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Alassane Ouattara, Macky Sall et Aziz Akhannouch attendus à Abidjan pour l’Africa CEO Forum 2023

mai 10, 2023

Les 5 et 6 juin prochain, l’Africa CEO Forum organise son sommet annuel dans la capitale économique ivoirienne. Objectif : définir une riposte africaine aux crises mondiales.

Lors de l’édition 2016 de l’Africa CEO Forum, à l’hôtel Sofitel Ivoire d’Abidjan. © Eric Larrayadieu pour JA

L’Afrique est-elle condamnée à subir les crises nées loin d’elle ? C’est à cette question que les participants de l’édition 2023 du sommet annuel de l’Africa CEO Forum (ACF)*, organisé les 5 et 6 juin prochain à Abidjan, sont appelés à répondre avec, en ligne de mire, la recherche des solutions destinées à bâtir une riposte globale valable pour l’ensemble des principaux acteurs économiques.

Dans un contexte d’incertitude et de prolifération des crises à l’échelle mondiale, la construction d’économies africaines autonomes, résilientes et prospères sera, cette année plus que jamais, une priorité pour le plus grand rassemblement annuel du secteur privé en Afrique.

ENI, Transnet, Allianz Africa

Ainsi, autour du thème « Réussir malgré les crises – de 300 à 3 000 : comment accélérer l’émergence de la prochaine génération de champions africains », plus de 1 800 chefs d’entreprise et de gouvernement sont attendus pour engager une réflexion de fond sur deux défis majeurs de la souveraineté économique du continent. D’abord, la réhabilitation de « l’État stratège », à même d’identifier et d’encourager les grandes priorités de croissance du continent pour qu’il s’insère au mieux dans les chaînes de valeur mondiales. Puis le soutien aux grandes entreprises, qui constituent le fer de lance de la compétitivité future des économies africaines.

L’idée est de créer les conditions d’un dialogue qui permette la mise en place de politiques publiques favorables à l’émergence d’une nouvelle génération d’entreprises africaines réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 1 milliard de dollars. Si le continent veut limiter l’effet des crises exogènes, la multiplication des champions africains apparaît comme une nécessité absolue.

Parmi les personnalités confirmées pour ce nouveau rendez-vous figurent les chefs d’État ivoirien Alassane Ouattara et sénégalais Macky Sall ; Aziz Akhannouch, le chef du gouvernement marocain ; Makhtar Diop, directeur général de la Société financière internationale (SFI ou IFC, groupe Banque mondiale, coorganisateur de l’événement) ; et de nombreux dirigeants de grandes entreprises tels que Claudio Descalzi, CEO d’ENI, Portia Derby, CEO de Transnet, Kuseni Dlamini, président de Massmart Holdings, Delphine Traoré, directrice générale d’Allianz Africa, Samaila Zubairu, PDG d’Africa Finance Corporation, Hassanein Hiridjee, CEO du Groupe Axian, Karim Beguir, CEO d’Instadeep, Jérôme Hénique, CEO d’Orange Afrique et Moyen-Orient, Hardy Pemhiwa, CEO de Cassava Technologies, Richard Bielle, PDG de CFAO, Jacques Vermeulen, directeur général de Coca-Cola Beverages Africa, ainsi que de nombreux autres décideurs venus de tout le continent et du monde entier.

Objectif : 3 000 champions africains

Fédérant les acteurs qui façonnent une Afrique souveraine, compétitive, en mesure de transformer les crises en opportunités, l’Africa CEO Forum se penchera sur de nombreuses thématiques clés : la conduite d’une transition énergétique adaptée au continent, l’impact local des mines ou de l’agro-industrie, le développement de voix africaines sur les grands sujets globaux, l’adaptation des entreprises à la crise inflationniste… Tous les grands secteurs seront couverts, avec plusieurs temps forts consacrés aux femmes dirigeantes, aux entreprises familiales et aux start-up. Une cinquantaine de sociétés innovantes ayant collectivement levé plus de 1 milliard de dollars sont attendues à l’événement.

« La persistance de l’état de crise auquel nous faisons face met en évidence la nécessité de construire un environnement économique propice à l’émergence d’une nouvelle génération de champions africains, symboles de résilience et d’innovation dans les secteurs fondamentaux, de l’agroalimentaire à l’énergie en passant par l’intelligence artificielle. De 300 champions aujourd’hui, nous estimons que ce nombre devrait être porté à 3 000 pour véritablement transformer le continent. Porter la voix d’une Afrique digne et souveraine sur la scène internationale, en suscitant des synergies entre public et privé, sera, une fois encore, le cœur de notre mission », a déclaré Amir Ben Yahmed, président de l’Africa CEO Forum et CEO de Jeune Afrique Media Group.

