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Mort de Fernando Botero, l’artiste colombien planétaire

septembre 15, 2023
Mort de Fernando Botero, l'artiste colombien planetaire
Mort de Fernando Botero, l’artiste colombien planétaire© AFP/Archives

Le peintre et sculpteur colombien Fernando Botero, célèbre pour ses personnages aux formes voluptueuses et considéré comme l’un des plus grands artistes du XXe siècle, est mort vendredi à l’âge de 91 ans.

« Fernando Botero, le peintre de nos traditions et de nos défauts, le peintre de nos vertus, est mort », a annoncé vendredi sur le réseau X (ex-Twitter) le président colombien Gustavo Petro.

Selon sa fille Lina, Fernando Botero, né en 1932 à Medellin, dans le centre de la Colombie, est décédé à Monaco, où il résidait, à 09H00 locales (07H00 GMT). Son état de santé s’était dégradé ces derniers jours, et il est mort des suites « d’une pneumonie ».

« Il est le plus colombien des Colombiens parce qu’il portait la Colombie dans son cœur en permanence. Non seulement parce qu’il se tenait au courant de l’actualité colombienne, sensible aux besoins et aux domaines dans lesquels il pouvait apporter son aide, mais aussi parce que la Colombie et ses souvenirs ont nourri son œuvre artistique », a-t-elle déclaré.

« Il a continué à peindre jusqu’à la fin et encore samedi », a-t-elle ajouté, précisant que son père « souffrait de la maladie de Parkinson depuis plusieurs années », qui ne lui apportait pas « de tremblements » mais « il lui était difficile de marcher, de communiquer et d’avaler ».

Dés vendredi matin à Bogota, des badauds se sont rassemblés devant l’une des oeuvres du maître, l’imposant Homme à cheval, à l’entrée d’un parc proche du centre historique de la capitale, a constaté un photographe de l’AFP.

Les visiteurs se pressaient également avec un intérêt redoublé devant les œuvres exposées au Musée Botero, à deux pas de la place de la Candelaria, dans une bâtisse coloniale espagnole abritant une centaine de ses œuvres.

Medellin en deuil

La presse colombienne saluait vendredi à l’unisson « le plus grand artiste colombien de tous les temps », l’artiste « universel » ou planétaire, et sa ville natale de Medellin a décrété sept jours de deuil pour « rendre hommage au maître (…) après une vie pleine d’oeuvres et un héritage qui restera à jamais dans le coeur de tous les habitants » de la ville, a indiqué son maire Daniel Quintero.

« Nous regrettons profondément la mort du maestro Botero, un grand homme d’art, de culture, mais aussi un grand homme en raison de son amour pour Medellin, de son amour pour la Colombie, de son amour pour l’Amérique latine. Son oeuvre, sa vie, son héritage resteront dans cette ville qu’il aimait tant et dans laquelle il a laissé tant d’oeuvres », a ajouté l’édile.

Divers hommages, avec fleurs et musique, auront lieu ce jour-même sur la place Botero, où sont exposées 23 sculptures offertes par l’artiste à la ville en 2002, et qui sont admirées par des milliers de touristes chaque année.

Selon le service culturel de la municipalité, « il y aura également un mur où le public aura la possibilité d’écrire différents messages à l’artiste ».

« Medellin s’habillera également en différents endroits du visage de Fernando Botero », tandis que la ville proposera « des conférences, des lectures et des actions visant à commémorer et à exalter la vie et l’oeuvre » du sculpteur.

Toujours selon la municipalité, la dépouille « du Maestro sera inhumé à Pietrasanta, en Italie, à côté de celle de son épouse Sophia Vari, sculptrice grecque décédée le 5 mai dernier » après 48 ans de vie commune. Un départ qui lui avait provoqué « une tristesse infinie » selon sa fille.

Hommes politiques, de culture, médias… Partout en Colombie, c’était une pluie d’hommages pour l’artiste auteur de plus de 3.000 tableaux et 300 sculptures.

Pas « gros »

« Nous regrettons profondément le départ de Fernando Botero, l’un des plus grands artistes de Colombie et du monde. Il a toujours été généreux envers son pays, un grand ami et un bâtisseur de paix passionné », a déclaré sur le réseau X l’ex-président et prix Nobel de la Paix Juan Manuel Santos (2010-2018).

Issu d’un milieu modeste, il s’initie à l’art très tôt et après une première exposition individuelle à Bogota dans les années 1950, il part pour l’Europe, séjournant en Espagne, France et Italie où il découvre l’art classique.

Sa carrière décolle dans les années 1970 à New York, où il commence à être contacté par les plus grands marchands d’art.

Les dimensions hors du commun deviendront sa marque de fabrique.

Pour l’artiste, le qualificatif de « gros » ne convenait pas à ses personnages. Amoureux de la Renaissance italienne, il se disait « défenseur du volume » en art moderne. Sa sculpture, également marquée par le gigantisme, a occupé une place très importante dans sa carrière.

