’organisation régionale a annoncé dans un communiqué que la RDC « ne renouvellerait pas le mandat de la force régionale au-delà du 8 décembre 2023 ».

Ce départ des soldats kényans intervient alors que des combats continuent d’opposer le M23 à l’armée congolaise appuyée par des miliciens se présentant comme « patriotes ». Un soldat kényan de la force régionale avait été tué le 24 octobre par des éclats d’obus.

Enjeu électoral

Outre la force de l’EAC, la mission de l’ONU, la Monusco, anciennement Monuc, est présente en RDC depuis 1999. Cette dernière se trouve elle aussi accusée d’inefficacité et Kinshasa demande son départ, « ordonné » mais « accéléré », à partir de janvier 2024. La Monusco comprend environ 14 000 Casques bleus, déployés presque exclusivement dans l’est du pays.

Des élections générales sont prévues le 20 décembre en RDC, lors desquelles Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, est candidat à un second mandat de cinq ans. Mais en raison de la rébellion du M23, les élections ne pourront toutefois pas avoir lieu dans deux territoires du Nord-Kivu.

Pour remplacer la force de l’EAC, Félix Tshisekedi compte notamment sur le déploiement de contingents de la communauté d’Afrique australe (SADC) à laquelle appartient également la RDC. Mais la mise sur pied de cette force, évoquée depuis le mois de mai, ne s’est jusqu’à présent pas concrétisée.

Depuis fin 2022, environ un millier d’anciens militaires européens, présentés par Kinshasa comme des « instructeurs » et répartis dans deux sociétés privées, sont également présents dans le Nord-Kivu. Les autorités congolaises affirment aussi que l’armée nationale est en train de monter en puissance, avec l’objectif d’assurer elle-même la défense du territoire et de protéger le pays des « agressions » de ses voisins, le Rwanda en particulier.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Niger : des « échanges en cours » pour le retrait des soldats français, selon le Premier ministre de la junte

septembre 4, 2023

Ali Mahaman Lamine Zeine, nommé Premier ministre par les putschistes, entend néanmoins « maintenir une coopération » avec Paris, en cas de départ des soldats.

Ali Mahaman Lamine Zeine a ete nomme Premier ministre par la junte militaire, durant l'ete.
Ali Mahaman Lamine Zeine a été nommé Premier ministre par la junte militaire, durant l’été.© – / AFP

Ce lundi, lors d’une conférence de presse, le Premier ministre nommé par le régime militaire qui a pris le pouvoir au Niger a assuré que « des échanges » sont « en cours » entre Paris et Niamey sur un éventuel départ des soldats français dans le pays. En tout, 1 500 soldats sont stationnés au Niger et participent à la lutte antidjihadiste dans le cadre d’accords bilatéraux. Dans le même temps, Ali Mahaman Lamine Zeine dit vouloir « maintenir une coopération » avec la France.

Rappelant que le gouvernement nigérien a dénoncé des accords militaires avec Paris, le Premier ministre nommé par les putschistes a affirmé que les forces françaises « sont dans une position d’illégalité » et estimé que « les échanges qui sont en cours devraient permettre très rapidement que ces forces se retirent ». « Ce qui nous intéresse c’est, si possible, de maintenir une coopération avec un pays avec qui on a partagé énormément de choses », a-t-il ajouté.

La France reste inflexible

Les tensions diplomatiques sont à leur comble entre le régime militaire au pouvoir depuis le coup d’État du 26 juillet et la France qui ne reconnaît pas leur légitimité. Le 3 août, les généraux qui ont pris le pouvoir par un coup d’État avaient dénoncé plusieurs de ces accords. L’un de ces textes contenait un préavis d’un mois, selon les militaires. Le Niger a par ailleurs retiré l’immunité et le visa diplomatiques de l’ambassadeur de France, Sylvain Itté, et exigé son expulsion.

La France réaffirme régulièrement qu’elle ne reconnaît pas les nouvelles autorités de Niamey et a indiqué qu’elle ne comptait pas appliquer ces décisions, qu’il s’agisse des soldats ou de l’ambassadeur. Lundi, le Premier ministre Zeine a estimé que l’ambassadeur français avait eu un « comportement de mépris », en refusant de répondre à une invitation à une rencontre avec les autorités, le 25 août. Ce week-end, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Niamey pour réclamer le départ des forces françaises.