« L’Afrique a la capacité et la volonté de sortir plus forte de la vague de défis économiques mondiaux. Pour y parvenir, il faudra une coopération et une collaboration entre les secteurs privé et public du continent. L’IFC continuera à soutenir l’Afrique et à l’aider à tirer parti de ses atouts pour lutter contre le changement climatique, renforcer la sécurité alimentaire et favoriser une croissance durable et inclusive », a déclaré Makhtar Diop, directeur général de la SFI.

Par Jeune Afrique

* Fondé en 2012 par Jeune Afrique Media Group, Africa CEO Forum est la plateforme de référence des dirigeants des plus grandes entreprises africaines et internationales, des investisseurs internationaux, des responsables de multinationales, des chefs d’État, des ministres et des représentants des principales institutions financières actives sur le continent.

Alassane Ouattara, la RTI et le couac des vœux télévisés

janvier 3, 2023

À l’occasion du discours de bonne année, la première chaîne ivoirienne a diffusé un mauvais enregistrement du président. Les sanctions ne se sont pas fait attendre…

La rediffusion d’un discours ancien d’Alassane Ouattara a provoqué une crise à la tête de la RTI, la chaîne publique ivoirienne. © Damien Glez

« Je suis très heureux de m’adresser à vous à l’occasion de la célébration du 62e anniversaire de l’Indépendance de notre beau pays » : ce 1er janvier 2023, à 13 heures, certains téléspectateurs de la chaîne publique ivoirienne ont dû se demander si la gueule de bois du réveillon ne leur jouait pas des tours. L’indépendance de la Côte d’Ivoire est célébrée chaque 7 août et les paroles du chef de l’État, en ce premier jour de l’an, avaient tout des phrases prononcées cinq mois plus tôt. Et pour cause…

C’est bien l’enregistrement de l’allocution présidentielle du soir du 6 août 2022 que la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) rediffusait, par erreur, ce 1er janvier 2023, en lieu et place de la formulation de vœux pour la nouvelle année d’Alassane Ouattara. C’est donc bien aux techniciens de l’organe de service public que la digestion du réveillon a joué un mauvais tour. Mais c’est à des responsables plus haut placés qu’une note d’information fera immédiatement référence…

Limogeages en cascade

La note est signée du directeur général de l’institution qu’on appelle « La Maison bleue », Fausseni Dembélé : « Faisant suite à l’incident au journal télévisé de 13 heures ce jour, 1er janvier 2023, relativement à la rediffusion du discours du chef de l’État à l’occasion du nouvel an et en attendant les enquêtes pour situer les responsabilités, la direction générale décide de la suspension de leur poste les responsables hiérarchiques suivants : Mme Dembélé Habiba épouse Sahouet, directrice des journaux d’information, M. Dalla Diabagaté, directeur technique, Cissé Inssa, directeur de la production TV. »

Et la note d’information de se conclure par l’annonce des responsables de l’intérim : « M. Koné Lanciné, directeur des magazines d’information, pour la direction des journaux de l’information » et « M. Koné Siriki, directeur de RTI 1, pour la direction technique et celle de la production TV. »

Enquêtes en cours

Si le bug semble anodin – simple erreur de fichier –, le fait qu’il concerne une allocution de premier rang, qui plus est le rendez-vous le plus en vue de l’année, ne pouvait que provoquer cette purge, dont l’ampleur définitive sera connue à l’issue des enquêtes. Et même si le couac ne concernait que la rediffusion du jour de l’an et non la première diffusion, celle de la Saint-Sylvestre.

Dans chaque pays, le traditionnel message à la Nation du nouvel an fait l’objet de toutes les attentions, chaque observateur scrutant le fond – le bilan de l’année et les directives pour les douze mois à venir –, mais aussi la forme : pourquoi Paul Kagame ne portait-il pas de cravate ? Pourquoi Ibrahim Traoré n’était-il pas à la capitale ? Pourquoi untel avait-il les cheveux teints ? Pourquoi tel autre était assis ou debout ? Lequel a employé une langue nationale ou convoqué des références religieuses ?…

Damien Glez

Avec Jeune Afrique par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo gracié par Alassane Ouattara

août 6, 2022

Le chef de l’État ivoirien a fait plusieurs annonces importantes ce 6 août, lors de son discours à la nation diffusé à la veille de la fête nationale qui se tient cette année à Yamoussoukro.

Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, lors de leur dernière rencontre, le 27 juillet 2021. © ISSOUF SANOGO/AFP

« Dans le souci de renforcer la cohésion sociale, j’ai signé un décret accordant la grâce présidentielle à monsieur Laurent Gbagbo », a déclaré Alassane Ouattara lors de son discours à la nation, ce samedi 6 août. L’ancien chef de l’État avait été condamnée en 2018 à vingt ans de prison dans l’affaire dite du « casse de la BCEAO ».

Le président ivoirien a également annoncé avoir « demandé qu’il soit procédé au dégel des comptes [de son prédécesseur] et au paiement de ses arriérés de rentes viagères ». Ce versement était bloqué par les autorités ivoiriennes depuis le retour de Gbagbo en Côte d’Ivoire, en juin 2021. 

ADO a enfin signé un décret accordant la libération conditionnel au contre-amiral Vagba Faussignaux et au commandant Jean-Noël Abehi. Ancien commandant de la marine nationale blessé le 11 avril 2011, le premier avait été condamné à 20 ans de prison en 2015. Le second, ex-homme fort du dispositif sécuritaire de Laurent Gbagbo, avait écopé de dix ans de prison en 2018 pour « complot contre l’autorité de l’État ».

Ouattara, Bédié et Gbagbo à Yamoussoukro

Ces mesures sonnent comme une suite logique de la rencontre entre Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, qui s’est tenue le 14 juillet dernier à Abidjan. Une première depuis 2010. Les trois piliers de la vie politique ivoirienne se retrouveront dimanche 7 août à Yamoussoukro à l’occasion du défilé militaire célébrant l’indépendance du pays.

Umaro Sissoco Embaló, président de la Guinée-Bissau et président en exercice de la Cedeao et et Georges Weah, président du Liberia, y assisteront également. 

Par Jeune Afrique

Côte d’Ivoire : Ouattara, Bédié et Gbagbo réunis pour une rencontre historique

juillet 14, 2022

Le président Alassane Ouattara a reçu ses deux prédécesseurs ce jeudi 14 juillet. Un rendez-vous de « réconciliation » et « d’apaisement » destiné à devenir le premier d’une série.

Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, le 14 juillet 2022. © DR / Aïssatou Diallo

Accolades, sourires et complicité… C’est dans une atmosphère détendue qu’Alassane Ouattara a accueilli Laurent Gbagbo à presque 17 heures locales puis, quelques minutes plus tard, Henri Konan Bédié, sur le perron du petit palais de la présidence. Un moment historique : les trois hommes qui ne s’étaient pas revus depuis l’élection présidentielle de 2010 et la crise qui s’en est suivie.

Ils ont échangé en tête-à-tête pendant plus d’une heure. « Nous avons eu une très bonne séance de travail », a déclaré Alassane Ouattara au sortir des discussions, avant de laisser la parole au benjamin des trois, Laurent Gbagbo, qui s’est exprimé en leur nom à tous.

Décrispations

« La rencontre de ce jour a été une rencontre de retrouvailles pour renouer le contact et échanger dans la vérité sur toutes les grandes questions. Le président de la République et ses deux prédécesseurs ont exprimé leur volonté de faire de cette première rencontre un levier de la décrispation du climat politique et social en Côte d’Ivoire », a dit l’ancien président (2000-2011).

« Les uns et les autres considèrent que c’est une réunion extraordinaire. Mais on doit considérer qu’elle est ordinaire et qu’elle sera régulière. Chaque fois que mes prédécesseurs auront le temps de reprendre ces échanges, je leur ferai appel pour recueillir leur avis et recommandations. Je trouve que ce sera une bonne chose pour la nation d’entendre et d’écouter mes prédécesseurs, leur connaissance du pays, leur expérience et le poids politique qu’ils représentent. Nous auront l’occasion de nous revoir régulièrement », a pour sa part ajouté Alassane Ouattara.

Fraternelle

Cette rencontre des trois piliers de la scène politique, prévue de longue date, avait été reportée pour des questions de calendrier. Elle était l’une des propositions issues du dialogue politique, dans la perspective des élections locales qui se tiendront en 2023 et de la présidentielle de 2025.

Ces derniers mois, Gbagbo et Bédié se sont vus à plusieurs reprises depuis le retour du premier en Côte d’Ivoire le 17 juin 2021 après son acquittement définitif par la Cour pénale internationale. Plusieurs coups de fils entre Ouattara et Bédié ont également permis d’apaiser les tensions entre les deux hommes depuis la crise électorale de 2020.

