Le groupe djihadiste État islamique (EI) a revendiqué vendredi une embuscade tendue au Burkina Faso qui a tué au moins 51 soldats la semaine dernière.
Dans un communiqué publié par son organe de propagande Amaq, le groupe déclare que ses combattants « ont infligé des pertes massives dans les rangs des forces du Burkina Faso dans une embuscade tendue vendredi dernier ».
Cette embuscade dans la région du Sahel frontalière du Mali et du Niger, dont le bilan provisoire a été annoncé lundi par l’armée, pourrait s’avérer la plus meurtrière jamais commise contre les forces de sécurité depuis celle de novembre 2021 à Inata (nord) : 57 gendarmes avaient alors été tués après avoir vainement lancé des appels à l’aide.
Les jihadistes ont indiqué avoir « repéré un convoi de forces burkinabées essayant d’avancer vers les zones qu’ils contrôlent dans la province d’Oudalan près de la frontière agitée avec le Mali ». Les combattants de l’EI ont « incendié un véhicule blindé et saisi un véhicule et 27 motos, ainsi que des dizaines de fusils automatiques et un certain nombre de grenades propulsées ».
Mercredi, une douzaine de volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des supplétifs de l’armée du Burkina Faso, ont été tués lors d’une nouvelle attaque de jihadistes présumés dans le nord du pays. Les raids meurtriers attribués à des groupes jihadistes ont fait au Burkina plus de 200 morts, civils et militaires, depuis début janvier.
Le pays, théâtre de deux coups d’État militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières. Les violences ont fait depuis sept ans plus de 10 000 morts -civils et militaires- selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés.
Un des « éléments extrémistes » a été interpellé par les forces spéciales de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) à Chtouka-Aït Baha, région rurale dans le sud du Maroc, a précisé le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ) dans un communiqué. Cet homme a été placé en garde à vue. Simultanément, deux autres membres de la même cellule ont été arrêtés par les autorités espagnoles à Almeria, en Andalousie (sud de l’Espagne), ajoute le communiqué. À Madrid, une source policière a confirmé les informations de la police marocaine, sans vouloir donner de détails.
Recrutement et embrigadement
Selon le BCIJ marocain, l’enquête a montré que les suspects avaient prêté allégeance à l’EI et œuvraient à diffuser et promouvoir « des idées extrémistes pour les besoins de recrutement et d’embrigadement ». Selon le communiqué marocain, « les mis en cause ont montré leur disposition à s’impliquer dans des opérations terroristes faute de pouvoir rejoindre les fiefs de Daech (acronyme du groupe État islamique) dans la région du Sahel. […] Ils entretenaient des liens avec des combattants chargés de recruter et de faciliter l’accès des volontaires pour combattre dans cette zone. »
Si le royaume chérifien a été épargné ces dernières années par les violences liées aux groupes jihadistes, ses services de sécurité font régulièrement état de coups de filet antiterroristes et de projets d’attentat déjoués. Depuis 2002, la police marocaine a démantelé plus de 2 000 « cellules terroristes » et interpellé plus de 3 500 personnes dans le cadre d’affaires liées au « terrorisme », selon le BCIJ.
Deux employés de l’ambassade russe à Kaboul et quatre Afghans ont été tués lundi aux abords du bâtiment dans un attentat suicide revendiqué par le groupe État islamique, première attaque contre une représentation diplomatique depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021.
« A 10h50 heures locales (06H20 GMT), à proximité immédiate de l’ambassade russe à Kaboul, un combattant non-identifié a déclenché un engin explosif. Deux employés de la mission diplomatique ont été tués dans l’attaque », a indiqué la diplomatie russe dans un communiqué.
Le porte-parole du ministère afghan de l’Intérieur, Abdul Nafy Takor, a confirmé dans un tweet la mort des deux employés de l’ambassade russe et ajouté que « quatre compatriotes civils » avaient été tués et « plusieurs autres blessés ».
Il avait affirmé plus tôt à l’AFP que le kamikaze avait été abattu par des gardes talibans à l’ambassade de Russie « avant d’avoir pu atteindre sa cible ».
Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué l’attaque, dans un communiqué publié sur Telegram. Un combattant de l’EI a « actionné sa ceinture explosive lors d’un rassemblement auquel assistaient des employés russes » près de l’ambassade, a indiqué le groupe.
