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Après les mines, la RDC veut faire le ménage dans ses forêts

novembre 2, 2021
Les forêts du bassin du Congo constituent la deuxième plus vaste forêt tropicale de la planète après l’Amazonie. © Jens GROSSMANN/LAIF-REA

En pleine conférence mondiale sur le climat, Kinshasa durcit le ton contre la déforestation, annonçant interdire l’exportation de grumes. Une volonté de reprendre la main sur ses forêts après avoir lancé un même processus dans le secteur minier.

L’annonce est intervenue quelques jours avant l’ouverture de la COP26, la conférence mondiale sur le climat, ce week-end et ce n’est sans doute pas un hasard. Eve Bazaïba, la ministre de l’Environnement de la RDC a annoncé, le 28 octobre, l’interdiction prochaine de toutes les exportations de grumes (pièce spécifique de bois) dans le pays.

Outre cette annonce forte, la ministre a promis d’autres mesures visant à limiter la déforestation et à préserver les espèces vivant dans la forêt du bassin du Congo, la deuxième forêt fluviale la plus grande à l’échelle de la planète, juste derrière l’Amazonie.

« Cela permettra de laisser du temps à la nature pour se restaurer, notamment par le biais d’un programme de reboisement que nous avons organisé avec tous nos partenaires techniques, financiers et de développement », a déclaré la ministre.

Ressource précieuse

Cette prise de position intervient dans le contexte de la tenue depuis le début de la semaine de la COP26 à Glasgow en Écosse, évènement durant lequel plus de 100 pays, dont la RDC, se sont engagés à mettre fin à la déforestation – phénomène responsable d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre – à l’horizon 2030.

Alors qu’un collectif de ministres de l’Environnement et de chercheurs réclame une enveloppe de 150 millions de dollars à destination du bassin du Congo, l’engagement de la centaine de pays prévoit  lamobilisation de plus de 19 milliards de dollars de fonds publics et privés sur plusieurs années afin de financer des programmes de protection des forêts.

En RDC, une nouvelle entité, la Direction de reboisement et horticulture (DRHo), a pour mission depuis 2020 de reconstituer le capital forestier du pays. Selon son plan d’action, un milliard d’arbres devraient être plantés à l’horizon 2023 et 1 800 hectares de projets agroforestiers divers sont planifiés.

Chaque année, le pays exporte en moyenne 120 000 m3 de bois, ressource précieuse pour l’économie nationale. En 2016, selon l’Agence française de développement, la RDC en a produit 200 000 m3.

production annuelle de grumes
production annuelle de grumes © Production annuelle de grumes en RDC. Source : AFD 2017

Pratiques illégales

Selon une étude réalisée par l’École régionale postuniversitaire d’aménagement et de gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux (ERAIFT),  les acteurs du secteur sont, pour moitié, de grandes entreprises (Sodefor, Maniema Union, Forabola et Booming Green) et, pour l’autre moitié, des moyennes et petites entreprises (CFT, IFCO, Somifor et Établissement Kitenge-Lola).

Classement des entreprises basé sur la proportionnalité des surfaces forestières exploitées
Classement des entreprises basé sur la proportionnalité des surfaces forestières exploitées © Classement des entreprises basé sur la proportionnalité des surfaces forestières exploitées. Source : Ecole Régionale Postuniversitaire d’Aménagement et de gestion Intégrés des Forêts et territoires Tropicaux (ERAIFT)

L’activité est marquée par des pratiques abusives, pointe la Coalition nationale contre l’exploitation illégale du bois (CNCEIB), dont l’exploitation en dehors des zones autorisées avec dépassement des volumes permis, le marquage frauduleux du bois, le non-paiement des redevances ou encore le non respect des règles de l’exploitation forestière durable.

NOUS NE VOULONS PLUS DE CONTRATS AVEC DES PARTENAIRES QUI SONT VENUS COUPER SAUVAGEMENT NOS FORÊTS

« Du bois à haut risque d’illégalité d’une valeur d’au moins 21 millions de dollars US a été expédié vers les marchés internationaux depuis la RDC en 2014-2015», notait ainsi un rapport publié par le gouvernement français en 2015. Ainsi, selon ce même rapport, la majeure partie du bois récolté de manière industrielle en RDC et commercialisé à travers le monde était considéré comme « risquant fort d’être illégale ».