Un an plus tôt, le 27 juillet 2021, Ouattara avait rencontré Gbagbo lors d’une rencontre « fraternelle ». Ils s’étaient alors engagés à œuvrer pour la réconciliation.

Avec Jeune Afrique

Côte d’Ivoire : Ouattara, Gbagbo et Bédié, le tango des éléphants

juillet 12, 2022

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Attendues depuis le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, il y a un an, les retrouvailles d’Alassane Ouattara et de ses deux prédécesseurs sont imminentes. Un cliché historique qui confirmera que les « vieux » refusent la retraite politique ?

© Damien Glez

Est-ce l’effet de la trêve médiatique estivale ou les signes insistants d’une certaine nostalgie afropolitique ? Les anciens chefs d’État squattent l’actualité africaine du moment. En mode « disparition » comme l’Angolais José Eduardo dos Santos décédé vendredi 8 juillet à Barcelone ; en mode « traque » comme le Gambien Yahya Jammeh cerné par l’étau judiciaire.

En même temps que la Côte d’Ivoire intriguait pour réunir quatre anciens chefs d’État burkinabè autour du condamné Blaise Compaoré – celui-ci n’en côtoiera finalement qu’un (Jean-Baptiste Ouédraogo), Roch Marc Christian Kaboré, Yacouba Isaac Zida et Michel Kafando ayant décliné l’invitation de Paul-Henri Sandaogo Damiba -, le pays de Félix Houphouët-Boigny feuilletonnait la réunion d’un autre boys band : les retrouvailles annoncées des trois anciens présidents vivants de la République ivoirienne.

Simple selfie ?

Après de légitimes hésitations et de sincères encombrements d’agendas, le temps semble venu. Laurent Gbagbo rentré le 28 juin de plusieurs semaines de déplacement privé à Bruxelles et Henri Konan Bédié débarqué ce 10 juillet de sa ville de Daoukro, les deux anciens présidents ont pu signaler leur disponibilité à s’asseoir, qui à droite de l’actuel locataire du palais, qui à gauche.À LIRECôte d’Ivoire : le parti de Gbagbo à l’heure des comptes

Si les titans de la politique ivoirienne contemporaine ont souvent dansé le tango en duo, à l’occasion d’alliances opportunistes dont ils ont épuisé les combinaisons, ils ont rarement présenté une bourrée au grand public, cette danse qui peut se pratiquer à trois partenaires. La rencontre au sommet est imminente, probablement le 14 juillet. Simple selfie à trois ? Des sourires hypocrites pour une photographie historique en guise de terminus ? Les « vieux » Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo – 245 ans à eux trois – ne sont pas du genre à prendre de la distance avec la politique politicienne opérationnelle.

Élections en ligne de mire

La rencontre au sommet s’inscrit donc en contrepoint du dialogue politique du début d’année. Et l’ordre du jour, devant ou derrière les caméras, devrait être concret : la perspective des élections locales et régionales de 2023, le projet de loi créant deux nouveaux sièges à la commission centrale de la Commission électorale indépendante (CEI), la question des prisonniers considérés par certains comme « politiques », depuis les crises électorales de 2010-2011 et de 2020, mais aussi la présidentielle de 2025. Un scrutin sur lequel chaque ancien chef d’État entend bien peser, avec toute l’ambiguïté qui sied sur sa participation éventuelle au casting…

La rencontre de ce mois de juillet n’offrira sans doute que des vœux de fraternité dont on a appris qu’ils étaient souvent pieux. Peut-être faudra-t-il s’en contenter, voire s’en réjouir. Car le proverbe populaire indique que « Quand les éléphants se battent, ce sont les fourmis qui meurent ». La Côte d’Ivoire est bien le pays des éléphants, alors qu’ils dansent la bourrée.

Avec Jeune Afrique par Damien Glez

Risque de pénurie de blé en Afrique: le président ivoirien s’en préoccupe

juin 15, 2022

Le président ivoirien, Alassane Ouattara, s’est dit préoccupé par la poussée inflationniste et le risque de pénurie de plusieurs produits comme le blé en Afrique.

« Nous sommes préoccupés, c’est le moins que je puisse dire, par le ralentissement de la croissance mondiale et la disponibilité pour l’Afrique de certains produits comme le blé, les engrais et bien sûr par la poussée inflationniste », a déclaré le chef de l’Etat ivoirien, à l’ouverture de l’Africa CEO Forum, sommet économique réunissant 1 500 chefs d’entreprises et décideurs politiques à Abidjan. 

Il a notamment cité l’exemple de l’Inde qui a interdit les exportations de blé mi-mai.