Comme lors des récentes attaques que les talibans ont tenté de minimiser, un important dispositif de sécurité a rapidement bouclé la zone et empêché les médias de filmer à proximité.
« On parle là d’un attentat terroriste. C’est inacceptable », a rapidement condamné le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Des mesures immédiates ont été prises pour renforcer la sécurité autour de l’ambassade, située sur l’une des principales routes de Kaboul menant à l’ancien Parlement, a indiqué à Moscou le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
« Faiblesse » du renseignement
« Les moyens des services de renseignement et de contre-espionnage afghans ont été utilisés », a ajouté M. Lavrov, appelant à punir les auteurs de l’attaque « dès que possible ».
Le ministère afghan des Affaires étrangères a de son côté précisé qu’une enquête avait été ouverte. Les autorités « ne permettront pas aux ennemis de saboter les relations entre les deux pays par des actions aussi négatives », a-t-il ajouté.
La Russie est l’un des rares pays à avoir maintenu son ambassade ouverte après la reprise du pouvoir par les talibans en août 2021, sans toutefois avoir reconnu leur gouvernement.
L’attaque de lundi montre la « faiblesse du gouvernement en matière de collecte de renseignements », selon l’analyste afghan spécialisé dans la sécurité, Hekmatullah Hekmat, interrogé par l’AFP.
« Le gouvernement a la responsabilité d’assurer la sécurité des missions étrangères. S’il ne peut pas empêcher de telles attaques au cœur de Kaboul, alors il ne peut pas assurer la sécurité dans les campagnes », a-t-il estimé.
Le Secrétaire général de l’ONU a « fermement » condamné l’attentat et exprimé ses condoléances aux familles.
La mission des Nations unies en Afghanistan, qui a condamné l’attaque, a souligné dans un tweet, « la nécessité pour les autorités de prendre des mesures pour assurer la sécurité de la population et des missions diplomatiques ».
La violence a largement diminué depuis le retour au pouvoir des talibans l’année dernière, mais plusieurs attentats à la bombe – visant notamment des communautés minoritaires – ont secoué le pays ces derniers mois, dont beaucoup ont été revendiqués par l’EI.
Série d’attentats de l’EI
Vendredi, une énorme explosion a secoué l’une des plus grandes mosquées d’Hérat, dans l’ouest de l’Afghanistan, tuant 18 personnes dont son influent imam, Mujib ur Rahman Ansari.
L’imam, qui avait appelé à la décapitation de ceux qui commettraient le moindre « acte » contre le gouvernement, est le deuxième religieux pro-taliban à être tué dans une explosion en moins d’un mois, après l’attentat suicide du 11 août visant Rahimullah Haqqani dans sa madrassa à Kaboul.
Plusieurs mosquées du pays ont été prises pour cible cette année, certaines dans des attaques revendiquées par l’EI.
Une série d’attentats à la bombe a surtout frappé le pays fin avril, pendant le mois sacré de ramadan, et fin mai, dans lesquels des dizaines de personnes ont trouvé la mort.
L’EI a principalement visé des communautés minoritaires telles que les chiites, les soufis et les sikhs, mais s’en est aussi pris aux talibans.
Les responsables talibans assurent régulièrement qu’ils maîtrisent la sécurité dans le pays. Les spécialistes considèrent pourtant que l’EI, un autre groupe sunnite mais avec lequel ils entretiennent une profonde inimitié et des divergences idéologiques, reste la principale menace à leur régime.
Shamima Begum a quitté le Royaume-Uni en 2015 pour se joindre au groupe armé État islamique en Syrie. Londres refuse de lui rendre sa nationalité britannique. Photo : Reuters/Pool New
Un présumé espion canadien aurait joué un rôle d’agent double, facilitant l’entrée de trois adolescentes britanniques en Syrie pour rejoindre le groupe armé État islamique (EI), tout en récoltant des informations pour le Service canadien du renseignement de sécurité.
C’est ce qu’on apprend dans un livre intitulé The Secret History of the Five Eyes, du journaliste et cinéaste spécialisé dans la sécurité internationale Richard Kerbaj. L’histoire a été reprise par la BBC et le Guardian.
L’informateur canadien aurait aidé Shamima Begum, Amira Abase, alors âgées de 15 ans et Kadiza Sultana, 16 ans, à rejoindre l’EI en 2015.