Audit de tous les contrats

En 2018, les plus grands acheteurs en valeur de bois du Congo étaient le Vietnam, l’Union européenne (via l’Association européenne de libre-échange), et la Chine, selon Forest Trends, un groupe de conservation basé aux États-Unis.

Face à ce constat, le président congolais Félix Tshisekedi a ordonné, au début d’octobre, un audit de tous les contrats d’exploitation forestière en vigueur. « Nous ne voulons plus de contrats avec des partenaires qui sont venus couper sauvagement nos forêts, nous allons mettre fin ce type de contrats », a renchéri  la ministre Bazaiba.

La date d’entrée en vigueur de l’interdiction annoncée n’a toutefois pas été précisée. En outre, ce n’est pas la première fois qu’un ministre congolais de l’Environnement fait ce type de déclaration.

Progrès trop lents

Le 19 mars 2020, le ministre de l’Environnement et du Développement durable de l’époque, Claude Nyamugabo Bazibuhe, avait déjà lancé à Kinshasa une campagne pour lutter contre la déforestation. Le ministre avait décidé de saisir toutes les grumes illégales et d’interdire les activités de scierie dans les ports, promettant de mettre en place une véritable traçabilité dans la filière.

LA RDC EST LE DEUXIÈME FRONT DE DÉFORESTATION DANS LE MONDE

Les progrès demeurent cependant modestes. Sur le plan juridique, par exemple, la seule mesure forte à avoir été adoptée remonte à près de vingt ans : 2002 avait vu l’instauration d’un moratoire sur l’attribution de nouvelles concessions forestières.

Pour rappel, les nombreuses variétés végétales qui peuplent la forêt du bassin du Congo absorbent chaque année environ 4 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone de l’atmosphère, selon l’Initiative pour la forêt d’Afrique centrale. Cette mosaïque de forêts dont 60 % se trouvent au Congo, traversent cinq autres pays du continent : la République du Congo, la République centrafricaine, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Cameroun. Abritant 10 000 espèces de plantes tropicales, dont 30 % uniques à la région, la forêt constitue un rempart majeur contre le réchauffement climatique.

300 000 personnes dans le secteur

Or, dans son rapport de 2019, Global Forest Watch indique que la RDC est le deuxième front de déforestation dans le monde. « En quinze ans, le pays a perdu 6 % de son couvert forestier », pointe le rapport. Selon les chiffres de l’ONU, le déboisement y a doublé au cours de la dernière décennie, notamment à cause de « la forte demande en bois de chauffage et en charbon de bois, des plantations d’huile de palme et autres exploitations agricoles commerciales ».

D’après les dernières estimations du Centre de recherche forestière internationale (Cifor) et du Fonds forestier national (FFN), le bois est la principale source d’énergie pour 90 % de la population urbaine de la RDC. Pour parvenir à répondre à ce besoin, le gouvernement préconise la butanisation (utilisation domestique du gaz).

En tout, environ 5,8 millions de m3 de bois sont vendus à Kinshasa et à Kisangani. En moyenne, 300 000 personnes sont impliquées dans ce secteur.

Avec Jeune Afrique par Yara Rizki

Madagascar: L’île verte, peut-on espérer ?

septembre 17, 2021

Madagascar, l’île rouge veut reprendre son ancienne couleur verte. Un objectif très dur à atteindre si on ne change pas certains comportements de tous ceux qui habitent à Madagascar.

L’Etat fait de son mieux pour sensibiliser les citoyens à procéder au reboisement. Il a un objectif de 60000 hectares à cultiver. Ceci dans le but de redonner cette couleur verte à notre île bien-aimée. L’Etat va entreprendre des luttes contre les feux de brousse après les plaintes des différents acteurs environnementaux à propos des feux de brousse dans diverses régions protégées ou non, comme ce qui vient de se passer à Ankarafantsika.