« Une telle situation inflationniste pousse les gouvernements et les entreprises à réévaluer leur dépendance aux réseaux internationaux. C’est réellement une remise en cause de la mondialisation et de la notion du commerce mondial. Cette situation a été accentuée par la crise en Ukraine », a-t-il ajouté. 

Avant même la guerre en Ukraine, l’insécurité alimentaire s’était accentuée dans le monde en raison des conflits, des crises climatiques et économiques. Mais le conflit russo-ukrainien a aggravé la crise, les deux pays assurant à eux seuls 30% du commerce mondial de blé. Et avec la guerre, les prix de l’énergie, des aliments et des métaux ont flambé. 

« Cette convergence des crises offre au continent africain une occasion unique d’opérer les changements structurels nécessaires à la transformation de nos économies », a de son côté affirmé Makthar Diop, directeur général de la Société financière internationale, une branche de la Banque mondiale. 

L’Africa CEO Forum doit notamment mettre l’accent sur la souveraineté économique du continent africain. 

Avec Adiac-Congo d’après AFP

La Côte d’Ivoire compte sur le secteur privé pour son nouveau PND

juin 14, 2022

Le Plan national de développement nécessite de trouver 9 300 milliards de F CFA auprès des partenaires institutionnels du pays. Mais l’essentiel des investissements devra venir du secteur privé.

Le président ivoirien Alassane Ouattara, le 13 juin 2022, lors de l’ouverture de l’Africa CEO Forum, à Abidjan. © Africa CEO Forum

À son arrivée au pouvoir en 2011, Alassane Ouattara a lancé le troisième plan de développement quinquennal de la Côte d’Ivoire, qui prévoit 59 000 milliards de F CFA (89,9 milliards d’euros) d’investissements sur la période 2021-2026. Les précédentes montures du Plan national de développement (PND) faisaient état de montants plus faibles : 11 000 milliards (2012-2016) et 30 000 milliards (2016-2020).

Selon Kaba Nialé, ministre du Plan et du développement, rencontrée en marge de l’Africa CEO Forum organisé du 13 au 14 juin à Abidjan, ce nouveau PND marque « le recentrage de l’État sur ses fonctions régaliennes et sociales ». Les deux plans précédents avaient été consacrés respectivement à la sortie de crise et à l’État de droit, puis à la relance et à l’amélioration des conditions de vie des populations. C’est pourquoi, la part des investissements publics attendus pour le PND à venir n’est que de 24 %, contre environ 34 %

Projets structurants

Sur les 15 300 milliards de F CFA d’investissements du secteur public, 9 300 milliards de F CFA seront financés par les bailleurs de fonds et partenaires institutionnels du pays, dont la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), ainsi que les institutions bilatérales telles que l’Agence française de développement (AFD). Leurs représentants sont attendus à Abidjan le 15 juin pour des discussions avec les autorités ivoiriennes – une quinzaine de ministres seront disponibles pour des discussions bilatérales.

La ministre note que si ce PND est « aligné avec les Objectifs de développement durable (ODD) », il ne mettra pas moins l’accent sur les infrastructures à caractère social ainsi que sur les projets structurants permettant de souligner l’action du secteur privé. Pour Abidjan, ce programme d’investissement est tourné vers les secteurs de compétitivité de la Côte d’Ivoire comme l’agro-industrie, le BTP, l’industrie chimie et les technologies de l’information et de la communication (TIC).

L’exécutif ivoirien compte sur l’engouement des bailleurs de fonds et du secteur privé pour ses programmes d’investissements stratégiques, conforté par les exemples des précédents PND qui ont permis de porter le taux de couverture en électricité du pays à 80 % quand la Banque mondiale prévoyait un taux d’accès à l’électricité de 69,7 % en Côte d’Ivoire en 2020. La ministre ivoirienne se réjouit que les investissements du secteur privé atteignent 155 % des attentes durant le PND 2012-2021.

Avec Jeune Afrique par Joël Té-Lessia Assoko – envoyé spécial à Abidjan

Côte d’Ivoire : une centaine de personnalités attendues à Abidjan pour la COP15

mai 7, 2022

Ce 9 mai s’ouvre la 15e Conférence des Nations unies sur la désertification et la sècheresse. Une trentaine de chefs d’État doivent lancer « L’appel d’Abidjan » pour mettre d’urgence en œuvre des solutions concrètes face à ces menaces.

