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Israël-Palestine : apartheid ou pas ?

février 8, 2022
Manifestation dénonçant un raid israélien dans les territoires occupés, le 21 janvier 2022, à Londres, devant l’ambassade de l’État hébreu. © SOPA Images/SIPA

Dans un rapport publié le 1er février, l’ONG Amnesty International dénonce l’existence d’un système d’apartheid progressivement mis en place par Israël à l’encontre de ses citoyens arabes. Des accusations que rejette l’État hébreu, qui qualifie le rapport d’« antisémite ».

C’est une publication qui va certainement relancer les débats sur l’éternel conflit israélo-palestinien. Le 1er février, l’ONG des droits de l’Homme Amnesty International a rendu sa copie sur la situation humanitaire en Israël. Fruit d’une « analyse juridique et d’une enquête de terrain minutieuses » de quatre ans, le rapport de 280 pages fait état d’une situation de discrimination organisée et institutionnalisée à l’encontre des populations palestiniennes, et décrit un système d’apartheid.

Généralement utilisé pour qualifier le régime politique et institutionnel sud-africain de 1948 à 1991, « apartheid » est un terme afrikaans qui signifie « séparation ». Il est défini par le Larousse comme « un système d’oppression et de domination d’un groupe racial sur un autre, institutionnalisé à travers des lois, des politiques et des pratiques discriminatoires ».

Ce crime, reconnu par le droit international, se fonde sur des critères bien définis. Il existe d’ailleurs une Convention internationale sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 30 novembre 1973.

Face aux accusations formulées par l’ONG, le ministère israélien des Affaires étrangères s’est fendu d’un communiqué dénonçant le caractère « antisémite » du rapport. Le chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, a également qualifié Amnesty International d’« organisation de propagande ».

Accusations récurrentes

Loin de se démonter, Amnesty International affirme que les critères justifiant l’utilisation du terme d’apartheid sont réunis. L’ONG cite, entre autres, une loi votée en 2018 par la Knesset – le Parlement israélien – définissant Israël comme l’« État-nation du peuple juif » et octroyant aux Israéliens de confession juive toute une série de privilèges dont ne bénéficient pas leurs concitoyens arabes. Adoptée à 62 voix contre 55, cette loi fait notamment de l’hébreu la seule langue officielle d’Israël, un statut partagé auparavant avec l’arabe.

Pour le journaliste et historien Dominique Vidal, connu pour ses prises de position en faveur de la cause palestinienne, cette loi tranche définitivement la question. « Il s’agit d’une loi d’apartheid gravée dans le marbre. Ce n’est pas un hasard si les ONG ont commencé à employer cette formule à partir de ce moment-là », explique-t-il, avant d’ajouter qu’il existe « toute une série de législations discriminatoires mises en œuvre légalement et votées par la Knesset ».

« Ce qu’il y a de douloureux dans l’affaire, c’est que la discrimination est définie comme étant raciale, relève Henry Laurens, professeur au Collège de France et auteur de La Question de Palestine (éditions Fayard). Pour les Israéliens et ceux qui s’identifient avec Israël, c’est inacceptable au vu de la Shoah et de toute l’histoire de l’antisémitisme. »

CE MOT PROVOQUE AUSSITÔT DES POLÉMIQUES QUI OCCULTENT UNE RÉALITÉ ÉVIDENTE FONDÉE SUR L’OPPRESSION

« On est par ailleurs dans l’impossibilité de définir ce qui est “racial” poursuit le professeur. Le terme peut renvoyer à deux caractérisations distinctes : soit un ensemble de traits communs, comme la couleur de peau, soit une communauté culturelle et historique. Or on ne peut pas définir les Arabes par des caractères somatiques, puisqu’ils ont pour la plupart des traits de Méditerranéens physiquement parlant. Il s’agit plutôt d’une catégorie ethno-culturelle. »

Le poids d’un mot

Le rapport établit par ailleurs une distinction entre les territoires palestiniens occupés (TPO) et le territoire israélien, pointant des violations plus importantes dans les TPO. Pour Dominique Vidal, cette distinction a bien lieu d’être : « Dans les territoires occupés, il existe deux législations, une pour les colons israéliens, une autre pour le reste des citoyens. En Israël, la situation est plus complexe. Les citoyens arabes ont le droit de vote, peuvent être élus, constituer des partis politiques, ou participer, comme c’est le cas actuellement, à des gouvernements. » Jusqu’ici, l’État hébreu a souvent justifié ces mesures par la volonté d’assurer sa propre sécurité, rappelle le rapport.