Mohammed Al Rasheed aurait avisé Ottawa que les jeunes filles avaient traversé la frontière, mais les autorités canadiennes n’auraient pas transmis les informations à son allié britannique sur-le-champ, lit-on dans la BBC.
Lorsque le Canada aurait obtenu les renseignements concernant les adolescentes, elles avaient déjà franchi la frontière.
Celles-ci avaient fui le Royaume-Uni en 2015, pour être accueillies par Mohammed Al Rasheed dans une station d’autobus d’Istanbul, en Turquie.
À titre d’informateur pour le Canada, M. Rasheed aurait gagné la confiance de combattants de l’EI avant d’infiltrer la branche turque d’un réseau de traite de personnes, un rôle qu’il a tenu pendant au moins huit mois avant d’aider les trois adolescentes à se rendre en Syrie.
Quelques jours après avoir aidé la jeune Shamima et ses amies à rejoindre la Syrie, M. Rasheed a été arrêté à Sanliurfa. Dans sa déposition, le passeur a affirmé avoir agi afin de récolter des informations pour l’ambassade canadienne en Jordanie.
Il avait en sa possession des données cruciales; les photos des passeports des adolescentes et une vidéo de celles-ci déposant leurs bagages dans le taxi qui les a conduit vers la Syrie.
Interrogé sur les allégations auxquelles fait face le Canada, le premier ministre Justin Trudeau a répondu que le combat contre le terrorisme exige de nos services de renseignements de continuer à faire preuve de créativité, mais qu’à chaque étape, ils sont liés à des règles strictes, par des principes et des valeurs.
« Nous savons qu’il existe des questions sur des incidents sur des événements du passé, nous allons faire le nécessaire pour faire le suivi à cet égard. »— Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada
À la demande de la BBC, le Royaume-Uni a refusé de commenter les informations obtenues pour des raisons de sécurité : Notre politique de longue date est de ne pas faire de commentaires sur les questions de renseignement opérationnel ou de sécurité.
De son côté, un porte-parole du Service canadien du renseignement de sécurité a déclaré au réseau d’information anglais qu’il ne pouvait pas commenter publiquement, confirmer ou infirmer les détails des enquêtes, intérêts opérationnels, méthodologies ou activités du SCRS.
Espion pour le Canada
Toujours selon la BBC, M. Rasheed aurait rencontré des fonctionnaires canadiens en Jordanie pour leur demander l’asile politique au Canada en 2013.
Ceux-ci lui auraient plutôt fait une contre-offre : devenir informateur pour le Service canadien du renseignement de sécurité.
Parmi les données consultées par la BBC, M. Rasheed aurait eu un échange avec un combattant notoire de l’EI. J’ai besoin que vous travailliez sous mes ordres. Officiellement… Je veux que vous nous aidiez à faire venir les gens, lui aurait demandé celui-ci.
Après avoir infiltré l’EI, M. Rasheed aurait récolté des informations d’intérêt national pour le Canada, en cartographiant les lieux de résidence des combattants occidentaux de l’EI en Syrie, en identifiant les adresses IP et les emplacements des cybercafés dans le territoire contrôlé par l’EI, et en faisant des captures d’écran des conversations qu’il avait avec les combattants.
Aussi, il filmait les recrues de l’EI à leur insu, dont les trois adolescentes britanniques.
Shamima privée de citoyenneté
Shamima Begum est aujourd’hui prisonnière dans un camp de détention dans le nord-est de la Syrie, sa citoyenneté britannique lui a été retirée en 2019.
Le ministre britannique de l’Intérieur avait alors estimé que la jeune femme pouvait obtenir une autre citoyenneté que celle du Royaume-Uni.
Son cas illustre le dilemme auquel sont confrontés plusieurs gouvernements européens, entre interdire le retour de leurs ressortissants djihadistes pour des questions de sécurité, ou leur permettre de revenir pour les traduire en justice.
L’avocat de la famille Begum conteste la perte de la citoyenneté de l’adolescente, affirmant que l’adolescente ait été victime d’un réseau de traite de personnes.
Il déplore les allégations auxquelles fait face le Canada, un pays censé être un allié, qui protège notre peuple, plutôt que de trafiquer des enfants britanniques dans une zone de guerre.