Fernando Botero a aussi été un grand mécène, avec des donations estimées à plus de 200 millions de dollars. Il a donné aux musées de Medellin et de Bogota nombre de ses oeuvres, et des dizaines de tableaux de sa collection privée, dont des Picasso, Monet, Renoir, Miro…

Ses oeuvres sont aussi visibles en plein air dans de nombreuses villes du monde, l’artiste estimant que les expositions dans les espaces publics sont un « rapprochement révolutionnaire » de l’art avec le public.

Le Point avec Bogotá (AFP) –

Colombie : graines, lien avec la nature… Comment quatre enfants ont survécu 40 jours dans la jungle

juin 11, 2023

Les connaissances de la jungle ont sauvé ces quatre enfants, qui ont survécu quarante jours en pleine forêt amazonienne, avant d’être retrouvés.

Les quatre enfants ont pu survivre quarante jours dans la jungle amazonienne grace a leurs connaissances.
Les quatre enfants ont pu survivre quarante jours dans la jungle amazonienne grâce à leurs connaissances.© HANDOUT / Colombian Presidency / AFP

Ils étaient des « enfants de la brousse », comme disait leur grand-père. Si les quatre mineurs, retrouvés vivants après une errance de quarante jours dans la jungle amazonienne du sud-est de la Colombie, ont pu survivre tout ce temps, c’est grâce à leur connaissance de la forêt. C’était d’ailleurs ce à quoi leur famille s’est raccrochée, dès le début des recherches, au lendemain de l’accident ayant coûté la vie à la mère de famille et à deux autres adultes. Finalement, leur connaissance de la jungle, de la nature, de ses règles, ses dangers et ses codes leur a sauvé la vie. 

« La survie des enfants est la démonstration de la connaissance et de la relation qu’entretiennent les indigènes avec la nature, un lien enseigné dès le ventre de la mère », estime l’Organisation nationale des peuples indigènes de Colombie (OPIAC). Ils ont su effectivement survivre en mangeant de la farine qu’il y avait à bord de l’avion accidenté, en récupérant un peu de la nourriture larguée au hasard par les hélicoptères par l’armée. Mais aussi en consommant des « graines ». Ils se sont nourris de racines, des semences et des plantes qu’ils avaient identifiées et qu’ils savaient comestibles, a expliqué Luis Acosta, responsable national des gardes indigènes de l’Organisation nationale indigène de Colombie (ONIC).

Une connexion « particulière » avec la nature

« Ce sont des enfants indigènes et ils connaissent très bien la jungle. Ils savaient ce qu’il faut manger et ce qu’il ne faut pas manger. Ils ont réussi à survivre grâce à cela et à leur force spirituelle », a assuré Luis Acosta, qui a pris part aux opérations de recherche. Ce thème de la « force spirituelle » revient régulièrement dans la bouche de ces responsables indigènes commentant l’aventure, Luis Acosta promettant ainsi de poster un garde indigène en faction devant l’hôpital militaire de Bogota où les enfants sont pris en charge, pour les accompagner « spirituellement ». 

« Nous avons une connexion particulière avec la nature », résume Javier Betancourt, autre leader de l’ONIC. « Le monde a besoin de ce rapport particulier à la nature, de favoriser ceux qui, comme les indigènes, vivent dans la forêt et prennent soin d’elle ».

Des audios de la grand-mère dans la recherche

Sur les 40 jours qu’ont duré les recherches, militaires et indigènes ont associé leur force une vingtaine de jours. Le président Gustavo Petro, à l’image de nombreux responsables, a loué cette « rencontre des savoirs indigènes et militaires » en faveur « du bien commun », conjugué au « respect de la forêt ».

L’armée a commencé dès le lendemain de l’accident le 1er mai avec des méthodes classiques, en diffusant notamment depuis des hélicoptères des enregistrements audio de la grand-mère des enfants leur demandant de ne pas bouger et en les avertissant qu’ils les recherchaient.

« C’est le président Petro qui ensuite nous a aidés à nous rassembler », a raconté à la presse locale Luis Acosta. « Lors d’une première réunion, huit jours après le début des recherches, le président nous a dit que nous devions sortir ensemble parce que l’armée n’y arriverait pas seule ».

Connaissances médicinales

« Nous nous sommes organisés, nous nous sommes coordonnés et nous avons commencé », a expliqué le leader de l’ONIC. Près de 84 volontaires, membres des gardes indigènes des départements de Caqueta, Putumayo, Meta et Amazonas, ont alors rejoint la centaine de commandos de l’« opération Espérance ». Opérant dans plusieurs provinces, ces « gardes indigènes », armés de seuls bâtons et de foulards de couleurs, assurent la sécurité des communautés et la surveillance des territoires indigènes, face ou en cohabitation avec la multitude de groupes armés actifs dans le pays. Leurs relations sont parfois aussi difficiles avec les militaires.

