Posts Tagged ‘Élection présidentielle’

Russie : Vladimir Poutine réélu président avec 88 % des voix, selon les premiers résultats

mars 17, 2024

Sans véritable opposant, Poutine a remporté dimanche soir un 5e mandat et devrait rester au pouvoir au moins jusqu’en 2030.

Vladimir Poutine au Kremlin le 15 mars 2024.
Vladimir Poutine au Kremlin le 15 mars 2024. © Mikhail Metzel/AP/SIPA

Il n’y avait aucun suspense. Dans ce que Washington a qualifié de « simulacre » d’élection, Vladimir Poutine a été réélu président de Russie, dimanche soir, avec près de 88 % des voix, selon les premiers chiffres fournis par la Commission électorale centrale portant sur le décompte de 24,4 % des bureaux de vote. À 16 heures, la participation s’élevait à plus de 70 % et avait déjà dépassé celle de 2018 (67,5 %).

L’ex-président russe Dmitri Medvedev a aussitôt qualifié la réélection de Vladimir Poutine de « victoire brillante » mais les condamnations se multiplient. Pour la Pologne, « l’élection présidentielle en Russie n’est pas légale, libre et équitable ». Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, lui, estime dans un message publié sur les réseaux sociaux que Poutine est « ivre de pouvoir ».

Ioulia Navalnaïa vote « Navalny »

Les candidatures des opposants Boris Nadejdine et Ekaterina Dountsova ayant été recalées, Vladimir Poutine se présentait face à trois pseudo-adversaires qui ont tous soutenu la guerre en Ukraine : le nationaliste Léonid Sloutski, du parti libéral démocrate (LDPR), le communiste Nikolaï Kharitonov et l’ancien homme d’affaires Vladislav Davankov.

Un mois après la mort d’Alexeï Navalny, son épouse Ioulia Navalnaïa a voté à l’ambassade russe à Berlin. Symboliquement, elle a déclaré devant les caméras avoir écrit « Navalny » sur son bulletin.

Avec Le Point par Philippe Berry

Au Sénégal, un étudiant tué dans des manifestations à Saint-Louis

février 10, 2024

Un étudiant a été tué vendredi 9 février à Saint-Louis, dans le nord du Sénégal, lors de manifestations contre le report de l’élection présidentielle.

Lors de la manifestation réprimée contre le report de l’élection présidentielle, le 9 février 2024 à Dakar, au Sénégal. © GUY PETERSON / AFP
Lors de la manifestation réprimée contre le report de l’élection présidentielle, le 9 février 2024 à Dakar, au Sénégal. © GUY PETERSON / AFP

Des manifestations contre le report de l’élection présidentielle et le pouvoir du président Macky Sall ont eu lieu vendredi à Dakar ainsi que dans plusieurs villes du pays, notamment à Saint-Louis, dans le nord du pays, où un étudiant en deuxième année de licence de géographie, Alpha Yoro Tounkara, a été tué.

« Il était non seulement un brillant étudiant, mais aussi un camarade aimé et respecté. Sa présence chaleureuse et son enthousiasme contagieux manqueront à tous ceux qui ont eu la chance de le connaître », écrit Cheikh Ahmadou Bamba Diouf, président du club de géographie de l’université Gaston Berger, où le jeune homme étudiait. Sa mort a été confirmée par un employé de l’hôpital régional. Aucun bilan n’a pour l’heure été communiqué par les autorités.

Des manifestations sur tout le territoire

Cette mobilisation sur l’ensemble du territoire sénégalais est la première grande contestation d’ampleur depuis le report du scrutin présidentiel initialement prévu le 25 février, qui a ouvert une grave crise politique et plongé le pays dans une période d’incertitude.

Le report de la présidentielle de 10 mois a soulevé une indignation largement partagée sur les réseaux sociaux. L’opposition crie au « coup d’État constitutionnel » et soupçonne une manigance pour éviter la défaite du candidat du camp présidentiel. Un collectif de 14 candidats de l’opposition a déposé vendredi un recours devant la Cour suprême. Les tentatives de manifestations depuis l’annonce du report ont été réprimées et des dizaines de personnes interpellées.

Une nouvelle manifestation prévue mardi

Le collectif Aar Sunu Election (« Protégeons notre élection »), qui prévoit une autre manifestation mardi, a insisté sur sa volonté de protester pacifiquement. Une douzaine de candidats opposés au changement de calendrier, sur les 20 retenus par le Conseil constitutionnel, ont exprimé leur souhait d’une convergence avec la société civile.

Le président Macky Sall a décrété samedi dernier le report de la présidentielle, trois semaines seulement avant l’échéance, en pleine bagarre politique sur les candidatures retenues ou écartées pour le scrutin. L’Assemblée nationale a approuvé lundi un ajournement au 15 décembre, avec les voix du camp présidentiel et les partisans de Karim Wade, candidat du PDS recalé.

Elle a aussi voté le maintien de Macky Sall au pouvoir jusqu’à la prise de fonctions de son successeur, vraisemblablement début 2025. Son deuxième mandat expirait officiellement le 2 avril. Après avoir entretenu le doute pendant des mois, il a répété à différentes reprises, et encore mercredi soir, l’engagement pris en 2023 de ne pas se représenter.

Avec Jeune Afrique

Aux États-Unis, l’élection présidentielle s’annonce « cruciale » pour la démocratie

décembre 29, 2023

La devanture de la Maison-Blanche en été

La Maison-Blanche, à Washington (archives) Photo : Reuters/Zach Gibson

L’avenir de la démocratie pourrait s’imposer comme un des thèmes centraux de l’élection présidentielle des États-Unis de 2024 dans le cas d’une revanche entre Joe Biden et Donald Trump, selon des observateurs de la politique américaine.

M. Trump demeure le grand favori pour être le candidat du Parti républicain à la présidentielle. Il a laissé entendre récemment qu’il pourrait abuser de ses pouvoirs dès qu’il sera de retour à la Maison-Blanche pour atteindre certains objectifs.