Madagascar est devenu l’île rouge car les forêts qui le décoraient auparavant sont exploitées naïvement et brûlées. Les feux de brousse est un facteur qui détruit massivement et continuellement les forêts. De plus, ceux qui exploitent les forêts ne pensent pas à reboiser, mais continuent à détruire les arbres, en plus ce sont des arbres qui ne grandissent qu’après des années. Sans parler des exportations illicites de bois précieuses qui nuisent au développement environnemental, économique et donc social. La destruction de l’environnement affecte la vie de toute la Nation.

De plus, il y a les grandes sociétés qui produisent des effets chimiques et qui contribuent à la pollution de l’air, ce qui engendre des sècheresses car elles empêchent les pluies de tomber, ainsi il est impossible que les plantes puissent évoluer. Reboiser est une belle initiative mais ce n’est pas suffisant pour atteindre l’objectif. Il faudra des suivis, ce sont ce qui manquait dans tous ceux qui font des reboisements auparavant car reboiser est devenu une simple habitude. Les différents départements ministériels ou les entreprises ont l’habitude d’organiser des reboisements, mais ils se contentent tout simplement de planter quelques pieds par personne et rares sont ceux qui suivent vraiment l’évolution de leurs arbres.

D’un autre côté, il faut beaucoup plus de sensibilisation dans la société en général afin que chacun prenne conscience de l’importance des arbres dans la vie quotidienne et qu’il faut en planter. Il faudra aussi que l’Etat pourchasse ceux qui font des gestes qui nuisent au développement environnemental. Ce qui est bien, c’est de créer des pépinières. Il faut que chacun de son côté prenne sa responsabilité et ce qui lui correspond afin que l’on puisse accomplir le rêve vert.

Avec La Gazette de la Grande Ile par Riri

Bassin du Congo : restaurer 35 millions d’hectares de forêts en dix ans

juin 11, 2021

Le deuxième poumon écologique de la planète s’est engagé, dans le cadre de la Décennie des Nations unies, à rétablir ses paysages forestiers susceptibles de produire de gigatonnes de CO2.

Beau paysage du Bassin du Congo/DR

Le challenge est lancé par sept pays de la sous-région, dont la République du Congo assure la présidence de l’institution Fonds bleu pour le Bassin du Congo. La promesse de reconstituer 35 millions ha de forêts représente, d’après une étude onusienne, 24% des engagements mondiaux et 28% des engagements des pays africains.

La mise en œuvre de cet engagement correspond à des bénéfices potentiels, car les investissements dans la restauration des forêts du Bassin du Congo, s’ils sont réalisés, pourraient se traduire par 11 milliards de dollars (5,9 mille milliards FCFA) en bénéfices économiques et à 3,37 gigatonnes de CO2 en bénéfices climatiques. Les experts expliquent que pour chaque investissement dans la restauration des forêts dégradées, les pays de la sous-région peuvent gagner en contrepartie de 7 à 30 fois plus de bénéfices économiques.

Les investissements dans les solutions fondées sur la nature peuvent être utiles ; puisqu’ils créent généralement des emplois peu qualifiés et à mise en œuvre rapide – en moyenne, entre 7 et 40 emplois par million de dollars investi. Mais si le Bassin du Congo investit réellement dans le challenge de Bonn, l’Afrique centrale gagnera plus d’avantages comparatifs majeurs pour la régulation climatique, presque le double des investissements du Fonds vert climat.

À ce jour, le Fonds vert pour le climat a engagé 8,4 milliards de dollars US de financement pour un avantage climatique : 1,8 milliard de tonnes anticipées d’équivalent CO2 évitées. La sous-région est appelée à renforcer sa participation dans le cadre du prochain Global Landscape Forum, – un forum multipartite dédié à la promotion de l’approche paysagère- qui va se focaliser particulièrement sur l’Afrique.

« Revenir, Stopper et inverser la dégradation des écosystèmes dans le monde entier », c’est le principal thème de la Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes lancée le 5 juin dernier en marge de la Journée mondiale de l’environnement. Ce challenge se présente comme un cri de ralliement mondial pour guérir la planète.

Il faut savoir que dans le cadre du Défi de Bonn ou « Bonn Challenge », l’Afrique a pris l’engagement de restaurer 100 millions d’hectares de terres d’ici à 2030.