Les versions diffèrent sur ce qu’il serait advenu des deux jeunes filles qui avaient traversé la frontière avec Shamima Begum. La famille de Kadiza Sultana pense que cette dernière est morte et peu d’informations circulent sur Amira Abase.
Cinq extrémistes ayant prêté allégeance à l’organisation État islamique ont été arrêtés ce 16 mars. Ils planifiaient de s’attaquer, entre autres, à des casernes militaires et à des bâtiments officiels.
Des personnalités du gouvernement marocain seraient-elles dans la ligne de mire d’extrémistes proches de Daech ? C’est ce qu’indique un communiqué du Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), qui a procédé à l’arrestation de cinq d’entre eux, ce mercredi 16 mars.
Âgés de 21 à 44 ans, ces « islamonautes » planifiaient de s’attaquer, entre autres, à de hauts fonctionnaires et à des personnalités publiques du royaume.
« Les perquisitions au domicile des personnes interpellées ont permis la saisie d’armes blanches de différentes tailles, un ensemble de manuscrits faisant l’apologie de Daech, ainsi que du matériel et des supports électroniques qui seront soumis à l’expertise technique et numérique », indique le communiqué du BCIJ.
Arnaque, crime et terrorisme
Arrêtés au cours d’opérations sécuritaires distinctes, menées simultanément dans plusieurs villes marocaines – à Kénitra, Larache, Souk Sebt Ouled Nemma, Taroudant et la commune rurale de Souihla (préfecture de Marrakech) – avec le concours des forces spéciales relevant de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), les terroristes présumés faisaient l’apologie de la liquidation physique et de la mutilation des cadavres comme prônée par l’organisation terroriste de Daech.
Les islamistes, censés agir seuls, étaient chargés de viser des cibles spécifiques, dont des « services de sécurités (…) et de hauts responsables étatiques ».
ILS PRÉVOYAIENT DE FINANCER LEURS PROJETS TERRORISTES EN BRAQUANT DES BANQUES OU EN CAMBRIOLANT DES PARTICULIERS
Selon les premiers éléments de l’enquête, les terroristes présumés avaient d’ores et déjà dressé un inventaire des produits et éléments intervenant dans la fabrication d’explosifs, et identifié des lieux, tels que des casernes militaires ou des installations gouvernementales qu’ils comptaient attaquer.
Légitimité religieuse
Des projets qu’ils prévoyaient notamment de financer en braquant des banques ou en cambriolant des particuliers, conformément au concept d’al istihlal censé offrir une légitimité religieuse à des activités en principe considérées comme illicites.
Les cinq extrémistes ont été placés en garde à vue sous la supervision du parquet chargé des dossiers de terrorisme, en vue d’élucider les projets préparés par chacun d’eux et de déterminer les ramifications éventuelles avec d’autres cellules et organisations terroristes au Maroc ou à l’étranger.
Le 2 mars, l’arrestation d’un extrémiste à Foum Zquid aux environs de Tata, pour son implication présumée dans la préparation d’un plan terroriste, avait ainsi révélé des liens avec un islamiste d’origine marocaine surnommé Abdellah Al-Beljiki, qui s’apprêtait à passer à l’action en Belgique. Des informations que la DGST a immédiatement communiqué aux autorités belges qui ont procédé à son arrestation.
Dans un communiqué diffusé jeudi 10 mars, le groupe djihadiste État islamique (EI) a confirmé le décès de son chef, Abou Ibrahim al-Qourachi, tué le 3 février 2022 lors d’une opération américaine. Il a également dévoilé le nom de son nouveau leader : Abou Hassan al-Hachemi al-Qourachi devient « l’émir des croyants et calife des musulmans », a déclaré le nouveau porte-parole du groupe dans un enregistrement audio, confirmant par ailleurs la mort de son prédécesseur. Selon cet enregistrement, l’ensemble des djihadistes de l’EI ont déjà « prêté allégeance à Abou Hassan al-Hachemi al-Qourachi ».
L’ancien chef de l’EI s’est fait exploser au cours d’une opération des forces spéciales américaines dans le nord-ouest de la Syrie, une région sous le contrôle de djihadistes, avait annoncé le président américain Joe Biden le 3 février dernier. Qourachi, originaire de Tal Afar, à 70 kilomètres à l’ouest de Mossoul en Irak, avait pris fin octobre 2019 la tête du groupe après l’élimination de son prédécesseur Abou Bakr al-Baghdadi le même mois.