Dans la jungle du Guaviare, le duo a fonctionné. Chaque jour, ils dressaient un rapport commun des opérations, les indigènes faisant de leur côté leurs rituels destinés aux « esprits » de la forêt, usant de leur traditionnel mambé (poudre à base de feuilles de coca et de cendre) et de chirrinchi, une boisson fermentée.

À l’aide de machettes et de bombes de peinture, les sauveteurs ont laissé des marques ou de petits « pièges » (troncs coupés ou placés stratégiquement) ici et là pour guider les enfants.

Les connaissances médicinales des indigènes ont également servi à s’adapter à l’enfer de la jungle, pour traiter notamment les éraflures, les échardes, les piqûres d’insectes, l’épuisement et les douleurs physiques.

Les indigènes ont « travaillé sous la pluie, dans les tempêtes et dans de nombreuses situations difficiles, mais avec toujours l’espoir et la foi spirituelle que nous pourrions les retrouver », a raconté Luis Acosta. Et finalement, c’est un garde indigène qui a retrouvé les enfants, dans une zone non encore explorée.

Le Point Par N.J. avec AFP

En Colombie, un étonnant carnaval du « blackface » pour célébrer la fraternité

janvier 6, 2023
En Colombie, un etonnant carnaval du "blackface" pour celebrer la fraternite
En Colombie, un étonnant carnaval du « blackface » pour célébrer la fraternité© AFP/DANIEL MUNOZ

Aux Etats-Unis ou en Europe, c’est une pratique infamante héritée de l’esclavagisme et jugée raciste. En Colombie, le « blackface », qui consiste à se grimer le visage de noir, a son carnaval annuel, particulièrement populaire et qui célèbre « la fraternité humaine ».

« Bienvenue à la seule fête où la peinture sur le visage est un patrimoine de l’Humanité ! » clament sur leur site internet les organisateurs du festival de Pasto, capitale du département de Narino, dans le sud-ouest du pays.

Le « carnaval des Noirs et des Blancs » rassemble chaque année, du 28 décembre au 6 janvier, des milliers de personnes en liesse, dans cette région de la côte Pacifique, frontalière de l’Equateur sur les contreforts de la cordillère des Andes.

Inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité de l’Unesco, reconnu également comme un « patrimoine culturel de la Nation », le carnaval est l’un des plus importants festivals de Colombie.

Il se déroule depuis plus d’un siècle dans une région fortement marquée par les inégalités raciales et économiques, où vivent de nombreux Afro-Colombiens et diverses communautés indigènes.

« magnifique ! »

Les célébrations commencent par des batailles d’eau géantes, avant des bûchers le 31 décembre, la crémation de pantins en bois ou paille et un défilé des « colonies », célébration costumée de toutes les communautés de la région.

L’événement culmine par deux jours d’apothéose, les 5 et 6 janvier, où « tout le monde, quelle que soit son origine ethnique, s’enduit le visage de maquillage noir le premier jour, puis de talc blanc le jour suivant », résume l’Unesco.

« Le jour des Noirs » est une « pratique ludique (…) qui consiste à se peindre le visage à la peinture noire comme un rituel de liberté » dans le but de « raviver la fraternité humaine ».

Lors du « jour des Blancs », qui correspond à l’épiphanie, habitants et touristes se lancent des nuages de talc ou des jets de mousse blanche lors d’un défilé sur sept kilomètres avec chars, carrosses, figurines et marionnettes multicolores.

Ici, contrairement aux Etats-Unis et en Europe, pas de controverse et d’accusation de racisme autour du « blackface ». Tout au contraire.

« Le carnaval des Noirs et des Blancs célèbre la fraternité humaine. Nous sommes un seul peuple », sourit Milton Portilla, directeur de la culture pour le département de Narino.

« Ce carnaval nous donne une grande leçon: il ne faut pas parler de races, il ne faut pas parler de différence, il n’y a que des êtres humains qui recherchent tous la joie, la fraternité et la solidarité », se félicite-t-il.

« Tout le monde participe, c’est un miracle, c’est magnifique ! » s’étonne James Eisel, un touriste américain, chapeau de paille sur la tête et maquillage noir sur les pommettes.

« Aux Pays-Bas, cette pratique est très controversée. J’ai demandé ici si c’est la même chose. On m’a dit que non, cela fait partie de la culture locale », s’enthousiasme Toby Boecker, venu d’Allemagne, lui aussi le visage grimé de noir.

« Intense communion »

Le carnaval serait une réminiscence des fêtes d’esclaves au 17e et 18e siècles, tolérées par la couronne espagnole pour tenter de contenir les révoltes.

Pour Leonardo Sanson Guerrero, qui fut pendant plusieurs années l’un des responsables de l’événement, ce dernier est « l’expression d’une identité culturelle ».

« Le jour des Noirs a pris de l’ampleur dans la dernière décennie du 19e siècle », tandis que le jour des Blancs a été institutionnalisé en 1912.

« Le maquillage et la peinture sur le visage sont des pratiques culturelles universelles », rappelle-t-il, expliquant que les conjectures sont nombreuses sur l’origine des jours des Noirs et des Blancs.