Plusieurs observateurs s’alarment des potentielles dérives autoritaires de l’homme de 77 ans s’il est réélu, à commencer par l’actuel président américain. M. Biden, qui souhaite briguer un second mandat sous la bannière démocrate, a affirmé que la démocratie sera plus à risque en 2024.

Selon lui, l’ex-président et ses alliés cherchent à détruire les institutions démocratiques.

Le professeur titulaire en histoire Jason Opal, de l’Université McGill, estime que l’élection de novembre prochain s’annonce cruciale pour l’ordre constitutionnel actuel des États-Unis.

Il y a quelqu’un qui dit qu’il ne respecte pas la Constitution, qu’il va chasser ou va s’en prendre à ceux qui le critiquent. […] S’il arrive au pouvoir, [Trump] va certainement remplacer un très grand nombre d’employés du gouvernement fédéral par ses partisans. J’ai l’impression que certains droits et libertés sont en jeu.Une citation deJason Opal, professeur titulaire à l’Université McGill, spécialisé en constitutionnalisme américain.

Ses partisans sont beaucoup plus cohérents. Ils ont un plan pour vraiment bouleverser le gouvernement, l’État fédéral et cibler leurs ennemis. C’est sans précédent dans l’histoire américaine d’avoir un tel personnage avec une telle influence dans cette position, ajoute-t-il.

Si le mot historique a souvent été utilisé pour décrire une élection présidentielle américaine, le qualificatif risque de s’appliquer encore une fois pour parler de la prochaine course, avance Frédérick Gagnon, titulaire de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques.

Parce que si Trump revient au pouvoir, on sait un peu à quoi s’attendre pour la suite des choses. On voit ses déclarations en ce moment, on voit ses projets, on voit qui il veut nommer autour de lui comme conseillers, dit le directeur de l’Observatoire sur les États-Unis à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Le spectre d’une réélection de Donald Trump en effraie plusieurs et pourrait être très mobilisateur à l’avantage de Biden, croit M. Gagnon.

Quand on a fait des enquêtes de terrain aux États-Unis lors des élections de mi-mandat de 2022, il y a beaucoup d’électeurs démocrates qui nous disaient au fond qu’ils avaient peur pour l’avenir de la démocratie américaine, relate le chercheur.

Bien des démocrates insatisfaits du 46e président du pays pourraient donc finir par se ranger derrière lui afin de bloquer la route à M. Trump, poursuit M. Gagnon.

M. Biden a déjà commencé à recentrer son message sur la défense de la démocratie, alors que ses discours sur son bilan économique semblent susciter peu d’enthousiasme auprès de la population, note le chercheur de l’UQAM.

Craintes de violence

Au-delà de la démocratie, l’économie, l’inflation et le droit à l’avortement sont aussi susceptibles d’être des enjeux incontournables de la campagne présidentielle.

M. Opal identifie également l’Obamacare, le programme d’assurance maladie signé sous la présidence de Barack Obama en 2010.

M. Trump a récemment déclaré vouloir remplacer ce programme, qu’il a déjà tenté de faire invalider lorsqu’il était à la tête des États-Unis.

Les démocrates vont mentionner ça sans cesse. Ils vont dire : « nous, les démocrates, on va protéger, on va élargir, on va encourager davantage l’Obamacare, tandis que Trump va le démanteler », indique M. Opal, qui précise que cette politique obtient un fort appui au sein de la population, même chez les républicains.

La possibilité de voir surgir des actes de violence pendant et après la campagne présidentielle inquiète en outre les deux observateurs en politique américaine.Des partisans du président Donald Trump assiègent le Capitole américain à Washington.

En cas de résultats serrés entre les deux candidats, certains observateurs redoutent des violences similaires à celles qui ont marqué l’assaut du capitole, en janvier 2021. (Photo d’archives) Photo: AP/Jose Luis Magana

Trump ne cherche jamais à unifier les Américains, à apaiser les tensions. Il aime bien intensifier les clivages, susciter la colère et répandre des rumeurs ou des conspirations, évoque M. Opal.

L’épisode de l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021 se présente comme un mauvais présage si la course devait se terminer avec des résultats aussi serrés qu’il y a quatre ans, souligne pour sa part M. Gagnon.

Si ça se joue, par exemple, par quelques dizaines de milliers de votes dans un État du pays, on peut imaginer le genre de crise. Et puis, peut-être qu’on sera des semaines sans savoir qui est le président. Il peut y avoir des affrontements violents. C’est un pays qui reste fragile.Une citation deFrédérick Gagnon, directeur de l’Observatoire sur les États-Unis à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Le Canada a tout intérêt à tenir à l’œil la situation chez ses voisins du sud, ajoute M. Gagnon.

Parce que si ça tourne mal aux États-Unis au cours des prochaines années après l’élection, ça peut avoir des effets sur nous. La très grande majorité de nos exportations à l’international vont aux États-Unis. Notre économie dépend beaucoup de ce qui se passe aux États-Unis, expose-t-il.

Trump se pose en victime des procédures judiciaires

Les prochains mois viendront confirmer si les Américains assisteront bel et bien à un match revanche entre Joe Biden et Donald Trump. Les primaires démocrates et républicaines – le processus visant à désigner dans chacun des camps leur candidat pour la Maison-Blanche – auront lieu au cours de 2024.

Chez les républicains, M. Trump obtient une large part des appuis et domine ses rivaux, selon différents sondages.

Il faudra toutefois surveiller dans les prochaines semaines et les prochains mois les effets de la récente décision de la Cour suprême du Colorado, qui a déclaré M. Trump inéligible pour le scrutin présidentiel de 2024 en raison de son rôle dans l’assaut du Capitole.

La secrétaire d’État du Maine a pris une décision similaire jeudi, mais il reviendra probablement à la Cour suprême des États-Unis de trancher dans cette affaire.Donald Trump, boudeur, assiste au procès.

