Posts Tagged ‘Opposition’

Kenya: gaz lacrymogènes contre l’opposition décidée à poursuivre les manifestations

mars 20, 2023
Kenya: gaz lacrymogenes contre l'opposition decidee a poursuivre les manifestations
Des manifestants en colère avec des blocs de pierre, à Nairobi, au Kenya© AFP/Luis Tato

La police kényane a tiré lundi des gaz lacrymogènes à Nairobi contre un convoi du chef de l’opposition Raila Odinga, qui a appelé ses partisans à des manifestations hebdomadaires contre l’inflation et le gouvernement, au milieu d’affrontements entre protestataires et forces de l’ordre.

Il s’agit des premiers troubles majeurs depuis l’arrivée au pouvoir de William Ruto

Raila Odinga, 78 ans, qui continue d’affirmer que l’élection présidentielle très serrée du 9 août 2022 lui avait été « volée » et que le gouvernement de William Ruto est « illégitime », a déclaré que « chaque lundi, il y aura une grève, il y aura une manifestation. La guerre a commencé, elle ne se terminera pas tant que les Kényans n’auront pas obtenu leurs droits ».

Un peu plus tôt, la police avait tiré des gaz lacrymogènes et fait usage de canons à eau contre le convoi de M. Odinga.

Les manifestations contre l’inflation dans la capitale avaient été interdites la veille par les autorités pour non-respect du délai de dépôt.

Des affrontements ont également éclaté entre des manifestants jetant des pierres et les forces de l’ordre utilisant gaz lacrymogènes et canons à eau dans certains quartiers de la capitale et dans au moins une autre ville, ont constaté des correspondants de l’AFP.

Les organisateurs de la manifestation avaient prévu de marcher vers State House, le palais présidentiel, dans le centre de Nairobi, où une vingtaine de manifestants ont été arrêtés. Parmi les personnes interpellées figurent deux parlementaires, Stewart Madzayo, chef de la minorité au Sénat, et le député Opiyo Wandayi, tous deux membres du parti M. Odinga.

« Nous sommes venus ici pacifiquement, mais ils nous ont jeté des gaz lacrymogènes », a affirmé un manifestant, Charles Oduor. « Ils nous mentent tous les jours. Où est la farine de maïs bon marché qu’ils ont promise ? Où sont les emplois pour les jeunes qu’ils ont promis ? Tout ce qu’ils font, c’est embaucher leurs amis », a ajouté ce jeune homme de 21 ans.

A Kibera, le plus grand bidonville de Nairobi, des manifestants ont mis le feu à des pneus et la police a utilisé des canons à eau, selon des journalistes de l’AFP.

Des affrontements se sont également produits à Kisumu, dans l’ouest du Kenya, autre bastion de Raila Odinga.

Flambée des prix

« Notre victoire nous a été volée et nous sommes déterminés à la récupérer. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés alors que la vie devient de plus en plus difficile. Nous voulons Raila à State House », a lancé un manifestant à Kisumu, Kevin Ojwang.

Les manifestations contre l’inflation qui s’est élevée en février sur un an à 9,2 % dans le pays d’Afrique de l’Est avait été interdites dimanche par les autorités.

Les Kényans souffrent également de la chute brutale du shilling par rapport au dollar américain et d’une sécheresse record qui a plongé des millions de personnes dans la famine.

« Nous voulons demander aux organisateurs de réfléchir, de mettre fin au chaos afin que ceux qui n’ont pas ouvert leurs entreprises et leurs magasins le fassent cet après-midi », a déclaré le vice-président Rigathi Gachagua, affirmant que les manifestations avaient déjà fait perdre 2 milliards de shillings, environ 14 millions d’euros.

Malgré l’interdiction, des manifestants se sont réunis pour protester contre le coût de la vie.

« La vie est si dure. Voyez ces jeunes hommes et femmes, nous n’avons pas de travail, les gens perdent leur emploi. C’est pourquoi nous venons parler de nos droits », explique Henry Juma, 26 ans, cireur de chaussures.

« Epreuve de force »

Le grand journal kényan The Standard a résumé la tension en titrant lundi : « Le jour de l’épreuve de force ».

De nombreux commerces à Nairobi étaient fermés avant les manifestations et certaines entreprises avaient demandé à leurs employés de privilégier le télétravail.

Le chef de l’Etat s’était élevé ce week-end contre les appels à manifester de son opposant. « Vous n’allez pas nous menacer avec des ultimatums, du chaos et de l’impunité. Nous ne le permettrons pas », a dit William Ruto, demandant à Raila Odinga d’agir via des moyens « légaux et constitutionnels ».

Selon les résultats officiels, M. Odinga a perdu face à M. Ruto de quelque 233.000 voix, l’un des écarts les plus serrés de l’histoire du pays, et alors qu’il était soutenu dans ce scrutin par le président sortant Uhuru Kenyatta.

Le recours intenté par Raila Odinga, qui concourait pour la cinquième fois à la tête du pays et se plaignait de fraudes, a été rejeté par la Cour suprême.

Le Point avec Nairobi (AFP) 

Sénégal: heurts à Dakar pendant le procès de l’opposant Sonko

mars 16, 2023

Senegal: heurts a Dakar pendant le proces de l'opposant Sonko
Sénégal: heurts à Dakar pendant le procès de l’opposant Sonko© AFP/SEYLLOU

Plusieurs quartiers de Dakar ont été jeudi le théâtre de scènes de guérilla entre jeunes Sénégalais et forces de l’ordre au moment où l’opposant Ousmane Sonko comparaissait lors d’un procès dont pourrait dépendre sa candidature à la présidentielle de 2024.