Avec Adiac-Congo par Fiacre Kombo

Incendies: plus de 20 morts en Grèce, l’Europe du nord suffoque

juillet 23, 2018

Des Grecs observent un feu de forêt à Rafina dans la banlieue d’Athènes, en Grèce, le 23 juillet 2018 / © AFP / ANGELOS TZORTZINIS

Au sud de l’Europe, les violents incendies qui ont ravagé lundi les alentours d’Athènes ont fait plus de 20 morts et plus d’une centaine de blessés, selon un bilan encore provisoire, annoncé dans la nuit par le gouvernement grec.

Au nord du continent, les pays nordiques et baltes, d’Oslo à Riga, sont écrasés depuis plusieurs semaines par la chaleur et la sécheresse qui embrasent forêts et tourbières, brûlent les pâtures, vident les nappes phréatiques et font même baisser le niveau des grands lacs.

En Grèce, la plupart des victimes ont été piégées dans les environs de la localité balnéaire de Mati, à 40 kms au nord-est d’Athènes, « à leur domicile ou dans leurs voitures », a indiqué le porte-parole du gouvernement grec, Dimitris Tzanakopoulos, dans un message télévisé.

Onze des blessés sont dans un état grave, tandis que 16 sont des enfants, a-t-il précisé.

« Avec l’avancée des secours, nous risquons de découvrir de nouvelles victimes, la nuit va être longue », s’était auparavant inquiété un responsable des pompiers.

Peu avant minuit, un photographe de l’AFP a notamment découvert d’abord trois puis un quatrième corps, tous carbonisés, sous une voiture et une moto à Mati, tout près du port.

Neuf patrouilleurs côtiers, deux bâtiments militaires et des dizaines de bateaux privés assistés d’hélicoptères de l’armée étaient mobilisés pour évacuer sur le port de Rafina, proche de Mati, les résidents et touristes ayant fui les flammes sur les plages et en mer, a-t-il précisé.

Un corps gise sous une voiture lors des incendies à Mati, près d’Athènes, le 23 juillet 2018 / © AFP / ANGELOS TZORTZINIS

Les rescapés étaient transférés vers des hôtels et des camps militaires, tandis que de nombreux proches inquiets affluaient à Rafina.

Au vu de la situation, la présidence de la République a annulé la réception annuelle prévue mardi pour commémorer le rétablissement de la démocratie en Grèce en juillet 1974.

– Renforts européens –

M. Tzanakopoulos a aussi annoncé que l’Espagne allait envoyer des avions, et Chypre une équipe de 60 pompiers. La Grèce a activé le mécanisme européen de protection civile pour obtenir de l’aide de ses partenaires.

« L’heure est à la lutte contre les flammes », avait auparavant déclaré le Premier ministre, Alexis Tsipras.

Selon lui, « plus de 600 » pompiers ont été déployés sur les trois fronts partis dans la journée, attisés par des vents soufflant jusqu’à plus de 100 km/h, et dont deux continuaient de progresser dans la nuit autour de Mati et à quelques 55 km à l’ouest de la capitale, près de la localité de Kinetta, en bordure de l’autoroute conduisant au canal de Corinthe.

Une maison brûle lors des incendies à Mati, près d’Athènes, le 23 juillet 2018 / © AFP / ANGELOS TZORTZINIS

La nuit a interrompu les opérations aériennes, menées plus tôt par huit avions et neuf hélicoptères

« Si je n’étais pas partie, j’aurais brûlé » a témoigné Maria, une retraitée de 67 ans résidant à Mati. Jointe au téléphone par l’AFP, elle a précisé avoir du abandonner ses deux chiens pour fuir à temps.

– L’Europe du nord suffoque –

Les incendies ont pris alors qu’une vague de chaleur s’abattait sur le pays, avec des températures grimpant jusqu’à 40 degrés Celsius. Selon les services météo, les conditions doivent rester difficiles mardi.

Les incendies de forêt et de maquis sont récurrents en Grèce l’été. Les derniers feux les plus dévastateurs avaient tué en 2007 dans le Péloponnèse et sur l’île d’Evia 77 personnes, ravageant 250.000 hectares de forêts, maquis et cultures.