De son côté, Jean-Paul Chagnollaud, directeur de l’Institut de recherches et d’études Méditerranée Moyen-Orient (Iremmo) et spécialiste de la question palestinienne, parle d’une utilisation contre-productive du concept et évoque un « piège des mots », sans pour autant contester la réalité décrite par les différents rapports.

« Dans mes conférences ou dans mes interventions, je n’utilise jamais cette formule, car elle provoque aussitôt des polémiques qui viennent occulter une réalité pourtant évidente fondée sur l’oppression, la discrimination et la domination.

Ce qui compte, au-delà des symboles et des mots étendards, c’est la réalité qui, elle, est incontestable », analyse le chercheur, avant de prendre à son tour l’exemple de la loi de 2018 qui, selon lui, « soumet et assujettit légalement les 20 % d’Arabes présents sur le territoire à la souveraineté du peuple juif ».

AU DÉBUT DE 2022, LE MINISTRE ISRAÉLIEN DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DÉNONÇAIT DÉJÀ « D’INTENSES CAMPAGNES CONTRE ISRAËL »

Si le rapport d’Amnesty International a rencontré un écho médiatique certain, rien n’indique que l’emploi choc du terme d’« apartheid » ne fasse pour autant bouger les lignes. Plusieurs organisations internationales, à l’instar de Human Rights Watch, et parfois même israéliennes, telles que B’tselem, ont déjà dénoncé les exactions commises par l’État hébreu à l’encontre des populations palestiniennes et utilisé le mot de « apartheid ».

Au début de 2022, le ministre israélien des Affaires étrangères dénonçait déjà « d’intenses campagnes contre Israël » et avait même prédit l’utilisation du terme d’« apartheid » pour qualifier l’État d’Israël, au moment où, du Maroc à Abou Dhabi, Tel-Aviv tente de renforcer son influence dans le monde arabe, parallèlement à sa volonté d’obtenir le statut d’observateur au sein de l’Union africaine, qui ne fait pas l’unanimité.

Il en avait aussi profité pour dénoncer la création par le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies d’une commission d’enquête permanente visant à enquêter sur les violations des droits de l’Homme en Israël, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Nouveau gouvernement, peu de changement

L’arrivée d’un nouveau gouvernement en juin 2021, succédant à celui nationaliste et très conservateur de Benyamin Netanyahou, n’a pourtant suscité que peu d’espoirs de changement chez les défenseurs de la cause palestinienne. Interrogés sur le sujet, les trois spécialistes sont unanimes : il ne devrait pas y avoir d’inflexion dans la politique conduite par Israël depuis l’effondrement du processus de paix il y a une vingtaine d’années.

Jean-Paul Chagnollaud et Dominique Vidal pointent enfin une « radicalisation » de la classe politique israélienne à l’œuvre depuis le début des années 2000. Le gouvernement de Naftali Bennett s’inscrit selon eux dans la même dynamique.

« Naftali Bennett n’est arrivé que récemment à la tête du pays, mais il était déjà un acteur important des orientations prises avec d’autres personnalités comme Avigdor Lieberman [une des figures du nationalisme identitaire israélien]. Il n’y a donc aucune raison de penser qu’il y aura un quelconque revirement idéologique concernant la direction suivie par les autorités israéliennes », conclut Jean-Paul Chagnollaud.

Avec Jeune Afrique par Rym Bousmid et Soufiane Khabbachi

Deuxième nuit à l’hôpital pour Mandela, l’Afrique du Sud se prépare au pire

juin 9, 2013

Nelson Mandela, le 26 octobre 2005 à Johannesburg. © Gianluigi Guercia/AFP
L’ex-président sud-africain Nelson Mandela était toujours dimanche matin à l’hôpital où il a été admis pour une pneumonie dans la nuit de vendredi à samedi, et aucun bulletin de santé n’a été publié depuis 24 heures. L’Afrique du Sud attend avec fatalisme des nouvelles de sa santé, beaucoup de personnes exprimant le voeu que leur bien-aimé « Madiba » puisse simplement finir sa vie « dans la dignité ».

Le héros de la lutte contre l’apartheid, qui fêtera ses 95 ans le 18 juillet, faisait la une des journaux du dimanche. Mais la présidence n’avait toujours donné aucune information sur son état depuis l’annonce de son hospitalisation, dans la nuit de vendredi à samedi.