Le Point.fr par B.L. avec AFP

C-18 : Google va retirer les liens des médias canadiens

juin 29, 2023

Les « géants du web » n’ont pas attendu bien longtemps avant de riposter après l’adoption de la Loi sur les nouvelles en ligne (issue du projet de loi C-18) par Ottawa.

Le logo de Google.

Après Meta, Google met de la pression sur le gouvernement canadien après l’adoption de la loi forçant les géants du web à rémunérer les médias pour l’utilisation de leur contenu lorsqu’il est partagé ou utilisé en ligne. Photo: Reuters/Andre Kelly

Google a annoncé jeudi qu’il supprimera les liens vers les nouvelles canadiennes de ses produits, alors que Meta met fin à de nombreuses ententes avec des médias canadiens.

La Loi sur les nouvelles en ligne oblige les géants du web à s’entendre avec les médias afin de rémunérer le partage de leurs articles et reportages. Cette mesure, adoptée le 22 juin dernier, entrera en vigueur dans six mois.

Google riposte

Google soutient que son moteur de recherche ne proposera plus de liens d’actualités à cette date butoir, ce qui comprend les liens sur Google News et Google Discover, des fonctionnalités qui aident les gens à personnaliser ou à trouver des contenus en ligne.

La société de technologie a aussi annoncé qu’elle sabrait Vitrine Google Actualités au Canada, un programme de licence pour les actualités de plus de 150 médias locaux.

Le président des affaires internationales de Google et de sa société mère, Alphabet, Kent Walker, s’est dit déçu d’en arriver là, mais a ajouté que la loi restait inapplicable, selon des propos rapportés par La Presse canadienne.

Dans un article de blogue publié jeudi sur le site web de Google, M. Walker a souligné que la nouvelle loi créait un prix sur les liens, entraînant une responsabilité financière non plafonnée simplement pour avoir facilité l’accès des Canadiens aux nouvelles des éditeurs canadiens.

« Nous ne prenons pas cette décision ni ses conséquences à la légère et nous pensons qu’il est important de faire preuve de transparence à l’égard des éditeurs canadiens et de nos utilisateurs le plus tôt possible. »— Une citation de  Kent Walker, président des affaires internationales de Google et de sa société mère, Alphabet

Google cherchait à obtenir des assurances sur le coût que cela pourrait représenter pour elle et sur le déroulement du processus de négociation. Ces détails deviendront probablement clairs une fois le processus réglementaire du projet de loi terminé, auquel Google a déclaré qu’il participerait.

Google avait annoncé ses couleurs dès février, en bloquant l’accès aux contenus d’information à environ 4 % des utilisateurs canadiens.

Meta met fin à ses ententes avec des médias canadiens

Le logo de Facebook dans un téléphone cellulaire tenu devant le logo de Meta.

En réponse au projet de loi C-18, Meta a annoncé qu’elle bloquera l’accès aux nouvelles sur Facebook et Instagram au Canada. (Photo d’archives) Photo : Reuters/Dado Ruvic

Meta a mis fin à ses ententes avec La Presse canadienne et la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2I), en réponse à l’adoption de la Loi sur les nouvelles en ligne par le Parlement canadien.

La CN2I – qui regroupe les quotidiens régionaux Le SoleilLe QuotidienLa Tribune, La Voix de l’EstLe Nouvelliste et Le Droit – faisait partie d’un groupe d’une vingtaine de médias qui avaient conclu des ententes avec Meta (Facebook, Instagram et Whatsapp) en mai 2021.

Le Devoir, le Globe and Mail et le Toronto Star avaient signé des ententes similaires avec l’entreprise de Mark Zuckerberg.

La directrice générale de la CN2I, Geneviève Rossier, résume dans un article publié par Le Soleil que leur entente de redevances avec le géant californien prendra fin le 31 juillet 2023.

