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Sénégal, Maroc, RDC… La diaspora n’a jamais envoyé autant d’argent vers l’Afrique

décembre 21, 2023

Selon la Banque mondiale, les envois de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire ont augmenté d’environ 3,8 % en 2023. Pour l’Afrique, la tendance devrait encore s’accélérer en 2024.

Dans une agence Western Union près de la gare du Nord à Paris. © Vincent Fournier/JA
Dans une agence Western Union près de la gare du Nord à Paris. © Vincent Fournier/JA

Six cent soixante neuf milliards de dollars. C’est la somme, colossale, en progression de 3,8 % par rapport à l’année dernière, envoyée par les immigrés vers les pays à revenu faible et intermédiaire en 2023, selon des estimations de la Banque mondiale. Dans un rapport publié le 18 décembre, l’institution basée à Washington explique cette progression par « les marchés du travail résilients des économies avancées et des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ».

Les flux d’envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne devraient avoir augmenté d’environ 1,9 % en 2023 pour atteindre 54 milliards de dollars, grâce à une forte croissance des envois de fonds au Mozambique (48,5 %), au Rwanda (16,8 %) et en Éthiopie (16 %). Les transferts vers le Nigeria, qui représentent 38 % des flux d’envois de fonds vers la région, ont augmenté d’environ 2 %, tandis que deux autres bénéficiaires importants, le Ghana et le Kenya, ont affiché des gains estimés à 5,6 % et 3,8 %, respectivement.

En Afrique de l’Ouest, le premier pays bénéficiaire de ces flux est le Sénégal avec près de 3 milliards de dollars, soit 9,4 % du PIB du pays. La Côte d’Ivoire a reçu 446 millions de dollars, le Mali 1,1 milliard (5,4 % du PIB) et le Burkina Faso, 579 millions. En Afrique centrale, exception faite de la RDC qui a bénéficié de transferts pour un montant de 1,3 milliards de dollars en 2023, les flux sont bien plus modestes : 375 millions de dollars vers le Cameroun, 18 millions à destination du Gabon et seulement 3 millions pour le Congo.

Progression au Maghreb

« Les taux de change fixes et les contrôles de capitaux détournent les envois de fonds vers la région des canaux officiels vers les canaux non officiels », note la Banque mondiale. En 2024, les flux d’envois de fonds vers la région devraient poursuivre sur cette tendance et augmenter de 2,5 %.

En revanche, les envois de fonds vers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont diminué en 2023, chutant d’environ 5,3 % pour atteindre 61 milliards de dollars en 2023, principalement en raison d’une forte baisse des flux vers l’Égypte. Malgré tout, la diaspora continue de soutenir ses proches au Maghreb, les flux d’envois de fonds vers la zone ayant enregistré une hausse. À noter, notamment, une forte progression des flux vers le Maroc, qui atteignent 12,1 milliards de dollars (+8,6 %), soit plus de 8 % du PIB. Les transferts vers l’Algérie représentent 1,8 milliard de dollars et s’élèvent à 2,7 milliards en direction de la Tunisie.

Émissions obligataires ciblées

« Pendant les crises, les migrants ont fait preuve de résilience pour soutenir leurs familles restées au pays, explique Iffath Sharif, directrice emploi et protection sociale à la Banque mondiale. Mais l’inflation élevée et la faible croissance mondiale affectent la quantité d’argent qu’ils peuvent envoyer ». Selon l’experte, « les politiques de protection sociale des pays d’accueil devraient inclure les migrants, dont les envois de fonds constituent une bouée de sauvetage vitale pour les pays en développement ».

Les flux de transferts de fonds vers les pays en développement ont dépassé la somme des investissements directs étrangers et de l’aide publique au développement ces dernières années. Par exemple, en 2023, les envois de fonds des travailleurs migrants devraient surpasser d’environ 250 milliards de dollars le montant des investissements directs étrangers (IDE) réalisés dans leurs pays d’origine.

Alors que l’écart continue de se creuser, « les transferts de fonds doivent servir de levier à la mobilisation de capitaux privés pour soutenir le financement du développement, notamment par le biais d’émissions obligataires à destination de la diaspora », propose Dilip Ratha, économiste en chef de la Banque mondiale et auteur principal du rapport.

Avec Jeune Afrique par Thaïs Brouck

Le FMI et la Banque mondiale décideront-ils de fournir de l’argent moins cher à l’Afrique ?

octobre 10, 2023

À Marrakech, les économies les plus riches montreront si elles prennent au sérieux les effets dévastateurs de la crise climatique sur les pays en développement. Ou si elles veulent continuer à se replier sur elles-mêmes.

Miroirs solaires à la centrale solaire à concentration Noor, à Ouarzazate, au Maroc, le 17 novembre 2016. © BENOIT DOPPAGNE/Belga via AFP

Le FMI et la Banque mondiale sont de retour en Afrique après une pause de 50 ans pour tenir leurs réunions annuelles à Marrakech, la ville ocre du Maroc encore sous le choc du tremblement de terre de septembre qui a fait plus de 3 000 morts.

Le gouvernement marocain a passé outre le débat sur l’impéritie des fonctionnaires locaux pour accueillir une grande conférence internationale, avec 10 000 délégués, en prétextant que ce serait un gain net pour le Maroc et pour l’Afrique. Si la réunion peut briser l’inertie de la campagne en faveur de la réforme du système financier international, c’est un bon pari. Toutefois, au vu des résultats actuels, la tâche s’annonce ardue.

Pression migratoire

Les conditions politiques, économiques et géographiques du Maroc devraient au moins permettre aux délégués de mieux comprendre les pressions migratoires massives qui s’exercent sur l’Afrique : plus de 90 % des migrants africains restent sur le continent, et le Maroc est une destination privilégiée.À LIREComment le FMI et la Banque mondiale ont viré de bord 

Pas seulement parce qu’il s’agit d’un point de départ pour traverser la Méditerranée, mais aussi parce que les salaires et les possibilités d’emploi y sont meilleurs que dans de nombreux États voisins du Maghreb. Le Maroc teste le modèle économique de marché du FMI et de la Banque mondiale jusqu’à ses limites : le gouvernement a ramené l’inflation à moins de 6 % au milieu de l’année, l’un des taux les plus bas de la région, et a réduit le taux de chômage à moins de 16 %.