Les procès et les 91 infractions auxquels Donald Trump fait face ne lui nuisent guère. Ici, sa comparution devant un tribunal de New York pour répondre d’une poursuite civile où on l’accuse d’avoir gonflé la valeur de ses actifs immobiliers, en novembre 2023. Photo: Reuters

Les procès et les 91 infractions auxquels il fait face ne nuisent guère à M. Trump jusqu’à maintenant. Au contraire, les procédures judiciaires lui ont permis d’alimenter l’appui de ses partisans en prétendant être victime d’une chasse aux sorcières et d’occuper l’espace médiatique, analyse M. Gagnon.

Cependant, un sondage du New York Times rendu public en novembre dernier suggère une baisse dans les intentions de vote si M. Trump était reconnu coupable d’un crime; il perdrait six points en moyenne dans six États clés de l’élection présidentielle, indique le chercheur de l’UQAM.

Dans les rangs démocrates, M. Biden ne semble pas non plus être menacé jusqu’ici. Les pointures démocrates considérées comme des candidatures sérieuses à la succession du président ont décidé de lui rester loyales.

M. Opal croit toutefois qu’un doute persiste quant à la possibilité que l’actuel président se retire de la course en raison de son âge, 81 ans, et de son état de santé.

Du moins la question se pose, selon lui, au regard d’une récente déclaration. M. Biden a dit qu’il aurait été moins certain de se représenter si M. Trump n’avait pas été candidat.

Il s’agissait peut-être d’une réponse aux démocrates qui pensent qu’il devrait céder sa place, et aux sondages montrant un faible taux de satisfaction à l’égard de son travail.

Ce que Biden dit beaucoup, c’est qu’il a été le candidat qui a battu Trump en 2020. Et selon lui, il reste encore le meilleur candidat pour le battre, avance M. Gagnon.

Par Radio-Canada avec La Presse canadienne

Au Gabon, l’élection présidentielle aura lieu en août 2025 

novembre 13, 2023

La junte au pouvoir depuis la chute d’Ali Bongo Ondimba a dévoilé les grandes lignes de son calendrier, lequel demeure pour l’instant provisoire.

Le général Brice Oligui Nguema lors de son investiture en tant que président par intérim du Gabon, le 4 septembre 2023. © AFP

Le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) a finalement communiqué sur son calendrier. C’est le colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, porte-parole de la junte, qui a fait l’annonce sur la télévision publique gabonaise le 13 novembre, plus de deux mois après le coup d’État militaire qui a démis Ali Bongo Ondimba de ses fonctions. Avec une date de fin pour la transition : août 2025, soit deux ans après le putsch, lors d’une nouvelle élection présidentielle. 

Grandes étapes

Proche du président Brice Clotaire Oligui Nguema, le colonel a listé les grandes phases du chronogramme de la transition. Le texte, adopté en conseil des ministres, « est une étape essentielle » de la transition, a indiqué Ulrich Manfoumbi Manfoumbi. Énumérant les étapes déjà opérées, à savoir une « rencontre avec les forces vives de la nation » et la recomposition des institutions, le CTRI a donné les grandes lignes des mois à venir. La junte a déjà commencé à réceptionner les contributions de la population gabonaise, dans une opération qui doit durer jusqu’au 30 novembre.

En janvier 2024, un rapport sera remis et enrichi, avant qu’une « synthèse finale » soit adoptée. Un nouveau dialogue national inclusif, dirigé par l’archevêque de Libreville, sera organisé et l’Assemblée nationale de transition, nommée en septembre, sera transformée en Chambre constituante. Un an avant l’élection présidentielle, une première version de la nouvelle loi fondamentale gabonaise sera présentée.

Elle sera soumise à référendum en octobre 2024. L’année 2025 sera ensuite consacrée à l’organisation du scrutin : réforme du code électoral, révision des listes, « distribution des cartes d’électeurs » et, enfin, le scrutin. « Le CTRI réaffirme son engagement à garantir un processus transparent, efficace et inclusif », a insisté Ulrich Manfoumbi Manfoumbi.

Ce calendrier devra être validé lors du dialogue national inclusif, qui doit débuter en avril 2024 – il est donc susceptible d’être encore amendé. Jusque là, les militaires au pouvoir étaient restés très vagues quant à l’organisation d’un nouveau scrutin présidentiel.

Avec Jeune Afrique par Jeanne Le Bihan

Après l’annonce de Macky Sall, félicitations internationales et mises en garde sénégalaises

juillet 4, 2023

Les messages positfs se sont multipliés depuis que le chef de l’État a déclaré qu’il ne serait pas candidat en 2024. Soulagés, ses adversaires se disent néanmoins décidés à s’assurer que l’élection se déroule dans les meilleures conditions.

Le président sénégalais, Macky Sall, lors d’une réunion avec le président russe, Vladimir Poutine, à Saint-Pétersbourg, le 17 juin 2023. © Sergei Bobylev/TASS/Sipa

Ils sont plusieurs dizaines de partisans à se presser contre les grilles du palais présidentiel, ce 3 juillet au soir. Macky Sall vient tout juste d’achever son « adresse à la nation », dans laquelle il a fini par annoncer ne pas vouloir participer à la présidentielle du 25 février 2024. Souriant, le chef de l’État marche jusqu’aux portes du palais, où il est acclamé et félicité par ses sympathisants. Des images le montrent un peu plus tard, toujours aussi souriant, sur le pas de la porte de son domicile du quartier résidentiel de Mermoz. « C’est toi que nous voulons ! » s’exclame la foule réunie devant la maison. Macky Sall agite la main, et rentre chez lui.