Des flammes s’élèvent lors d’un incendie à Rafina, près d’Athènes, le 23 juillet 2018 / © AFP / ANGELOS TZORTZINIS

La sécheresse et la chaleur affectent également toute l’Europe du Nord.

En Finlande, la province septentrionale de Laponie est particulièrement touchée avec des feux de forêt et d’herbe persistants et la propagation à sa frontière orientale d’incendies partis de Russie.

La Norvège connaît aussi des températures très élevées avec le mois de mai le plus chaud de son histoire et des températures au-dessus de la normale saisonnière en juin, souvent supérieures à 30°C.

La Suède, qui par endroits n’a quasiment pas enregistré de précipitations en près de trois mois et connaît le mois de juillet le plus chaud depuis au moins deux siècles et demi, a dû faire appel à la solidarité européenne pour lutter contre le feu.

Pas moins de 25.000 hectares sont déjà partis en fumée ou continuent de se consumer, soit deux fois la superficie de la ville de Paris.

Romandie.com avec(©AFP / 24 juillet 2018 04h10)

Un drone filme le pillage pour la Chine des dernières forêts du Sénégal

Mai 26, 2016

Photo tirée de la vidéo réalisée par un drone et qui révèle l’un des lieux de stockage du trafic illégal du bois de vène entre le Sénégal et la Gambie.

Photo tirée de la vidéo réalisée par un drone et qui révèle l’un des lieux de stockage du trafic illégal du bois de vène entre le Sénégal et la Gambie. Crédits : DR
Les drones ne servent pas qu’à faire la guerre ou à amuser les enfants. Ils peuvent aussi devenir des armes pour lutter contre le pillage des ressources naturelles. L’ancien ministre de l’environnement sénégalais, Haïdar El-Ali a rendu publiques, jeudi 26 mai à Dakar, des images montrant l’un des centres névralgiques du trafic de bois de vène (pterocarpus erinaceus) entre la Casamance et la Gambie. Il s’agit d’un bois précieux utilisé en Chine pour la fabrication de meubles de luxe destinés aux nouvelles élites.

A 50 mètres d’altitude, l’appareil positionné au-dessus du marché de Saré-Bodjo, un village situé à un kilomètre de la frontière sénégalaise, filme des milliers de troncs alignés prêts à être chargés dans des camions de gros tonnages. On voit plusieurs véhicules qui ont déjà fait le plein et des hommes qui s’activent à sangler les dernières grumes avant de tirer une grande bâche pour dissimuler la cargaison jusqu’à Banjul, la capitale, où elle sera revendue à des opérateurs chinois.

« Installer le désert »

Ces troncs proviennent d’arbres illégalement coupés dans le département du Medina Yoro-Foula, en Casamance, du côté sénégalais de la frontière, comme le montrent aussi ces images en suivant les charrettes chargées de bois. Tirées par des chevaux ou des ânes, elles font la navette pour approvisionner le marché de Saré-Bodjo.

Dans le Code forestier sénégalais, le bois de vène est une espèce protégée et interdite d’exportation depuis 1998. Par ailleurs, la Gambie, qui n’a presque plus de forêts, n’a autorisé qu’une seule entreprise à exporter du bois, Westwood, directement rattachée au chef de l’Etat, Yayah Jammeh. Elle est le passage obligé pour écouler le bois frauduleusement prélevé en Casamance vers la Chine.

« Les Chinois installés en Gambie pillent et souillent notre pays en installant tranquillement le désert », Haidar el Ali, ex-ministre de l’environnement du Sénégal

La frontière, à cet endroit, n’est qu’une ligne immatérielle au milieu d’une savane clairsemée. Haïdar El-Ali a lancé son drone à quelques mètres de là, côté sénégalais. Au retour de l’appareil, après le survol du marché, il dénonce, face caméra, l’inaction du gouvernement sénégalais et la complicité du régime gambien sur un trafic qui a commencé en 2010 pour prendre une ampleur croissante. « Le gouvernement ne met pas les moyens pour surveiller le Medina Yoro-Foula. Les Chinois installés en Gambie pillent et souillent notre pays en installant tranquillement le désert », déclare l’ancien ministre et écologiste engagé. Outre Saré-Bodjo, Haïdar El-Ali a identifié quatre autres lieux de stockage le long de la frontière.