Le nouveau chef de l’organisation radicale sunnite, le troisième du groupe depuis sa création, est relativement inconnu. Il prend les rênes de l’EI au moment où le groupe est affaibli par des offensives successives soutenues par les États-Unis en Irak et en Syrie, pour contrecarrer une résurgence djihadiste. Les Forces démocratiques syriennes, dominées par les Kurdes et soutenues par la coalition internationale, avaient vaincu en 2019 l’EI en Syrie en le chassant de son dernier fief de Baghouz dans la province de Deir ez-Zor (Est).
Mais l’État islamique « maintient une présence largement clandestine en Irak et en Syrie et mène une insurrection soutenue de part et d’autre de la frontière entre les deux pays », selon un rapport de l’ONU publié l’an dernier. Dans ces deux pays, l’organisation djihadiste conserverait « en tout 10 000 combattants actifs », d’après ce rapport.
Les forces françaises ont tué le chef du groupe jihadiste État islamique au Grand Sahara (EIGS), Adnan Abou Walid al-Sahraoui, un « succès majeur », a annoncé le président français Emmanuel Macron dans la nuit de mercredi à jeudi.
« Il s’agit d’un nouveau succès majeur dans le combat que nous menons contre les groupes terroristes au Sahel », a déclaré le président français sur Twitter.
Cet été, en juin et juillet, Paris avait déjà annoncé la mort ou la capture de plusieurs cadres de haut rang de l’EIGS par la force française Barkhane et ses partenaires, dans le cadre de sa stratégie de cibler les dirigeants et les cadres des organisations jihadistes. Le chef de l’EIGS « est mort à la suite d’une frappe de la force Barkhane », a tweeté de son côté la ministre française des Armées Florence Parly, en saluant également « un coup décisif contre ce groupe terroriste. Notre combat continue ».
L’EIGS, créé en 2015 par Adnan Abou Walid al-Sahraoui, ancien membre du Front Polisario, puis de la mouvance jihadiste Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), avait été désigné comme « ennemi prioritaire » au Sahel, lors du sommet de Pau (sud-ouest de la France), en janvier 2020. Il est en effet considéré comme étant à la manoeuvre de la plupart des attaques dans la région des « trois frontières », un vaste espace aux contours vagues à cheval sur le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
Cette zone constitue la cible récurrente d’attaques de deux groupes armés jihadistes : l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al Qaïda. – « Nous poursuivrons ce combat » – L’EIGS a perpétré des attaques particulièrement meurtrières, visant civils et militaires, au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Il avait pris pour cible des soldats américains dans une attaque meurtrière en octobre 2017, au cours de laquelle quatre soldats américains des Forces spéciales et quatre Nigériens avaient été tués dans une embuscade à Tongo Tongo, près du Mali, dans le sud-ouest du Niger.
Fin 2019, l’EIGS avait mené une série d’attaques d’ampleur contre des bases militaires au Mali et au Niger. Et le 9 août 2020, au Niger, le chef de l’EIGS avait personnellement ordonné l’assassinat de six travailleurs humanitaires français et de leurs guide et chauffeur nigériens. Cette attaque contre des jeunes engagés dans l’humanitaire avait suscité une vive émotion en France et au Niger, classé ensuite en zone rouge, soit « formellement déconseillée », à l’exception de la capitale Niamey, par le ministère français des Affaires étrangères.
Après plus de huit ans d’engagement important, Emmanuel Macron a annoncé en juin une réduction de la présence militaire française au Sahel et la fin de l’opération antijihadiste Barkhane au profit d’un dispositif resserré, recentré sur les opérations de contre-terrorisme et l’accompagnement au combat des armées locales, autour d’une alliance internationale associant des Européens. « La Nation pense ce soir à tous ses héros morts pour la France au Sahel dans les opérations Serval et Barkhane, aux familles endeuillées, à tous ses blessés. Leur sacrifice n’est pas vain. Avec nos partenaires africains, européens et américains, nous poursuivrons ce combat », a ajouté Emmanuel Macron dans un autre tweet.