« Contrairement aux rumeurs qui m’attribuaient une nouvelle ambition présidentielle, je voudrais dire que j’ai une claire conscience et mémoire de ce que j’ai dit, écrit et répété ici et ailleurs, c’est-à-dire que le mandat de 2019 était mon second et dernier mandat, avait-il affirmé quelques heures plus tôt. J’ai un code d’honneur et un sens de la responsabilité historique qui me commandent de préserver ma dignité et ma parole. »

« Porte-flambeau » démocratique

Une déclaration saluée au Sénégal et au-delà. Depuis lundi soir en effet, les messages de soutien affluent. « Je salue la décision sage et salutaire de mon frère, le président Macky Sall, de ne pas se porter candidat à l’élection de 2024 », a ainsi fait savoir le patron de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, qui a loué un « grand homme d’État ».

Le Nigérien Mohamed Bazoum a lui aussi salué l’annonce de son homologue. « Je formule le vœu que cette décision mûrement réfléchie apaise définitivement le climat politique dans ce pays frère », a-t-il déclaré. Le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embaló a quant à lui évoqué une « décision courageuse ». « On peut succéder à Macky Sall, mais il est difficile de le remplacer », a-t-il ajouté.

« Le président Macky Sall vient de faire preuve d’une grande intelligence politique. Ainsi, le Sénégal reste l’un des porte-flambeaux dont la flamme éclaire notre continent », a insisté l’ancien président nigérien, Mahamadou Issoufou. Lui aussi, à l’instar de l’ex-président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, en 2019, avait fait le choix de ne pas se représenter fin 2020, à l’issue de son second mandat. Une décision qui lui avait notamment valu de remporter le prix de la Fondation Mo Ibrahim pour la paix.

Guterres, Blinken et Macron satisfaits

Depuis les chancelleries occidentales, où l’on s’était déjà exprimé plus ou moins publiquement contre la perspective d’un troisième mandat, les réactions ont aussi afflué. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a ainsi exprimé « sa profonde estime » pour Macky Sall.

« La déclaration claire du président Sall est un exemple pour la région, contrairement à ceux qui cherchent à éroder le respect des principes démocratiques, y compris la limitation des mandats », a commenté le secrétaire d’État américain, Antony Blinken. « Le Sénégal démontre à nouveau la solidité de sa longue tradition démocratique », a ajouté la France, alors qu’Emmanuel Macron avait lui-même évoqué le sujet du troisième mandat le mois dernier avec son homologue sénégalais. Les deux hommes avaient notamment évoqué la possibilité d’une reconversion (à l’ONU ou au G20) si Macky Sall venait à ne pas se présenter.

Au Sénégal, les adversaires de Macky Sall et les opposants à un troisième mandat se sont dits soulagés. Le militant des droits humains Alioune Tine a même évoqué une « délivrance ». « Je dois avouer une grande émotion. Ce discours me permet de retrouver une grande partie du Macky Sall d’avril 2012 », a par ailleurs déclaré l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye.

« Mieux vaut tard que jamais. Le président Macky Sall a fini par accepter que la Constitution ne l’autorisait pas à se présenter une troisième fois, a insisté l’ancienne Première ministre Aminata Touré, qui a rompu en septembre dernier avec la majorité. J’invite désormais les Sénégalais à se mobiliser pour ne pas laisser Macky Sall décider qui doit participer ou pas à l’élection présidentielle. »

Kemi Seba reste sur ses gardes

Le militant panafricain Kemi Seba a pour sa part évoqué une « décision salutaire », mais il a prévenu : « Il serait profondément naïf que de penser qu’à la suite de ce revirement, le courant souverainiste sénégalais a gagné. Ceux qui étaient tous alliés hier contre l’hypothèse d’un troisième mandat vont se retrouver adversaires à couteaux tirés, et Macky Sall va tout faire pour en tirer avantage. Vigilance donc, car la Françafrique n’a pas dit son dernier mot. »

Les plus sceptiques ont enfin regretté que le chef de l’État sénégalais n’ait pas questionné la légalité d’une troisième candidature et rappelé le cas ivoirien : en 2020, le président Alassane Ouattara avait en effet fait une déclaration en tout point similaire à celle de Macky Sall, avant de changer d’avis après le décès de son dauphin, l’ancien Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, trois mois avant le scrutin. Le dirigeant ivoirien, qui avait à l’époque évoqué « un cas de force majeure », n’a pour l’instant pas réagi officiellement à l’annonce de Macky Sall.

Avec Jeune Afrique par Marième Soumaré – à Dakar

Les Sierra-Léonais votent pour élire leur président

juin 24, 2023
Les Sierra-Leonais votent pour elire leur president
Les Sierra-Léonais votent pour élire leur président© AFP/JOHN WESSELS

Les électeurs Sierra-Léonais élisent samedi leur président, dans un pays en plein marasme économique où le sortant Julius Maada Bio brigue un second mandat face à son principal concurrent Samura Kamara.

Le scrutin, qui doit s’achever à 17H00 (locales et GMT), a démarré avec retard dans plusieurs centres comme à Wilberforce Barracks, une caserne de Freetown où a voté le président Bio peu avant 12H00, ont constaté des journalistes de l’AFP. Environ 3,4 millions de personnes sont appelées à choisir entre 13 candidats.

« Sortez pour voter. C’est votre droit. Aujourd’hui est un jour de choix, choix de votre représentant au Parlement, de votre conseiller municipal et aussi de votre président. Sortez voter et votez sans problème », a dit M. Bio après avoir mis son bulletin dans l’urne.

Les Sierra-Léonais doivent aussi élire leur Parlement et les conseils locaux. Un tiers des candidats devront être des femmes, en vertu d’une nouvelle loi.

-Revanche-

Le principal concurrent de M. Bio pour la présidentielle, M. Samura Kamara a notamment dénoncé « les centres de vote congestionnés », dans une déclaration à la presse, après son vote dans la capitale samedi.

Cette élection est déterminante pour « le futur de la Sierra Leone« , a-t-il ajouté sans répondre à la question de savoir s’il accepterait ou non les résultats.