Une vache coincée dans les eaux boueuses du barrage asséché de Mabwematema, à 20 km au nord de Zvishavane, au Zimbabwe, le 25 décembre 2019. © ZINYANGE AUNTONY/AFP

Une centaine de personnes, dont une trentaine de chefs d’État, sont attendues autour d’Alassane Ouattara ce lundi 9 mai à Abidjan pour participer à la COP15. Pendant une dizaine de jours, la quinzième Conférence des Nations unies sur la désertification et la sècheresse va réunir des experts et des hommes politiques issus de 196 pays pour tenter d’élaborer des solutions face à l’appauvrissement des sols cultivables.

Parmi eux, Muhammadu Buhari, le président nigérian, qui s’entretiendra avec son homologue ivoirien. Les deux hommes doivent notamment évoquer les similarités entre la COP15 et le projet de grande muraille verte lancé par la BAD.

Cette initiative soutenue par le président français, Emmanuel Macron, vise à mutualiser les investissements en vue de planter des arbres et différents végétaux sur une bande de 8 000 km à travers le Sahara et le Sahel. Une initiative qui, outre lutter contre la désertification, doit créer 10 millions d’emplois dans la région.

L’impact sur les femmes

Cette COP se penchera sur l’impact des crises des « quatre C » – climatique, Covid-19, conflits et coups d’État – sur l’avancée de la désertification et, surtout, sur leur rôle dans la baisse de la productivité en milieu rural.

Un accent particulier sera mis sur les femmes et les jeunes. Dominique Ouattara, la première dame ivoirienne, présidera un caucus sur le genre et sera entourée de femmes influentes, telle Tarja Halonen, ancienne dirigeante de la Finlande. Selon Abou Bamba, président de la COP15 désertification, les femmes sont en effet particulièrement touchées par la dégradation des sols : « 75 % des productions vivrières sont le fait des femmes. Le but de ce caucus sera de lancer une série de mesures en s’appuyant sur l’expérience de Dominique Ouattara pour relever le niveau de vie des femmes en milieu rural. »

Un « appel d’Abidjan » face à l’urgence

« L’appel d’Abidjan » doit être lancé durant cet événement, qui va faire de la Côte d’Ivoire un laboratoire de solutions au problème de la désertification. « L’idée de l’appel d’Abidjan est de s’inspirer des modèles australien, marocain ou israélien. Ils ont réussi à devenir autosuffisants malgré l’aridité de leur climat grâce à des prouesses technologiques », poursuit Abou Bamba. Un engagement à contrer l’avancement de la désertification d’ici cinq à dix ans doit être pris collectivement par les participants. Le but : parvenir à mobiliser un à deux milliards de dollars.

Il y a urgence : dans le monde, 41 % des terres sont menacées de désertification. Un taux qui atteint environ 45 % en Afrique, particulièrement touchée, dont 55 % présentent un risque très élevé. Le Sahel, le désert du Kalahari, en Afrique australe, et la Corne de l’Afrique sont les premières zones affectées mais tous les États sont concernés. En Côte d’Ivoire, un dixième des terres se sont dégradées entre 2000 et 2011, essentiellement à cause de l’agriculture intensive.

Avec Jeune Afrique par Baudelaire Mieu – à Abidjan

Côte d’Ivoire : un nouveau gouvernement, mais peu de changements

avril 21, 2022

Au lendemain de sa reconduction à la primature, Patrick Achi a dévoilé la composition de son équipe. Le nombre de ministres est resserré, comme le souhaitait Alassane Ouattara, mais les titulaires des portefeuilles changent peu.

Patrick Achi au palais présidentiel, à Abidjan, le 10 juillet 2018.

Au lendemain de l’annonce de sa reconduction par Alassane Ouattara devant le Congrès réuni à Yamoussoukro, Patrick Achi a dévoilé, ce mercredi 20 avril, la composition de sa nouvelle équipe. Selon la déclaration lue par le secrétaire général de la présidence, Abdourahmane Cissé, celle-ci compte 32 ministres contre 37 dans le gouvernement précédent.

Resserrer l’exécutif était une priorité du président Ouattara, qui souhaite que le nouveau gouvernement mette l’accent sur les questions sociales et sécuritaires. Mais si le nombre de ministres a été revu à la baisse, les titulaires des portefeuilles sont, eux, bien connus.

De nombreux fidèles du chef de l’État ont en effet conservé un maroquin. Kandia Camara reste ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Diaspora. Téné Birahima Ouattara demeure à la Défense et le général Vagondo Diomandé à l’Intérieur et à la Sécurité. Kobenan Kouassi Ajoumani, nommé fin février porte-parole du parti au pouvoir, le RHDP, reste ministre d’État, ministre de l’Agriculture et du Développement durable.