Des groupes mobiles de jeunes ont lancé des pierres sur les gendarmes et les policiers dans les rues adjacentes au tribunal où M. Sonko était convoqué pour répondre de diffamation contre le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang. Un impressionnant dispositif de sécurité avait transformé le complexe en camp retranché.

Les forces de sécurité ont repoussé à plusieurs reprises les assaillants à coups de lacrymogènes dans des détonations assourdissantes, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Au milieu de ce grabuge intermittent, une pharmacie est restée ouverte auprès du tribunal contrairement à nombre de commerces alentour.

« Nous, on n’est ni pour ni contre ce qui se passe », dit Mamy Diouf, la gestionnaire d’une vingtaine d’années. « Ce qui nous intéresse, c’est la paix. Chacun fait ce qu’il veut mais devrait attendre les élections et se prononcer à ce moment-là. Les violences, ça ne mène à rien et ce n’est pas bon pour les affaires ».

Des accrochages ont été rapportés dans d’autres quartiers. Un photographe de l’AFP a vu des dizaines de jeunes caillasser un véhicule isolé des forces de sécurité contraint de s’extraire dans la précipitation et les panaches de lacrymogènes sur l’un des principaux axes de la capitale.

Le trajet de M. Sonko jusqu’au tribunal sous forte escorte policière à travers une ville en état d’alerte a lui-même été émaillé de troubles. Les forces de sécurité ont fini par extraire M. Sonko de force de son véhicule pour le conduire au palais de justice.

Ceux qui l’accompagnaient disent que lui et d’autres ont été malmenés lors de ce transfert et aspergés de gaz lacrymogènes.

M. Sonko a expliqué une fois à la barre qu’il voulait choisir son itinéraire. « La police et la gendarmerie m’imposent un itinéraire. J’ai été brutalisé. Le régime ne compte que sur les forces de sécurité », a-t-il dit.

M. Sonko s’est fait ausculter par un médecin au tribunal, l’une des interruptions et multiples incidents qui ont émaillé une audience sous haute tension qui, après plusieurs heures, n’avait toujours pas abordé le fond du dossier.

Le procès a finalement été renvoyé au 30 mars.

Ce nouvel accès de fièvre est le dernier épisode d’un psychodrame qui tient le monde politique en haleine depuis deux ans et qui a déjà, par le passé, causé un trouble considérable.

En mars 2021, la mise en cause de M. Sonko dans une affaire de viols présumés et son arrestation sur le chemin du tribunal avaient contribué à déclencher les plus graves émeutes depuis des années dans ce pays réputé comme un rare îlot de stabilité dans une région troublée.

« Pour la jeunesse »

Il y avait eu au moins une douzaine de morts.

Les tensions vont à nouveau grandissant à l’approche de la présidentielle de 2024.

Le dossier de viols présumés, non jugé pour le moment, et celui pour diffamation font peser la menace d’une éventuelle inéligibilité sur la candidature de M. Sonko.

Lui et ses supporteurs crient au complot ourdi par le pouvoir pour l’éliminer politiquement.

M. Sonko avait appelé ses partisans à venir massivement le soutenir au procès.

La personnalité de M. Sonko, 48 ans, divise les Sénégalais. Il tient un discours souverainiste, panafricaniste et social, pourfendant les élites et la corruption.

Il pilonne l’emprise économique et politique exercée selon lui par l’ancienne puissance coloniale française et les multinationales. Il jouit d’une grande popularité parmi les jeunes dans une population dont plus de la moitié a moins de 20 ans.

Ses détracteurs dénoncent en lui un populiste n’hésitant pas à souffler sur les braises sociales et à instrumentaliser la rue pour échapper à la justice.

Le doute que le président Macky Sall entretient sur son intention de briguer ou non un troisième mandat contribue aussi à dresser les camps adverses les uns contre les autres.

Près du tribunal, Abdou Anne, un enseignant de 53 ans, verse des seaux d’eau sur un feu de pneus qui dégage une grosse fumée noire à un rond-point après des heurts. Il dit être avec les manifestants, mais intervient parce qu’il y a un centre de soins pour enfants juste à côté.

« Je ne suis pas pour Ousmane Sonko. Je suis pour la jeunesse. Tout ce qu’ils (les jeunes) veulent, c’est arrêter ce projet », celui d’un troisième mandat de M. Sall. « Personne n’est d’accord. On est prêt à laisser notre vie », lâche-t-il posément.

Par Le Point.fr avec AFP

Tanzanie: 1er meeting de l’opposition depuis la fin de l’interdiction des rassemblements politiques

janvier 21, 2023
Tanzanie: 1er meeting de l'opposition depuis la fin de l'interdiction des rassemblements politiques
Tanzanie: 1er meeting de l’opposition depuis la fin de l’interdiction des rassemblements politiques© AFP/MICHAEL JAMSON

Le principal parti d’opposition en Tanzanie a tenu samedi son premier meeting depuis que l’interdiction des rassemblements politiques, décrétée en 2016, a été levée, faisant naître l’espoir de plus de libertés dans le pays d’Afrique de l’Est.

« Dieu merci, le jour est venu où nous parlons avec nos concitoyens tanzaniens dans le cadre de ce rassemblement public », a dit Freeman Mbowe, le président de ce parti, Chadema, à ses partisans.

Des milliers de partisans de Chadema se sont rassemblés dans la ville de Mwanza (nord), au bord du lac Victoria, nombre d’entre eux portant les couleurs bleu, rouge et blanc du parti.