Sous une brève pluie fine, des files de plusieurs centaines d’électeurs se sont formées devant des bureaux de vote dans la capitale.

Cette présidentielle est la revanche de 2018 entre M. Bio, ancien militaire à la retraite de 59 ans, et M. Kamura, technocrate de 72 ans et chef du Congrès de tout le peuple (APC). M. Bio, candidat du Parti du peuple de la Sierra Leone (SLPP), l’avait alors emporté au second tour avec 51,8 % des voix.

Depuis, M. Bio a eu à gouverner l’un des pays les plus pauvres de la planète, durement touché par le Covid-19 puis la guerre en Ukraine.

L’ancienne colonie britannique peinait déjà à se remettre d’une guerre civile sanglante (1991-2002) et de l’épidémie d’Ebola (2014-2016).

L’inflation et l’exaspération à l’encontre du gouvernement ont provoqué en août 2022 des émeutes qui ont causé la mort de 27 civils et six policiers.

Vie chère

M. Bio s’est fait le champion de l’éducation et des droits des femmes. Il a dit à l’AFP privilégier l’agriculture et réduire la dépendance de son pays aux importations alimentaires.

M. Kamara, ministre des Finances puis des Affaires étrangères avant l’avènement de M. Bio en 2018, a indiqué à l’AFP vouloir restaurer la confiance dans les institutions économiques nationales et attirer les investisseurs étrangers.

Un candidat doit recueillir 55 % des votes valables pour être élu au premier tour.

La cherté de la vie est la préoccupation commune à une très grande majorité de Sierra-Léonais. Les prix de produits de base comme le riz sont montés en flèche. L’inflation était en mars de 41,5 % sur un an.

« Les gens ont beaucoup de mal ne serait-ce qu’à se payer trois repas par jour », dit un jeune homme de 19 ans du bidonville de Cockle Bay, à Freetown, sous le couvert de l’anonymat.

« En plus, le gouvernement viole nos droits fondamentaux, à commencer par la liberté d’expression », dit-il.

Après des décennies de troubles, de coups d’Etat et de régimes autoritaires, la Sierra Leone élit son président depuis la fin des années 1990.

M. Bio lui-même a été membre d’un groupe d’officiers qui avait pris le pouvoir par la force en 1992, et leader en 1996 d’un nouveau putsch avant d’organiser des élections libres, puis de partir pour les Etats-Unis.

Risque de violence

Les défenseurs des droits humains dénoncent la persistance de graves abus, y compris de la part du gouvernement ou au nom du gouvernement. L’ouverture en février d’un procès pour corruption contre Samura Kamara, juste après sa désignation comme candidat, a soulevé des questions.

Les analystes soulignent cependant que les électeurs feront le calcul que l’argent et le travail iront aux régions dont les représentants seront associés au vainqueur de la présidentielle.

Le risque de violence est l’une des inconnues, bien que la campagne ait été plus calme que les fois précédentes à Freetown.

Macksood Gibril Sesay, ancien membre de la commission électorale, se dit inquiet du fait qu’après les émeutes d’août 2022, il n’y ait « pas eu de processus de guérison ». « Tout le monde sait bien que les élections sont une période où il suffit d’une étincelle pour qu’il y ait le chaos partout ».

Par Le Point avec AFP

Présidentielle en Iran : l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi l’emporte au premier tour

juin 19, 2021
Ebrahim Raïssi, alors chef de l’autorité judiciaire, s’adresse à la presse après avoir enregistré sa candidature pour l’élection présidentielle iranienne, au ministère de l’Intérieur, à Téhéran, Iran, le 15 mai 2021.

L’ultraconservateur Ebrahim Raïssi a été proclamé vainqueur samedi de la présidentielle iranienne de la veille, marquée par la plus basse participation à un tel scrutin depuis la proclamation de la République islamique en 1979.

Sans surprise, Ebrahim Raïssi, chef de l’Autorité judiciaire âgé de 60 ans, s’est imposé dès le premier tour après une campagne électorale terne sur fond de mécontentement général face à la crise économique et sociale. Il a obtenu 61,95% des voix, selon les résultats définitifs du ministère de l’Intérieur. Le taux de participation officiel s’élève à 48,8%.

Hodjatoleslam (rang inférieur à ayatollah dans la hiérarchie du clergé chiite), Ebrahim Raïssi faisait figure d’archifavori, faute de concurrence réelle après la disqualification de ses principaux adversaires.

Sauver l’accord de Vienne

Le chef de l’Autorité judiciaire, qui doit prendre ses fonctions en août, hérite d’un pays en proie à une grave crise économique, conséquence des sanctions imposées par les États-Unis contre l’Iran après la décision de l’ancien président américain Donald Trump de dénoncer en 2018 l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015 à Vienne.

Bien qu’issu d’un courant politique se caractérisant par l’antiaméricanisme et le rejet de l’Occident, Ebrahim Raïssi a rappelé pendant la campagne que la priorité – conformément à la ligne fixée par le guide suprême Ali Khamenei – était d’obtenir la levée de ces sanctions pour sortir le pays de l’ornière. Son élection ne devrait donc pas avoir d’effet sur les négociations en cours pour sauver l’accord de Vienne en y réintégrant les États-Unis.

La solution passe a priori par la levée des sanctions américaines demandées par l’Iran en échange du retour de Téhéran à l’application pleine et entière de l’accord, la République islamique ayant abandonné en riposte au blocus américain la plupart des garde-fous limitant ses activités nucléaires qu’il avait acceptés à Vienne.

La nation, « grand vainqueur »

Selon les chiffres officiels, le général de division Mohsen Rezaï, ancien commandant en chef des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, termine deuxième avec plus de 11,79%, mais le total de ses voix est inférieur à celui des bulletins nuls. L’ancien président de la Banque centrale Abdolnasser Hemmati, obtient 8,39%, devant le député Amirhossein Ghazizadeh-Hachémi (3,45%).