Shamima Begum, qui avait rejoint adolescente le groupe djihadiste Etat islamique en Syrie à partir du Royaume-Uni et a été déchue de sa nationalité britannique, est une victime de la traite d’être humains, ont plaidé ses avocats lors d’une audience à Londres.
Alors âgée de 15 ans, Shamima Begum avait quitté en 2015 avec deux amies le Royaume-Uni, où elle est née et a grandi, pour la Syrie. Sur place, elle a épousé un djihadiste de l’organisation Etat islamique d’origine néerlandaise, de huit ans son aîné. Détenue par une milice kurde dans le camp de Roj, dans le nord de la Syrie, elle veut revenir dans son pays pour demander à récupérer sa nationalité britannique. Elle en avait été déchue en 2019 pour des raisons de sécurité nationale, un cas devenu emblématique de la situation des «revenants». Mais en février, la Cour suprême britannique a refusé son retour.
Les avocats de la jeune femme âgée aujourd’hui de 21 ans ont déclaré vendredi à un tribunal spécialisé, la Commission spéciale des recours en matière d’immigration (SIAC) que le ministère de l’Intérieur avait l’obligation légale de déterminer si elle avait été victime de trafic d’être humains. «L’unité antiterroriste avait des soupçons de coercition et de contrôle» à l’époque où Shamima Begum a quitté le Royaume-Uni, a déclaré son avocate, Samantha Knights.
Des conditions de détention «catastrophiques»
Les avocats de Shamima Begum ont souligné que le ministère de l’Intérieur n’avait pas examiné si elle était «une enfant qui a été victime de la traite et qui est restée en Syrie à des fins d’exploitation sexuelle et de mariage forcé». La défense du ministère a relevé que, dans ses interviews, Shamima Begum n’avait jamais déclaré avoir «été victime de traite». Shamima Begum souhaite également contester la déchéance de sa citoyenneté britannique au motif qu’elle l’a rendue «apatride de facto» et que la décision était inéquitable sur le plan procédural.
Son avocate, Samantha Knights a qualifié de «catastrophiques» ses conditions de détention dans le camp de Roj et demandé à la SIAC d’examiner de nouveaux motifs d’appel de sa déchéance de nationalité.
En avril, l’ONG de défense des droits Reprieve avait estimé que près des deux tiers des femmes et enfants britanniques détenus dans des camps dans le Nord-Est de la Syrie étaient des victimes de la traite d’êtres humains, et avait dénoncé leur «abandon» par Londres. L’ONG estimait qu’il restait 25 adultes et 34 enfants britanniques dans la région.
Paris annonce la capture de Dadi Ould Chouaïb, plus connu sous le nom d’Abou Dardar. Ce cadre de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) faisait partie de l’échange de prisonniers qui a permis la libération de Soumaïla Cissé et Sophie Pétronin.
Dadi Ould Chouaïb, dit Abou Dardar, a été capturé le 11 juin à l’occasion d’un raid mené conjointement par les forces armées nigériennes et françaises. Trois autres jihadistes ont été interpellés dans cette même localité d’In Arabane, au sud de Ménaka et à proximité de la frontière avec le Niger, dans la zone dite des « Trois frontières ».
« Un homme à moto et au comportement suspect a été repéré par un hélicoptère, précise l’état-major des armées à Jeune Afrique. Une action de combat a immédiatement été menée et a permis d’interpeller l’individu qui possédait une arme automatique, une lunette de vision nocturne, un gilet de combat, un téléphone et une radio. L’intéressé s’est rendu sans résister. »
Juge islamique
Originaire d’In Arabane, Abou Dardar est « un commandant de second rang de l’EIGS [l’État islamique au Grand Sahara], moins connu que certains cadres comme Abou Walid, mais très important au niveau local », précise Héni Nsaibia, chercheur au sein de l’Armed Conflict Location and Event Data Project (Acled). « Il a apporté beaucoup de ressources humaines au sein de l’organisation et dispose d’un important réseau. Beaucoup de membres de sa tribu sont entrés dans les rangs de l’EIGS », poursuit-il.
Depuis sa libération, le jihadiste occupait au sein de l’organisation terroriste le rôle de cadis (« juge islamique »), précise Héni Nsaibia. « Il est suspecté d’avoir mutilé trois hommes le 2 mai dernier lors du marché hebdomadaire de Tin Hama », ajoute un porte-parole de l’armée française.