Samedi matin, le porte-parole de la présidence avait simplement indiqué qu’il souffrait d’une rechute de sa pneumonie, et que son état s’était aggravé dans la nuit au point qu’il avait nécessité son hospitalisation.

« Il est temps de le laisser partir », titrait en une le grand journal Sunday Times, au-dessus d’une photo d’archives d’un Mandela souriant et saluant de la main, comme pour un au revoir.

« Sa famille doit le laisser maintenant de façon à ce que Dieu puisse faire à sa façon », dit dans le Sunday Time Andrew Mlangeni, un ami de longue date de Mandela, résumant une opinion assez largement exprimée depuis 24 heures, sur les réseaux sociaux notamment.

« Ils doivent le libérer, spirituellement, et s’en remettre à leur foi en Dieu (…) Nous dirons merci, Dieu, de nous avoir donné cet homme, et nous le laisserons partir », poursuit M. Mlangeni.

« Il mérite de partir dans la dignité »

Sur Twitter, les appels à laisser Mandela finir sa vie paisiblement s’accumulaient: « Faut-il prier pour que Tata Madiba aille bien ou pour que Dieu le délivre de ses souffrances? Je crois qu’il est temps que nous le laissions partir », écrit @_Porchez. « Il est temps pour nous de le laisser passer calmement, paisiblement, avec élégance. Il mérite de partir dans la dignité », ajoute @Merryl4d.

« Tata » (père) et « Madiba » (son nom de clan) sont deux façons respectueuses et affectueuses de s’adresser à Mandela en Afrique du Sud. City Press de son côté titre avec l’appel du président Jacob Zuma à prier pour le premier président noir d’Afrique du sud, tandis que le populaire Sunday Sun lance en première page: « Mandela se bat pour sa vie! ».

A Pretoria, de nombreux journalistes et photographes étaient toujours rassemblés dans la matinée devant l’hôpital où pourrait être traité le prix Nobel de la Paix 1993. Mais la présidence n’a pas dévoilé l’endroit exact de son hospitalisation et la presse en est réduite à des suppositions.
Mandela était apparu très affaibli sur les dernières images de lui qui ont filtré fin avril, à l’occasion d’une visite à son domicile des plus hauts dirigeants du pays.

Poussière

On y voyait le vieil homme assis sur un fauteuil, les jambes cachées par une couverture, posées à plat sur un repose-pieds. Son visage semblait de cire et n’exprimait aucune émotion, alors que ses visiteurs plaisantaient autour de lui. A un moment, il semblait prononcer un mot.

Il avait été hospitalisé pour la dernière fois fin mars début avril, pendant dix jours, également pour une infection pulmonaire récurrente, probablement liée aux séquelles d’une tuberculose contractée pendant son séjour sur l’île-prison de Robben Island, au large du Cap.

C’est dans ce bagne qu’il avait passé dix-huit de ses vingt-sept années de détention dans les geôles du régime de l’apartheid, cassant des cailloux dans une poussière qui a durablement endommagé ses poumons.

Mandela, bien que totalement retiré de la vie publique depuis des années, n’en reste pas moins vénéré par tout un peuple, pour avoir réussi à éviter une explosion de violence raciale lors du passage entre le régime ségrégationniste et la démocratie en 1994.

Cette transition réussie lui a valu le prix Nobel de la paix en 1993, partagé avec le dernier président de l’apartheid, Frederik De Klerk. L’archevêque Desmond Tutu, autre figure majeure de la lutte anti-apartheid et lui aussi prix Nobel de la paix, l’a qualifié un jour d' »icône mondiale de la réconciliation ».

>> Lire aussi : Les messages de soutien affluent du monde entier depuis l’hospitalisationde Mandela

Jeuneafrique.com

Afrique du Sud : Mandela fait des « progrès constants », selon les médecins

mars 29, 2013
Des Sud-Africains passent devant un mur où a été peint le portrait de Mandela. Des Sud-Africains passent devant un mur où a été peint le portrait de Mandela. © AFP

La présidence sud-africaine a publié un communiqué, vendredi 29 mars, sur l’état de santé du président Mandela. Ce dernier a été hospitalisé, mercredi 27 mars au soir, pour une rechute de son infection pulmonaire.