Avant même la publication du taux de participation officiel, l’ayatollah Khamenei avait affirmé que le « grand vainqueur » des élections était « la nation iranienne [qui] s’est levée une fois de plus contre la propagande des médias mercenaires de l’ennemi ».

Pendant les semaines précédant le scrutin, les rares sondages disponibles avaient laissé présager d’un taux d’abstention record de plus de 60%. Plusieurs responsables iraniens, dont le président sortant Hassan Rohani, s’étaient inquiétés qu’une faible participation puisse nuire au « maintien de la légitimité » de la République islamique.

L’ayatollah Khamenei lui-même avait appelé à plusieurs reprises à faire échec à une campagne de mouvements d’opposition en exil appelant à boycotter le scrutin.

Avant même la proclamation des résultats, Ebrahim Raïssi, en qui certains médias iraniens voient un possible successeur de M. Khamenei (82 ans cette année), a été reçu par Hassan Rohani et le président du Parlement, Mohammad-Bagher Ghalibaf qui l’ont félicité.

« Si Dieu le veut, nous ferons de notre mieux pour que l’espoir désormais présent dans les coeurs du peuple s’accroisse », a-t-il déclaré lors de sa rencontre avec Mohammad-Bagher Ghalibaf. Le président a des prérogatives limitées en Iran, où l’essentiel du pouvoir est aux mains du guide suprême.

Répression

Se présentant comme le champion de la lutte anticorruption et le défenseur des classes populaires au pouvoir d’achat miné par l’inflation, Ebrahim Raïssi est le seul des quatre candidats à avoir véritablement fait campagne.

Réélu en 2017 au premier tour face à Ebrahim Raïssi qui avait alors obtenu 38% des voix, Hassan Rohani, un modéré dont la politique d’ouverture internationale a été torpillée par Donald Trump, finit son second mandat avec un niveau d’impopularité rarement atteint.

En décembre et janvier 2017-2018 et en novembre 2019, deux vagues de contestation ont été violemment réprimées.

Pour l’opposition en exil et des défenseurs des droits humains, Ebrahim Raïssi est l’incarnation de la répression et son nom associé aux exécutions massives de détenus de gauche en 1988, à l’époque où il était procureur adjoint du tribunal révolutionnaire de Téhéran.

Interrogé en 2018 et en 2020 sur cette page controversée de l’histoire récente, Ebrahim Raïssi a nié y avoir joué le moindre rôle, mais a rendu « hommage » à l’« ordre » donné selon lui par l’ayatollah Khomeiny, fondateur de la République islamique, de procéder à cette épuration.

Amnesty International a néanmoins dénoncé son élection à la présidence, jugeant qu’il devrait faire l’objet d’une enquête pour « crimes contre l’humanité » et « répression brutale » des droits humains. Ebrahim Raïssi figure sur la liste noire des responsables iraniens sanctionnés par Washington pour « complicité de graves violations des droits humains ».

Par Jeune Afrique avec AFP

Présidentielle en Tunisie: Ennahdha reconnaît sa défaite et le « carton jaune » adressé par les électeurs

septembre 18, 2019

Abdelfattah Mourou, candidat d’Ennahdha, mettant son bulletin dans l’urne sous le regard des caméras, dimanche 15 septembre 2019 (image d’illustration). © Mosa’ab Elshamy/AP/SIPA 

Arrivé troisième avec 12,9 % des suffrages, Abdelfattah Mourou a reconnu mardi sa défaite au premier tour de l’élection présidentielle, et salué les vainqueurs Kaïs Saïed et Nabil Karoui. Pour les cadres de son parti, Ennahdha, c’est désormais l’heure du bilan.

Au quartier général d’Abdelfattah Mourou, candidat tardif d’Ennahdha à l’élection présidentielle du 15 septembre, l’ambiance n’est pas à la fête. Devant les caméras, les affiches « Mourou 2019 » et les photos du candidat affublé du numéro 14 rappellent les espoirs déçus du parti à la colombe. Mis à part les gardes du corps à l’entrée de cette villa du quartier El Manar, en périphérie de Tunis, les trois hommes qui s’expriment en conférence de presse paraissent plus petits qu’avant dans leurs costumes.

Aux côtés du candidat paré de ses habituelles jebba et chechia, Samir Dilou, son directeur de campagne et ex-ministre des Droits de l’homme, et Rached Ghannouchi, le chef de la formation à référentiel islamique. Tous deux cravatés, ils tentent tour à tour de trouver des raisons à cette dégringolade. Ennahdha, qui se démarquait jusqu’alors par ses bases solides et sa structuration, était habitué depuis 2011 à peser fortement dans le jeu politique, jusqu’à devenir première force à l’Assemblée des représentants du peuple. Sa récente mue en formation « musulmane démocrate » – selon les derniers éléments de langage – était d’ailleurs censée élargir ses perspectives. Il faudra finalement compter sans le fauteuil de Carthage.

Le leader d’Ennahdha Rached Ghannouchi (à droite), aux côtés du candidat du parti à l’élection présidentielle Abdelfattah Mourou (à gauche) et de Samir Dilou, directeur de campagne. © Camille Lafrance pour JAUne candidature tardive

Ses cadres ont reconnu la défaite et la place de troisième de leur candidat à la présidence, avec 12,9 % des voix, selon les résultats officielles annoncés mardi après-midi par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie). La faute à un manque de temps, s’accordent-ils à justifier.

Ennahdha a en effet traîné et attendu la dernière minute pour annoncer une candidature et choisir son « oiseau rare », après avoir hésité à soutenir un visage extérieur à ses rangs. Beaucoup trop tard, de l’avis d’Oussama Sghaïer, député nahdaoui des Tunisiens de l’étranger (circonscription Italie).