Ils en ont scandé le slogan et ont entonné des chants à la gloire de leurs dirigeants, tandis qu’une poignée de policiers veillaient sur le site.

« Ce n’était pas facile, après ces sept ans d’interdiction des meetings politiques », a affirmé Jon Mrema, le directeur de la communication de Chadema, sous les applaudissements de ses partisans.

« Nous nous sommes tus pendant presque sept ans mais enfin, nos droits sont rétablis et nous sommes prêts à aller de l’avant », a lancé une habitante de Mwanza, Mary Dismas.

Ombres et ouvertures

La présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan avait annoncé début janvier la levée de l’interdiction des meetings, qui frappait l’opposition depuis 2016.

Cette interdiction avait été décidée par son prédécessseur John Magufuli, surnommé « le bulldozer » pour son style brutal et intransigeant.

Samia Suluhu Hassan, arrivée au pouvoir après le décès soudain de John Magufuli en mars 2021, cherche à rompre avec certaines pratiques de son prédécesseur, une évolution saluée avec prudence par l’opposition et les ONG de défense des droits humains.

M. Magufuli avait interdit les rassemblements politiques à son entrée en fonction, déclarant qu’il était temps de travailler, et non de faire de la politique.

Ses opposants l’ont accusé d’avoir appliqué l’interdiction à la seule opposition. Le parti au pouvoir était libre de se rassembler, alors que les meetings rivaux étaient violemment dispersés par la police et leurs organisateurs emprisonnés.

L’arrivée au pouvoir de Mme Hassan avait tout de suite créé l’optimisme. La première femme élue présidente en Tanzanie avait tendu la main à ses rivaux, rouvert des médias interdits et était revenue sur des politiques controversées de M. Magufuli.

Mais sa présidence a aussi connu sa part d’ombre lorsque le président de Chadema, Freeman Mbowe, ainsi que plusieurs autres dirigeants du parti, avaient été arrêtés en juillet 2021, quelques heures avant qu’ils n’organisent un débat public pour demander des réformes constitutionnelles.

M. Mbowe a ainsi passé sept mois en prison pour des accusations de « terrorisme », après avoir été arrêté à Mwanza, la ville où s’est tenu le rassemblement de samedi.

La présidente Hassan, elle-même confrontée à une opposition interne au sein de son parti Chama Cha Mapinduzi, a toutefois donné d’autres gages d’ouverture: début 2022, elle avait rencontré à Bruxelles le vice-président de Chadema, Tundu Lissu, candidat à la présidentielle en 2020 au nom de son parti mais qui vit en exil en Belgique après avoir réchappé d’un attentat en 2017.

M. Lissu a annoncé la semaine dernière qu’il rentrerait en Tanzanie le 25 janvier, assurant que 2023 serait « une année importante dans l’histoire » du pays.

« Conversation de réconciliation »

Freeman Mbowe s’est lui aussi montré optimiste. « Notre conversation de réconciliation avec la présidente a porté ses fruits car même la police qui m’a arrêté à Mwanza veille aujourd’hui sur notre rassemblement », a-t-il déclaré, en exhortant ses partisans à applaudir les membres des forces de l’ordre « pour leur bon travail ».

Le dirigeant de 61 ans a rappelé que les revendications pour une nouvelle constitution et un corps électoral indépendant restaient des priorités du parti. Les précédentes tentatives de modification de la loi fondamentale ont échoué en 2014, l’opposition se heurtant au refus du gouvernement.

Selon les dirigeants de Chadema, une série de rassemblements sont déjà prévus pour consulter la base du parti.

« Nous allons organiser autant de meetings que possible, pour atteindre toutes les circonscriptions et villages du pays », a expliqué Sharifa Suleiman, présidente en exercice de la branche féminine de Chadema. « C’est le moment pour nous de déblayer le terrain pour les élections de 2025 ».

Un autre dirigeant, Hashim Juma Issa, a estimé que Chadema ouvrait « une nouvelle page », tout en célébrant son 30e anniversaire.

Avec Le Point par AFP

Tanzanie: l’interdiction des meetings d’opposition levée, nouveau signe d’ouverture politique

janvier 3, 2023
Tanzanie: l'interdiction des meetings d'opposition levee, nouveau signe d'ouverture politique
Tanzanie: l’interdiction des meetings d’opposition levée, nouveau signe d’ouverture politique© AFP/Archives/-

La présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan a annoncé mardi la levée de l’interdiction des meetings qui frappait l’opposition depuis 2016, dans un nouveau signal d’ouverture salué par les formations politiques et les organisations de défense des droits humains.

La cheffe de l’Etat a fait cette annonce lors d’une réunion avec les dirigeants des partis politiques. « L’interdiction des rassemblements politiques est désormais levée », a-t-elle déclaré.

« Vous êtes tous libres de critiquer le gouvernement », leur a assuré la première femme à diriger le pays d’Afrique de l’Est, arrivée au pouvoir après le décès soudain de l’autoritaire John Magufuli en mars 2021.

Les années de présidence de celui qui était surnommé « le bulldozer » pour son style brutal et intransigeant ont été marquées par une répression des médias, de la liberté d’expression et de l’opposition politique.

En juin 2016, huit mois après son élection, il avait interdit les rassemblements publics des partis politiques. Dans les faits, cette interdiction ne frappait que l’opposition, car le parti Chama Cha Mapinduzi (CCM), au pouvoir depuis l’indépendance en 1961, pouvait tenir des meetings où et quand il le souhaitait.