« Rien de bien vraiment certain », assure-t-il à ce propos, évoquant « les cultures agraires pré-colombiennes », certaines « traditions chez les populations noires », ainsi que « le syncrétisme religieux du colonisateur espagnol ».

Le maquillage du visage, joliment baptisé « jeu de la caresse » est « la marque la plus sympathique et la plus humaine de ce carnaval », souligne-t-il.

Par Le Point avec AFP

Colombie : le candidat de gauche Gustavo Petro remporte la présidentielle

juin 19, 2022
Gustavo Petro lève le gras droit en signe de victoire.

Le nouveau président colombien Gustavo Petro célèbre sa victoire à Bogota en compagnie de ses proches. Photo : AFP via Getty Images/Juan Barreto

L’opposant et sénateur Gustavo Petro est devenu dimanche le premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, l’emportant sur son adversaire indépendant Rodolfo Hernandez.

M. Petro, 62 ans, a recueilli 50,49 % des voix, contre 47,25 % à son concurrent, selon les résultats officiels du second tour de la présidentielle, portant sur 99,7 % des bulletins dépouillés. La participation s’élève à 58 %, la plus haute depuis le début du siècle.

Avec 11,2 millions de voix en sa faveur, il devance de près de 700 000 voix l’homme d’affaires (10,5 millions), qualifié surprise du premier tour le 29 mai dernier qui avait devancé le candidat de la droite, laquelle avait jusqu’ici toujours présidé le pays.

Aujourd’hui est un jour de fête pour le peuple. Laissez-le célébrer la première victoire populaire, a célébré sur Twitter le sénateur de 62 ans, ex-guérillero et ancien maire de Bogota.

Que tant de souffrances soient guéries par la joie qui inonde aujourd’hui le cœur de la patrie. Cette victoire pour Dieu et pour le peuple et son histoire. Aujourd’hui, c’est le jour des rues et des places, a-t-il encore lancé.

Nous nous engageons à un changement véritable, un changement réel, a assuré le nouveau président.

Le changement consiste à laisser la haine et le sectarisme derrière nous. Le changement signifie la bienvenue à l’espérance, la possibilité d’un futur meilleur dans tous les coins du territoire […] Le gouvernement de l’espérance est arrivé, a-t-il poursuivi.

Le gouvernement qui entrera en fonction le 7 août sera celui de la vie, de la paix, la justice sociale et la justice environnementale, a énuméré le prochain président colombien, au côté de sa famille, de ses proches et de sa colistière Francia Marquez.

Gustavo Petro et Francia Marquez se tiennent par la main parmi un groupe de leurs partisans.

Nouveau président élu de la Colombie, Gustavo Petro, lors de son discours à côté de sa vice-présidente, Francia Marquez, à Bogota, le soir de leur victoire électorale. Photo: AFP via Getty Images/Juan Barreto

La majorité des citoyens et des citoyennes ont choisi l’autre candidat. […] J’accepte le résultat tel qu’il est, a déclaré dans la foulée M. Hernandez, dans une brève diffusion en direct sur Facebook depuis son domicile.

Je souhaite au Dr Gustavo Petro qu’il sache comment diriger le pays et qu’il soit fidèle à son discours contre la corruption. Merci beaucoup à tous les Colombiens d’avoir accepté ma proposition, même si nous avons perdu, a-t-il conclu, le visage défait.

J’ai appelé Gustavo Petro pour le féliciter en tant que président élu du peuple colombien, a également annoncé sur Twitter le président conservateur sortant, Ivan Duque.

Nous avons convenu de nous rencontrer dans les prochains jours pour entamer une transition harmonieuse, institutionnelle et transparente, a ajouté M. Duque, qui ne pouvait pas se représenter.

Première vice-présidente afro-descendante

Avec la victoire de M. Petro, une afro-descendante devient pour la première fois vice-présidente du pays : la charismatique Francia Marquez, 40 ans, modeste villageoise devenue activiste écologiste, et qui a joué un grand rôle dans la campagne comme colistière du candidat.

Nous avons franchi un pas important. Nous avons un gouvernement du peuple, un gouvernement des gens qui vont à pied, un gouvernement pour ceux qui ne sont rien. […] Ensemble, nous allons réconcilier cette nation, dans la joie et la paix, a-t-elle lancé, proclament fièrement : Je suis la première femme afro-descendante vice-présidente de Colombie.

L’annonce de ces résultats a provoqué la liesse dans la grande salle de spectacles du centre de Bogota, où l’équipe de campagne de M. Petro a organisé, en musique et en spectacle, sa soirée électorale.

Nous allons enfin avoir le changement, se félicitait Lusimar Asprilla, 25 ans. C’est quelque chose que tout le pays attendait.

C’est le changement auquel tout le peuple colombien aspire depuis plus de cent ans, exultait Edgar Sarmiento, retraité de 72 ans.

Gustavo Petro au bureau de vote.