Mis à jour à 13H02

Dans communiqué publié vendredi 29 mars, la présidence de la république sud-africaine a indiqué que que Nelson Mandela est « de bonne humeur » et qu’il a « mangé un petit déjeuner complet ce matin ».  Selon les médecins, « il fait des progrès constants. Il reste sous traitement et en observation à l’hôpital. »

L’ancien président Nelson Mandela, âgé de 94 ans, a été hospitalisé, mercredi 27 mars au soir, pour une rechute de son infection pulmonaire. Le pays vit au ralenti, vendredi 29 mars, au début d’un long week-end de Pâques de quatre jours, correspondant au début des vacances scolaires d’automne. Il n’y avait pas de journaux, le vendredi saint étant férié en Afrique du Sud. Les autorités insistent pour que les médias « respectent la vie privée » du grand homme et n’ont pas précisé dans quel établissement il a été admis.

Les autorités s’etaient montrées rassurantes, plus tôt vendredi matin, malgré l’absence de nouveau bulletin de santé, « Je n’ai pas encore de nouvelles fraîches », avait indiqué à l’AFP, Mac Maharaj, porte-parole de la présidence, précisant que son communiqué d’hier, à 17 heures, restait valable.

« Contrôle »

« Il a été à l’hôpital pour un contrôle. Il est là-bas et réagit très bien au traitement. C’est une bonne nouvelle. Et bien sûr, il a des inquiétudes mais il faut garder à l’esprit que Madiba n’est plus depuis longtemps un jeune homme », a déclaré à la BBC le président Jacob Zuma, en utilisant le nom de clan de l’icône de la lutte contre l’apartheid, que les Sud-Africains ont affectueusement adopté.

Jackson Mthembu, porte-parole du Congrès national africain (ANC), le parti de Mandela,  s’est montré également rassurant à la radio publique SAfm. Il espère que le héros national pourra retrouver sa famille pour Pâques.

Jeuneafrique.com avec AFP

Nelson Mandela: des nouvelles rassurantes sur son état de santé

décembre 10, 2012

L’ancien président sud-africain est hospitalisé depuis samedi

Nelson Mandela: des nouvelles rassurantes sur son état de santé

 
  • Nelson MandelaNelson MandelaNelson MandelaNelson MandelaNelson Mandela
  • Naomi Campbell et Nelson Mandela Nelson Mandela

Déjà hospitalisé en février dernier pour des douleurs abdominales, le héros de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud « va bien » et il n’y a « pas de danger immédiat » pour sa santé.

Nelson Mandela, 94 ans, l ‘un des symboles de la lutte pour les droits de l’Homme (emprisonné 27 ans pour avoir lutté contre la discrimination raciale), est hospitalisé depuis 48 heures au Military Hospital à Pretoria.

« Le président Mandela est de bonne humeur, le président Mandela est à l’aise, le président Mandela va bien et il n’y a pas de danger immédiat pour lui à ce stade », a indiqué à l’AFP Sonwabo Mbananga, porte-parole du ministère.

 
La ministre de la Défense Nosiviwe Mapisa-Nqakula, autre proche du président sud-africain, s’est lui aussi montré rassurant. « Il reçoit des soins, qui comme indiqué par la présidence, relèvent de la routine, comme on doit s’y attendre avec des gens de son grand âge », a-t-il précisé.
 
En moins de deux ans ans, c’est la troisième hospitalisation du premier président noir d’Afrique du Sud.
 
En janvier 2011, il avait été hospitalisé pour une infection respiratoire aiguë et plus récemment au début de l’année, il était resté quelques heures à l’hôpital suite à des douleurs abdominales.
 
Gala.fr par A.M

Afrique du Sud: Nelson Mandela hospitalisé pour des examens médicaux

décembre 8, 2012
Afrique du Sud: Nelson Mandela hospitalisé pour des examens médicaux Afrique du Sud: Nelson Mandela hospitalisé pour des examens médicaux © AFP

Nelson Mandela, héros de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud aujourd’hui âgé de 94 ans, a été hospitalisé samedi pour des examens médicaux et va bien, a annoncé la présidence.

« Aujourd’hui, le 8 décembre 2012, l’ancien président Nelson Mandela a été hospitalisé à Pretoria pour subir des examens », a annoncé le cabinet du président Jacob Zuma, ajoutant : il « va bien et il n’y a pas de raison de s’inquiéter ».