Le chef du principal parti d’opposition Chadema, Freeman Mbowe, a « accueilli positivement » l’annonce de mardi, tout en confiant sa « grande prudence ». « Nous attendons de voir l’application (de cette décision) par d’autres responsables gouvernementaux », a-t-il déclaré.

Zitto Kabwe, leader de l’Alliance pour le changement et la transparence (ACT Wazalendo), s’est dit « euphorique » dans un message à l’AFP: « Ce droit avait été retiré par l’État avec un décret présidentiel illégal. La présidente a remis les choses dans l’ordre. C’est quelque chose de normal mais c’est énorme ».

Rupture

L’arrivée au pouvoir de Samia Suluhu Hassan a marqué une rupture avec l’ère Magufuli – dont elle était la vice-présidente.

La cheffe de l’Etat a notamment tendu la main à l’opposition et autorisé la réouverture de médias interdits.

L’optimisme suscité par ces premières décisions avait été quelque peu douché par l’arrestation en juillet 2021 de Freeman Mbowe et trois responsables de Chadema à Mwanza (ouest), où ils devaient participer à un rassemblement demandant des réformes constitutionnelles.

Mais après sept mois de procès pour « terrorisme », les procureurs avaient abandonné les poursuites contre les quatre hommes, remis en liberté. Samia Suluhu Hassan avait reçu Freeman Mbowe à sa libération.

Quelques semaines plus tôt, elle avait rencontré en marge d’un déplacement à Bruxelles le vice-président de Chadema, Tundu Lissu. Ce dernier, candidat à l’élection présidentielle de 2020 contre John Magufuli, vit en exil en Belgique depuis une tentative d’assassinat en 2017.

« Aller plus loin »

L’annonce de mardi « est un geste très important qui, espérons-le, contribuera à corriger la régression des droits civils et politiques durant la présidence Magufuli », a déclaré à l’AFP Oryem Nyeko, chercheur pour Human Rights Watch (HRW).

« Mais la présidente doit aller au-delà de cette annonce », estime-t-il: « Il doit y avoir des actions concrètes pour restaurer un jeu démocratique équitable en Tanzanie« .

Après ce « pas bienvenu dans la bonne direction », le gouvernement doit « aller plus loin et oeuvrer pour une meilleure protection des droits de l’homme, notamment en abrogeant ou en modifiant la loi sur les partis politiques », souligne également Roland Ebole, chercheur sur la Tanzanie à Amnesty International, dans un communiqué.

Les formations d’opposition attendent notamment des réformes constitutionnelles en vue de l’élection présidentielle de 2025.

« Nous avons besoin d’un organe électoral indépendant pour permettre des élections libres et équitables », a souligné Freeman Mbowe, en appelant à des réformes garantissant les libertés d’expression et d’association.

« Les prochaines étapes sont 1/ une nouvelle loi sur les partis politiques ; 2/ une nouvelle loi électorale et 3/ le lancement du processus de nouvelle constitution », a énuméré Zitto Kabwe.

Samia Suluhu Hassan a affirmé mardi que « d’autres réformes sont à venir pour garantir que les droits de tous les partis sont respectés » et assuré que son gouvernement était « prêt à relancer les réformes constitutionnelles ».

Par Le Point avec AFP

ONU : la Libye s’oppose à la nomination d’Abdoulaye Bathily

août 17, 2022

Le gouvernement libyen s’est opposé à la nomination de l’ancien ministre sénégalais Abdoulaye Bathily au poste d’envoyé spécial de l’ONU.

Abdoulaye Bathily, le 16 décembre 2014 à Paris. © Bruno Levy/JA

Abdoulaye Bathily ne devrait donc pas devenir le premier Africain à occuper le poste très sensible de représentant spécial de l’ONU en Libye. Candidat d’António Guterres, comme Jeune Afrique l’annonçait ce dimanche 14 août, l’ex-ministre sénégalais n’a finalement pas été nommé. La session du Conseil de sécurité des Nations unies qui s’est tenue sur cette question, lundi 15 août à New York, a donné lieu à un véritable tir de barrage de la part du gouvernement d’unité nationale basé à Tripoli.

Les autorités libyennes ont fait part de leurs « réserves » et de leurs « objections ». Tout en affirmant souhaiter qu’un Africain soit désigné, elles ont affirmé, en substance, que le diplomate sénégalais manquait d’expérience. « Nous pensons que nous méritons un représentant qui soit mieux sélectionné », a notamment déclaré Taher El Sonni, le représentant libyen.

Mission impossible ?

Le revers est sérieux pour le secrétaire général de l’ONU. « Il existe un processus par lequel les personnes sont nommées à la tête des missions de maintien de la paix ou des missions politiques qui sont mandatées par le Conseil de sécurité », a précisé son porte-parole, Stéphane Dujarric. « Nous trouverons un candidat qui soit acceptable pour toutes les parties », a-t-il encore ajouté.

L’exercice semble pour le moins compliqué. Depuis la crise qui a suivi la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, pas moins de sept représentants spéciaux se sont succédé. Le dernier à occuper ce poste a été le Slovaque Jan Kubis, qui a démissionné en novembre dernier. L’Américaine Stephanie Williams assure depuis l’interim, en tant que « conseillère spéciale » du secrétaire général des Nations unies.