Le candidat Gustavo Petro, donné favori dans les sondages. Photo: AP/Fernando Vergara

Cette élection présidentielle a consacré la profonde soif de changement des Colombiens, et balaie les élites conservatrices et libérales au pouvoir depuis deux siècles dans la quatrième puissance économique d’Amérique Latine.

Les deux qualifiés du premier tour étaient arrivés en tête avec un discours de rupture et anti-establishment, M. Petro (40 %) portant un discours progressiste et social, en faveur de la vie et contre la pauvreté, tandis que M. Hernandez (28 %) promettait d’en finir avec la corruption, un mal endémique du pays.

La lutte a été particulièrement âpre entre les deux hommes, avec une campagne faite d’accusations en tous genres, de désinformation et autres coups bas. Les derniers sondages publiés il y a une semaine donnaient les deux hommes à quasi-égalité, alors que la droite traditionnelle, en pleine déroute, avait immédiatement appelé à voter en faveur du magnat de l’immobilier.

Comme lors du premier tour, aucun incident majeur n’est venu perturber ce second tour, surveillé par une cohorte d’observateurs et missions internationales.

Société fracturée

L’Union européenne (UE), qui avait une mission sur place, a félicité M. Petro par la voix de son haut-représentant pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, pour son élection comme prochain président de la Colombie.

L’hypothèse d’un résultat trop serré a inquiété ces derniers jours, alors que le camp Petro avait exprimé des doutes sur la fiabilité du processus électoral, et du logiciel de comptage en particulier.

Cette élection se déroulait dans un contexte de crise profonde dans le pays, après la pandémie, une sévère récession, des manifestations antigouvernementales durement réprimées, et une aggravation de la violence des groupes armés dans les campagnes.

Dans un pays divisé, sorti encore plus polarisé de cette présidentielle, tous les analystes insistent sur la tâche immense qui attend le nouveau président pour recomposer une société fracturée.

Avec Radio-Canada par Agence France-Presse

Racisme : de la difficulté d’exister en politique quand on est Noir

juin 18, 2022

Les attaques xénophobes et les menaces de mort contre la candidate à la vice-présidence de la Colombie, Francia Márquez, rappelle à quel point les personnalités de couleur sont essentialisées afin de minimiser la profondeur de leur discours et son impact.

Pour Francia Márquez, la Colombie est marquée par un « racisme structurel ». © DR

La romancière américaine Toni Morrison l’a répété tout au long de son existence : « La fonction principale du racisme est de distraire, de m’empêcher de faire mon travail et de me forcer à me justifier constamment sur ma légitimité à occuper une place de pouvoir. »

En 2022, ses paroles restent tristement d’actualité. En Europe comme aux Amériques, on tente encore de discréditer, par des attaques racistes, les politiques noirs que l’on semble juger davantage sur leur couleur de peau que sur leur travail. Pour preuve, les polémiques et les réactions, notamment sur les réseaux sociaux, après la nomination, en France, de Pap N’Diaye au poste de ministre de l’Éducation nationale et l’élection, dès le premier tour des législatives du 12 juin, de Danièle Obono. Ceux qui voudraient adhérer à la théorie de l’avènement d’une ère « post-race » doivent se rendre à l’évidence que ces stratégies de « distraction » tendent à prouver le contraire : on dénie à ces nouveaux visages de la politique le droit d’exister et de faire leur preuve dans l’espace public.

« La dignité comme habitude »

De l’autre côté de l’Atlantique, les mêmes techniques sont à l’œuvre, alors même que la candidate Francia Márquez pourrait bien devenir la première vice-présidente noire de Colombie à l’issue du second tour de l’élection présidentielle, le 19 juin. Symbole célébré par de nombreuses communautés afro-diasporiques en Amérique latine mais aussi aux États-Unis – l’activiste américaine Angela Davis, notamment, qui reconnaît en elle une grande figure de la justice raciale et sociale, lui a envoyé un message de soutien –, Marquez doit, elle aussi, affronter d’innombrables commentaires racistes, avant même de pouvoir développer sa vision du changement dans un pays aux mains d’une élite politique qui s’est peu renouvelée depuis près d’un demi-siècle.

Dans les derniers mois de campagne, la candidate a dû s’exprimer à plusieurs reprises contre des attaques la comparant à King Kong. Comme l’ex-ministre française de la Justice, Christiane Taubira, comparée en son temps à une guenon. Francia Márquez répond que le racisme et le machisme tuent tous les jours en Colombie et qu’une fois élue, une de ces priorités sera de se dresser contre la normalisation de ces pratiques. Rappelons que l’un de ses cris de ralliement est « pour que la dignité devienne une habitude », dans un pays où les écarts de richesse sont toujours aussi criants et au détriment des populations afro-descendantes, sous-représentées dans les médias et dans les postes politiques à responsabilité.