Pourtant, les Marocains continuent de protester contre les problèmes d’emploi et de coût de la vie. Le pays possède l’une des économies les plus diversifiées de la région, mais les taux de croissance réels ont eu du mal à remonter à 3 % cette année, niveau auquel les économistes du FMI estiment qu’ils se maintiendront au cours des trois prochaines années.

Fers de lance

Comme c’est le cas dans la plupart des économies du continent, le manque de capitaux à long terme à des taux abordables freine l’expansion.

LES INVESTISSEMENTS DANS LES PROJETS VERTS RESTENT EN DEÇÀ DES NIVEAUX D’AVANT LA PANDÉMIE

Jusqu’à sa récente rupture avec le gouvernement du président Emmanuel Macron, le Maroc était une destination d’investissement privilégiée pour les entreprises françaises. Il est également l’un des leaders du continent en matière d’énergie renouvelable, établissant des fermes solaires pour exporter de l’électricité à travers la Méditerranée. Les entreprises européennes affirment qu’elles privilégieraient le Maroc pour des projets verts, mais les investissements restent en deçà des niveaux d’avant la pandémie.

Le Maroc, le Kenya, l’Afrique du Sud et l’Égypte sont présentés comme les fers de lance de l’Afrique en matière d’énergies renouvelables, mais il convient de rappeler que les Pays-Bas, pays tempéré, attirent toujours plus d’investissements dans les parcs solaires et éoliens que l’ensemble des 55 économies africaines réunies.

Autant d’éléments qui vont dans le sens des appels à la réforme de la finance internationale lancés par d’éminents économistes africains tels que Carlos Lopes, envoyé spécial de l’UA, Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement, et Mia Mottley, Premier ministre de la Barbade.

Lopes, Adesina et Mottley réclament une utilisation plus productive de la monnaie de réserve du FMI, les droits de tirage spéciaux (DTS). Cela pourrait inclure une allocation spéciale de 100 milliards de dollars de DTS aux économies africaines afin d’atténuer les pressions sur les liquidités alors que les pays tentent de se remettre de la récession pandémique.

Suspendre la surtaxe

Parmi les autres propositions du programme de réforme de l’Afrique qui seront évoquées lors des réunions de Marrakech figure une révision complète du système des quotes-parts du FMI, c’est-à-dire l’attribution de participations et de droits de vote qui déterminent le poids d’un pays au sein de l’institution.

Cela devrait aller de pair avec un « examen critique du cadre actuel de la dette », affirme Lopes, qui n’aide guère les pays à s’adapter au changement climatique dans le cadre d’un développement durable.

LES ÉCONOMIES AFRICAINES ONT PAYÉ 56 MILLIARDS DE DOLLARS SUPPLÉMENTAIRES AU TITRE DU SERVICE DE LA DETTE

Le FMI pourrait également suspendre sa surtaxe, censée décourager l’utilisation prolongée des fonds du FMI, mais qui, dans la pratique, est discriminatoire à l’égard des pays les plus pauvres. Carlos Lopes ajoute que le FMI et la Banque mondiale devraient rationaliser l’accès aux nouveaux fonds climatiques, en facilitant l’accès des pays africains à ces fonds et en leur donnant plus de poids dans l’allocation des fonds.

Capital exigible

L’autre grande réforme financière qui devrait être au cœur des discussions à Marrakech la semaine prochaine concerne le coût de l’emprunt pour les économies africaines. Selon son économiste en chef, David McNair, la campagne One estime que les pays africains paient une prime de 500 % sur leurs emprunts sur les marchés financiers par rapport aux taux qui pourraient être obtenus auprès de la Banque mondiale.

Il estime que cette différence revient à dire que les économies africaines ont payé 56 milliards de dollars supplémentaires au titre du service de la dette pour les prêts contractés au cours des cinq dernières années. Cela fait également partie du programme de réforme du G20 pour le FMI et la Banque mondiale. Il cherche à tripler la puissance de feu financière de ces institutions ainsi que des banques régionales de développement.

L’un des moyens d’y parvenir rapidement, en levant jusqu’à 190 milliards de dollars, consisterait à incorporer du « capital exigible » dans les cadres d’adéquation des fonds propres des banques de développement. Le « capital exigible » est une garantie qui engage les plus grandes économies à intervenir si les banques de développement sont en difficulté. C’est là que la question de la volonté politique se pose.

Il s’agit de savoir si les économies les plus riches prennent au sérieux la crise climatique et ses effets dévastateurs sur les économies politiques des pays en développement, ou si elles veulent continuer à se replier sur elles-mêmes. Ce qui se passera à Marrakech devrait donner une idée plus claire de la volonté de réformer les mastodontes financiers de la planète.

Avec Jeune Afrique

Patrick Smith

Par Patrick Smith

Patrick Smith est le rédacteur en chef de The Africa Report (une publication de Jeune Afrique Media Group).

Bourse d’étude: programme d’associé professionnel junior de la Banque mondiale

septembre 29, 2023

Le programme d’associé professionnel junior de la Banque mondiale est une opportunité unique d’acquérir une expérience professionnelle de niveau débutant et une exposition directe aux défis et aux récompenses du développement international. Êtes-vous un jeune diplômé? Avez-vous une passion et un engagement à aider les autres? Êtes-vous à la recherche d’une solide expérience de travail de niveau d’entrée de deux ans dans un environnement multiculturel? Si tel est le cas, vous pourriez être intéressé par le programme JPA de la Banque mondiale.