Le choix d’un candidat qui recueille l’adhésion de l’ensemble des parties semble relever de la mission impossible. Il faut en effet qu’il convienne aux différents acteurs libyens, mais aussi à l’Union européenne, aux États-Unis, à l’Algérie, à l’Égypte et aux monarchies du Golfe…

Par Jeune Afrique

Le Congo arrête le chef de l’opposition Kabund

août 9, 2022
Jean-Marc Kabund, secrétaire général du principal parti d'opposition congolais l'Union pour la démocratie et le progrès social s'exprime lors d'une conférence de presse à Kinshasa

Jean-Marc Kabund, secrétaire général du principal parti d’opposition congolais, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), prend la parole lors d’une conférence de presse à Kinshasa, en République démocratique du Congo, le 8 janvier 2019. REUTERS/Baz Ratner/File Photo

KINSHASA, 9 août (Reuters) – Jean-Marc Kabund, ancien bras droit du président de la République démocratique du Congo et aujourd’hui chef de l’opposition, a été arrêté mardi, a déclaré son avocat, lors d’une polémique sur une remarque à propos de son ancien patron.

L’ancien vice-président du parlement et actuel législateur s’est disputé avec le président Félix Tshisekedi plus tôt cette année, après quoi il a lancé son propre parti politique.

Il a fait l’objet d’une enquête ces dernières semaines sur des accusations que les autorités n’ont pas précisées.

Ses avocats disent qu’il est accusé d’outrage au chef de l’Etat après un discours le qualifiant de « dangereux ».

L’avocate de Kabund, Henriette Bongwalanga, a déclaré qu’il avait été arrêté mardi après une audience au bureau du procureur général.

« Ils n’ont pas respecté la procédure. Aujourd’hui, ils sont venus après l’audience et l’ont (arrêté) malgré son immunité (parlementaire) », a-t-elle déclaré.

Le ministère de la Justice n’a pas pu être joint pour commenter et un porte-parole du gouvernement a refusé de commenter.

Une source policière a déclaré que Kabund avait été emmené à la prison centrale de Makala, à Kinshasa, la capitale du Congo.

Kabund était une figure de proue derrière la montée au pouvoir de Tshisekedi et leurs retombées ont mis en évidence les lignes de faille émergentes dans la direction du pays. Cela pourrait être synonyme d’incertitude pour l’avenir de la coalition au pouvoir de l’Union sacrée à l’approche de l’élection présidentielle de 2023, ont déclaré des analystes politiques. 

Dans une déclaration sur la procédure la semaine dernière, Kabund a déclaré que l’enquête contre lui était la preuve que les institutions congolaises étaient exploitées pour servir des intérêts politiques.

« Lutter contre le régime Tshisekedi est pour moi une nécessité absolue, peu importe le prix à payer », a-t-il écrit sur Twitter.

Avec Reuters reportage de Stanis Bujakera; Écrit par Nellie Peyton; Montage par Andrew Cawthorne

Législatives au Sénégal : désavouée par le Conseil constitutionnel, l’opposition vise toujours la victoire

juin 9, 2022

Après avoir vu sa liste invalidée, la coalition menée par Ousmane Sonko organisait ce 8 juin un grand rassemblement à Dakar. Pour critiquer la décision des sages et mobiliser ses partisans contre Macky Sall.

Un portrait de l’opposant et maire de Ziguinchor Ousmane Sonko lors du rassemblement de l’opposition place de l’Obélisque à Dakar, le 8 juin 2022. © SEYLLOU/AFP

Touchés mais pas coulés. Qu’ils appartiennent à Yewwi Askan Wi, la coalition menée par Ousmane Sonko, Khalifa Sall et Barthélémy Dias, ou à Wallu Sénégal, celle d’Abdoulaye Wade, leaders et militants de l’opposition étaient tous réunis ce mercredi 8 juin sur la place de l’Obélisque de Dakar. Avec un mot d’ordre : rappeler qu’ils allaient tout de même participer, « par force », aux élections législatives et qu’ils ne comptaient pas laisser Macky Sall l’emporter le 31 juillet.

Les responsables politiques se sont succédés au micro pendant plus de deux heures, lors d’un rassemblement autorisé in extremis par le préfet de Dakar et auquel ont assisté plusieurs milliers de personnes. Tous ont exhorté leurs partisans à soutenir leur alliance dans les urnes pour imposer une cohabitation au chef de l’État. Et ce malgré le couperet tombé le 3 juin dernier.

Plusieurs milliers de manifestants se sont retrouvés le 8 juin sur la place de l’Obélisque pour critiquer l’invalidation de la liste d’opposition © Marième Soumaré

Plusieurs milliers de manifestants se sont retrouvés le 8 juin sur la place de l’Obélisque pour critiquer l’invalidation de la liste d’opposition © Marième Soumaré

Liste hors-jeu

Ce jour-là, le Conseil constitutionnel a rejeté le recours déposé par l’opposition, dont la liste nationale avait été retoquée par le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome. Plus d’issue possible donc pour les adversaires de la majorité, dont l’ensemble des candidats titulaires sont empêchés de concourir, à commencer par Ousmane Sonko : le député devra quoiqu’il arrive rendre son fauteuil de parlementaire à l’issue du scrutin législatif.

Casquette vissée sur la tête, tee-shirt aux couleurs de sa coalition, le président du Pastef s’est adressé en dernier à une foule chauffée à blanc. En dépit de l’invalidation de sa candidature, l’opposant a voulu se montrer combattif : « L’enjeu, c’est le contrôle de l’Assemblée nationale, a-t-il lancé. Si nous gagnons ce combat, nous pourrons former un gouvernement à nous, et commencer à réformer le pays avant même 2024. »

QUOIQU’IL ARRIVE, OUSMANE SONKO DEVRA RENDRE SON FAUTEUIL DE PARLEMENTAIRE À L’ISSUE DU SCRUTIN LÉGISLATIF

Le maire de Ziguinchor a demandé à ses partisans une « mobilisation permanente » pour contrer Macky Sall, l’objectif étant, à terme, de le vaincre lors de la présidentielle de 2024. Soupçonné de vouloir briguer un troisième mandat, le chef de l’État a été la cible d’attaques récurrentes, mais le ministère de l’Intérieur et les sages du Conseil Constitutionnel en ont aussi pris pour leur grade. Tout comme Idrissa Seck, qui a rallié la majorité en novembre 2020, qualifié ce mercredi de « zombie politique », ou le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, accusé de « sucer les richesses du Sénégal ».