Jeuneafrique.com avec AFP

Afrique du sud: un quart de la population a faim, la moitié est pauvre

novembre 27, 2012
Afrique du sud: un quart de la population a faim, la moitié est pauvre Afrique du sud: un quart de la population a faim, la moitié est pauvre © AFP

Pays le plus riche du continent africain, l’Afrique du sud compte plus d’un quart d’habitants trop pauvres pour manger à leur faim (26,3%) et plus de la moitié vivant sous le seuil de pauvreté (52,3%) dix-huit ans après la fin de l’apartheid et l’instauration de la démocratie.

Etre pauvre en Afrique du sud n’exclut pas que l’on possède un réfrigérateur (57,2%), une radio (55,4%), un téléviseur (62,6%) et surtout un téléphone portable (80,1%, soit presque autant que les ménages non pauvres 89,1%), selon l’enquête sur les conditions de vie publiée mardi par l’agence nationale statistique.

Et contrairement à de nombreux autres pays africains, les ménages pauvres ont majoritairement accès à l’électricité (70,1%), à l’eau courante (51,8%) et à l’aide sociale pour au moins un membre de la famille (70,6%), selon l’enquête.

En revanche, les chiffres de Statistic South African démontrent sans appel que le visage de la pauvreté reste encore largement marqué par la politique d’exclusion économique systématique menée sous l’apartheid au détriment de la majorité noire.

La pauvreté est le lot de 25,5 millions de Sud-Africains, soit 61,9% des familles noires et 32,9% des métis, tandis qu’elle touche 7,3% des familles indiennes et 1,2% des familles blanches.

Un tiers des Sud-Africains noirs (32%) ne mange pas à sa faim.

Le seuil de pauvreté alimentaire est défini comme la somme en dessous de laquelle il est impossible de se nourrir pendant un mois, soit 305 rands (26 euros) par personne en mars 2009, à la date de l’enquête.

Le seuil de pauvreté est lui défini comme le minimum indispensable pour manger mais aussi subvenir à d’autres besoins vitaux (se loger, se vêtir, se soigner, scolariser ses enfants), soit 577 rands mensuels (50 euros) pour tenir un mois par personne.

Le fardeau est aussi très inégalement réparti et se concentre surtout dans les zones traditionnelles, rurales ou dans les bidonvilles.

Au Limpopo (nord), province rurale frontalière du Zimbabwe, près de la moitié des habitants (48,5%) vit en dessous du seuil de pauvreté alimentaire et les trois-quart sous le seuil de pauvreté (74,3%).

Autres provinces très pauvres: le Cap oriental (sud), région natale de Nelson Mandela qui fournit des bataillons de travailleurs migrants dans les mines; le Mpumalanga et le Kwazulu-Natal, province la plus peuplée et fief du président Jacob Zuma. Un quart des ménages pauvres d’Afrique du Sud vivent en pays zoulou.

A l’opposé, les deux-tiers des ménages au Cap et de son arrière-pays, échappent à la pauvreté.

La pauvreté va aussi souvent de pair avec la maladie, un très faible niveau scolaire (14,4% de bacheliers contre 46,1% parmi les non pauvres), plus de difficultés à lire ou écrire que les autres, une absence d’emploi stable et l’obligation de travailler dans le secteur informel ou chez des particuliers.

Le confort de la vie moderne est un luxe.

La plupart des ménages pauvres ont au moins un lit (87,9%) mais très peu ont une voiture (8,9% contre 44,2% parmi les ménages non pauvres), un abonnement internet (4,2% contre 17%) ou un lave-linge (12% contre 44,9%).

Lorsque, comme ces derniers mois, les prix de l’alimentation s’envolent, c’est un drame pour les familles qui crée un climat de contestation sociale dure, comme on l’a vu durant les récentes grandes grèves de mineurs.

De fait, près de la moitié des dépenses des ménages pauvres part en nourriture (42,3% contre 16,1% pour le poste alimentation chez les ménages non pauvres) selon l’enquête.

La politique d’allocations familiales ou vieillesse mise en place par l’ANC est la seule soupape de sécurité pour éviter l’explosion. Les aides sociales sont la principale source de revenu pour 54,7% des ménages sud-africains pauvres.