Dans votre mission d’associé professionnel junior (JPA), vous utiliserez vos solides compétences analytiques quantitatives et qualitatives, vos connaissances en technologie et votre capacité de recherche à travailler avec des collègues plus expérimentés et des équipes de projet dans leur travail à la fois dans les opérations et dans les fonctions de l’entreprise. Vous aurez l’occasion de perfectionner vos compétences et d’en acquérir de nouvelles, tout en vous familiarisant directement avec les défis de la réduction de la pauvreté et de la promotion d’une prospérité partagée. Votre expérience en tant que JPA peut être utilisée comme un tremplin vers une carrière dans le gouvernement, le conseil, le secteur privé, le milieu universitaire ou d’autres agences de développement.
Le programme recherche des candidats dont les résultats scolaires sont supérieurs et les place parmi les meilleurs de leur promotion. Vos compétences analytiques et de recherche s’étendent à des domaines de spécialisation tels que : économie, finance, développement humain (santé publique, éducation, nutrition, population), sciences sociales (anthropologie, sociologie), agriculture, environnement (climat, économie bleue), infrastructures, secteur privé développement, ainsi que d’autres domaines connexes, y compris les fonctions corporatives et administratives (informatique, juridique, comptabilité, communication, etc.).

Détails du programme
• Institution hôte : le Groupe de la Banque mondiale, dont le siège est à Washington, DC, États-Unis.
• Nombre de places : non spécifié.
• Durée : jusqu’à deux ans.
• Pays éligibles : toutes les nationalités.

Avantages du programme d’associé professionnel junior de la Banque mondiale
Les candidats sélectionnés pour ce programme de stages de la Banque mondiale auront la possibilité d’acquérir une expérience professionnelle de premier niveau dans une institution de développement de premier plan, dans le cadre d’un contrat de consultant à durée prolongée (ETC) non renouvelable de deux ans, avec des avantages.
Étant donné que ce programme d’emploi est très compétitif, les candidats activement à l’étude pour un emploi peuvent être invités à soumettre des dossiers universitaires ainsi que des références. La Banque mondiale ne contactera que les candidats que les responsables de recrutement souhaitent interviewer. Les postes peuvent être situés dans l’un des bureaux de la Banque mondiale à travers le monde.

Lire aussi : Bourses d’études supérieures du Canada Vanier (BESC Vanier)
Éligibilité au programme d’associé professionnel junior de la Banque mondiale
Pour être pris en considération pour le programme JPA, les candidats doivent répondre aux exigences minimales suivantes :
• Avoir 28 ans ou moins le premier jour de service
• Détenir l’équivalent d’une Licence
• Parler couramment l’anglais
• Une ou plusieurs langues de travail de la Banque sont un plus : arabe, chinois, français, portugais, russe et espagnol.
Vous parlez couramment l’anglais et, de préférence, au moins une autre langue de la Banque (français, espagnol, russe, arabe, portugais ou chinois). Vous aimez la technologie et l’intégrez dans votre travail.
Opportunités similaires
1. Stage de l’OIST Au Japon;
2. Programme de stage de la FAO (OAA) pour étudiants et jeunes diplômés;
3. Programme de stage de l’Organisation mondiale du commerce.

Instructions d’application
Les candidats qui souhaitent postuler au programme d’emploi doivent cliquer sur le bouton « Postuler » ci-dessous. Vous serez redirigé vers une page où vous devrez cliquer sur le bouton « APPLY NOW », situé en haut à gauche de la page.
Veuillez noter que les candidatures resteront actives dans la base de données pour une période de six mois. Si vous êtes toujours intéressé par le programme JPA après six mois, vous devrez présenter une nouvelle demande. Seuls ceux identifiés pour une mission seront contactés pour discuter de leur intérêt et de leur disponibilité. Les candidats sont sélectionnés par le responsable du recrutement sur une base très compétitive.
Une mission JPA n’est pas un point d’entrée pour une carrière à la Banque mondiale et l’emploi au-delà du contrat de deux ans sera interdit pendant une période de deux ans après la fin du contrat. Cependant, certains anciens JPA peuvent rejoindre l’organisation plus tard dans leur carrière après avoir acquis de l’expérience ailleurs et devenir des experts dans leurs domaines professionnels.
Il n’y a pas de date limite précise. Les candidats sont sélectionnés toute l’année en fonction des besoins. Pour plus de détails sur le programme d’associé professionnel junior de la Banque mondiale, veuillez visiter la page officielle. Restez connecter avec nous sur Facebook, Twitter, Pinterest et Instagram.
Postuler   page officielle   Souscrire 

Avec Adiac-Congo par Concoursn

À Paris, FMI et Banque mondiale sur la sellette dans leur forme actuelle

juin 23, 2023

À l’occasion du sommet pour un nouveau pacte financier mondial, les contours d’une réforme des bailleurs internationaux, nés des accords de Bretton Woods, se dessinent. Explications.

Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman (au c.) et le président sud-africain Cyril Ramaphosa (2e à dr.) lors du discours d’ouverture du sommet pour un nouveau pacte financier mondial, à Paris, le 22 juin 2023. © LUDOVIC MARIN / POOL / AFP.

« C’est le moment, il va se passer quelque chose, ce sommet suscite beaucoup d’espoir. » Cette phrase, glissée par le Premier ministre d’un pays d’Afrique de l’Ouest en marge du sommet pour un nouveau pacte financier mondial, organisé à Paris les 22 et 23 juin, résume le sentiment partagé par beaucoup.

Alors que les pays du Sud doivent faire face à une avalanche de crises et leurs conséquences, une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement, les représentants d’institutions financières internationales, mais aussi des acteurs du secteur privé et de la société civile, débattent autour des solutions à mettre en œuvre pour que les pays vulnérables n’aient pas à choisir entre la fin du mois et la fin du monde.