Parmi les griefs des manifestants et des leaders politiques réunis place de l’Obélisque, la cherté de la vie, le chômage et le manque de perspectives, tout autant que les atteintes aux libertés politiques. Pour les membres de l’opposition, pas de doute possible : l’invalidation de la liste nationale découle de la volonté de Macky Sall de mettre ses ennemis hors d’état de nuire. « On l’a vu faire avec Karim Wade, avec Khalifa Sall. On l’a vu essayer de le faire avec Ousmane Sonko en mars 2021 », a poursuivi l’intéressé, en référence à l’affaire, toujours en cours devant la justice, dans laquelle une femme l’accuse de l’avoir violée.

Rassemblement pacifique

« Nous sommes tous logés à la même enseigne », déclarait pourtant dans la matinée le porte-parole de la coalition présidentielle, Pape Mahawa Diouf, dont la liste nationale – de suppléants –  a également été invalidée. « Quand le Conseil constitutionnel leur a permis de modifier leur liste à Dakar car elle ne respectait pas la parité, ils ont applaudi des deux mains ! Et à présent que les sages statuent en leur défaveur, leur discours change ! C’est inacceptable et irrespectueux de s’attaquer à une telle institution quand ça les arrange », ajoutait-il.

Ousmane Sonko avait menacé de mobiliser « 200 000 personnes » pour aller déloger Macky Sall de son palais, mais le rassemblement du 8 juin s’est globalement déroulé dans le calme. Une équipe de journalistes de la chaîne TFM a été bousculée par les manifestants – la télévision appartient au groupe GFM de Youssou Ndour, un proche du président. « Ne vous trompez pas de combat, a déclaré Déthié Fall, le mandataire de YAW, depuis son estrade sous les huées de la foule qu’il avait du mal à faire taire. Notre combat est contre Macky Sall. »

Avec Jeune Afrique par Marième Soumaré – à Dakar

Kenya : la Dame de fer fera-t-elle gagner Raila Odinga ?

juin 4, 2022

Candidat à la présidentielle d’août, Raila Odinga est entré dans l’histoire en faisant d’une femme, Martha Karua, sa colistière. Mais cela sera-t-il suffisant pour lui permettre de l’emporter ?

Raila Odinga et sa nouvelle colistière, Martha Karua (L), à Nairobi le 16 mai 2022. © Tony KARUMBA/AFP

Candidat à la magistrature suprême pour la cinquième fois, Raila Odinga a décidé de frapper fort pour que la victoire ne lui échappe pas une nouvelle fois en août prochain. En désignant l’ancienne ministre de la Justice Martha Karua comme colistière, le candidat entre dans l’histoire de la politique kényane et fait un pari osé alors que son principal adversaire, le vice-président William Ruto, faisait jusqu’à présent la course en tête.

Coup de fouet

Martha Karua pourra compter sur le soutien de l’électorat féminin et sur celui des défenseurs de l’égalité entre les sexes. Mais elle bénéficie aussi d’un ancrage territorial que lorgne le candidat Odinga, autour du Mont Kenya, une région où une grande partie du scrutin va se jouer. À 64 ans, cette avocate à la Haute Cour du Kenya est également connue pour ses positions sans concession contre la corruption.

« L’histoire nous appelle à combler le fossé entre les sexes dans notre pays, a déclaré Raila Odinga en annonçant le nom de sa colistière. L’histoire nous appelle à rendre la pareille aux femmes qui ont lutté et se montrées fidèles. L’histoire nous appelle à désigner notre première femme vice-présidente. »

La désignation de Martha Karua donne déjà un coup de fouet à la campagne de Raila Odinga, que les sondages créditent désormais d’une longueur d’avance. Mais l’intérêt médiatique que suscite l’Iron Lady (la Dame de fer) lui permettra-t-il d’entrer au palais présidentiel ? Rien n’est encore joué.

Martha Karua est immédiatement entrée en action. Portée par un mouvement favorable, elle s’est affichée en compagnie de plusieurs dirigeants politiques de la coalition qui soutient la candidature d’Odinga, Azimio la Umoja One Kenya Alliance. « Je suis venue pour planter les graines, je reviendrai pour arroser les cultures, puis je viendrai pour entretenir la terre et nous récolterons le moment venu », a-t-elle lancé lors d’un déplacement dans le comté de Meru.

Deuxième d’une famille de huit enfants, Martha Karua s’est très tôt forgée une personnalité affirmée. « Elle était dure même quand nous étions enfants, se souvient Jefta Karua, son frère cadet. Elle était un leader qui nous montrait la voie, et il n’y en avait pas deux, juste une. » Elle en découd parfois avec ses professeurs, mais décroche en 1980 un diplôme de droit à l’université de Nairobi puis est admise au barreau un an plus tard.