Une autre technique des médias colombiens est de l’empêcher de développer une vision globale pour le pays en ne l’interrogeant que sur son statut de femme noire, comme si elle ne pouvait pas s’exprimer sur d’autres thèmes. En matière de parcours de vie et d’expertise, la candidate originaire de la côte pacifique a pourtant beaucoup à partager avec le peuple colombien. Ancienne travailleuse de la mine et employée domestique, elle devient mère à 16 ans et connaît une ascension spectaculaire en tant qu’activiste environnementale, une lutte qu’elle mène depuis ses 13 ans. Elle dénonce notamment les activités minières illégales qui polluent au mercure le fleuve Ovejas de sa terre natale. En 2018, elle reçoit le « Nobel de l’environnement », le prestigieux prix international Goldman, et obtient deux ans plus tard son diplôme d’avocate à la faculté de droit de l’université de Santiago de Cali. En ce début d’année, Márquez devient le phénomène électoral – comme la décrivent des médias colombiens et internationaux – en obtenant la troisième place des suffrages aux élections primaires du pays, sans n’avoir jamais obtenu de poste politique au préalable.

Convergence de mouvements

Les nombreuses attaques dont elle est la victime n’empêchent pas Francia Márquez de rappeler son engagement pour la promotion des populations noires. Elle le prouve en choisissant la date symbolique du samedi 21 mai, jour national de l’afro-colombianité, pour clore sa campagne avant le premier tour de l’élection présidentielle. En plein centre de Bogota, les organisateurs élaborent un programme qui célèbre la culture et résistance afro avec des manifestations artistiques et des interventions de leaders sociaux. Sous le mantra « vivir sabroso » (vivre de manière savoureuse), formule bien connue des populations noires de la côte pacifique, qui met en avant l’importance du bien-être, de la dignité et de la qualité de vie malgré les terribles épisodes du conflit armé et des violences répétées dans la région, une foule éclectique scande « On t’aime Francia » à la fin de chacune des interventions de l’après-midi.

Dans le public, on note une convergence entre plusieurs mouvements : les communautés afro mais aussi les populations indigènes, les communautés LGBT et une majorité de jeunes qui se reconnaissent dans le besoin de changement que porte la candidate. Mais gare à ceux qui veulent réduire son impact politique à un simple phénomène générationnel, autre grand classique pour discréditer les figures politiques progressistes. Márquez reçoit également des appuis des populations plus âgées, qui voient en elle le respect des ancêtres et un espoir pour vieillir dans des conditions plus respectables, au sortir de la pandémie.

Menaces de mort

Ce 21 mai donc, à peine vingt minutes après la prise de parole de Francia Márquez, un rayon laser vient perturber son discours. Les gardes du corps de la candidate l’encerclent avec leur bouclier pour la protéger de possibles tirs, et elle trouve la force de terminer son discours malgré une voix altérée par l’émotion avant d’être évacuée de force de la scène. Image choc et pourtant bien représentative des menaces de mort que Márquez et son entourage reçoivent en contrepartie de sa visibilité politique dans un pays qui détient le triste record du plus grand nombre d’assassinats de leaders sociaux depuis plusieurs années. En 2021, selon les chiffres officiels, 145 d’entre eux ont été assassinés et les statistiques sont plus que préoccupantes pour 2022. Interrogée sur sa gestion des menaces, la candidate à la vice-présidence colombienne répond que c’est le risque à courir pour porter le changement politique pour les prochaines générations.

Si nous ne pouvons que nous réjouir de l’ascension de nombreuses personnalités noires avec des profils et des programmes qui se distinguent par leur engagement à l’égalité raciale et sociale, jusqu’à quand allons-nous banaliser les risques encourus par des femmes politiques comme Francia Márquez ? Le spectre de l’assassinat, en 2018, de l’Afro-Brésilienne Marielle Franco, qui avait fait sa transition de l’activisme vers la politique traditionnelle, est souvent cité chez ses sympathisants, lesquels déploient une grande énergie à rendre visible son travail.

Au-delà des programmes, le changement doit se faire aussi par la prise de conscience des sociétés civiles : protéger ceux et celles qui incarnent la modernité en politique relève de la bonne santé de nos démocraties. On ne peut que souhaiter à Francia Márquez de pouvoir continuer son épopée politique dans les mêmes conditions que les nombreux autres candidats épargnés par les constantes menaces et attaques racistes, qui les distraient du véritable enjeu : plus de représentativité politique de profils justifiant à la fois d’une expérience et d’une expertise proche du peuple afin de rendre plus inclusif des projets de vivre ensemble. Tel est le défi d’une démocratie sabrosa !

Avec Jeune Afrique

Léonard Cortana

par Léonard Cortana

Doctorant en cinéma à la New York University et chercheur au Berkman Klein Center de Harvard

Colombie: course contre la montre pour sauver 11 mineurs d’or bloqués sous terre

mars 29, 2021

Les services de secours étaient engagés lundi dans une course contre la montre pour sauver 11 ouvriers bloqués depuis trois jours par une inondation dans une mine d’or illégale à Neira, dans le nord-ouest de la Colombie.