Le film, tourné début mars et diffusé jeudi, a été adressé au président sénégalais Macky Sall il y a quelques semaines. « Des militaires ont été envoyés en inspection, mais cela ne suffit pas. Ils viennent et ils repartent. Il faut installer une unité mobile d’hommes déterminés à ce que cela cesse. Pas des agents corrompus qui prennent leur part du trafic », exige l’ancien ministre de l’environnement.

Lire aussi : La Chine fait main basse sur les forêts africaines

Mi-2015, l’Etat avait annoncé le recrutement de 400 agents supplémentaires pour faire face au trafic de bois en Casamance, où subsistent les dernières étendues forestières du pays. Dans un contexte très tendu entre les deux pays, marqué par l’arrestation en avril de trois agents sénégalais en Gambie, le film de Haïdar El-Ali va raviver la polémique.

Le trafic du bois de vène est présent dans toute l’Afrique de l’Ouest, qui est devenue une source d’approvisionnement majeure pour les trafiquants chinois après avoir largement prélevé d’autres bois rouges dans les forêts d’Asie. En 2015, plus de la moitié des bois rouges importés par la Chine provenaient d’Afrique, selon les statistiques des douanes chinoises. Dont les trois quarts d’Afrique de l’Ouest. La Gambie, malgré son absence de forêts, arrivait en deuxième position, juste derrière le Nigeria.

La Chine fait main basse sur les forêts africaines

mars 28, 2016

Abattage d'un arbre dans la concession La Compagnie équatoriale des bois, à 500 km à l'est de Libreville, au Gabon, en juillet 2006.

Abattage d’un arbre dans la concession La Compagnie équatoriale des bois, à 500 km à l’est de Libreville, au Gabon, en juillet 2006. Crédits : MAX HURDEBOURCQ / AFP
La voracité chinoise à l’égard des matières premières africaines n’a pas de limite : les minerais, le pétrole, la faune et la flore sont exploités de façon intensive. C’est le cas également du bois, dont 75 % de la production part pour la Chine, ce qui en fait la troisième matière première la plus importée par l’empire du Milieu.

Selon l’ONG Greenpeace, qui vient de publier une enquête à ce sujet, une grande partie des forêts est exploitée illégalement. Le bois est exporté brut vers la Chine où il est transformé avant d’être réexporté essentiellement vers l’Europe. Le tout dans des conditions souvent opaques. Le Cameroun, le Gabon, la République du Congo et le Mozambique sont en première ligne.

Lire aussi : La RDC, paradis du commerce illégal du bois ?

Greenpeace s’est ainsi penchée en particulier sur le bois en provenance du Cameroun et du Congo. Avec plus de 250 millions d’hectares, le bassin du Congo abrite la deuxième plus grande forêt de la planète. Elle fait vivre plus de 75 millions de personnes qui en dépendent pour leur subsistance, tout comme des espèces animales menacées comme les gorilles et les chimpanzés.

Un chiffre d’affaires de 6 milliards de dollars

L’enquête de l’ONG se concentre essentiellement sur la société camerounaise CCT (Compagnie de commerce et de transport) qui est le plus grand exportateur de grumes du pays. L’ONG a remonté la filière des forêts camerounaises au port chinois de Zhangjiagang (à l’est de la Chine), où les importateurs profitent d’une législation particulièrement laxiste. Cette zone de libre-échange construite en 1992 se trouve à une heure trente à peine de Shanghai.

Sur les quelque trois cents entreprises identifiées qui importent du bois d’Afrique, une trentaine concentre 80 % des volumes transportés. Parmi elles, Jiu Li Timber Industry, World Wood Trade, Allwin ou Huilong Goup… Il s’agit essentiellement d’entreprises de quatre provinces du Sud-Est : le Guangdong, le Zhejiang, Shanghai et le Jiangsu où se trouve le port de Zhangjiagang. C’est là, sur les rives du Yangtze, que se concentre l’essentiel de l’industrie chinoise du bois. Au total, le chiffre d’affaires de ces industriels du bois s’élève à 6 milliards des dollars.