Pendant près de sept ans, elle oeuvre comme magistrate dans divers tribunaux des comtés de Nairobi et de Nakuru, avant de fonder son propre cabinet, Martha Karua & Co. Advocates, qu’elle a dirigé jusqu’en 2002. Elle fait campagne pour le multipartisme sous la présidence de Daniel Arap Moi et rencontre Raila Odeinga pour la première fois en 1990, alors qu’elle accepte de le défendre à la suite de son arrestation. « À l’époque, très peu d’avocats étaient prêts à me représenter, se souvient celui qui est maintenant son colistier. Mais cette femme, qui était une jeune avocate, a dirigé une équipe de 27 personnes pour dénoncer le caractère illégale de ma détention. »

Différends politiques

Le ticket Raila-Karua marque les retrouvailles de deux personnalités politiques qui se sont battues côte à côte au cours des 30 dernières années, mais qui ont souvent été en profond désaccord. Martha Karua a été élue pour la première fois au Parlement en 1992, la même année qu’Odinga. Après avoir été ministre de la Gestion et du Développement des ressources en eau du président Mwai Kibaki, puis ministre de la Justice et des Affaires constitutionnelles à partir de 2003, elle soutient Kibaki face à Odinga lorsqu’il brigue, en 2007, un second mandat.

Après les violences électorales de 2007-2008 (près de 1 500 morts), elle accuse le Mouvement démocratique orange (ODM) d’Odinga de « nettoyage ethnique », mais finit par servir à ses côtés dans le gouvernement d’unité nationale formé peu après pour apaiser les tensions. Elle quittera le gouvernement en avril 2009 après s’être opposée à Kibaki au sujet de nominations judiciaires.

Lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2013, on lui demande si elle accepterait d’être la colistière d’Odinga. Et de nouveau, elle prend publiquement ses distances : « Je ne partage aucune valeur avec […] Raila Odinga et n’admire pas sa politique, déclare-t-elle. Je lui ai demandé de rentrer chez lui avec le président Kibaki. Tous deux ont été incapables d’éradiquer la corruption dans leurs rangs. » C’est Uhuru Kenyatta qui sera élu.

Neuf ans plus tard, leur relation s’est apaisée. « Je veux qu’elle travaille sur notre Constitution », a annoncé Odinga, dont elle dit désormais qu’il « s’est battu toute sa vie pour les droits des Kenyans et pour la justice sociale. »

Tous deux pensent déjà à l’après. S’il est élu, Odinga préfère éviter d’entretenir des relations tendues avec celle qui serait alors sa vice-présidente. Il ne veut pas se retrouver dans la même configuration politique que Kenyatta. « Comme Joshua dans la Bible, un vice-président doit résoudre les problèmes du président et non lui en poser, a-t-il d’ailleurs prévenu. Ce poste est destiné à alléger le fardeau du président et à faciliter le joug qu’il porte. »

Par Jeune Afrique – avec Son Gatitu, pour The Africa Report

Nigeria : l’ancien vice-président Atiku Abubakar candidat de l’opposition à la présidentielle

mai 29, 2022

L’opposant a été désigné candidat du PDP pour la présidentielle prévue en février 2023. Le parti au pouvoir a lui reporté d’une semaine sa primaire pour la course à la succession de Buhari.

Le candidat de l’opposition Atiku Abubakar le 19 février 2019 lors d’une réunion à Abuja © AFP

« Aujourd’hui nous écrivons l’histoire, une histoire qui, nous le croyons, va apporter des changements fondamentaux », a déclaré Atiku Abubakar à ses partisans réunis à Abuja, où le vote a été organisé ce 28 mai. À 75 ans, ce musulman du nord du pays a été désigné à l’issue d’une primaire du Parti démocratique populaire (PDP) et tentera pour la sixième fois de se faire élire président du pays le plus peuplé d’Afrique.

Le Congrès des progressistes (APC), au pouvoir, tiendra quant à lui sa primaire du 6 au 8 juin pour choisir un candidat devant succéder au président Muhammadu Buhari, qui a annoncé ne pas se représenter après ses deux mandats.

Divisions Nord – Sud

Pour tenter de concilier ce pays extrêmement divisé entre un Nord musulman et un Sud chrétien, et où vivent près de 250 ethnies, une règle tacite prévoit une rotation de la présidence tous les deux mandats entre les candidats du Nord et du Sud. Or, M. Abubakar, ancien chef des douanes et vice-président (1999-2007), est originaire du Nord, tout comme le président Buhari, contrairement à la plupart des principaux candidats de l’APC, originaires du sud.

La sécurité sera un enjeu majeur de l’élection de février 2023 car le pays est en proie à une insécurité généralisée. L’armée nigériane est déployée sur de multiples fronts, notamment dans le nord-est, théâtre d’une insurrection jihadiste depuis plus de 10 ans et dans le nord-ouest où des bandes criminelles pillent, kidnappent et tuent les habitants.

La cherté de la vie, un enjeu du scrutin

Depuis son retour à un régime civil en 1999, après une dictature militaire, le Nigeria a organisé six élections nationales qui ont souvent été entachées de fraudes, de difficultés techniques, de violences et de contestations juridiques. La plus grande économie d’Afrique, affaiblie par l’impact de la pandémie de Covid-19, subit désormais les retombées de la guerre en Ukraine, qui ont fait grimper les prix des carburants et des denrées alimentaires sur tout le continent.

Au moins 31 personnes ont été tuées samedi lors d’une bousculade survenue dans le sud du Nigeria durant une distribution de nourriture organisée par une Eglise, a déclaré la police. Ces dernières années, le Nigeria a connu plusieurs tragédies lors de bousculades liées à des distributions de nourriture, notamment en 2021 lors d’une opération organisée par une agence humanitaire dans l’Etat du Borno, dans le nord du pays, où sept femmes sont décédées après avoir été piétinées par la foule.