Deux hommes d’expérience
Si seule l’arrestation d’Abou Dardar a été officiellement confirmée, un autre cadre de la nébuleuse jihadiste aurait été arrêté lui aussi lors de l’opération selon plusieurs sources. Il s’agit d’Issa al-Sahraoui. Bien que l’on ait peu d’informations sur son rôle opérationnel, cet ancien membre du noyau dur du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), « parfois désigné comme un messager au sein de l’organisation, est très proche du numéro 1 de l’EIGS, Adnane Abou Walid al-Sahraoui », précise le chercheur de l’Acled.
Leur arrestation porte un coup à l’organisation terroriste EIGS, qui perd « des hommes d’expérience et de réseaux », conclut le chercheur. Au cours de l’opération, un soldat nigérien a été tué et deux soldats français blessés, leur pronostic vital n’est pas engagé.
Depuis le 24 mars, les terroristes du groupe Al-Shabab mènent une vaste offensive contre la ville de Palma, dans le Cabo Delgado. L’État islamique a revendiqué l’attaque et des milliers de personnes cherchent toujours à fuir la zone.
Mercredi 24 mars. Il est environ 15h30 quand la cheffe d’une entreprise de construction reçoit un appel téléphonique de ses employés. « Ils m’ont dit qu’ils venaient de quitter les bureaux, qu’il y avait une attaque », raconte-t-elle. Ce jour-là, elle-même est en déplacement à Pemba, la capitale régionale de la province du Cabo Delgado située à 400 km au sud de Palma. « Ils ne savaient pas où aller, certains étaient très paniqués. » Une heure plus tard, les télécommunications sont coupées. « Depuis, nous n’avons plus de nouvelles », soupire-t-elle, préoccupée par le sort de ses 120 employés.
Jeudi 25 mars. Pris au piège dans un hôtel avec 180 clients, un homme se filme à l’aide de son téléphone pour faire le point sur la situation au deuxième jour de l’assaut. « Ils ont commencé les attaques vers 9 heures du matin, armés de katanas, ils s’en sont pris à différentes personnes. Des attaques à l’arme à feu ont commencé à partir de 15 heures. Cela fait 24 heures que l’on est reclus dans cet hôtel. On ne sait pas comment on va sortir d’ici », relate-t-il. En fond sonore, le bruit des hélicoptères qui patrouillent au-dessus de l’hôtel.
Opération d’exfiltration
Quelques opérations de sauvetage vont pouvoir être réalisées grâce aux appareils de l’entreprise paramilitaire sud-africaine D.A.G. Sous contrat avec le gouvernement mozambicain, ses mercenaires couvrent la région depuis un an. Une vingtaine de personnes sont ainsi évacuées de l’hôtel Amarula, sur la pelouse duquel elles avaient écrit les lettres SOS. Mais la capacité en sièges et en carburant des hélicoptères est limitée. Beaucoup doivent être laissés sur place.
Vendredi 26 mars. Au troisième jour de l’assaut, une opération d’exfiltration est tentée par la route. En quittant l’Amarula, la colonne de 17 camions est attaquée par les insurgés. Sept civils sont tués, selon le porte-parole de l’armée mozambicaine. Un Britannique et un Sud-Africain font partie des victimes confirmées.
Ce dernier conduisait l’un des camions de ce convoi désespéré. Son père et son frère étaient à bord. Après avoir essuyé des tirs, ces derniers ont abandonné le camion et se sont cachés dans la végétation. Les deux miraculés ont veillé le corps de leur fils et frère une nuit entière, dissimulés dans la nature, avant d’être secourus.
En envahissant la ville, les terroristes ont également tué au moins une douzaine de personnes d’après l’armée mozambicaine, mais les liaisons téléphoniques n’ayant toujours pas été rétablies, il est difficile d’établir un bilan précis. Sans doute sera-t-il bien plus lourd.
Cible d’attaques jihadistes depuis 2017
Le groupe Al-Shabab (« les jeunes », en arabe, différent du groupe homonyme qui sévit en Somalie) mène des attaques depuis 2017 dans le Cabo Delgado. Cette province pauvre à majorité musulmane se situe à l’extrême-nord du Mozambique, près de la frontière avec la Tanzanie.