Si on avait eu quelques jours de plus, on aurait pu faire beaucoup mieux. Surtout que nous n’avons que deux points d’écart avec le candidat arrivé deuxième

« Nombre de citoyens avaient déjà fait leur choix quand nous nous sommes décidés, confie-t-il à Jeune Afrique. Si on avait eu une campagne normale et non pas des élections anticipées, avec quelques jours de plus, on aurait pu faire beaucoup mieux. Surtout que nous n’avons que deux points d’écart avec le candidat arrivé en deuxième position. »

Selon lui, les douze jours accordés pour faire campagne et sillonner toutes les régions ont été largement insuffisants. Il en veut pour exemple la ville de Gabès, où Ennahdha était classé troisième des intentions de vote avant la visite de son candidat, qui aurait contribué à l’y propulser finalement en première place.

« Avènement de candidats de la révolution »

« Tous les représentants et cadres du parti sont descendus sur le terrain en force », a salué Rached Ghannouchi, tout en se félicitant de « l’honorable » résultat obtenu. Peu avant, le bureau exécutif d’Ennahdha avait salué « le militantisme, la persévérance et la capacité [d’Abdelfattah Mourou] à communiquer avec différentes catégories sociales ».

Le leader a également souligné la défaite des candidats de l’ancien régime et de ses ennemis – pourtant alliés d’hier. Il estime que le scrutin a en revanche permis « l’avènement de gouvernements d’essence révolutionnaire, grâce aux candidats de la révolution dont Mourou, mais aussi Kaïs Saïed, l’ex-président Moncef Marzouki, Safi Saïd, Lotfi Mraihi et Seifeddine Makhlouf ».

« On ne peut pas décrypter en quelques heures le message lancé par les Tunisiens », a nuancé Samir Dilou, reconnaissant toutefois un « séisme ». Et Mourou de rappeler que « l’érosion n’a pas touché seulement Ennahdha, mais tous les partis et politiciens ». « C’est un carton rouge pour le pouvoir et un carton jaune pour nous », reconnaît leur cadet Oussama Sghaïer.

La concurrence Saïed

Le candidat arrivé en tête, Kaïs Saïed, a-t-il puisé dans les réserves de la formation islamiste ? « Il a commencé sa campagne il y a trois ans. Pendant ce temps-là, j’étais à la tête de l’Assemblée [comme vice-président]. Ce qui m’intéressait, c’était le cours des choses dans l’hémicycle. Il a pris de l’avance, mais nous ne savons pas encore s’il a pris des voix chez nos potentiels électeurs ou chez nos voisins », rétorque à Jeune Afrique un Abdlelfattah Mourou qui tente de garder le sourire et son habituelle bonhomie.

Les instances du parti devraient se prononcer dans les prochains jours sur son éventuel appui à l’un ou l’autre des candidats du duo de tête. Si un soutien était envisagé, l’option Kaïs Saïed semble la plus réaliste. « Nabil Karoui a tenté de nous détruire et a beaucoup dépensé pour cela ces dernières années », rappelle ainsi Oussama Sghaïer.

Par Jeuneafrique.com Camille Lafrance envoyée spéciale à Tunis

Élections au Zimbabwe: Robert Mugabe souhaite la défaite de souhaite de son ancien parti

juillet 29, 2018

L’ex-président zimbabwéen Robert Mugabe s’adresse à la presse à Harare le 29 juillet 2018, à la veille de l’élection présidentiellen / © AFP / Jekesai NJIKIZANA

L’ex-président zimbabwéen Robert Mugabe s’est invité dans la campagne électorale dimanche, à la veille de scrutins historiques, pour appeler les électeurs à faire tomber son ancien parti, qui l’a poussé vers la sortie en novembre après trente-sept ans de règne.

Les Zimbabwéens doivent élire lundi leurs président, députés, conseillers municipaux à l’occasion des premiers scrutins depuis la chute de M. Mugabe.

L’ancien homme fort du pays, âgé de 94 ans, est sorti du silence qu’il respectait depuis le début de la campagne électorale, en tenant sa première conférence de presse en direct depuis sa démission forcée.

« J’espère que le vote de demain va faire tomber la forme militaire de gouvernement » actuel, a lancé M. Mugabe dans cette intervention surprise depuis sa luxueuse résidence de Blue Roof à Harare, où il passe une retraite dorée.

« Je ne peux pas voter pour ceux qui m’ont mal traité », a-t-il poursuivi avant de sous-entendre qu’il donnerait sa voix au candidat du principal parti d’opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), Nelson Chamisa, dont il a toujours combattu la formation.

« Je ne peux pas voter pour la Zanu-PF », le parti au pouvoir depuis l’indépendance du Zimbabwe en 1980, a expliqué l’ex-chef de l’Etat et ancien président de la Zanu-PF. « Qui reste-t-il ? Chamisa », a-t-il lancé, provoquant quelques rires parmi les journalistes.

Office dans l’église Saint Peter Claver à la veille des élections au Zimbabwe, district de Mbare, 29 juillet 2018 / © AFP / MARCO LONGARI

Le plus vieux dirigeant en exercice de la planète avait dû renoncer au pouvoir en novembre, sous la pression de l’armée et de la Zanu-PF.

L’armée était intervenue pour empêcher, le moment venu, l’ambitieuse Première dame Grace Mugabe de remplacer son mari nonagénaire.

Il a finalement été remplacé par Emmerson Mnangagwa, qu’il avait démis deux semaines plus tôt de ses fonctions de vice-président.

Ce fut « un véritable coup d’Etat », a lancé dimanche M. Mugabe, jugeant par ailleurs « totalement ridicule » l’idée qu’il ait voulu faire de son épouse Grace, âgée de 53 ans, son successeur.

Assis dans un fauteuil de cuir vert, l’ancien président, en lunettes de soleil et costume cravate impeccable, est apparu en forme pendant les deux heures de son intervention qu’il a terminée en posant aux côtés de son épouse.