Avec Jeune Afrique

« Tu ne tueras point »: en Russie, les derniers prêtres rebelles

mai 1, 2022
"Tu ne tueras point": en Russie, les derniers pretres rebelles
« Tu ne tueras point »: en Russie, les derniers prêtres rebelles© AFP/Yuri KADOBNOV

Le père Guéorgui Edelchtein, 89 printemps, ne se lasse jamais d’un bon débat. Assis devant une collection d’icônes, il pointe un fauteuil vide. « J’aimerais avoir en face de moi un ou deux de mes adversaires. »

Pourquoi est-il l’un des rares prêtres orthodoxes de Russie à s’opposer à l’offensive en Ukraine ? Le vieux pope, barbe blanche et soutane noire, répond d’une voix chevrotante, mais sans hésitation.

« J’ai peur d’être un mauvais prêtre, car je n’ai pas toujours été contre toutes les guerres, mais j’ai toujours été contre les guerres agressives, de conquête. »

« L’Ukraine est indépendante, qu’ils fassent ce que bon leur semble », ajoute-t-il, interrogé par l’AFP dans sa maison du hameau de Novo-Bely Kamen, sur les bords de la Volga, à six heures de route de Moscou.

Depuis l’attaque du 24 février, seule une poignée de prêtres de l’Eglise russe — qui revendique 150 millions de fidèles à travers le monde — se sont prononcés ouvertement contre la campagne militaire du Kremlin.

A l’inverse, leur chef, le Patriarche Kirill, a multiplié les homélies belliqueuses, appelant à « faire corps » autour du pouvoir pour vaincre les « ennemis » de l’union historique entre la Russie et l’Ukraine.

Depuis sa nomination en 2009, Kirill prône sans modération une alliance avec le régime de Vladimir Poutine, au nom de valeurs conservatrices opposées à un Occident jugé impie.

L’actuelle Eglise orthodoxe russe, institution très hiérarchisée sous contrôle des services secrets pendant l’URSS, n’a jamais encouragé la critique. Mais des irréductibles demeurent.

« Sang sur les mains »

Le 25 février, le père Edelchtein a signé une lettre rédigée par l’un de ses amis, le père Ioann Bourdine, et publiée sur le site de leur paroisse du village de Karabanovo, dans la région de Kostroma.

« Le sang des Ukrainiens n’est pas seulement sur les mains des dirigeants russes et des soldats exécutant les ordres. Il est aussi sur les mains de ceux soutenant cette guerre ou se taisant », indiquait le message, depuis supprimé.

Le chef du diocèse de Kostroma, le métropolite Ferapont, a condamné cette intervention et souligné que les deux popes étaient les seuls clercs de la région, qui en compte 160, à avoir protesté contre l’offensive.

Mais la protestation ne s’est pas arrêtée là. Le 6 mars, lors d’une messe, le père Bourdine évoque négativement le conflit.

Le jour même, il est convoqué et interrogé au commissariat. Le 10 mars, il reçoit une amende de 35.000 roubles (440 euros) pour « discréditation » de l’armée, une nouvelle infraction passible de trois ans de prison en cas de récidive.

Au procès, quatre personnes ont témoigné contre lui.

« Pendant la messe, le père Bourdine ( ?) nous a dit qu’il allait prier pour l’Ukraine », a déclaré une paroissienne, selon une copie du dossier consultée par l’AFP.

« Sataniste »

Le prêtre Bourdine, 50 ans, s’exprime toujours contre l’offensive. « Le commandement +Tu ne tueras point+ est pour moi inconditionnel, comme les autres », dit-il à l’AFP, depuis sa maison située près de Kostroma.

Selon lui, peu de popes orthodoxes russes critiquent le conflit car beaucoup sont sensibles à la « propagande » et « peu éduqués ». S’ajoute la peur de sanctions ou de poursuites judiciaires.

Ioann Bourdine raconte que la police est venue prendre des photos de sa maison et de sa voiture.

« Le père Bourdine est bien plus courageux que moi », glisse le père Guéorgui Edelchtein, depuis une chapelle construite près de sa maison.

D’origine juive par son père, et polonaise catholique par sa mère, Edelchtein s’est converti à l’orthodoxie en 1955 dans l’espoir, déçu, d’échapper à l’emprise du système soviétique. L’un de ses deux fils, Yuli-Yoel, a lui émigré en Israël où il a mené une importante carrière politique.

« Les dirigeants de notre Eglise sont toujours des laquais du régime communiste », lâche Edelchtein, assurant que le Patriarcat de Moscou a été ravivé en 1943 par un « sataniste »: Staline.

Les deux prêtres ne se présentent pourtant pas comme des dissidents et, au nom de l’unité de l’Eglise russe, traversée par de terribles schismes au cours de son Histoire, n’appellent pas à désobéir au Patriarche.

« Si une personne commet un péché, il se compromet, mais ne compromet pas toute l’Eglise », estime Ioann Bourdine.

Ses déboires l’ont toutefois bouleversé. Début avril, il s’est retiré du service actif et réfléchit à son avenir, au sein ou en dehors de l’Eglise.

Issu d’une famille religieuse, mais ordonné seulement en 2015, après une carrière de journaliste, il tient à respecter ses « convictions intimes ».

« Si, au sein de cette Eglise, je parle en me censurant, si j’arrête de dire qu’un péché est un péché et que les bains de sang sont inadmissibles, alors, petit à petit, je cesserai d’être un berger. »

Par Le Point avec AFP