Les pompiers et sauveteurs tentent de porter secours aux mineurs disparus de Neira (Colombie) le 27 mars 2021

© John BONILLA Les pompiers et sauveteurs tentent de porter secours aux mineurs disparus de Neira (Colombie) le 27 mars 2021

« Nous avons encore 11 personnes disparues (…) nous espérons que dans moins de 48 heures » elles soient secourues, a déclaré à la presse Luis Velasquez, gouverneur du département de Caldas, où se trouve Neira. 

Les mineurs sont bloqués dans un puits de 17 m de fond, inondé vendredi suite à de fortes pluies. Selon l’Agence nationale des mines (ANM), les secours ont activé des pompes pour en évacuer l’eau. 

« Nous avons des problèmes car la communication est très difficile, l’accès à la zone aussi », a admis le ministre des Mines et de l’Energie, Diego Mesa, dans une vidéo transmise aux médias. Il a ajouté qu’il s’agissait d’un mine « non autorisée ».

Les pompiers et sauveteurs tentent de porter secours aux mineurs disparus de Neira (Colombie) le 27 mars 2021

© John BONILLA Les pompiers et sauveteurs tentent de porter secours aux mineurs disparus de Neira (Colombie) le 27 mars 2021

Les accidents de ce type sont fréquents en Colombie, où les revenus tirés d’exploitations minières clandestines dépassent ceux du trafic de drogue, selon le parquet.

Plusieurs groupes armés de ce pays, confronté depuis près de soixante ans à une guerre interne complexe, se financent essentiellement par ces deux activités.

Depuis le début de l’année, les accidents miniers ont déjà fait 33 morts, selon l’ANM, contre 171 en 2020 et 82 en 2019.

Les minéraux d’extraction légale représentent avec le pétrole les principales ressources d’exportation de la Colombie, 4e économie d’Amérique latine.

Avec AFP par jss/vel/mls/fpp/ybl

Un attentat à la voiture piégée fait 43 blessés en Colombie

mars 27, 2021

Cette attaque a été attribuée à des dissidents de l’ex-guérilla des Farc.

Quarante-trois personnes ont été blessées en Colombie dans l’explosion d’une voiture piégée devant la mairie de la municipalité de Corinto (sud-ouest), a annoncé le gouvernement samedi, attribuant cette attaque à des dissidents de l’ex-guérilla des Farc. «Quarante-trois personnes ont été touchées et sont soignées dans des hôpitaux, 17 pour étourdissement, 20 pour des blessures mineures et 6 sont sérieusement blessées», a indiqué le ministre de la Défense, Diego Molano, tôt samedi matin.

Parmi les victimes de l’attaque, qui s’est produite vendredi, figurent 13 fonctionnaires et deux femmes enceintes, a précisé à l’AFP un responsable de la municipalité.

«Cet attentat (…) aveugle contre la population civile et, dans ce cas, contre une institution publique comme la mairie est un acte terroriste insensé», a ajouté le ministre de la Défense, attribuant l’attaque à un groupe de dissidents des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

Certains rebelles, appelés dissidents, ont rejeté la signature d’un accord de paix historique en 2016 qui a mis fin à plus d’un demi-siècle de conflit armé entre les autorités et les Farc.

Par Le Figaro avec AFP

Colombie: plus de 100 militaires impliqués dans des abus sexuels de mineurs

juillet 1, 2020

Plus d’une centaine de militaires font l’objet d’une enquête pour abus sexuel présumé contre des mineurs, a admis mercredi le chef de l’armée de terre, suite au scandale des viols collectifs de deux adolescentes indigènes par des soldats.

«Avec douleur, je veux informer tous les Colombiens (…) qu’à ce jour, selon une vérification détaillée que nous avons effectuée depuis l’année 2016, nous avons 118 membres impliqués dans des cas présumés d’actes sexuels abusifs et violents contre des mineurs», a déclaré le commandant de l’armée de terre, le général Eduardo Zapateiro, lors d’une conférence de presse virtuelle.

Selon cet officier, le Parquet et l’armée enquêtent sur tous les cas afin de déterminer les actions pénales, disciplinaires et administratives à prendre.

«Sur les 118 impliqués, 45 ont été retirés de l’armée de terre» et 73 font l’objet de procédures au sein de l’institution militaire, a-t-il précisé.

Le général Zapateiro a fait ces déclarations, sous la pression du scandale des viols de mineures indigènes par des soldats, qui a suscité de vives manifestations de rejet en Colombie.

Le 25 juin, les autorités indigènes avaient dénoncé le fait qu’une fille âgée de 13 ans ait été séquestrée et violée par des soldats qui patrouillaient le territoire de la communauté Embera Chami, dans l’ouest du pays.

Sept militaires ont admis leur culpabilité pour le viol de cette mineure et sont détenus dans une caserne, sous la surveillance des forces de l’ordre.

Le général Zapateiro a affirmé avoir aussi écarté les trois sous-officiers qui étaient à la tête du peloton dans la zone.