Partisans du président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, candidat à l’élection de lundi, 28 juillet 2018 / © AFP / Jekesai NJIKIZANA

– Chamisa embarrassé –

Lors d’une intervention à la radio d’Etat, le président Mnangagwa a indirectement répondu à son prédécesseur en affirmant qu' »après des années d’immobilisme, les événements de novembre 2017 avaient donné au Zimbabwe l’occasion de rêver de nouveau ».

Il s’est félicité du climat « de paix » pendant la campagne électorale, contrairement aux précédentes élections sous l’ère Mugabe, entachées de nombreuses violences.

« Demain vous déciderez de l’avenir du Zimbabwe », a-t-il lancé aux électeurs, les exhortant « d’utiliser avec discernement » leur pouvoir pour cette élection, « la plus contestée de toute notre histoire ».

M. Mnangagwa, patron de la Zanu-PF, est donné favori du scrutin, devant M. Chamisa, propulsé récemment à la tête du MDC, à la suite du décès de son leader historique Morgan Tsvangirai, le rival de longue date de M. Mugabe.

Mugabe: ZANU-PF party he founded regard him ‘as an enemy’ / © AFP / Maryke Vermaak

Mais l’écart entre les deux principaux candidats à la présidentielle s’est récemment réduit. Le président sortant est crédité de 40% des suffrages, contre 37% pour son principal adversaire, selon un sondage publié il y a dix jours par le groupe Afrobarometer.

Si aucun candidat n’obtient la majorité absolue lundi, un deuxième tour sera organisé le 8 septembre.

M. Chamisa, qui veut incarner le changement et la rupture avec l’ancien régime, a accueilli avec prudence et embarras dimanche les propos de l’ancien président Mugabe.

« Si quelqu’un dit + vous êtes mon candidat préféré+. Qui suis-je pour refuser cette voix ? », a réagi le patron du MDC.

« Ce n’est pas mon devoir en tant que candidat de choisir les électeurs », a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse à Harare. « Ma principale tâche est d’unir le pays », a-t-il ajouté, avant d’accuser une nouvelle fois la commission électorale de partialité dans la préparation de ces scrutins historiques.

Lors de sa campagne, M. Mnangagwa, 75 ans, a garanti des élections « libres, justes et transparentes », en rupture avec les violences et fraudes qui ont caractérisé les derniers scrutins organisés pendant la présidence Mugabe.

Il a aussi promis l’apogée d’une « nouvelle démocratie » et des milliards de dollars d’investissement pour remettre sur pied une économie ruinée par les réformes catastrophiques de son prédécesseur.

Romandie.com avec(©AFP / 29 juillet 2018 16h52)

Élections en RDC: Kabila va parler d’ici le 20 juillet (président de l’Assemblée)

juin 20, 2018

Kinshasa – Le président congolais Joseph Kabila va s’exprimer d’ici le 20 juillet devant le Parlement réuni en Congrès à un moment décisif de la préparation des élections prévues le 23 décembre, a indiqué mardi le président de l’Assemblée nationale.

« J’annonce ici qu’au cours de la session qui s’ouvre, donc avant le 20 juillet, il est prévu que le président de la République chef de l’Etat, son excellence Joseph Kabila Kabange, s’adresse à la Nation », a déclaré le président de l’Assemblée Aubin Minaku en ouverture de la session extraordinaire du Parlement.

Le 25 juillet marque l’ouverture du dépôt des candidatures à la présidentielle, jusqu’au 8 août.

M. Kabila, qui ne peut pas se représenter, ne s’est pas exprimé depuis sa conférence de presse du 26 janvier. Il affirme qu’il respectera la Constitution sans déclarer publiquement qu’il quittera le pouvoir ni donner des signes dans le choix d’un dauphin, nourrissant la suspicion de ses adversaires.

La session extraordinaire du Parlement va examiner parmi six textes une proposition de loi garantissant le statut des anciens chefs de l’Etat, a ajouté le président de l’Assemblée en énonçant l’ordre du jour.

M. Kabila, 47 ans, est à ce jour le seul concerné puisque tous les anciens présidents congolais sont morts (Joseph Kasa-Vubu, Mobutu Sese Seko, Laurent-Désiré Kabila).

La proposition de loi, dont le texte n’est pas encore public d’après le Parlement, a reçu le feu vert de la présidence qui s’y opposait jusqu’à présent, a indiqué une source parlementaire à l’AFP.

Le texte doit compléter la Constitution qui prévoit que les anciens chefs de l’Etat sont sénateurs à vie, avec des dispositions sur leurs ressources, leur sécurité personnelle et leur statut juridique.

Les ex-présidents congolais pourront être poursuivis pour « tout crime économique, tout crime contre l’humanité, tout crime de guerre », avance un parlementaire qui a participé aux travaux en commission.

« Les juridictions nationales ont primauté sur les juridictions étrangères », ajoute-t-il.

« C’est une loi qui garantit l’après-mandat de tout chef d’Etat, en commençant par Joseph Kabila, qui est notre premier chef d’Etat élu », a déclaré le sénateur de la majorité Thekys Mulaila Thenga Bandzuh.

« Je ne sais pas vous dire s’il va quitter le pouvoir », répond-il à la question que tout le monde se pose en RDC.

Des opposants voient à travers cette loi un signe selon lequel le président va bien quitter le pouvoir, mais restent prudents.

« Il faut que le président Kabila lorsqu’il va s’exprimer devant le Congrès, réaffirme qu’il y aura élection à la fin de l’année, qu’il y aura alternance. Deuxième chose, qu’il nous confirme qu’il ne sera pas candidat à un troisième mandat », avance le député Juvénal Munombo, député proche de l’ex-président de l’Assemblée Vital Kamerhe.

Des opposants refusent que cette proposition de loi sur les ex-chefs d’Etat puisse aussi concerner d’autres cadres du régime (président des Assemblées, haut-fonctionnaires, conseillers…).

Romandie.com avec(©AFP / 20 juin 2018 15h44)