Autres figures qui conservent leurs postes : Amadou Coulibaly, le ministre de la Communication et de l’Économie numérique, par ailleurs porte-parole du gouvernement, et Mamadou Touré, chargé de la Promotion de la jeunesse, de l’Insertion professionnelle et du Service civique (il est aussi porte-parole adjoint du gouvernement).

Un Conseil des ministres dès ce jeudi

Parmi les changements à noter, Laurent Tchagba, ancien ministre de l’Hydraulique, remplace Alain Richard Donwahi aux Eaux et Forêts. Françoise Remarck remplace Arlette Badou N’Guessan Kouamé à la Culture. Mamadou Sangafowa Coulibaly fait quant à lui son entrée dans le gouvernement en tant que ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie.

Le secrétaire général de la présidence a fait savoir que le premier conseil des ministres du nouveau gouvernement se tiendrait ce jeudi 21 avril. Cette annonce intervient une semaine après l’annonce de la démission du gouvernement, le 13 avril dernier.


La liste des Membres du Gouvernement :

1. Ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Diaspora, Madame Kandia Kamissoko Camara

2. Ministre d’Etat, ministre de la Défense, Monsieur Téné Birahima Ouattara

3. Ministre d’État, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Monsieur Kobenan Kouassi Adjoumani

4. Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Monsieur Jean Sansan Kambilé

5. Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, général Vagondo Diomandé

6. Ministre du Plan et du Développement, Madame Kaba Nialé

7. Ministre des Mines, du Pétrole et de l’Energie, Monsieur Mamadou Sangafowa Coulibaly

8. Ministre de la Fonction publique, Madame Anne Désirée Ouloto

9. Ministre des Transports, Monsieur Amadou Koné

10. Ministre de l’Economie et des Finances, Monsieur Adama Coulibaly

11. Ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, Monsieur Bruno Nabagné Koné

12. Ministre du Budget et du Portefeuille de l’État, Monsieur Moussa Sanogo

13. Ministre des Eaux et Forêts, Monsieur Laurent Chagba

14. Ministre de l’Equipement et de l’Entretien routier, Monsieur Amédé Koffi Kouakou

15. Ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, Madame Mariatou Koné

16. Ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, Monsieur Souleymane Diarrassouba

17. Ministre de la Réconciliation et de la Cohésion nationale, Monsieur Bertin Konan Kouadio

18. Ministre des Sports, Monsieur Paulin Claude Danho

19. Ministre des Ressources animales et halieutiques, Monsieur Sidy Tiémoko Touré

20. Ministre de la Communication et de l’Economie numérique, Porte-parole du gouvernement, Monsieur Amadou Coulibaly

21. Ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l’Insertion professionnelle et du Service civique, Porte-parole adjoint du gouvernement, Monsieur Mamadou Touré

22. Ministre du Tourisme, Monsieur Siandou Fofana

23. Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Monsieur Adama Diawara

24. Ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture Maladie universelle, Monsieur Pierre Dimba

25. Ministre de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité, Monsieur Bouaké Fofana

26. Ministre de la Promotion de la bonne Gouvernance et de la Lutte contre la Corruption, Monsieur Épiphane Zoro Ballo

27. Ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté, Madame Myss Belmonde Dogo

28. Ministre de l’Emploi et de la Protection sociale, Monsieur Adama Kamara

29. Ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Madame Nasseneba Touré

30. Ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage, Monsieur Koffi N’Guessan

31. Ministre de la Culture et de la Francophonie, Madame Françoise Remarck

32. Ministre de l’Environnement et du Développement durable, Monsieur Jean-Luc Assi

Avec Jeune Afrique

Côte d’Ivoire : après la primature, Patrick Achi à la vice-présidence ?

avril 15, 2022

Alors que le Premier ministre vient de démissionner, les spéculations vont bon train sur son avenir et sur les contours du futur gouvernement ivoirien. Le politologue Geoffroy Julien Kouao analyse les enjeux de ce remaniement.

Patrick Achi au palais présidentiel, à Abidjan, le 10 juillet 2018. Patrick Achi, the secretary general of the presidency, arrives for the announcement of the new government at the presidential palace in Abidjan, Ivory Coast July 10, 2018 © REUTERS/Luc Gnago

Le Premier ministre Patrick Achi a annoncé ce mercredi 13 avril sa démission ainsi que celle de son gouvernement, après plusieurs mois de suspense entretenu par le président Alassane Ouattara. Nommé Premier ministre il y a un an, ce technocrate a su imprimer sa marque dans un contexte de pandémie et de crise sécuritaireCet ex-cadre du PDCI a également su trouver sa place au sein du parti présidentiel et dans le premier cercle du président.