« Un nouveau Bretton Woods »

Au premier rang de ces mesures, une réforme en profondeur des banques multilatérales de développement (BMD), Banque mondiale (BM) et Fonds monétaire international (FMI) en tête, parvient à rassembler un consensus de plus en plus large. Invité à s’exprimer lors de la cérémonie d’ouverture, le secrétaire général de l’ONU a mis un coup de pied dans la fourmilière sous des applaudissements nourris.

« Il nous faut un nouveau Bretton Woods, a lancé António Guterres. L’architecture du système financier international a été bâtie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Trois quarts des États n’existaient pas encore. Quatre-vingts ans plus tard, le système est dépassé, dysfonctionnel et profondément injuste. Le système perpétue les inégalités ».

La réforme des institutions financières internationales est sur la table depuis la fin de 2022. L’objectif est à la fois d’améliorer leur gouvernance, en accordant notamment plus de place aux grands pays émergents, de renforcer leur efficacité et d’élargir leurs missions, en y intégrant plus clairement les questions de financement face au réchauffement climatique.

Augmenter les capacités de financement

« Il y a neuf mois, personne ne parlait de réforme des BMD, c’est déjà une grande avancée », s’est réjouie la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, avant de confier à Jeune Afrique, à l’issue de son discours, être convaincue que « d’ici à quelques mois, les institutions de Bretton Woods auront évolué ».

Preuve que cette réforme est à l’agenda, le premier panel en plénière du sommet de Paris était consacré au sujet. « Il faut que la Banque mondiale soit plus rapide, plus efficace », a ainsi abondé Janet Yellen, secrétaire américaine au Trésor. Sans pour autant évoquer une refonte complète du système, elle a rappelé la décision d’augmenter les capacités de financement de la BM et des banques régionales de 5 milliards de dollars par an sur dix ans.

Au cours de cette même table ronde, Ajay Banga, le nouveau président de la Banque mondiale, a « proposé d’offrir une pause aux pays vulnérables dans le remboursement de la dette, pour que les pays puissent se focaliser sur ce qui compte » et a évoqué la mise en place « d’assurances aux États pour des projets de développement ». Un premier pas vers une réforme.

« On ne partira pas sans de vraies réformes »

Reste que les représentants de pays en développement craignent encore que ces promesses restent lettre morte. « Il ne faut pas continuer avec les incantations, il faut arrêter les grands discours et passer à l’action, a asséné Mohamed Bazoum, le président du Niger. Les rafistolages et les rustines ne sont plus de mise. » Dans la même veine, son homologue éthiopien, Abiy Ahmed, a prévenu : « Nous les Africains, on ne partira pas sans de vraies réformes. »

Pourtant, la probabilité semble faible que des annonces en ce sens soient faites dès le sommet de Paris. Les réformes seront plus vraisemblablement finalisées lors des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, en octobre, à Marrakech.

Avec Jeune Afrique par Thaïs Brouck

Face aux violences anti-migrants en Tunisie, la Banque mondiale accentue la pression

mars 6, 2023
Face aux violences anti-migrants en Tunisie, la Banque mondiale accentue la pression
Face aux violences anti-migrants en Tunisie, la Banque mondiale accentue la pression© AFP/Archives/Jim WATSON

La Banque mondiale a décidé de suspendre « jusqu’à nouvel ordre » son cadre de partenariat avec la Tunisie, jugeant « complètement inacceptables » les propos du président tunisien Kais Saïed qui, en dénonçant fin février des « hordes de migrants clandestins », a attisé selon l’institution financière la violence à leur encontre.

« Les commentaires publics qui attisent la discrimination, les agressions et les violences racistes sont complètement inacceptables », a jugé le président de l’institution, David Malpass, dans un courrier adressé dimanche soir à ses équipes et que l’AFP a pu consulter lundi.

Face à la dégradation et aux agressions rapportées, M. Malpass estime que la Banque mondiale n’est pas en mesure de poursuivre ses missions sur place, « la sécurité et l’inclusion des migrants et des minorités (faisant) partie des valeurs centrales d’inclusion, de respect et d’antiracisme » de la Banque.

« Compte tenu de la situation, la direction a pris la décision de mettre en pause » cet accord de partenariat « et de retirer du calendrier la revue du conseil d’administration » (CA) de la Banque mondiale, prévue initialement le 21 mars et « reportée jusqu’à nouvel ordre ».

Cette décision concerne le cadre de partenariat pays (CPF en anglais), qui sert de base de suivi par le CA de la Banque mondiale afin d’évaluer et accompagner le pays dans ses programmes d’aide.

Concrètement, l’institution, qui ne peut pas lancer de nouveaux programmes de soutien avec le pays tant que le CA ne s’est pas réuni, a décidé de suspendre la tenue de cette réunion sur la Tunisie « jusqu’à nouvel ordre », selon le courrier de M. Malpass.

« Les projets financés restent financés et les projets en cours sont maintenus », précise cependant à l’AFP une source proche de la Banque mondiale.

« Préoccupations profondes »

La Banque mondiale prévient par ailleurs d’un possible ralentissement de ses actions sur place à cause de la mise en oeuvre de mesures de sécurité, en particulier concernant ses employés originaires d’Afrique subsaharienne et leurs familles.

« La Tunisie a une longue tradition d’ouverture et de tolérance qui est encouragée par tant de personnes dans le pays », a insisté David Malpass dans son courrier.

Si les mesures prises récemment par le gouvernement tunisien « afin de protéger et soutenir les migrants et réfugiés dans cette situation très difficile » vont dans « le bon sens », la Banque mondiale assure qu’elle « évaluera et surveillera attentivement leur impact ».

A l’occasion d’un point presse lundi, le porte-parole du département d’Etat américain, Ned Price, a fait part des « préoccupations profondes » des Etats-Unis « concernant les commentaires du président Saïed ». Il a appelé le gouvernement tunisien à « respecter ses obligations au regard du droit international en protégeant les droits de réfugiés, demandeurs d’asile et migrants ».

Le secrétariat général des Nations unies a de son côté condamné « sans réserve tout commentaire xénophobe et raciste ayant pour but de nourrir la haine raciale », a insisté, également lundi, son porte-parole Stéphane Dujarric.