Quatre jours plus tard, un autre viol avait été dénoncé, commis par un groupe de militaires contre une adolescente âgée de 15 ans, de l’ethnie Nukak Maku, en septembre 2019.

Le chef de l’armée de terre a déploré ces abus et affirmé qu’il s’agit de «conduites individuelles» et non «systématiques» au sein des 240.000 membres de cette force.

Le gouvernement du président de droite Ivan Duque a également rejeté ces crimes, dénoncés une semaine après que le parlement ait voté une réforme constitutionnelle permettant de condamner à la prison à perpétuité les violeurs et les assassins d’enfants et adolescents de moins de 14 ans. Cette peine ne pourra s’appliquer rétroactivement à ces militaires, étant donné que la loi n’a pas encore été promulguée, selon des juristes.

Plus de 22.000 mineurs de moins de 18 ans ont été victimes de crimes sexuels et 708 d’homicides l’an dernier en Colombie, selon des statistiques de l’autorité médico-légale.

Par Le Figaro avec AFP

Colombie: Washington offre une prime pour capturer des dissidents des Farc

juin 18, 2020

 

Les Etats-Unis ont offert jeudi une prime pouvant atteindre dix millions de dollars pour la capture de deux dissidents de l’ex-guérilla des Farc en Colombie, qui ont repris les armes.

Le département d’Etat a annoncé cette récompense en échange de toute information permettant d’arrêter et condamner Ivan Marquez ou Jesus Santrich. Une prime de cinq millions était déjà en vigueur pour Ivan Marquez, mais elle a été relevée jeudi.

A l’issue de l’accord de paix de 2016 entre le gouvernement de Bogota et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), 13.000 anciens combattants ont été désarmés et l’ancienne guérilla s’est transformée en parti politique. Mais le pays sud-américain connaît toujours un conflit armé qui, en plus de cinquante ans, a fait près de neuf millions de victimes, morts, disparus et déplacés.

Le nombre de dissidents est estimé à 2300 par Bogota. Ivan Marquez, qui était le numéro deux des Farc et leur négociateur en chef, a annoncé en août qu’il reprenait les armes pour rejoindre la dissidence, comme l’avait déjà fait Jesus Santrich. Ce dernier avait pris le maquis l’an dernier quand les Etats-Unis avaient réclamé son extradition.

Dans un communiqué, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a accusé les deux hommes de participer au trafic de drogue et de bénéficier du soutien du dirigeant socialiste du Venezuela, Nicolas Maduro, que Washington veut chasser du pouvoir.

Par Le Figaro avec AFP

Colombie: aide américaine de 5 milliards de dollars pour les zones touchées par la drogue

janvier 16, 2020

Le président colombien Ivan Duque a annoncé jeudi une aide américaine à son pays d’un montant de 5 milliards de dollars qui seront investis dans les zones touchées par le trafic de drogue. Une agence du gouvernement américain, la US International Development Finance Corporation (DFC) «a annoncé qu’elle verserait environ 5 milliards de dollars pour des programmes sociaux dans les territoires touchés par les cultures illégales», a écrit sur Twitter le président Duque, résumant une déclaration qu’il avait faite en compagnie du directeur exécutif de la DFC, Adam Boehler. Ce montant sera versé sur une période de trois ans, a précisé une source à la présidence.

Adam Boehler a déclaré que cette aide contribuera au «développement des régions, augmentant le revenu par habitant et l’emploi». «Il est essentiel non seulement de s’impliquer dans l’éradication (des cultures de coca), mais aussi dans les volets positifs des choses et dans le développement», a-t-il déclaré depuis une zone de culture de coca dans le sud-ouest de la Colombie visitée avec le président Duque.

Une partie de l’aide américaine sera destinée au remplacement des cultures illicites et au financement de projets d’insertion pour les combattants de l’ancienne guérilla des FARC qui ont accepté l’accord de paix historique de 2016. Après que 7.000 combattants des Farc eurent déposé les armes, des groupes armés locaux et des cartels mexicains tels que celui de Sinaloa ont pris le contrôle du trafic de drogue dans des régions reculées de la Colombie, principalement dans les départements proches des ports maritimes du Pacifique colombien.

Le président américain Donald Trump a sévèrement critiqué l’augmentation record des narco-cultures en Colombie qui, selon l’Onu, ont atteint 169.000 hectares plantés en 2018, avec un potentiel de production de 1.120 tonnes de cocaïne. Arrivé au pouvoir en août 2018, le président Duque a lancé un plan anti-drogue qui prévoit la réduction de moitié des territoires qui abritent des cultures de coca entre 2022 et 2023. Il a également promis de réactiver l’utilisation de l’herbicide glyphosate pulvérisé par voie aérienne pour détruire les cultures de coca, une initiative saluée par les États-Unis.

Créée en 2018 avec l’aval du président Trump, la DFC a officiellement commencé son activité début janvier 2020.

Par Le Figaro.fr avec AFP