Jeuneafrique.com aec AFP

Devant la fosse

septembre 2, 2012

Tendre est la terre qui accueille ma dépouille mortelle

Dure est la justice qui trouble la conscience nationale

Poings levés je descends les yeux fermés dans la fosse

Acceptant la salutation des persécutés par la police

Mort et libéré sans gain de tracas de la revendication

Encore enchaînés les rescapés de la contestation

De Marikana à Mdumazulu les larmes ne cessent de tarir

Devant l’horreur de la gratuité mortelle de sévir

Quand Pretoria imprudent contrebalance la sanction

La consternation est grande sans fierté pour la nation

Par-ici relents nauséabonds des vices d’apartheid

Par-là mépris comme si nous étions des apatrides

Loin de toute considération humaine

Loin de toute acceptation sereine.

 

Bernard NKOUNKOU

Afrique du Sud: le ministre de la Justice demande des explications sur l’inculpation des mineurs de Marikana

août 31, 2012
 
Afrique du Sud: le ministre de la Justice demande des explications sur l'inculpation des mineurs de Marikana Afrique du Sud: le ministre de la Justice demande des explications sur l’inculpation des mineurs de Marikana © AFP

Le ministre sud-africain de la Justice a demandé des explications vendredi après l’inculpation de 270 mineurs grévistes pour le meurtre de leurs 34 camarades abattus par la police le 16 août à la mine de Marikana (nord), certains juristes contestant l’utilisation d’un texte hérité de l’apartheid.

« Il ne fait aucun doute que la décision du parquet a induit un sentiment de choc, de panique et de confusion dans la société sud-africaine », a déclaré le ministre Jeff Radebe dans un communiqué.

Le magistrat Esau Bodigelo n’a pas indiqué sur quel texte il s’est basé jeudi en inculpant pour meurtre des 270 mineurs arrêtés depuis le 16 août.

Les inculpés faisaient partie des grévistes, armés de lances et de machettes, sur lesquels la police a tiré.

Aucun policier n’a encore été inquiété, une commission d’enquête spéciale ayant été installée pour faire la lumière sur cette affaire.

De nombreux juristes estiment que le juge a utilisé une loi anti-émeutes de 1956 qui n’a pas été revue par les autorités sud-africaines depuis l’avènement de la démocratie multipartite en 1994, et qui prévoit que soient inculpées pour meurtre toutes les personnes arrêtées sur le site d’une fusillade impliquant la police, que les victimes soient des policiers ou non.

« Toute personne qui complote avec une autre personne afin d’aider à la perpétration d’un crime ou incite ou provoque une autre personne à commettre un crime, est elle-même coupable d’un crime, comme s’il ou elle avait commis le crime réel lui-même », résume le constitutionnaliste sud-africain Pierre de Vos sur son blog.

« Le régime de l’apartheid a souvent utilisé cette disposition pour obtenir une condamnation pénale d’un ou de plusieurs dirigeants d’une manifestation, ou de dirigeants d’organisations de la lutte anti-apartheid telles que l’ANC (. . . ), dont les membres (. . . ) avaient pris part à des activités de sabotage, agressé ou tué des représentants du régime de l’apartheid », note-t-il.

Pour Pierre De Vos, le parquet n’avait aucune raison d’utiliser cette loi.

A moins que le parquet n’ait à sa disposition des éléments inconnus du public, « il n’y a aucune raison valable possible » d’inculper les mineurs pour meurtres, estime-t-il.

Selon lui, aucun tribunal ne les condamnera pour meurtre.

« Je comprendrais si le cas avait à voir avec le meurtre de deux policiers (tués dans les jours précédents, ndlr), mais les inculper pour la fusillade de la police sur leurs camarades est étrange », a renchéri Vincent Nmehille, juriste à l’Université de Witwatersrand.

Le porte-parole du parquet a confirmé à la presse que l’inculpation pour meurtre était une procédure normale pour les personnes arrêtées lors d’un affrontement mortel avec la police.

La prochaine comparution des 270 grévistes a été fixée au 6 septembre. Ils sont pour l’instant maintenus en détention.

Jeuneafrique.com

Bill Clinton se rend chez Nelson Mandela à la veille de son 94e anniversaire

juillet 17, 2012
Bill Clinton se rend chez Nelson Mandela à la veille de son 94e anniversaire Bill Clinton se rend chez Nelson Mandela à la veille de son 94e anniversaire © AFP

L’ancien président américain Bill Clinton s’est rendu chez Nelson Mandela mardi dans le village de Qunu, dans le sud-est de l’Afrique du Sud, où le héros de la lutte anti-apartheid a passé une partie de son enfance et où il doit fêter mercredi son 94e anniversaire.