Le 21 février, le président tunisien Kais Saïed avait estimé dans un discours que « des mesures urgentes » étaient nécessaires « contre l’immigration clandestine de ressortissants de l’Afrique subsaharienne », parlant notamment de « hordes de migrants clandestins » dont la venue relevait d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie ».

Ces propos ont été vivement critiqués par des ONG et des militants des droits humains.

Ils ont également semé un vent de panique parmi les migrants subsahariens en Tunisie, qui font depuis état d’une recrudescence des agressions les visant et se sont précipités par dizaines vers leurs ambassades pour être rapatriés.

Selon des chiffres officiels cités par l’ONG Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, la Tunisie, qui compte quelque 12 millions d’habitants, abrite plus de 21.000 ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne, en majeure partie en situation irrégulière.

Par Le Point avec Washington (AFP)

Guerre en Ukraine : de l’inflation jusqu’en 2024, selon la Banque mondiale

avril 27, 2022

Selon les projections de l’institution, la hausse du prix des produits de base provoquée par la guerre en Ukraine sera sensible durant les deux prochaines années. Et pourrait se faire sentir encore plus longtemps si le conflit perdurait.

Début de pénurie dans un supermarché tunisois, le 8 avril 2022. © Chedly Ben Ibrahim/Bloomberg/Getty

Dans son dernier rapport sur les perspectives des marchés des produits de base, publié le 26 avril, la Banque mondiale ne se montre guère optimiste. Selon l’institution de Bretton Woods, «la guerre en Ukraine, en provoquant un choc majeur sur ces marchés, a modifié les structures mondiales des échanges, de la production et de la consommation de telle sorte que les prix resteront à des niveaux historiquement élevés jusqu’à la fin de 2024». Ce choc inflationniste durera tant sur le front énergétique que sur le front alimentaire, avec des pics jamais atteints depuis la crise pétrolière de 1973, affirme la Banque.

« Comme cela avait été le cas à l’époque, le choc est aggravé par la recrudescence des restrictions pesant sur le commerce des denrées alimentaires, des carburants et des engrais », explique Indermit Gill, vice-président de la Banque mondiale chargé de la croissance équitable, des finances et des institutions. Cette situation a « commencé à faire planer le spectre de la stagflation », ajoute-t-il, appelant « les responsables politiques à saisir toutes les occasions d’encourager, chez eux, la croissance économique et d’éviter toute action qui porterait préjudice à l’économie mondiale ».

Jamais depuis 2008 la hausse du prix des produits alimentaires – dont la Russie et l’Ukraine sont de grands producteurs – et des engrais, qui sont fabriqués à partir du gaz naturel, n’avait été aussi forte. De manière générale, la Banque mondiale estime que les prix des produits non énergétiques, notamment ceux des produits agricoles et des métaux, devraient augmenter de près de 20% en 2022 avant de se stabiliser au cours des années suivantes. Ceux des denrées alimentaires devraient rester bien supérieurs à la moyenne de ces cinq dernières années.

De même, selon les prévisions de l’institution, les prix de l’énergie augmenteront de plus de 50% en 2022 avant de s’atténuer en 2023 et 2024. Le prix du pétrole brut (Brent) devrait ainsi atteindre une moyenne de 100 dollars le baril en 2022 – son plus haut niveau depuis 2013 –, et augmenter de plus de 40% par rapport à 2021. Les prix devraient se modérer à 92 dollars en 2023, bien au-dessus de la moyenne sur cinq ans de 60 dollars le baril.

L’UTILISATION MOINDRE DES INTRANTS PÈSERA SUR LA PRODUCTION ET SUR LA QUALITÉ DES ALIMENTS

Le scénario du pire

D’après John Baffes, économiste principal au sein du groupe Prospects de la Banque mondiale, « la forte hausse du prix des intrants, tels que l’énergie et les engrais, pourrait entraîner une réduction de la production alimentaire, notamment dans les économies en développement ». « L’utilisation moindre des intrants pèsera sur la production et sur la qualité des aliments, ce qui affectera les disponibilités alimentaires, les revenus des populations rurales et les moyens de subsistance des pauvres », poursuit-il.

Ces projections ne sont toutefois pas figées. En cas de guerre prolongée ou de sanctions supplémentaires à l’encontre de la Russie, les prix pourraient être encore plus élevés et plus volatils, avertit la Banque.

Avec Jeune Afrique par Maureen Songne

Afrique subsaharienne : la Banque mondiale prévoit un ralentissement de la croissance en 2022

avril 14, 2022

La montée des cours des matières premières causée par la guerre en Ukraine s’ajoute à une longue liste de défis auxquels le continent doit faire face, dans des économies encore affectées par le Covid-19.

La hausse des prix du carburant est l’un des nombreux motifs de grogne sociale. © REUTERS/Afolabi Sotunde

Dans sa dernière édition du rapport Africa’s Pulse − une analyse semestrielle des perspectives macroéconomiques à court terme de l’Afrique subsaharienne −, la Banque mondiale prévoit une croissance de 3,6 % pour 2022, soit une baisse non négligeable par rapport à la hausse de 4 % enregistrée en 2021. Nouveaux variants du Covid-19, perturbation des chaînes d’approvisionnement et montée des cours mondiaux des matières premières viennent s’ajouter aux autres défis économiques que connaît déjà la région.

Alors que les économies subsahariennes traversaient déjà une période délicate de reprise post-Covid-19, elles sont désormais fortement impactées par les conséquences néfastes de l’invasion russe de l’Ukraine. Notamment sur les exportations de blé, d’huiles, de graines et de maïs, comme l’ont déjà illustré plusieurs analyses. D’après le rapport Africa’s Pulse, la hausse des prix du carburant et des denrées alimentaires se traduira par une inflation à la hausse sur le continent qui, dans le contexte actuel d’instabilité politique accrue, dans plusieurs pays, risque de voir éclater « davantage de troubles civils ».