Meta a déterminé que ça aurait un impact négatif sur leur positionnement et sur la distribution des nouvelles sur leurs plateformes. Nous sommes déçus de cette décision de notre partenaire, il s’agissait d’un montant quand même substantiel, affirme Mme Rossier dans l’article du média régional basé à Québec, sans préciser les détails de l’entente confidentielle.

Meta a annoncé à La Presse canadienne qu’elle mettait fin à l’accord qui permettait d’offrir des bourses de journalisme dans la foulée de l’adoption de C-18.

Meta plaide que cette loi a un impact négatif sur ses activités au Canada. Les ententes de bourses déjà signées seront honorées, mais cette cohorte [de huit journalistes] sera la dernière, a indiqué le président de La Presse canadienne, Malcolm Kirk, dans une communication interne consultée par Radio-Canada.

Il est important de reconnaître l’importante contribution de tous les journalistes qui ont joint notre équipe dans le cadre de ce programme, ainsi que le travail des rédacteurs en chef, des reporters, des rédacteurs et de l’ensemble du personnel de La Presse canadienne dans l’encadrement des boursiers […] Le programme a contribué de manière significative à la publication d’informations pertinentes et a apporté une contribution essentielle à notre travail pendant la pandémie, écrit-il.

Tests et intimidation

Pablo Rodriguez.

Pablo Rodriguez, ministre canadien du Patrimoine (Photo d’archives) Photo : La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick

Au cours des derniers mois, Google et Meta ont menacé de bloquer l’accès aux contenus d’information sur leurs plateformes. Alors que le projet de loi franchissait les étapes pour devenir réalité, ils ont réalisé des tests sur une partie aléatoire des utilisateurs.

Le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, qui a porté le projet de loi, a qualifié ces démarches d’intimidation. Plus tôt cette semaine, il a indiqué à La Presse canadienne qu’il espérait que le gouvernement parvienne à une résolution positive avec les deux sociétés pour les empêcher de supprimer des informations.

Nous dépendons tous d’un Internet libre, a réagi jeudi le directeur des relations avec les médias pour CBC, Leon Mar.

« Il serait regrettable que les plateformes numériques profitent de leur position dominante pour refuser aux Canadiens l’accès aux nouvelles et aux informations. Nous encourageons les Canadiens à se rendre directement sur les sites web et les applications auxquels ils font confiance pour s’informer. »— Une citation de  Leon Mar, directeur des relations avec les médias, CBC

Une loi similaire a été adoptée en Australie en 2021, suscitant des ripostes du même genre de la part des géants du web. Ils se sont finalement soumis aux nouvelles règles, ce qui fait croire à M. Rodriguez que le même dénouement peut être espéré dans le cas canadien.

Il a par ailleurs assuré que le gouvernement veillera à ce que les salles de nouvelles disposent des ressources nécessaires pour survivre.

Des artisans de l’information, dont le président de La Presse, Pierre-Elliott Levasseur, ont confié à Radio-Canada dans les jours suivant l’adoption de la Loi sur les nouvelles en ligne que les menaces et les sanctions qui en découlent visent à éviter que des lois similaires soient adoptées aux États-Unis et en Europe.

Meta prendrait ainsi les Canadiens et les Canadiennes en otages, dans l’espoir d’intimider les gouvernements européens et américain.

La Loi sur les nouvelles en ligne vise à créer une nouvelle surveillance gouvernementale des géants du numérique qui dominent le marché de la publicité en ligne.

Le gouvernement libéral considère la domination de Meta et de Google sur Internet, et leur décision de supprimer les nouvelles, comme une menace pour la démocratie canadienne à un moment où l’industrie de l’information continue de faire face à des coupes en raison de la baisse des revenus publicitaires.

Depuis 2008, près de 500 salles de rédaction ont fermé à travers le pays, a souligné M. Rodriguez.

Par Radio-Canada avec les informations de La Presse canadienne

Au Mali, les Casques bleus sur le départ  ? 

Mai 18, 2023

Dix ans après sa création, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali est à la croisée des chemins. Ses relations avec la junte au pouvoir sont au plus bas et ses possibilités d’accès au terrain sont désormais très limitées. 