En attendant l’annonce la semaine prochaine d’un gouvernement plus resserré voulu par le président ivoirien, Geoffroy Julien Kouao, politologue et auteur de l’essai Côte d’Ivoire : une démocratie sans démocrates. La ploutocratie n’est pas la démocratie, revient sur les enjeux de ce remaniement.

Jeune Afrique : Pourquoi Alassane Ouattara procède-t-il à un remaniement maintenant ?

Geoffroy Julien Kouao : Dans son discours prononcé au moment où le Premier ministre a remis sa démission, Alassane Ouattara a dit vouloir que l’action gouvernementale soit plus efficace sur les volets sociaux et sécuritaires. Pour y parvenir, il lui faut certainement une nouvelle équipe gouvernementale.

Par ailleurs, il est possible que le président veuille pourvoir le poste de vice-président resté vacant après le départ de Daniel Kablan Duncan il y a deux ans. On peut penser qu’il souhaite nommer Patrick Achi à cette fonction.

Ce remaniement ne serait pas un signe de défiance envers Patrick Achi ? 

Je ne pense pas que ce soit le cas. Alassane Ouattara est en train de s’organiser dans la perspective de la présidentielle de 2025 pour laquelle Henri Konan Bédié du PDCI-RDA et Laurent Gbagbo du PPA-CI montrent déjà des velléités de candidature.

Concernant Patrick Achi, s’il est effectivement nommé vice-président, il deviendra la deuxième personnalité de l’État et sera vu comme le dauphin du président ivoirien. Le vice-président remplace le président de la République en cas de vacance du pouvoir et peut se voir déléguer un certain nombre de prérogatives. Lorsqu’on regarde la Constitution ivoirienne, le Premier ministre n’a qu’un simple pouvoir administratif qui consiste à animer et coordonner l’action gouvernementale. Si Patrick Achi parvenait à être nommé vice-président, il gagnerait en grade politique.

En le désignant comme deuxième personnalité de l’État, le président ferait aussi de la géopolitique, en contrant Laurent Gbagbo dans le sud-est du pays. D’autre part, cela permettrait de nommer une nouvelle personnalité à la primature, qui pourrait lui succéder aussi en cas de besoin.

On parle de lui à la vice-présidence mais Patrick Achi ne pourrait-il pas être tout simplement reconduit comme Premier ministre ?

Il peut l’être mais dans la pratique politique ivoirienne, cette hypothèse est peu plausible. Dans l’usage, lorsqu’un Premier ministre qui démissionne est reconduit, il l’est immédiatement. Là, ça n’a pas été le cas.

Quel pourrait être le profil du nouveau chef du gouvernement ivoirien ?

Il y a deux hypothèses. Si Alassane Ouattara veut un technocrate, il va certainement penser à trois personnalités : le secrétaire général de la présidence, Abdourahmane Cissé (qui a succédé à Patrick Achi en mars 2021), son directeur de cabinet, Fidèle Sarassoro ou encore la ministre du Plan et du Développement, Kaba Nialé. Il pourrait même faire appel à monsieur Jean Claude Kassi Brou, actuel président de la Commission de la Cedeao.

S’il veut donner une touche plus politique au gouvernement, il pourrait plutôt nommer un homme politique. Dans ce cas, il pensera à des cadres du RHDP comme Gilbert Kafana Koné, Adama Bictogo ou encore Kandia Camara.

Tout cela se fait dans la perspective des élections locales de 2023 et présidentielle de 2025. Le président essaie de choisir les meilleurs chevaux sur lesquels son parti et lui-même peuvent miser pour ces consultations locales et générales.

Le président doit s’adresser au congrès le 19 avril. Doit-on s’attendre à une annonce sur la nomination du futur vice-président ?

Souvenez-vous que c’est devant l’Assemblée nationale, lorsque nous n’avions qu’une seule chambre, que le président avait annoncé officiellement aux députés et à la nation la nomination de Daniel Kablan Duncan au poste de vice-président de la République. En réunissant le congrès, c’est-à-dire l’Assemblée nationale et le Sénat, à Yamoussoukro le mardi 19 avril pour se prononcer sur l’état de la nation, c’est l’occasion idéale pour le président de nommer le vice-président en accord avec le parlement, comme le stipule la constitution. C’est donc une hypothèse très plausible.

Avec Jeune Afrique par Aïssatou Diallo – à Abidjan