Une reprise inégale et à géométrie variable

« Les politiques commerciales peuvent changer la donne en garantissant la libre circulation des denrées alimentaires à travers la région, souligne Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique. Avec des marges budgétaires limitées, les décideurs doivent se tourner vers des options innovantes comme la baisse ou la suppression temporaire des droits à l’importation sur les denrées alimentaires de base, pour venir en aide à leurs concitoyens. »

Concernant la reprise, l’étude note que celle-ci demeure inégale et à géométrie variable à travers la région, surtout s’agissant des trois principales locomotives économiques que sont l’Angola, le Nigeria et l’Afrique du Sud. Ainsi, cette dernière devrait voir son niveau de croissance reculer de 2,8 points de pourcentage en 2022, ralenti par des contraintes structurelles persistantes. L’Angola et le Nigeria devraient quant à eux poursuivre leur trajectoire de croissance de 2022, en progression de respectivement 2,7 % et 0,2 %, grâce notamment aux prix élevés du pétrole, ainsi qu’à une bonne performance du secteur non-pétrolier.

Les pays riches en ressources, en particulier dans le secteur extractif, enregistreront une meilleure performance économique du fait des conséquences de la guerre en Ukraine, tandis que les pays ne disposant pas de ressources naturelles abondantes connaîtront un ralentissement de leur activité économique. Si l’on exclut l’Angola, le Nigeria et l’Afrique du Sud, la croissance régionale est projetée à 4,1 % pour 2022, et 4,9 % en 2023. En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, la Banque mondiale prévoit une croissance de 4,2­ % en 2022, et de 4,6 % pour 2023. Si l’on excepte le Nigeria, la sous-région devrait croître de 4,8 % en 2022, et de 5,6 % en 2023.

Avec Jeune Afrique

Banque mondiale : pourquoi il faut sauver le rapport Doing Business 

octobre 6, 2021
Siège de la Banque mondiale à Washington © USA : World Bank in Washington , 21.05.2017 , © Rainer UNKEL/REA

Annoncé le 16 septembre dernier, l’arrêt définitif de l’enquête annuelle sur le climat des affaires est une erreur. Véritable référence pour l’analyse économique et entrepreneuriale dans 190 pays, c’est un instrument perfectible, mais indispensable.

Dans la foulée d’une enquête indépendante menée par le cabinet d’avocats WilmerHale, qui pointait les pressions inopportunes exercées par la Chine et par d’autres pays lors de la préparation de son rapport annuel Doing Business, la Banque mondiale a décidé de suspendre, purement et simplement, cette publication. C’est une mauvaise décision. Ce rapport représente en effet un bien public d’une énorme valeur, puisqu’il passe en revue les réformes favorables à la libre entreprise à travers le monde. Au lieu de l’éliminer, il aurait plutôt fallu le dissocier des méthodes de gestion de l’institution.

Données objectives

Depuis son lancement au début des années 2000, ce document a établi une approche innovante et pertinente dans l’évaluation du climat des affaires dans 190 pays. Contrairement aux sondages, sur lesquels s’appuient nombre d’exercices similaires, la méthodologie de Doing Business repose presque exclusivement sur des données objectives compilées par des intermédiaires de confiance, le plus souvent des firmes juridiques locales réputées. Par exemple, le rapport ne demande pas aux usagers ce qu’ils pensent d’une société d’électricité, mais combien de jours en moyenne nécessite un nouveau raccordement au réseau.

LES « NOTES PAYS » FONT AUSSI L’OBJET DE PRESSIONS SANS QU’IL SOIT QUESTION DE LES JETER À LA POUBELLE

Le classement apporte en outre une vue exhaustive sur la facilité ou non d’entreprendre, en couvrant douze thèmes. On peut certes l’accuser, comme c’est le cas en France, de faire la promotion de valeurs néo-libérales. Le rapport n’en apporte pas moins des informations très utiles. Par exemple, les États-Unis, au premier rang pour leur environnement général propice à l’entreprise, se classaient deuxième en 2020 dans le domaine de la gestion de l’insolvabilité, dix-septième en matière d’application des contrats, et seulement vingt-cinquième en ce qui concerne la facilité de payer les impôts. La Russie se classe loin derrière, nous apprend le rapport – sauf pour l’application des contrats, où elle apparaît quatre rangs plus bas que les États-Unis.

Même si son score doit maintenant être questionné, la Chine se distingue parmi les pays où il est le plus facile de faire des affaires, plus que quasiment toutes les économies à revenus intermédiaires. Et ce, alors que son climat des affaires reste bien moins favorable à celui des États-Unis et des grands pays européens.

Zone grise

Comme pour tout exercice de ce type, à la fois complexe et d’envergure – et très peu atteignent le niveau de Doing Business –, la méthodologie et les sources pour évaluer tel ou tel aspect spécifique s’avèrent questionnables. Le choix des mesures et des poids accordés à différentes variables implique inévitablement une marge discrétionnaire de la part des experts de la Banque mondiale.

Mais bien d’autres rapports sont sujets à une mesure plus ou moins lourde de pression politique, à l’instar des « notes pays » ou articles « T4 » du FMI, sans qu’il soit question de les jeter à la poubelle. Faut-il le rappeler  ? Tous les rapports à portée mondiale sont passés en revue et font l’objet d’un examen par les comités de direction des institutions qui les publient, parce qu’une zone grise prévaut toujours dans le jeu de leur élaboration, entre le travail des équipes de chercheurs et les intérêts des pays membres des institutions.

Quoi qu’il en soit, Doing Business est devenu une référence pour l’analyse économique et entrepreneuriale, une source de données pour les réflexions politiques, les présentations dans le secteur privé et les discours académiques. Plus important encore, les décideurs politiques suivent le rapport, et des dizaines de pays ont élaboré des réformes pour répondre aux faiblesses qui y sont pointées !