Accompagné de sa fille Chelsea, M. Clinton a passé deux heures dans la résidence du grand homme, dont il est sorti sans dire un mot, a constaté un correspondant de l’AFP. Les médias avaient été tenus à l’écart.

Il avait auparavant inauguré une bibliothèque à l’école primaire No-Moscow en compagnie de l’épouse de M. Mandela, Graça Machel, et de sa fille Zindzi. Quelque 3. 000 personnes étaient présentes, bravant un vent glacé.

« Ca a été un grand honneur pour moi d’être président des Etats-Unis alors que Mandela était président de la République d’Afrique du Sud. Nous avons travaillé ensemble en tant que présidents, et même après que nous avons quitté nos fonctions, nous avons continué à travailler ensemble pour améliorer l’éducation des enfants dans le monde entier », a déclaré M. Clinton.

« Même s’il a 94 ans demain (mercredi), quand je pense à Mandela, je pense toujours à quelqu’un d’engagé dans l’avenir », a-t-il ajouté.

« Dans la famille Mandela nous apprécions vraiment le lien entre nos deux familles », lui a répondu Graça Machel.

L’épouse du premier président noir d’Afrique du Sud a remercié « la famille de Bill Clinton pour être avec la famille de Mandela, car à chaque anniversaire le président Clinton s’est toujours manifesté ».

L’ancien président américain a également planté un arbre au Jardin du souvenir de Qunu, où sont enterrés les chefs traditionnels locaux.

Nelson Mandela partage sa vie entre Johannesburg et Qunu, où il a élu résidence depuis fin mai.

Son anniversaire, le 18 juillet, est devenu une fête importante en Afrique du Sud.

Le Mandela Day (Journée Mandela) est même reconnu par l’ONU comme un appel mondial à consacrer 67 minutes de son temps à aider ses semblables. Ces 67 minutes représentent les 67 années que l’ancien dirigeant a consacrées à son combat politique.

Nelson Mandela, président de 1994 à 1999 après avoir passé 27 ans dans les geôles du régime raciste de l’apartheid, s’est retiré de la vie politique en 2004. Il se fait désormais très rare, étant de santé fragile.

Jeuneafrique.com avec AFP

Afrique du Sud: décès de Magnus Malan, ministre de la Défense sous l’apartheid

juillet 18, 2011

Le général sud-africain Magnus Malan, qui fut ministre de la Défense sous le régime de l’apartheid, est mort lundi à l’âge de 79 ans, a annoncé sa famille.

« Le général Magnus Malan est mort paisiblement tôt ce matin (lundi) à son domicile. Il laisse son épouse, avec qui il était marié depuis 49 ans, ainsi que trois enfants et neuf petits-enfants », a indiqué sa famille dans un communiqué.

Magnus Malan était un « dur » du Parti national – le parti inspirateur de l’apartheid – devenu chef de l’armée sud-africaine en 1976, puis ministre de la Défense de 1980 à 1991, à une époque où l’armée était omniprésente sur la scène politique sud-africaine.

A ce poste, le général Malan devait jouer un rôle capital à une époque où toute la politique de Pretoria n’avait qu’un but: résister à « l’assaut total » que le Congrès national africain (ANC) et son allié le Parti communiste sud-africain (SACP), à l’époque interdits, étaient censés livrer contre le pouvoir en place.

Jusqu’à sa retraite, prise discrètement peu avant les premières élections multiraciales de 1994, il s’est battu sans relâche contre l’octroi de tout droit politique aux Noirs.

En 1984, il a reconnu que l’armée secondait la police pour mater les troubles politiques, puis, en 1987, que les troupes sud-africaines avaient participé à la guérilla contre le gouvernement angolais.

En 1988, sa participation aux négociations devant aboutir à l’indépendance de la Namibie et au retrait des troupes cubaines et sud-africaines d’Angola, a marqué l’apogée de sa carrière.

Deux ans plus tard, en 1990, ont surgi les premières accusations sur sa responsabilité dans les opérations paramilitaires qui ont ensanglanté le KwaZulu (est) à partir de 1985.

Il a alors été muté aux Affaires Forestières après un scandale révélant que le pouvoir avait financé le parti zoulou Inkatha (IFP) de Mangosuthu Buthelezi, adversaire de l’ANC.

Après la fin de l’apartheid, il est passé en jugement pour avoir implicitement approuvé un massacre de civils perpétré en 1987 au KwaZulu. Il a finalement été acquitté en 1996.

Jeuneafrique.com avec AFP