Lire aussi : Le Gabon, partagé entre protéger et exploiter sa forêt

Mais le principal scandale de cette exploitation illégale est le commerce d’essences précieuses et protégées, comme le bois de rose en provenance de Madagascar. Un bois plutôt utilisé dans la fabrication de meubles pour une clientèle aisée. Dans le bassin du Congo existe plus de 10 000 espèces de bois tropicaux dont un tiers est endémique à cette région.

Entre 2000 et 2013, près de neuf millions d’hectares de forêts ont disparu. Une catastrophe pour la biodiversité. Au Gabon par exemple, l’exploitation illégale de Kevazingo, un bois précieux, est particulièrement réprimée. L’an dernier, vingt-six personnes, dont cinq Chinois, ont été arrêtées près de Makokou, dans le nord-est du Gabon, dans le cadre de la lutte contre l’exploitation illégale. Le Gabon est l’un des principaux exportateurs de cette essence rare d’Afrique centrale avec près de 18 000 m3 exportés chaque année. Ce bois sert à fabriquer des meubles massifs, des parquets et moulures ou encore des instruments de musique.

La Chine ferme les yeux

La demande en Kevazingo a explosé ces dernières années, faisant flamber son prix. Le mètre cube varie aujourd’hui entre 1 500 et 3 000 euros une fois en Chine, selon Luc Mathot, responsable de l’ONG Conservation Justice, à l’origine d’un rapport accablant qui dénonce une « véritable organisation mafieuse de blanchiment du bois et une corruption à tous les étages ».

Ces pays sont devenus tellement dépendants de la Chine qu’ils acceptent toutes les conditions posées par leur principal client. Selon l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED), 90 % du bois du Mozambique part ainsi pour la Chine, dont la moitié proviendrait d’exploitations illégales.

Si l’Union européenne et les Etats-Unis ont renforcé leur législation en matière d’importation de bois africain, la Chine en revanche ferme les yeux. Pour prévenir une déforestation sauvage, l’IIED a mis en place, il y a deux ans, un observatoire, qui réunit les autorités africaines, chinoises et les principaux forestiers du continent, conduisant la Chine à adopter un code de bonne conduite dans l’importation de bois d’Afrique. Pour les pays africains, cela doit aussi être l’occasion de mettre en place une industrie responsable du bois, aussi vertueuse que vitale pour leurs économies.

Lemonde.fr par Sébastien Le Belzicchroniqueur Le Monde Afrique, Hongkong

Sébastien Le Belzic dirige le site Chinafrica. info, un magazine sur la « Chinafrique » et les économies émergentes.

Congo: plus d’1 milliard d’euros pour planter 1 million d’hectares de forêts

août 6, 2011

Le Congo va consacrer 1. 200 milliards de Fcfa (1,8 milliard d’euros) sur dix ans, avec l’appui des partenaires, pour réaliser la plantation d’un million d’hectares de forêts, a annoncé vendredi à la presse le ministre de l’économie forestière, Henri Djombo.

« Les objectifs spécifiques du programme peuvent se décliner comme suit: mettre en place et gérer 1 million d’hectares des plantations domaniales et privées avec des essences exotiques et à croissance rapide et des espèces locales », a expliqué le ministre Djombo à propos du projet qui doit démarrer en novembre 2011 pour s’étendre jusqu’en 2020.

Selon le ministre, le projet, qui s’inscrit dans le Programme national d’aménagement et de reboisement (PNAR), vise également à « intégrer les peuples autochtones dans la réalisation des plantations à usage multiple et la satisfaction de leurs besoins alimentaires; puis contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique ».

« Les financements du programme proviendront de l’Etat congolais (200 milliards de Fcfa sur fonds propres, 300 millions d’euros) et des investisseurs et promoteurs privés, des bailleurs de fonds et des donateurs variés (1000 milliards de Fcfa, 1,5 milliard) », indique une note de présentation.

Les études de faisabilité du projet ont été réalisées grâce à un financement de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD), selon M. Djombo.

La forêt couvre entre 60 et 65% du territoire congolais (342. 000 km2) et 10% de la superficie du Bassin du Congo, considéré comme le deuxième poumon écologique de la planète avec 220 millions d’hectares.

Jeuneafrique.com