LE MEILLEUR MOYEN DE GÉRER UN CONFLIT D’INTÉRÊTS CONSISTE À L’ABORDER FRONTALEMENT

Bien des pays ont rationnalisé les processus pour établir une nouvelle entreprise, au bénéfice des PME comme des investisseurs étrangers. Les chefs d’État et les ministres se félicitent régulièrement des avancées de leur pays dans le rapport, et chaque année, le classement est couvert par la presse internationale. Doing Business est une référence essentielle dans les secteurs du commerce et du développement. Il a notamment relevé la forte détérioration de la situation en Afrique du Sud, passée du 41e au 84e rang entre 2014 et 2020.

Créer un département indépendant

La volonté des puissances mondiales d’utiliser leur poids et leur capital politique pour essayer de modifier leur position dans le classement en dit long sur son importance, et pourquoi il doit continuer à exister. Le cabinet WilmerHale, n’a d’ailleurs pas recommandé son élimination, ni critiqué sa méthodologie. Il a pointé un conflit d’intérêts : lorsque des pays puissants n’aiment pas les messages du rapport, ou sont en désaccord avec leur position dans classement, ils peuvent exercer des pressions sur les responsables de la Banque. Et puisque ces pays figurent parmi les plus grands actionnaires de l’institution et sont des bailleurs importants pour les initiatives de la Banque mondiale, celles-ci peuvent être difficiles à surmonter.

WilmerHale a fait plusieurs recommandations visant à protéger le rapport Doing Business des manipulations, en rendant ses procédures et sa méthodologie transparentes. La Banque mondiale doit poursuivre le rapport, et même aller au-delà de ces recommandations. Le meilleur moyen de gérer un conflit d’intérêts consiste à l’aborder frontalement, avec les moyens dont on dispose.
La Banque mondiale possède ainsi d’un Département d’évaluation indépendante dont le rôle est de juger de l’échec ou du succès des projets menés en lien direct avec le conseil d’administration. Ses chefs sont choisis parmi les managers les plus expérimentés et les plus chevronnés, proches de leur fin de carrière – et donc dans l’impossibilité de briguer un autre poste par la suite. L’équipe du rapport Doing Business pourrait être établie sur le même modèle, en tant que département indépendant de la Banque mondiale, afin de fournir un service essentiel à la communauté internationale.

Uri Dadush

Par Uri Dadush

Senior Fellow au Policy Center for the New South, ex-directeur de l’Economist Intelligence Unit et de la Politique économique à la Banque mondiale.

Partenariat Banque mondiale – Afrique : devenir plus forts et promouvoir la reprise

juillet 15, 2021
Un Sénégalais, dans les rues de Dakar, le 29 avril 2020. (illustration)

Alors que l’Afrique paie un lourd tribut à la pandémie, les chefs d’État de la RDC, de Guinée, du Bénin ou encore du Sénégal son attendus à Abidjan ce 15 juillet pour un sommet sur le financement de l’Association internationale de développement (IDA). Axel van Trotsenburg, directeur général des opérations de la Banque mondiale, insiste sur les enjeux cruciaux de cette rencontre pour l’avenir du continent.

Alors que leurs pays sont confrontés à une troisième vague de Covid-19 aux effets sanitaires, sociaux et économiques tragiques, plus d’une douzaine de dirigeants africains vont se réunir ce jeudi 15 juillet à Abidjan pour formuler leurs plans de reprise économique, de création d’emplois et d’investissement dans le capital humain. J’ai hâte de les y rejoindre et je réaffirmerai résolument l’attachement du Groupe de la Banque mondiale à la transformation de l’Afrique.PUBLICITÉ

41 milliards de dollars d’aides

En pleine pandémie, l’axe d’intervention de l’Association internationale de développement (IDA), l’une des institutions qui forment la Banque mondiale, est double. Nous avons entrepris de doubler l’aide d’urgence apportée à l’Afrique pour faire face à la crise, notamment en contribuant à renforcer les systèmes de santé et à financer l’acquisition et le déploiement de vaccins. Parallèlement, nous approfondissons notre soutien aux efforts déployés par les pays dans le cadre de leurs plans pour une reprise forte, verte et inclusive.

Il y a plus d’un an, lorsqu’il est devenu évident que la pandémie aurait un impact énorme sur les personnes les plus vulnérables au monde, nous avons agi rapidement pour mettre à disposition de manière précoce une très grande partie de l’aide que l’IDA offre sur un cycle de trois ans aux pays les plus pauvres de la planète. Trente-neuf des 74 pays concernés se trouvent en Afrique.

Depuis avril 2020, cette intensification de notre soutien au continent africain est sans précédent et l’aide ainsi apportée s’élève à plus de 41 milliards de dollars en fin juin. La plus grande partie de cette aide a été consacrée aux mesures visant à relever les défis posés par le Covid-19, et en particulier à sauver des vies, protéger les pauvres, créer des emplois et reconstruire en mieux à la suite de la crise. Des milliards de dollars ont ainsi été affectés à des dépenses liées à la santé.

Des vaccins pour 400 millions d’Africains

Récemment, nous avons également conclu avec l’Équipe spéciale pour l’acquisition de vaccins en Afrique de l’Union africaine (AVATT) un partenariat visant à financer l’achat de vaccins contre le Covid-19 pour pas moins de 400 millions d’Africains. Les démarches sont allées très vite : les premières doses de vaccin devraient être livrées dans les prochaines semaines.

CE NIVEAU D’APPUI FINANCIER REPRÉSENTE UN CHANGEMENT STRUCTUREL DANS LE PARTENARIAT ENTRE LA BANQUE MONDIALE ET L’AFRIQUE

L’IDA est, pour les pays africains à faible revenu, la principale source de financement. Elle accorde soit des prêts à long terme sans intérêt soit des dons, le montant de ces derniers ayant dépassé 10 milliards de dollars au cours de l’année écoulée. L’aide de l’IDA permet aux pays de faire face aux effets de la crise et de relever les défis actuels liés au développement à long terme, à la fragilité et au changement climatique.