Des casques bleus de la Minusma au Mali. © HARANDANE DICKO/MINUSMA

Les Casques bleus au Mali donnent en fait le sentiment d’une profonde inutilité. Leurs règles d’engagement sont moins musclées qu’en RDC et ils ont subi d’énormes pertes au cours des dix dernières années. De plus, ils se sont montrés incapables d’endiguer la menace jihadiste et de mettre un terme aux massacres commis par les troupes de Bamako et leurs supplétifs miliciens.

Pour les habitants des zones de conflits, enfin, leur mandat est d’autant plus incompréhensible que, désormais, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) ne peut guère plus prétendre stabiliser et soutenir le redéploiement d’un État qui s’en prend à sa propre population.

Rapport explosif

La récente publication d’un rapport accablant sur le massacre de Moura est tout à fait significative en la matière. Les enquêteurs onusiens y montrent clairement que l’armée malienne et ses alliés russes du groupe Wagner ont exécuté des centaines de civils dans la région de Mopti en mars 2022. Le contenu du rapport est d’ailleurs si explosif que l’ONU a longtemps retardé sa publication pour essayer, en vain, de ménager ses relations avec Bamako.

Pour autant, il y a peu de chances que les conclusions de l’enquête de la Minusma amènent la junte malienne à respecter les droits humains. Il n’est pas non plus évident que le massacre de Moura entraîne une saisine de la Cour pénale internationale en vue de traîner en justice les militaires au pouvoir à Bamako. De plus en plus de voix remettent donc en cause la poursuite d’une opération de paix qui ne permet ni de stabiliser la zone ni de protéger les civils.

La junte d’Assimi Goïta, elle, ne va vraisemblablement pas demander le retrait des Casques bleus. Elle ne semble pas prête à endosser une telle responsabilité car elle aurait trop à y perdre sur le plan diplomatique. D’un point de vue logistique, qui plus est, les soldats maliens dépendent encore très largement des infrastructures de la Minusma pour se déployer dans le nord et le centre du pays. En sécurisant les villes, par ailleurs, les Casques bleus ont sans doute évité au Mali de connaître le scénario catastrophe du nord du Burkina Faso, où la localité de Djibo est encerclée par les jihadistes.

En outre, un retrait de la Minusma serait source de mécontentement social. Dans les régions où ils sont déployés, les Casques bleus fournissent en effet de nombreux emplois et sécurisent l’acheminement de l’aide humanitaire. Leur départ pourrait donc retourner la population contre le gouvernement en aggravant une situation économique déjà tendue.

Cruel dilemme

Enfin, la Minusma permet à la junte d’Assimi Goïta de masquer ses faiblesses. Elle joue un rôle de fusible, canalise les frustrations de la population et sert de bouc émissaire, en particulier depuis que l’armée française a quitté le Mali.

Le plus probable est donc que Bamako table sur un pourrissement de la situation en laissant la Minusma se vider progressivement de sa substance à mesure que les pays contributeurs vont réduire ou retirer leurs contingents. Sur le terrain, la junte peut continuer de restreindre les mouvements des Casques bleus jusqu’à la paralysie complète. À New York, le constat d’impuissance de la Minusma pourrait alors justifier une révision de mandat et un repli qui permettrait à la soldatesque malienne de se débarrasser de témoins gênants, notamment sur la question sensible des droits humains.

Le dilemme n’en est que plus cruel. D’un côté, le Conseil de sécurité de l’ONU pourrait acter l’échec d’une opération qui, retranchée dans les villes aux mains du gouvernement malien, n’a plus aucune chance de stabiliser la zone. De l’autre, un retrait pourrait avoir de graves conséquences. D’aucuns craignent ainsi qu’un départ des Casques bleus ouvre la voie à la mise en œuvre d’une politique d’épuration ethnique contre les Touaregs et, surtout, les Peuls.

De fait, la multiplication des règlements de comptes communautaires et la montée en puissance de miliciens incontrôlables ne sont guère rassurantes. Pour justifier leur maintien, encore faudrait-il cependant que les Casques bleus aient les moyens de calmer le jeu afin d’éviter tout risque de dérapage génocidaire. Et que les Bamakois admettent enfin que leur propre armée participe au chaos ambiant.

Avec Jeune Afrique

Par Marc-Antoine Pérouse de Montclos

Directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), à Paris