« [Beaucoup sont] des jeunes frustrés, y compris des petits commerçants et des pêcheurs pauvres, qui ont commencé à construire leurs propres mosquées dans la province de Cabo Delgado et à défier les chefs religieux qu’ils considéraient comme trop proches du pouvoir », explique International Crisis Group dans une étude qui leur est consacrée.
LE GROUPE AL-SHABAB AFFIRME AVOIR TUÉ 55 PERSONNES, DONT DES SOLDATS MOZAMBICAINS, DES CHRÉTIENS ET DES OCCIDENTAUX.
Ils s’en prennent volontiers aux bâtiments publics et aux symboles de l’État, mais n’oublient pas de piller les banques. Le groupe Al-Shabab a fait allégeance au groupe État islamique, qui a revendiqué l’attaque de Palma, le 29 mars, et affirmé avoir tué 55 personnes, dont des soldats mozambicains, des Chrétiens et des Occidentaux.
De nombreux étrangers sont présents dans la zone. Ils travaillent notamment pour les entreprises qui opèrent sur l’immense site gazier sécurisé d’Afungi, à 20 km au sud de Palma. Le français Total y développe un projet de 20 milliards de dollars pour extraire du gaz naturel liquéfié.
Le groupe avait mis ses activités en pause depuis le mois de décembre en raison de la menace terroriste. Coïncidence malheureuse, il venait d’annoncer son retour, le 24 mars, le jour de l’attaque terroriste. Depuis l’assaut, Total a fait machine arrière et réduit au strict minimum le personnel sur place. Des milliers d’employés ont été renvoyés par bateaux vers la ville de Pemba.
ENTRE 6 000 ET 10 000 PERSONNES ATTENDENT TOUJOURS D’ÊTRE ÉVACUÉES
La majorité des évacuations en cours se fait par la mer. D’après des données GPS, des bateaux de toutes tailles et de tous types ont été déroutés vers Palma pour secourir les habitants réfugiés sur la plage. La presse a comparé ces mouvements à l’opération Dynamo qui a permis l’évacuation de Dunkerque dans le nord de la France pendant la seconde guerre mondiale.
« Des pétroliers, des ferrys, des remorqueurs et des bateaux de plaisance ont secouru des gens à leurs propres risques », a commenté l’internaute qui a mis ces manœuvres en évidence. Entre 6 000 et 10 000 personnes attendent toujours d’être évacuées selon des agences d’aide internationales.
« Un gouvernement incapable de contrôler l’insurrection »
L’armée est de retour à Palma et fait face à des poches de résistances. Pourra-t-elle libérer cette ville de 75 000 habitants ? En août 2020, les forces de sécurité mozambicaines ont été contraintes d’abandonner la localité portuaire de Mocímboa da Praia, à 80 km au sud de Palma. Aujourd’hui, celle-ci serait encore en partie contrôlée par les terroristes. C’est d’ailleurs une photo prise dans les environs de Mocímboa da Praia qui illustre la revendication du groupe État islamique.
UNE ATTAQUE PAREILLE NÉCESSITE DEUX À TROIS MOIS DE PRÉPARATION
L’invasion de Palma et son évidente préparation ont de quoi inquiéter. « La plupart des Sud-Africains qui travaillent ici ont fait l’armée, raconte un témoin qui a pu échanger avec des rescapés. Selon eux, une attaque pareille nécessite deux à trois mois de préparation. Les terroristes étaient très bien armés, ils avaient beaucoup de munitions et des armes lourdes. »
Les défaites de l’armée mozambicaine ont nourri l’arsenal des terroristes. Historicoblog, spécialiste français des mouvements djihadistes, a répertorié les armes récupérées sur les forces armées nationales. Ses tableaux racontent autant les déroutes des soldats mozambicains que la montée en puissance du groupe Al-Shabab.
« Ce qu’il faut retenir de cette attaque, c’est la destruction des infrastructures, la sophistication de l’attaque et sa brutalité », résume Jasmine Opperman, analyste pour l’ONG. Mais cette spécialiste du conflit dans le Cabo Delgado veut aussi attirer l’attention sur la faillite de l’État mozambicain et sur « la mise à nue d’un gouvernement incapable de contrôler l’insurrection » : « Pour combien de temps encore, la communauté internationale va-t-elle rester sans rien dire et accepter la petite histoire qui veut que le Mozambique ne peut pas protéger sa propre souveraineté ? »