Ce niveau d’appui financier n’est pas temporaire. Il représente un changement structurel dans le partenariat entre la Banque mondiale et l’Afrique, dans le cadre duquel le niveau d’engagement de la Banque est passé de 15 % de son programme annuel de prêts il y a 20 ans à 45 % aujourd’hui. Au cours des cinq dernières années, la Banque mondiale a engagé 106 milliards de dollars en Afrique tout en augmentant ses effectifs dans les pays africains de plus de 40 %.

Besoins en constante évolution

Les interventions de la Banque mondiale se veulent globales et sans exclusive, l’institution étant déterminée à ne jamais laisser des pays sur la touche. Le Soudan en est une bonne illustration : récemment, nous avons aidé les autorités soudanaises à mettre fin à des décennies d’isolement financier et à renouer avec la communauté internationale. Ce qui nous a permis de lancer un programme majeur de réduction de la pauvreté dans le pays et un programme global d’allégement de dette qui au bout du compte réduira la dette du Soudan de plus de 90 %.

D’une manière plus générale, nous trouvons des moyens de continuer de travailler dans les pays touchés par la fragilité et les conflits, en étroite coordination avec nos partenaires des Nations unies sur le terrain. Au lieu de nous retirer, nous avons choisi de rester aux côtés de ces pays et de leur apporter un soutien indispensable, qui a augmenté de 50 % durant l’année écoulée pour atteindre près de 15 milliards de dollars.

Si l’IDA s’investit considérablement pour aider les pays à faire face à la pandémie et à d’autres crises telles que les invasions de criquets, la sécheresse et les conflits armés, tout son appui s’inscrit dans la poursuite d’un objectif ultime, à savoir promouvoir un développement économique et social durable.

Les besoins des pays étant en constante évolution, il y a tout lieu de recueillir les idées et orientations des dirigeants africains sur la manière dont la Banque mondiale peut soutenir au mieux les ambitions à long terme des pays du continent.

Moteurs de la reprise

Nous avons avancé d’un an les négociations avec les bailleurs de fonds sur la reconstitution triennale des ressources de l’IDA. Les idées venant des partenaires africains influent considérablement sur les orientations stratégiques du prochain cycle, l’accent étant davantage mis sur plusieurs domaines cruciaux : création d’emplois, stimulation du développement du secteur privé, réduction de la fracture numérique, élargissement de l’accès à l’énergie et renforcement de l’intégration régionale.

Le sommet d’Abidjan sera l’occasion de débattre des moteurs de la reprise en Afrique et des perspectives de développement à plus long terme. Il permettra de définir les orientations des négociations menées par l’IDA, étant donné que nous prévoyons qu’environ les deux tiers des ressources du prochain cycle de refinancement de l’Association seront alloués à l’Afrique.

Par ailleurs, les discussions donneront une impulsion à l’ambition quant au montant des fonds à lever, car les besoins sont très importants et les conséquences de l’inaction pourraient sérieusement assombrir les perspectives à long terme du continent. Le défi consiste à agir maintenant, en aidant l’Afrique à se reconstruire en mieux et à améliorer la vie de ses populations.

Par  Axel van Trotsenburg

Directeur général des opérations de la Banque mondiale.

Forêt : la Banque mondiale octroie 41,8 millions de dollars au Congo

Mai 4, 2021

Le montant d’environ 22,8 milliards FCFA annoncé par la Banque mondiale, le 30 avril, est destiné à réduire les émissions dues à la déforestation et à augmenter la séquestration du carbone forestier.

L’accord de financement, qui s’inscrit dans le cadre du Fonds de partenariat pour le carbone forestier (FCPF), est un mécanisme mondial œuvrant pour la réduction des émissions causées par la dégradation forestière, la conservation des stocks de carbone forestier, la gestion durable des forêts et le renforcement des stocks de carbone forestier (REDD+).  

En effet, l’accord de paiement des réductions d’émissions, encore appelé ERPA, signé entre le gouvernement congolais et l’institution de Bretton Woods va récompenser les efforts visant à diminuer de 8,4 millions de tonnes d’émissions de carbone jusqu’en 2025, à travers l’ambitieux programme de réduction des émissions de la République du Congo. 

« Cet accord marque une étape importante vers un secteur forestier plus durable au Congo. Les paiements basés sur les résultats générés par l’ERPA inciteront les entreprises, les communautés et le gouvernement (…). Notre objectif commun est d’équilibrer les avantages économiques et environnementaux de cette précieuse ressource, maintenant et pour les générations à venir », a déclaré Abdoulaye Seck, le directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Congo.

Il faut souligner que le programme de réduction des émissions du Congo sera l’un des premiers en Afrique à tester le système REDD+ à grande échelle. Il sera expérimenté dans les départements de la Sangha et de la Likouala, dans une localité couvrant plus de 12 millions d’hectares de terres et représentant près de 60 % des forêts du pays.

Ce programme va travailler avec les entreprises impliquées dans l’exploitation forestière, la production d’huile de palme et l’exploitation minière, sur des activités de réduction des émissions, telles que l’adoption de techniques d’exploitation forestière à impact réduit et l’identification et l’évitement de la conversion de forêts à haute valeur de conservation.   

Enfin, le programme comprend un plan de partage des bénéfices inclusif, élaboré par le biais de consultations approfondies des parties prenantes au niveau national et local, afin de garantir que les membres de la communauté et les partenaires locaux soient récompensés pour leur rôle dans la réduction des émissions.

Les cibles sont principalement les populations autochtones et les bénéficiaires locaux qui dépendent des forêts pour leur subsistance. Ils contribueront à la réduction des émissions de carbone et à l’augmentation de leurs propres revenus par le biais des activités agricoles durables et de liens avec les marchés, notamment la production de cacao par les petits exploitants, les systèmes agroforestiers de subsistance et les programmes de plantations satellites.

Avec Adiac-Congo par Fiacre Kombo